dimanche 29 avril 2012

Charly 9

Charly 9 est la nouvelle pépite historique de Jean Teulé, l'auteur entre autre de Le Montespan ou encore l'excellent Je, François Villon.

Présentation de l'éditeur :
Charles IX fut de tous nos rois de France l’un des plus calamiteux.
A 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint Barthélemy qui épouvanta l’Europe entière. Abasourdi par l’énormité de son crime, il sombra dans la folie. Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérément vides du royaume, il accumula les initiatives désastreuses.
Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous.
Pourtant, il avait un bon fond.

Cette fois-ci c'est au roi Charles IX que Jean Teulé décide de s'attaquer. C'est encore avec beaucoup d'humour et d'anecdotes bien surprenantes qu'il humanise ce personnage sacralisé par son rang. L'époque est bien représentée et on y rencontre des personnalités telles que le poète Pierre de Ronsard, fortement attiré par les jeunes demoiselles, ou encore Ambroise Paré, médecin protestant et sauvé du massacre de la Saint-Barthélémy.
Jeune roi d'une vingtaine d'années, Charly 9 a, comme le veut le statut d'un roi, beaucoup de responsabilités. Trop pour un jeune roi constamment accablé de reproches par sa célèbre mère Catherine de Médicis, principale investigatrice du massacre de la Saint-Barthélémy.

- C'est cruauté d'être humain et humanité d'être cruel...

Le roi de la Saint-Barthélémy va connaître une lente et douloureuse descente en enfer due à une culpabilité qui ne cessera de s'accroître. Mal aimé par son peuple, et même par sa famille, il connaîtra ses seuls moments de paix et de bonheur avec sa jeune femme et sa maîtresse.
Jean Teulé continue ses fresques historiques en nous offrant une version bien à lui des faits. Il humanise ce personnage et nous relate avec beaucoup de passion et de simplicité certains faits historiques dont on ne connait pas forcément tous les éléments.
Des fragments d'histoire contés par Jean Teulé, j'en redemande !

samedi 28 avril 2012

Des enfants silencieux

Des enfants silencieux est le premier thriller de Ramsey Campbell, annoncé comme un maître anglais du fantastique et de l'horreur.

Présentation de l'éditeur :
Hector Woollie est entrepreneur du bâtiment.
C’est aussi un monstre.
Avant de disparaître, il a enterré le cadavre d’une fillette sous une dalle de béton dans la cuisine de son dernier chantier.
Leslie et son fils Ian décident pourtant de revenir habiter cette maison, sous le regard horrifié et choqué de leurs voisins.
Très vite, ils ne sont plus seuls…

Thriller aux relents de roman d'horreur, Des enfants silencieux donne naissance à un tueur en série particulièrement ignoble. Non pas que ses meurtres soient sanglants, voire gores, mais il s'attaque à de jeunes enfants innocents. Celui qui est devenu un monstre était pourtant, et finalement comme tous les tueurs en série, un homme respectable, mari heureux et père de famille.
Disparu après avoir tenté un nouveau meurtre, Hector Woolie a laissé un traumatisme dans la tête de tous les habitants. Et bien évidemment, Leslie et son fils Ian, revenus dans la maison où l'on a découvert le corps d'une petite fille, vont subir les vengeances de leurs voisins et des journaux locaux écœurés par cette décision.

Écrire un livre pour me vider la tête.

Ramsey Campbell met en scène un auteur de romans d'horreur qui va faire la rencontre de Leslie et de son fils. Il en profite pour stigmatiser le roman d'horreur par le biais de critiques à l'encontre des œuvres du personnage par les voisins qui ont eu vent de sa venue. Type de roman toujours dénigrer, le roman d'horreur est dit écœurant et sans âme.
Alors que ce roman est l'exemple même du roman d'horreur bien écrit et pourvu d'une atmosphère travaillée et de personnages touchants, Ramsey Campbell démontre de la meilleure des façons que quelque soit la catégorie dans laquelle on classe un roman, ce n'est pas elle qui fait la qualité du roman mais c'est bel et bien le roman lui-même qu'il faut juger.
Des enfants silencieux manque un peu de profondeur dans son histoire mais les personnages sont vraiment intéressants et l'atmosphère glauque ne cesse de s'accentuer pour offrir un final assez fort en intensité.

mardi 17 avril 2012

Juste une ombre

Juste une ombre est le nouveau thriller de Karine Giebel.

Présentation de l'éditeur :
Tu te croyais forte. Invincible. Installée sur ton piédestal, tu imaginais pouvoir régenter le monde.
Tu manipules ? Tu deviendras une proie.
Tu domines ? Tu deviendras une esclave.


Tu mènes une vie normale, banale, plutôt enviable. Tu as su t'imposer dans ce monde, y trouver ta place.
Et puis un jour...
Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi.
À partir de ce jour-là, elle te poursuit. Sans relâche.
Juste une ombre.
Sans visage, sans nom, sans mobile déclaré.
On te suit dans la rue, on ouvre ton courrier, on ferme tes fenêtres.
On t'observe jusque dans les moments les plus intimes.
Les flics te conseillent d'aller consulter un psychiatre. Tes amis s'écartent de toi.
Personne ne te comprend, personne ne peut t'aider. Tu es seule.
Et l'ombre est toujours là. Dans ta vie, dans ton dos.
Ou seulement dans ta tête ?
Le temps que tu comprennes, il sera peut-être trop tard...

Tu commandes ? Apprends l'obéissance.
Tu méprises ? Apprends le respect.
Tu veux vivre ? Meurs en silence...

Karine Giebel s'est déjà faite remarquée pour ses premiers thrillers terriblement efficaces (et notamment le somptueux Les morsures de l'ombre). Elle maîtrise parfaitement l'épouvante, arrive avec justesse à jouer avec la peur et en particulier avec celle de son lecteur. Ici, la quatrième de couverture est à nouveau alléchante et on ne demande qu'à être surpris et effrayé.
Contrat rempli côté frisson. Elle installe une tension forte qui s'accentue au fil des chapitres. Je me suis facilement pris au jeu, me sentant traqué moi-même par cette mystérieuse ombre qui ne cesse de suivre la belle et dynamique Cloé. La paranoïa s'installe peu à peu, l'auteur joue avec nous comme son mystérieux et sombre personnage joue avec sa proie.
En parallèle, on fait la rencontre d'Alexandre Gomez, un flic sans peur et détruit mentalement en voyant chaque jour sa femme dépérir. Un personnage type de roman noir qui sera peut-être le seul recours pour la détestable mais vulnérable héroïne.

Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi.

L'auteur met en place une intelligente manipulation qui aboutit à une lente destruction mentale. Les chapitres courts offrent en plus un rythme effréné. Le style est impeccable. Une lecture donc agréable.
Mais l'intrigue a malgré tout ses faiblesses, notamment sur la manière dont est menée l'enquête. J'ai douté plusieurs fois sur la façon dont opère Gomez, présenté pourtant comme le meilleur. Mais le principal atout du roman reste le savoir-faire de Karine Giebel pour effrayer son lecteur. Et dans mon cas, ça a marché !
Alors, paranoïa, pervers ou tueur en série ? Nombreuses sont les théories mais une seule solution au final.

Meurs en silence, mon ange. 


lundi 9 avril 2012

Le sang d'un autre

Le sang d'un autre est un roman d'Amanda Coetzee.

Présentation de l'éditeur :
L'inspecteur Harry O'Connor, ancien agent infiltré pour le compte de Scotland Yard, est brutalement rattrapé par son passé quand on lui demande d'intervenir en province sur l'affaire d'un enfant disparu dans la communauté des Gens du Voyage. Le petit Mikey a été enlevé sur un chemin de campagne alors qu'il se rendait à l'école. Malheureusement, l'affaire rappelle d'autres disparitions d'enfants du même âge, aux ressemblances troublantes, tous retrouvés morts.
Harry connaît bien les nomades. Enfant abandonné, il a été lui-même recueilli et élevé par des gitans. Pour faire avancer l'enquête, il doit renouer rapidement avec une famille et un peuple qu'il a quittés depuis longtemps et dont il avait presque réussi à s'émanciper. Chez les gitans, il inspire tour à tour, défiance et respect. Mais il sera toujours mieux accueilli que les flics qui ne comprennent même pas la "langue du voyage"...
Le temps est compté. Harry préfère s'immerger seul, préserver ses secrets et accessoirement accepter l'aide d'Emily Meadows, une jeune assistante sociale qui ne manque ni de charme, ni de talents d'observation. Pourtant, dans sa tête et dans son cœur, enquête criminelle et retour vers le passé s'entrelacent inexorablement.

C'est un peu déçu que j'ai refermé ce livre. Ou plutôt frustré car j'aurais aimé que l'auteur s'éclate un peu plus avec son personnage démoniaque. Et elle avait de quoi le faire, son personnage est tellement particulier et effrayant qu'il y avait moyen de l'exploiter un peu plus. Dommage.
Mais il faut signaler tout de même qu'Amanda Coetzee a frappé fort en donnant vie à une telle créature. L'auteur sait avec justesse utiliser les mots pour nous effrayer et ça fonctionne pas mal. Le rythme est bon, on galope sans cesse et, malheureusement, le roman est victime de son propre succès ... il est bien trop court et on sent qu'Amanda Coetzee aurait pu faire beaucoup plus.

Il fit rouler le corps sur le dos, ôta délicatement les vêtements, [...], avant de ramasser le cadavre et le jeter négligemment dans un grand sac poubelle noir.

Les gens du voyage ont pour une fois un bon rôle. Le rôle des victimes même si les à priori et les incompréhensions pleuvent derrière leurs dos. L'inspecteur Harry O'Connor est un ancien nomade et semble donc être à même de mener l'enquête sur la disparition du petit Mikey.
On s'étonnera tout de même des coïncidences un peu grosses qui permettent de conclure l'enquête. Harry est plus qu'un personnage principal, il est le personnage central de l'histoire. Il est plus que le policier qui enquête, il fait partie de l'histoire, il est lié à chacun des personnages.
Au final, Le sang d'un autre a le potentiel pour être un roman en tête de gondole mais l'impression de roman mal exploité peut en décevoir plus d'un.