mardi 26 juin 2012

Le verdict

Le verdict est une nouvelle de Franz Kafka.

Présentation de l'éditeur :
Dans la nuit du 22 au 23 septembre [1912], Kafka a écrit "Le Verdict". De la première à la dernière ligne, ce texte est empreint de vertige. Kafka nous propose la traversée périlleuse d'un pont qui mène d'une rive -l'enfance- à une autre, qui n'a pas de nom. Le père est le gardien royal de ce pont et il convient, malgré l'amour et la piété, de monter sur ses épaules pour aller voir plus loin, mieux et ailleurs, quelle que puisse être la douleur éprouvée.

Écrit en une seule nuit, Le verdict est un ouvrage très court mais tellement important pour connaître l'auteur. La nuit, c'est le moment durant lequel l'écrivain se prenait au jeu de l'écriture, et parmi l'une d'entre elles naquit Le verdict, symbole d'un conflit père-fils qui le ronge depuis toujours.

Bien que décati, le père de Georg Bendemann reste malgré tout le maître des lieux. Il arrivera en quelques phrases à ridiculiser son fils, le renier, le déshonorer et même le condamner. Et malgré la jeunesse du fils, sa possibilité de partir et d'être libre, il n'arrivera pas à lutter face à cette figure imposante, voire écrasante, qu'est le père.

Prisonnier par ce manque d'affection, cette présence quasi militaire qui l’effraiera tout au long de sa vie, Kafka trouve les mots justes, de véritables symboles, pour raconter ce qu'il vit et ressent. Vingt pages bouleversantes pour une nouvelle des plus surprenantes.

Tu sais maintenant qu'il y avait encore autre chose que toi sur cette terre, car jusqu'ici tu ne connaissais que toi ! [...] Voilà pourquoi je te condamne maintenant à périr noyé !

dimanche 24 juin 2012

Sombres créatures

Sombres créatures est un roman de Doug Allyn aux éditions Télémaque récompensé par par moins de cinq prix littéraires.

Présentation de l'éditeur :
Un pit-bull femelle totalement déchiqueté trouve encore l’incroyable force de se relever.
Le labrador d’une famille juive est marqué au fer rouge d’une croix gammée.
Crimes sanglants et faits divers violents… Qui sont vraiment les sombres créatures auxquelles le Dr David Westbrook, vétérinaire récemment sorti de prison et dévoué aux causes perdues, est confronté dans le comté d’Algoma, au cœur du Michigan ?

Sombres créatures est un roman sous formes de recueil de nouvelles. Le vétérinaire David Westbrook est l'élément commun à toutes les histoires de l'ouvrage. Cet élément nous donne bien entendu l'impression de lire une seule et même histoire alors qu'on assiste à plusieurs épisodes de la vie du personnage principal. Plusieurs nouvelles donc, toutes de haute qualité.
Jeune vétérinaire, David voit passer de nombreuses personnes dans son cabinet. Ce cabinet qui devient un peu un lieu de confidences, voire même de pénitence. Il se retrouve alors embarqué dans des aventures parfois bien dangereuses sous sa casquette de détective malgré lui. Le docteur David Westbrook est un personnage auquel on s'attache facilement, il est droit, juste, et comporte une grande part de mystères.

Guérir les animaux peut être intense. [...] Mais je n'y avais jamais songé comme à une activité dangereuse.

Mais ce vétérinaire de campagne n'est pas le seul personnage qui revient à chaque nouvelle histoire. Les animaux, des chiens principalement, ont une place toute aussi importante que David. Parfois victimes, parfois bourreaux, ces canidés ne sont que le reflet de leur éducation. Ils font preuve de courage, montrent leur attachement à leur maître et nous bouleversent finalement à chaque fois. On ressent beaucoup d'amour de la part de l'auteur envers les animaux.
Qui sont ces créatures sombres mentionnées par le titre ? Sont-ce ces animaux victimes de la bêtise humaine ou plutôt leurs maîtres cupides et sans cœur ? Doug Allyn donne dans l'humour et les émotions avec une écriture efficace et une narration intelligente. Une lecture parfaite pour cet été.

mardi 12 juin 2012

N'ouvre pas les yeux

N'ouvre pas les yeux est le nouveau roman de John Verdon aux éditions Grasset.

Présentation de l'éditeur :
Après avoir résolu « l'affaire 658 », Dave Gurney avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus. Mais quand il se retrouve confronté au meurtre le plus macabre et insoluble de toute sa carrière, difficile de résister…
Une jeune femme, Jillian Perry, a été retrouvée décapitée le jour même de son mariage, dans la somptueuse propriété des Ashton. Tout accuse le jardinier mexicain, un certain Hector Flores, qui demeure introuvable depuis. Gurney, appelé en dernier recours par la mère de la victime pour retrouver Flores, s'aperçoit bientôt que la mariée n'avait rien d'une oie blanche… Hystérique, violente, manipulatrice et nymphomane, elle avait d'ailleurs été l'élève de Scott Ashton, jeune psychiatre en pleine ascension et fondateur d'un institut pour enfants « difficiles » – avant de devenir sa future épouse…
Les préparatifs de la cérémonie ayant été intégralement filmés, Gurney les visionne et ne tarde pas à se rendre compte qu'on l'a lancé sur une fausse piste. Mais quand il retrouve, posée sur son propre lit, une poupée décapitée, il comprend qu'il risque d'être la prochaine victime du meurtrier insaisissable… Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que son enquête va le mener bien au-delà du meurtre – dans la toile inextricable d'un ennemi terrifiant, tentaculaire et, surtout, très patient…

L'auteur du thriller 658 fait ressurgir son détective retraité David Gurney pour une nouvelle énigme qui paraît, à chaque nouvel indice, de plus en plus impossible à résoudre. Je n'ai pas lu le premier opus de ses aventures et le découvre donc dans ce roman.
Je serai moins enthousiaste que beaucoup d'autres blogueurs au sujet du roman car j'ai eu beaucoup de mal à le terminer, ou plutôt à le commencer. Ce qui m'a le plus dérangé ce sont les deux ou trois cent premières pages qui sont trop longues, trop lentes ... L'action a du mal à se mettre en place et l'histoire a eu du mal à me garder captivé.
Le personnage du détective est très bon quant à lui. Bien que ce soit le genre de personnage déjà rencontré à de nombreuses reprises, on se plait à le suivre et à vivre avec lui ses déboires personnels.

c'était un raz de marée qui l'éloignait de tout ce qui comptait d'autre à ses yeux

L'enquête se complexifie au fur et à mesure mettant l'accent sur différentes formes d'art qui donnent une certaine beauté dans l'orchestration de ce meurtre sordide.
Malheureusement pour moi certains indices m'ont vraiment interpellé et dirigé vers une piste qui s'est avérée être la bonne. Ceci n'a en rien gâché ma lecture du roman qui prend un véritable coup de fouet dans sa seconde partie. L'histoire part assez loin, on se demande même jusqu'où elle va aller en espérant qu'elle ne tombe pas dans le ridicule.
Au final, j'ai regretté que l'intrigue prenne tant de temps à se mettre en place et que certaines parties n'aient pas été assez traités donnant un sentiment d'inachevé. Mais j'ai apprécié la grande complexité et originalité de l'énigme.
Je ne doute pas que N'ouvre pas les yeux trouvera de nombreux lecteurs enthousiastes.

vendredi 1 juin 2012

Mes conversations avec les tueurs

Mes conversations avec les tueurs est le nouvel ouvrage de Stéphane Bourgoin, le spécialiste français des tueurs en série.

Présentation de l'éditeur :
"Cela fait trente ans que j'interroge les serial killers. J'ai rencontré plus de soixante-dix de ces tueurs et tueuses multirécidivistes aux quatre coins de la planète. J'ai accumulé des ouvrages de criminologie, journaux de faits divers, archives de police, photos et vidéos de scènes de crimes, confessions, dessins et écrits.
Dans mes livres, j'ai toujours présenté les serial killers de manière distanciée, sans porter le moindre jugement ni faire part de mon ressenti. Dans
Mes conversations avec les tueurs, je désire vous faire partager l'envers du décor. Vous montrer l'épreuve physique de ces rencontres, les moments d'angoisse qui précèdent les entretiens, la peur, parfois. Vingt ans plus tard, mon corps se souvient encore de la terreur qui s'est emparée de moi lors de ma rencontre avec Gerard Schaefer, un ex-policier accusé du meurtre de 34 femmes en Floride. Dès l'instant où je me suis trouvé face à lui, j'ai eu le sentiment d'être confronté au Mal absolu.
Je suis préparé, mentalement, à rencontrer ces "personnages" plus ou moins hors du commun. Mais à mon retour à Paris, je me demande parfois si ces voyages ont eu lieu. Oui, ils sont bien réels. Et incroyables."

Bienvenue en enfer, au cœur même de la folie meurtrière. Stéphane Bourgoin nous livre ses expériences, mais surtout les confidences que lui ont fait les tueurs qu'il a interviewés. Au delà de simples interviews et commentaires, ce sont également de véritables confidences que l'auteur nous livre sur lui-même.
Ses angoisses, ses peurs qui ressortent lorsqu'il se retrouve face à ces monstres. Et il a sélectionné ceux dont le parcours est riche en cruauté. Dignes de grands romans policiers, ces tueurs en série paraissent tout droit sortis de l'imaginaire. Imaginons quelle angoisse cela à dû être de se retrouver face à eux... Stéphane Bourgoin se confie de la meilleure des façons à ce sujet, rendant l'ouvrage absolument fascinant.

Pour tout un chacun, l'endroit le plus dangereux n'est pas un parking isolé la nuit ou la sortie de discothèque à quatre heures du matin, mais le lieu de résidence.

Après un avant-propos qui vous met directement dans l'ambiance, les chapitres courts s'enchainent et laissent découvrir l'un après l'autre une séquence avec un tueur en série. On apprend à le connaître et bien souvent il se laisse prendre au jeu de l'interview et dévoile de nombreuses douleurs dans son enfance.
L'ouvrage, bien qu'il soit court, est vraiment intéressant. Les témoignages sont parfois bouleversants et donnent des indices sur la naissance d'un tueur en série... certains le deviennent, d'autres semblent naître comme cela. Ils sont à peu près tous différents mais leur point commun, leur pulsion meurtrière, en a fait des monstres.
Mes conversations avec les tueurs est un témoignage poignant de Stéphane Bourgoin sur ses investigations sur les tueurs en série. C'est un ouvrage qu'il est impossible de reposer sans l'avoir lu entièrement. Une excellente lecture qui m'a réellement troublé !