mardi 29 octobre 2013

Chiennes fidèles

Chiennes fidèles est un roman de Williams Exbrayat sorti le 24 octobre 2013 aux éditions StoryLab au format numérique et au prix de 2,99 euros. Estimé par son éditeur à 45 minutes de lecture, il s'agit d'un court roman d'une bonne cinquantaine de pages.

StoryLab Editions a misé sur le 100% numérique et propose un concept original pour attirer de nouveaux lecteurs : "Les éditions StoryLab proposent des fictions et des documents d’actualité à lire en moins d’une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et inédits pour un nouveau plaisir de lire."

Présentation de l'éditeur :
Ex-flic à la morale discutable et aux pratiques expéditives, Maddog est devenu détective privé. Il lui arrive même de s'offrir quelques à-côtés juteux à la limite de la légalité.
Sa principale faiblesse : son goût pour les femmes. Lorsque la vénéneuse Dora le plaque, il se rend compte que sa dernière combine était peut-être celle de trop…


La façon dont est racontée l'histoire nous donne l'impression d'être installé au bar, un bourbon dans la main, à l'écoute des aventures méleangeant fric et nanas de notre voisin de table. Mais femme fatale et argent ne font pas très souvent bon ménage, et après s'être fait avoir, Maddog remarque qu'un élément important lui a été dérobé ... un élément qui va le mettre dans une sacrée merde.

Elle ne regarde pas les hommes[...] Elle les dévore

Maddog a un nom de dur à cuire, un franc parler et des poings bien fermes. Il se lance dans une chasse à l'homme, ou à la femme pour être plus précis, aidé par son pote Danny. Les coups pleuvent et les répliques s'enchainent avec pas mal d'humour. Mais au fur et à mesure que l'enquête avance, des zones d'ombres s'ajoutent et d'autres truands font leur apparition.

L'histoire va vite, très vite. On rentre facilement dedans surtout qu'elle est pourvue d'humour et d'action. J'aurais d'ailleurs aimé qu'elle soit un peu plus longue tout de même. Chiennes fidèles se lit très bien et propose des personnages attachants. Une bonne lecture !

lundi 28 octobre 2013

Pur

Pur est le nouveau roman d'Antoine Chainas, l'auteur des excellents Versus et Anaisthêsia (pour ne citer qu'eux) tous sortis à la Série Noire de Gallimard.

Présentation de l'éditeur :
«Cet endroit donne tout son sens à notre combat, Patrick. Les gens de l’extérieur pensent que nous nous barricadons par peur d'autrui, par étroitesse d’esprit. Mais nous ne sommes pas hermétiques, bien au contraire. Et ceux qui nous taxent de racisme ont tort aussi. Personne n’est plus ouvert sur le monde que nous. Qui voyez-vous ici? Des Suisses, des Norvégiens, des Suédois, des Américains, des Anglais… Des banquiers internationaux, des gestionnaires de capital multinational, des artistes qui voyagent partout sur le globe, des ingénieurs membres d’équipes polyglottes. Expliquez-moi qui d’autre pourrait être mieux au fait de l’état de notre époque? Dites-moi de quelle expérience peuvent se prévaloir ceux de dehors? Quel sort funeste les attend dans ce chaos égalitaire, ce monstrueux fourre-tout qu’ils ont eux-mêmes engendré? Ce domaine que vous voyez est peut-être un des derniers où les valeurs, les règlements ont force de loi. Ce ne sont pas les races ni les religions qui nous préoccupent, mais la misère. Voilà ce que nous voudrions éradiquer. On pourrait considérer qu’en un sens, nous sommes les ultimes philanthropes.»

Antoine Chainas revient enfin avec un nouveau roman noir aux allures pré-apocalyptiques. Sans la présence d'indication temporelle exacte, on peut dire que l'auteur utilise le mode de l'anticipation pour nous introduire dans une France proche d'aujourd'hui dans laquelle la peur fait régner sa loi. Les groupuscules d'extrême-droite montent en puissance et le peuple se divise encore plus qu'il ne l'était. Au milieu de tout ça, il y a Patrick Martin. Quadragénaire, bien portant, marié et dont le métier rapporte pas mal. Mais il vient de perdre sa femme dans un terrible accident ...
Sa version des faits ne convainc pas totalement la police. D'un côté, on a le capitaine Durantal qui semble honnête, expérimenté mais un peu trop porté sur la bouffe et de l'autre, Alice, la jeune métisse, qui fricote avec Force et Honneur, un grand groupe extrémiste. Deux caractères diamétralement opposés qui vont croiser la route de Patrick et vont l'aider (ou le pousser) à choisir sa voie. Ce dernier sent monter la haine au fur et à mesure que les interrogations arrivent et commence à rêver de vengeance.

Dans le monde décrit par Antoine Chainas, les plus aisés vivent dans des villes barricadées sous haute surveillance. Les critères d'admission sont sévères pour accéder à ce semblant d'Eden. C'est là d'ailleurs que vivent Julien et Amandine, deux jeunes amis formatés à ce nouveau mode de vie. Bien qu'Amandine ait vécu quelques temps à l'extérieur des murs dans son enfance.
Pour seul divertissement, leur quartier propose l'accès à toutes les caméras de surveillance présentes dans les rues afin que chacun puisse espionner son voisin et, bien évidemment, dénoncer les actions jugées hors du règlement.
Celui qu'on appelle Le Révérend, pour sa forte croyance et son côté guide / protecteur, est un peu comme le chef de cette ville fortifiée. Il est d'ailleurs le père de Julien. Ancien para-militaire et étudiant d'une grande école, il multiplie les expériences qui font de lui un bon conseiller et un homme rassurant. Mais ses convictions politiques sont pour le moins extrémistes et laissent son fils songeur tandis que le reste de la famille semble enfermée dans un mutisme et un comportement pré-formaté qui les empêchent d'agir tout simplement comme des êtres humains.

L'auteur commence son histoire d'un grand coup de plume. Dès les premières pages on succombe à son style parfaitement fluide et poétique. De la même manière qu'aurait filmé Cronenberg, Antoine Chainas trouve les mots parfaits pour décrire avec justesse et esthétisme une femme accidentée, se rapprochant peu à peu de la mort. On en tomberait presque amoureux tellement elle semble belle malgré le sang et les débris l'entourant.

Pur est une histoire qui tend petit à petit vers un final que l'on devine inévitablement apocalyptique. Une tension omniprésente. Des rencontres hasardeuses. Et des manipulations. Et puis au milieu de tout ça, on apprend qu'un sniper fait rage dans la région tuant uniquement des personnes de couleur. Aucune piste sur l'identité de ce tueur urbain. Rien. Nada. La police fait choux blanc. On devine assez bien les intentions de ces actes mais personne ne les revendique. Un mystère de plus pour les enquêteurs ...

Tout au long du roman j'ai senti que l'auteur voulait garder le même rythme, la même intensité, afin d'installer un climat tendu et nous entrainer dans le brouillard jusqu'à ce que se dessinent le dénouement et le rapprochement entre tous ces personnages. Antoine Chainas nous livre une fois de plus un grand final. Sous un texte d'anticipation, il nous confie ses craintes, ses plus grandes peurs concernant le tragique destin vers lequel la France semble se tourner. Et que les sondages actuels paraissent malheureusement confirmer ...

mardi 22 octobre 2013

Bestseller

Bestseller est le nouveau roman de Jesse Kellerman publié le 16 Octobre aux éditions Des 2 Terres.

Présentation de l'éditeur :
Arthur Pfefferkorn est un prof de fac aux ambitions littéraires avortées. Son plus vieil ami est le fameux William de Nerval, auteur de thrillers au succès international, qui compte même Stephen King parmi ses fans. Arthur, qui s’est toujours considéré comme l’Écrivain, est jaloux de sa réussite. Pour couronner le tout, William a épousé la belle Carlotta, dont Arthur est épris depuis leur jeunesse. Un jour, William disparaît en mer et Arthur se rapproche alors de la veuve éplorée. La tentation est grande de faire aussi main basse sur le dernier manuscrit – inédit – de son « ami ». Mais Arthur est loin de se douter que son plagiat va les mettre en péril et déclencher des événements aussi sinistres que dans le plus terrifiant des thrillers. Un véritable tour de force, à l’humour noir décapant, sur le métier d’auteur de best-sellers !

Bestseller définit le livre comme une véritable arme. Jesse Kellerman donne dans un mixte de thriller et de roman d'espionnage pour tourner son roman dans l'autodérision la plus totale. L'auteur ne manque pas d'humour et exagère sciemment certains de ses passages pour se moquer du "bestseller mécanique" que l'on trouve toujours en tête de gondole des magasins. Ce que j'appelle "bestseller mécanique" n'est autre que ces romans bourrés d'action, qui se lisent vite, qui ressemblent à tant d'autres et qui manquent bien souvent de saveur. J'ai d'ailleurs en tête un auteur américain qui m'a beaucoup déçu ...

Arthur Pfefferkorn nous aide justement à analyser ce phénomène de bestseller. Il est lui-même victime de ce phénomène de mode qui voit les thrillers détrôner toutes les premières places des ventes puisque son unique roman publié a été vendu à très peu d'exemplaires. Aussi talentueux soit-il, et il le sait, et aussi intelligent soit-il, il va succomber au péché du plagiat. Il vole donc le manuscrit de son ami, véritable star littéraire, récemment décédé.
Même s'il modifie quelques tournures de phrases, c'est d'ailleurs un délice de lire ces passages, il ne sauvera pas le roman. Le roman est creux et donne dans la disproportion. Les retournements de situation s'enchainent et paraissent de plus en plus grotesques. Malgré cela, le roman va devenir un bestseller et, par la même occasion, Arthur est propulsé à l'état de star. C'est à partir de ce moment que les ennuis commencent.

Les personnages étaient franchement minces. Le style d'une pauvreté à pleurer. Pourtant des millions de gens s'étaient précipités pour l'acheter

Jesse Kellerman s'amuse à nous dresser la liste des codes qui permettent de créer un bestseller sans âme. Mais qui marche. Il multiplie les agents doubles dans tous les sens, offre des retournements de situation complètement dingues, crée des chapitres très très courts (voire minuscules) qui n'ont nullement besoin d'être séparés des autres, donne dans la surenchère ... bref, il s'amuse et j'ai beaucoup apprécié.

Je lui reprocherais tout de même d'être tombé dans son propre piège en allant trop loin dans l'irréalisme. Certains passages m'ont paru de trop. Par contre j'ai trouvé intéressant ce regard des étrangers (les zlabiens ici) sur la littérature en général. Il m'a donné l'impression qu'ils appréciaient plus la littérature et la poésie que les américains mais ne semble pas aller au bout de la réflexion.
Bestseller est un roman astucieux car l'auteur joue autour de son propre univers, les écrivains de bestseller, et arrive avec beaucoup d'humour à le critiquer. Son personnage principal, Arthur Pfefferkorn, est très intéressant comme héros puisqu'il représente cette frustration qu'un écrivain de talent peut ressentir en échouant là où d'autres ne devraient pas réussir. Une belle découverte donc !

Les écrivains vivants, ça manque de romantisme.

jeudi 17 octobre 2013

Le Mystère Fulcanelli

Le Mystère Fulcanelli est le nouveau roman d'Henri Loevenbruck publié ce mois-ci aux éditions Flammarion.

Présentation de l'éditeur :
Un meurtre dans une vieille église de Séville…
Un assassinat dans une bibliothèque parisienne…
Un ancien manuscrit dérobé…
Et voilà que surgit de nouveau le nom du plus mystérieux alchimiste du XXe siècle : Fulcanelli !
Depuis près de cent ans, chercheurs et historiens tentent de découvrir qui se cachait derrière cet énigmatique pseudonyme. En acceptant de mener l'enquête, Ari Mackenzie, ancien commandant des services secrets fait une plongée vertigineuse dans les milieux ésotéristes du siècle dernier. Parviendra-t-il à dénouer la plus étonnante intrigue de l'histoire de l'alchimie ?

Après le très énigmatique et excellent L'Apothicaire, Henri Loevenbruck revient avec une nouvelle aventure ésotérique dont le mystère, cette fois-ci, est de découvrir l'identité du grand alchimiste Fulcanelli.
Ari Mackenzie, héros récurrent dans la bibliographie de l'auteur, part sur les traces de celui qui a laissé comme héritage deux des plus grands ouvrages d'alchimie. Deux best-sellers qui continuent d'interroger les plus curieux, deux romans uniques et mystérieux ... jusqu'au jour où l'on découvre un curieux petit carnet signé de la main de ce célèbre inconnu.

Ari en est à un tournant de sa vie où tout va mal. Seul et sans emploi, il parait caresser doucement les bas fonds de l'âme humaine. Mais ses connaissances inégalables et ses compétences en tant que commandant des services secrets vont le remettre sur pieds afin d'enquêter sur l'impossible, une quête qui pourrait être une grosse farce ou l'un des plus gros trésors du XXe siècle.

Ari constate qu'il n'est pas le seul à bien connaître l'histoire de Fulcanelli et de tous les personnages qui gravitent autour de ce mystérieux personnage. Il n'est pas le seul à s'intéresser à ce petit carnet disparu dont tout porte à croire qu'il s'agit d'un faux. Mais ses concurrents ne pensent pas comme Ari et agissent à leurs manières. Et les meurtres commencent à pleuvoir ...

On assiste à une fabuleuse aventure dans laquelle l'auteur mène une réflexion à partir de multiples indices qui s'avèrent être de réels documents. En plus du suspense, du côté thriller du roman, le lecteur est entrainé dans une enquête où tous les documents et les décors sont vrais. Plus on avance et plus le roman en devient passionnant et prenant.
Toutes les personnalités réelles passent au scanner de l'auteur afin de dévoiler tous leurs secrets et leurs points communs avec les maigres indices que l'on connait de Fulcanelli. Sa façon de nous entrainer dans cette quête et de nous intéresser est fabuleuse. Bref, Henri Loevenbruck m'a encore bluffé par sa plume et son sujet.

Pour en savoir plus sur Le Mystère Fulcanelli, visitez son site : http://www.mystere-fulcanelli.com


vendredi 11 octobre 2013

Migne Mystique

Migne Mystique est un roman de Matthieu Dhennin qui n'en est pas à son premier roman historique puisqu'il a sorti Saltarello en 2009. Migne Mystique sort aujourd'hui, le 11 Octobre 2013, aux éditions Imperiali Tartaro.

Présentation de l'éditeur :
« ... Juste avant que Grimonie ne refermât la porte du muret, Mechthilde jeta un dernier coup d’œil derrière elle. Cette atmosphère de sérénité était tout bonnement incroyable, et elle se réjouissait d’y passer les prochaines années de sa vie. Elle balayait une dernière fois du regard le jardin lorsqu’elle croisa le regard d’une femme qui, visiblement, l’épiait, en tentant de se cacher derrière un arbre. Cette béguine ne ressemblait pas aux autres : sa tignasse rousse était ébouriffée, ses ongles étaient sales. Et elle fixait Mechthilde de ses yeux écarquillés. Puis, très lentement, son visage se mit à se transformer... ses traits se tirèrent, se dilatèrent comme si elle voyait une scène horrible, mais subitement se figèrent... »
Été 1409, dans un béguinage de la Flandre bourguignonne, une communauté de femmes vit dans le secret et à l’écart de la société. Elle rejette toute autorité civile ou religieuse. C’est dans ce contexte d’isolement et de crise théologique entre Avignon et Rome qu’une jeune novice, Mechthilde, découvre à ses dépens les règles strictes, autoritaires et sombres de la vie du béguinage. Non sans peur, elle enquête, malgré les menaces, au sein de sa nouvelle communauté pour comprendre ce qui s’y déroule et décrypter la migne mystique, entre crimes et châtiments.

Ma première remarque, en voyant le livre, était qu'il est pourvu d'une très belle couverture. L'habit ne fait pas toujours le moine mais ici l'habit dévoile un très beau texte emprunt de beaucoup d'humanité et riche sous plusieurs rapports.

C'est avec une plume légère et un style fin et soigné qu'il nous livre une histoire tout à fait originale avec des personnages vraiment intéressants. Matthieu Dhennin a également soigné son décor. Nous sommes projetés au début du XVe siècle sous le règne de Jean sans Peur, duc de bourgogne, et les descriptions précises mais non pompeuses pleuvent tout au long de l'histoire. J'ai beaucoup appris sur la vie de l'époque, la papauté dédoublée entre Rome et Avignon, les peurs, les personnages historiques, mais également, et surtout, sur les béguinages.

D'un côté on suit la jeune Mechtilde qui entre dans le béguinage de Douai et qui endosse la casquette de Sherlock Holmes afin de résoudre le mystère des meurtres qui se produisent autour d'elle et sa nouvelle famille. Puis, de l'autre côté, on part sur les routes de France en compagnie de Bloemke et Wilgeforte au physique très particulier ... De l'intrigue policière à la fresque historique sans oublier l'humour, on passe du polar au style Teulé à chaque nouveau chapitre avec beaucoup de bonheur.

La documentation pour écrire cette histoire est véritablement impressionnante. Tout y passe, aussi bien les us et coutumes d'antan que la situation géopolitique, économique et religieuse de ce début du XVe siècle.
L'aventure humaine que vivent tous ces personnages placent l'intrigue policière au second plan et laisse le lecteur découvrir une histoire forte et propice à l'imagination. Migne Mystique est une très belle lecture offrant une fin étonnante et laissant son lecteur rêveur. J'ai beaucoup aimé.

jeudi 3 octobre 2013

Les impliqués

Les impliqués est le deuxième roman de Zygmunt Miloszewski sorti aujourd'hui, le 3 Octobre, aux éditions Mirobole.

Présentation de l'éditeur :
Un dimanche matin, au milieu d’une session de thérapie collective organisée dans un ancien monastère de Varsovie, l’un des participants est retrouvé mort, une broche à rôtir plantée dans l’œil. L’affaire est prise en main par le procureur Teodore Szacki. Las de la routine bureaucratique et de son mariage sans relief, Szacki ne sait même plus si son quotidien l’épuise ou l’ennuie.  Il veut du changement, et cette affaire dépassera ses espérances.
Cette méthode de la constellation familiale, par exemple, une psychothérapie peu conventionnelle basée sur les mises en scène… Son pouvoir semble effrayant. L’un des participants à cette session se serait-il laissé absorber par son rôle au point de commettre un meurtre ? Ou faut-il chercher plus loin, avant même la chute du communisme ?

Roman polonais, Les impliqués est une très belle surprise puisqu'il nous plonge efficacement dans les coulisses de l'administration judiciaire de la Pologne. Ne connaissant que très peu de choses sur ce pays, j'ai été enchanté d'en apprendre autant sur son histoire et son quotidien.
L'auteur au nom compliqué à dire pour moi maitrise parfaitement les codes du roman policier. Le roman ne manque pas de panache et de suspense. Ce serait réducteur de limiter les points positifs à cela car l'auteur a également réalisé un excellent travail de recherche sur les thérapies comportementales.

L'auteur façonne ses personnages avec beaucoup de tendresse, il s'applique à les rendre humains, bon et méchant à la fois. Par contre, il est un peu compliqué au début de s'y retrouver dans les noms mais on s'y fait. Le personnage du procureur, Teodore Szacki, est un homme courageux et impliqué dans son métier. Il vit d'ailleurs un peu trop pour son gagne-pain ... à défaut de délaisser parfois sa petite famille. L'affaire sur laquelle il vient de tomber va l'embarquer dans une histoire où chaque détail a son importance et révèle peu à peu des secrets enfouis depuis longtemps ...

On peut regretter que l'auteur ne soit pas aller plus loin au niveau historique, j'ai ressenti une petite frustration mais je suis certain qu'une suite, ou du moins, une autre aventure avec le procureur est à venir et continuera à nous en apprendre davantage sur le passé de la Pologne.
Néanmoins, Les impliqués offre une intrigue astucieuse menée avec beaucoup d'intelligence et de réalisme. Le roman ne manque pas non plus d'humour et de surprise. Plus enivrant encore que la vodka !
 
Je me suis dit que parfois, la mort devenait une solution.

mercredi 2 octobre 2013

Comment tirer sa révérence

Comment tirer sa révérence est le second roman de Malcom Mackay après Il faut tuer Lewis Winter. Il vient de remporter le prix du meilleur polar écossais de l'année devant des auteurs comme Ian Rankin et Val McDermid ... Il paraît le 3 Octobre, demain, aux éditions Liana Levi.

Présentation de l'éditeur :
Le vieux Frank, la crème des tueurs à gages, quarante ans de métier, reprend du service après trois mois d’absence. Jamieson, son patron, lui a payé une nouvelle hanche pour qu’il revienne sur scène. La mission qu’il lui confie est des plus simples: éliminer Scott, un petit dealer ambitieux. Jamieson n’aime pas que l’on marche sur ses plates-bandes et entend bien le montrer. Hélas, Frank MacLeod oublie les précautions les plus élémentaires et se fait piéger comme un débutant. Qui peut le tirer de ce mauvais pas? Calum MacLean, bien sûr. Calum dont le dernier contrat a été de tuer Lewis Winter. L’heure de la retraite a sonné pour Frank. Mais dans ce milieu redoutable, comment tirer sa révérence?

Après plusieurs mois d'absence, le meilleur des tueurs à gages de Glasgow revient à la boutique pour enfin reprendre son activité. Activité qu'il exerce depuis une quarantaine d'années ou plutôt à laquelle il a survécu depuis tout ce temps. Ce n'est pas un hasard s'il est encore en vie, il est le meilleur, il le sait mais sait rester humble.
Pour se remettre en forme, son boss lui propose un petit coup qui pourrait tout de même faire parler dans le milieu. Franck MacLeod entre à nouveau en scène et se prépare à exécuter le contrat. Mais ce qui aurait dû être une simple formalité pour un homme tel que lui finit en massacre.

Commence alors une longue descente aux enfers pour le vieux Franck. Son propre regard envers lui change. Il voit qu'il vieillit et comprend que tout le monde à le même jugement à son égard. Il réalise le constat de sa vie passée et détermine logiquement que son futur sera forcément court. Un homme comme lui, avec ce qu'il a connu, vu et entendu, ne peut rester en vie très longtemps seul. Car à part son patron et quelques rares collègues du milieu, il n'a aucune attache, ni famille, ni amis.

Avant de tomber dans une sorte de retraite anticipée, il mise tout sur son remplaçant, le jeune Calum qui, par son professionnalisme et son caractère, paraît être le candidat idéal pour le remplacer. Lui-même connait quelques complications dans sa vie personnelle composée uniquement d'une petite amie. Il apprendra à ses dépens, que dans ce milieu, l'amour ne fait pas bon ménage avec le boulot.
Calum va peu à peu connaître les mêmes angoisses, se poser les mêmes questions que, j'imagine, son mentor lorsqu'il avait son âge.

Au delà d'une histoire de territoires et de gangs, Comment tirer sa révérence raconte le destin tragique de deux hommes hors du commun. Il puise toute sa force dans ces deux personnages charismatiques. Pendant que l'un, puissant et expérimenté, commence à décrépir, l'autre commence à prendre de la valeur. Le choc entre les deux est inévitable, et pourtant il subsiste comme un très grand respect entre eux.

Le roman traite avant tout des rapports humains, des doutes que chacun, selon sa position, peut avoir face au plus terrible des évènements ; le temps qui passe. L'auteur conclut avec une fin forte, émouvante et tout à fait logique. Une fin qui m'a scotché, encore aujourd'hui, plusieurs jours après l'avoir terminé.