lundi 30 novembre 2009

La possibilité d'une île


La possibilité d'une île est un roman de Michel Houellebecq.

Présentation de l'éditeur :
Qui, parmi vous, mérite la vie éternelle ?

Ce roman confirme une certaine évolution ressentie dans l'œuvre complète, à ce jour, de son auteur. Les romans de Michel Houellebecq se suivent tous finalement et s'inscrivent dans une même logique qui nous conduit vers un but commun : l'anéantissement de l'Homme par l'Homme et la complaisance individuelle représentée ici par l'immortalité des néo-humains. Le personnage principal (Daniel) participe enfin à ce grand moment et contribue à l'aboutissement de ce projet tant attendu par les adeptes de la secte Elohimite. Projet qui ne va finalement que dénaturer l'être humain (par exemple avec son prénom qui s'incrémente : Daniel24, Daniel25 ...) et le rendre inapte à toute procréation naturelle (inutilité, impossibilité et désintéressement de tout rapport sexuel dans le futur). Le récit est original puisqu'il est composé des commentaires de Daniel24 et de Daniel25 au sujet du déclin de notre civilisation actuelle par le biais de l'autobiographie de l'être original : Daniel (appelé également Daniel1). En effet, la vie d'aujourd'hui est analysée, ressentie, décortiquée et critiquée par les successeurs (clones en réalité) de Daniel. Avec cette fiction, Houellebecq invente une nouvelle forme d'immortalité dans la littérature : le clonage à répétition des mêmes sujets. Comme à son habitude, l'auteur semble offrir à son lecteur certains éléments qui pourraient être autobiographiques. On retrouve un homme assagit qui reconnait ses torts et ses faiblesses et qui se penche avec sérieux sur le résumé de sa vie ("J'avais probablement accordé trop d'importance à la sexualité, c'était indiscutable").

Nous étions nous-mêmes des êtres incomplets, des êtres de transition, dont la  destinée était de préparer l'avènement d'un futur numérique.

Autant Houellebecq maîtrise à merveille la forme de son roman, autant j'ai parfois quelques difficultés avec le fond qu'il lui offre (la place de la femme dans ses romans par exemple). Notamment avec l'encensement ici de la secte Elohimite alias la secte de Raël (Elohimite est d'ailleurs le nom donné aux extra-terrestres par les raëliens). Cette organisation sectaire basée sur une idée farfelue a quand même fait l'objet de plusieurs accusations de pédophilie. Attendons 2035 pour vérifier si Raël avait vu juste avec l'arrivée des extra-terrestres sur Terre ... en attendant il continue à amasser l'argent de ses 'disciples' et à les inciter à la pornographie pour assouvir ses propres fantasmes. Dans le roman, Daniel est aux élohimites ce qu'est Tom Cruise pour la Scientologie ; un VIP qui permet à la secte d'évoluer, se faire connaître. Mais contrairement à l'acteur, Daniel, qui est un célèbre humoriste, ne joue pas les pantins. Il se situe plutôt comme un spectateur conscient des tricheries et des manipulations qui y règnent. Il ne semble pas croire non plus aux fondements de la secte et mentionne en plus que le prophète est le seul à jouir pleinement de leurs doctrines sexuelles ("son objectif était [...] de castrer ses auditeurs"). Par contre, il restera tout de même un fidèle partisan. Jusqu'à la fin des temps ?

ils veulent des enfants,et des enfants semblables à eux, afin de creuser leur propre tombe et perpétuer les conditions du malheur

L'auteur flirte avec la science fiction, qui ne lui sert finalement que de décor, pour décrire le drame inévitable qu'est l'anéantissement de l'être humain et de son environnement comme on les connait aujourd'hui. Nullement écologiste, son discours laisse surtout à réfléchir sur le comportement affectif et social de l'Homme. Au final, La possibilité d'une île peut être considéré comme un roman d'anticipation post-apocalyptique, il n'en est pas moins un roman réaliste sur certains points. Aussi, certains passages (autobiographiques ?) laissent prétendre à une crise de la quarantaine chez l'auteur qui établit l'inventaire de sa vie et se sent condamné, à présent, à rester dans la tranche d'âge des 'vieux'. On apprend son amour presque démesuré pour les animaux et surtout les chiens ("Il m'arrive de déverrouiller la barrière pour porter secours à [...] un chien errant ; jamais pour porter secours à un homme" ou "Un mois de vacances avec mon chien [...] Vivre."), mais aussi, comme à son habitude, il n'y va pas de main morte avec les écrivains, artistes ou célébrités qu'il n'apprécie pas ("Fogiel [...] s'est mis à péter de trouille ; il faut dire que ça faisait longtemps que j'avais envie de récurer cette petite merde"). Il semble également reconnaître ses erreurs et paraît même s'excuser pour certaines fautes ou incompréhensions passées ; par exemple, il avoue, à travers son personnage, que sa prétendue islamophobie dont on l'a accusé n'était en fait qu'un coup de marketing (fiction ou réalité ?). J'ai remarqué une chose peu habituelle chez l'auteur, plus les pages défilaient, plus le discours devenait sensible et touchant. Les quelques vers qui peuplent le roman lui donnent une dimension presque romantique. Étrange sensation pour un récit de Houellebecq.

[...]
Entré en dépendance entière,
Je sais le tremblement de l'être
L'hésitation à disparaître,
Le soleil qui frappe en lisière


Et l'amour, où tout est facile,
Où tout est donné dans l'instant ;
Il existe au milieu du temps
La possibilité d'une île.
Michel Houellebecq

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mardi 24 novembre 2009

Six pieds sous les vivants


Six pieds sous les vivants est un roman d'Antoine Chainas pour la collection Mona Cabriole des éditions La Tengo. Il s'agit du deuxième roman que je lis de cette collection après l'excellent Le cinquième clandestin de Marin Ledun.

Présentation de l'éditeur :
Paris, 12ème arrondissement : La journaliste Mona Cabriole parcourt les couloirs de la morgue à la recherche du corps sans tête d’Adriana de Rais. Cette supposée « star du rock underground » se serait suicidée. Son corps est introuvable, ainsi que toute information au sujet de l’artiste. A croire qu’il n’a jamais existé…
Qui était Adriana de Rais, de son vrai nom Albert Duplot ? Un bouquiniste du quartier met la reporter de Parisnews sur la piste d’un journal de correspondances de l’artiste, annonçant sa propre mort.


Dès le départ on reconnait le style bien particulier d'Antoine Chainas avec, comme à son habitude, un ton provocateur et une écriture concise. Avec cette griffe tranchante qui lui est propre, cet exercice de style semble fait pour lui malgré la contrainte importante de faire évoluer un personnage qui n'est pas le sien. Et justement, l'auteur ne parait pas très à l'aise avec cette Mona Cabriole dont certains morceaux ont déjà été assemblés précédemment par d'autres auteurs. Dans le premier quart du roman, le lecteur perçoit une Mona légèrement effacée, presque bêta. Heureusement, son côté aventureux, tête baissée, ressurgit par la suite pour affronter l'une des histoires les plus noires et choquantes de cette fin d'année.

La mort comme le prolongement d'un spectacle.

Après avoir visité une partie des sous-sols du cinquième arrondissement avec Marin Ledun, Antoine Chainas nous entraine dans les sous-sols de la culture, ou plus souvent appelée la culture underground. On retrouve avec grand plaisir l'univers noir, morbide, auquel nous a habitué l'auteur avec ses précédents textes. D'ailleurs, il nous régale, à sa façon, en s'amusant à lister certaines morts du quartier sans oublier d'assaisonner son discours pimenté avec des détails plus croustillants les uns que les autres. Avec une panoplie de phrases courtes, il décortique son récit de manière presque chirurgicale et lui donne un rythme incessant. Difficile donc de lâcher l'ouvrage tant il est envoûtant, captivant.

Dans cinq milliards d'années, les ondes hertziennes continueront de voyager, retransmettant des bribes des instants que nous vivons. En multidiffusion. Et il y aura toujours un spectateur.

L'auteur nous invite à rejoindre ce qui auraient pu être les rêves les plus fous d'un personnage tel que Marilyn Manson. Pour résumer le ressenti général après avoir lu Six pieds sous les vivants, j'ai envie d'écrire que c'est tout simplement du 100% Antoine Chainas avec, comme je l'ai signalé plus haut, un petit bémol sur le caractère de Mona décrit dans la première partie du roman. Avec cet ouvrage, la collection Mona Cabriole semble être de plus en plus indispensable à une époque où le polar français donne l'impression de se chercher. C'est donc avec plaisir que je vous invite à tenter l'expérience et que je continuerai à lire les aventures de la jeune journaliste de Parisnews en commençant par rattraper mon retard avec les premiers tomes déjà sortis.

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mercredi 18 novembre 2009

Ne nous énervons pas!


Ne nous énervons pas! est un hard-boiled écrit au début des années 60 par Chester Himes.

Présentation de l'éditeur :
« Gueule-Rose cherchait la malle pour laquelle tant d’imbéciles et de crapules étaient morts, à Harlem, à Brooklyn, et même chez les rupins de Riverside... Gueule-Rose suait abondamment et la peinture se délayait, tombait en grosses gouttes, noires comme l’encre, sur le sol.
- T’as vu ce négro ? dit un gardien. J’ai bien entendu dire que les Noirs suent de l’encre. Mais c’est la première fois que j’en vois un. »

Fossoyeur Jones et Ed Cercueil Johnson sont deux inspecteurs noirs qui forment un duo de flics efficace aux méthodes peu orthodoxes et drogués à l'obstination. Rien ne pourra faire lâcher l'enquête à ces deux bulldogs de la police américaine qui arpentent les rues de Harlem à la recherche d'un homme noir albinos. Même après s'être faits tirés dessus et s'être faits temporairement dégagés de la police, ils continuent à investiguer prenant tous les risques possible. A l'image de ces deux flics si caractéristiques, tout le récit se déroule sur le terrain et ne laisse à aucun moment place à d'éventuelles histoires secondaires, amourettes et compagnie. L'enquête domine entièrement la narration.

Une population à moitié nue se perchait sur le rebord des fenêtres, s'entassait sur les échelles de secours, traînait la savate sur les trottoirs, rôdaillait dans les rues, dans les bagnoles déglinguées.

Lorsqu'on lit du Chester Himes il faut s'attendre à trois choses : la description des rues de Harlem même si ici ce thème passe légèrement en second plan, la présence de racisme ou au moins la marque évidente d'une différence de couleur entre les personnages ("un code rigide veut que tous les Noirs [...] fassent bloc contre les flics blancs"), et, une écriture brute de décoffrage. Alors que nous sommes à une époque importante pour le quartier de Harlem où les gens commencent à se battre pour leurs droits et que l'on voit apparaitre de nouveaux leaders noirs, l'auteur plonge, sans s'attarder à mettre de gants, ses personnages dans la boue et la moisissure qui encombrent les rues sombres et dangereuses de Harlem et projette son lecteur en plein milieu d'un quartier qui semble ne jurer que par les flingues et l'argent.

Les bars étaient fermés ; chacun avait sa bouteille et buvait au goulot. Que faire d'autre ? Boire jusqu'à plus soif un sale whisky, avoir encore plus soif et, après ça, voler ou se bagarrer.

L'auteur nous livre une traque sans merci à la recherche du seul témoin encore vivant qui connaitrait l'emplacement d'un trésor tant convoité. L'écriture est crue, vive et efficace. Le récit se déroule devant nos yeux à une vitesse folle. Chester Himes ne mâche pas ses mots et utilise un vocabulaire parfois vulgaire mais néanmoins très efficace pour offrir au hard-boiled un ouvrage fort en intensité. J'ai trouvé le roman courageux et réaliste.


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jeudi 12 novembre 2009

Crois-le !


Crois-le ! est le premier roman de Patrice Guirao qui a écrit de nombreuses chansons pour des comédies musicales (Dix commandements, Le roi soleil, Cléopâtre, Mozart) ou artistes célèbres (Johnny, Pagny, Obispo ...). C'est aussi le premier volet de la trilogie Al Dorsey, le détective en short de Tahiti. Le roman est prévu le 25 Novembre à la vente.

Présentation de l'éditeur :
Ça sent le monoï, la transpiration, le sel de la mer, le frangipanier enveloppé dans du papier gas-oil. Ça respire la gouaille d'un Éden d'aujourd'hui. Du pur jus de polar mitonné au poisson cru.
Ça décoiffe les soutanes au paradis des bons pères. On marche sur le corail pilé sans savoir où on met les pieds ! Normal, c'est Al Dorsey qui nous y emmène. Al «The» Détective des tropiques. Les photos de trois jeunes gens prétendument disparus sur un voilier, un cahier d'écolier, deux gourmettes, un louis d'or, un opinel, des dettes par-dessus la tête et une valise qui aurait dû rester là où elle était. Voilà avec quoi Al Dorsey va plonger bien malgré lui dans les secrets de personnages hors du commun et explorer les couloirs d'un passé extraordinaire qui refait surface et lui pète à la gueule comme une bulle de savon.


Dépaysement total pour ce polar ensoleillé où travail parait rimer avec farniente. Nous embarquons pour la Polynésie française où nous rencontrons le détective Al Dorsey (pseudonyme car son véritable nom ne fait pas très professionnel) qui croule non pas sous les dossiers mais plutôt sous une chaleur étouffante et un soleil généreux. Toutes les conditions étaient réunis pour démarrer un bon roman policier mise à part l'ambiance régnante. Bien qu'Al Dorsey semble être le détective type que l'on a l'habitude de voir dans de bons romans policiers, le climat n'est pas au noir mais plutôt à la rigolade. Loin des rues grises et de ses humains névrosés des grandes villes, le roman préfère chanter les louanges d'un Tahiti lumineux d'un point de vue géographique et historique ... au risque de décrédibiliser l'enquête.

Je préfère ma misérable condition d'ex-noble déchu et sans le sou, à l'incommensurable poids de la mauvaise conscience.

L'auteur - farceur - joue avec les mots tout au long du récit ("le faux Levret") et donne l'impression d'assister à une grande farce ("If you see what I mean de crayon !"). Un véritable show comique dont la trame principale est une étrange affaire de meurtre et de valise retrouvée ... Guirao en fait trop et fait paraitre son roman comme une bonne blague que l'on se raconte entre copains. Par contre, il faut l'avouer, là où l'auteur est bon c'est lorsqu'il donne du rythme au récit. L'histoire est sans cesse mouvementée, peu de temps morts, et en plus de ça il décrit une véritable brochette de personnages atypiques. Mais malgré toute cette animation, l'enquête traine, elle tourne en rond alors qu'on sent que l'auteur a un réel désir de nous attirer dans son histoire et de tirer son épingle du jeu en jouant d'originalités. Mais en tirant trop fort il ne réussit qu'à exciter le ton de son roman au lieu de captiver et secouer l'imagination de son lecteur.

L'homme fait de croyances est un homme perdu

Avec une intrigue plutôt pauvre et un manque cruel de rebondissements, Crois-le ! est une première expérience peu réussie. Le roman policier a attrapé un coup de soleil à vouloir se séparer à tout prix des coutumes qu'on lui connait. Par contre il est indéniable que l'auteur a un véritable talent avec l'utilisation de sa plume. Son écriture est légère, assurée et parfaitement agréable. Il ne reste plus qu'à espérer que ses prochains romans perdront un peu en humour et gagneront en intrigue policière.

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Promets-moi


Promets-moi est un roman d'Harlan Coben mettant en scène l'agent sportif et ex star montante du basket-ball Myron Bolitar après près de six ans d'absence.

Présentation de l'éditeur :

Six ans. Six ans déjà que Myron Bolitar, ex-champion de basket, ex-agent sportif, ex- détective de choc, n'a pas touché une arme à feu. Six ans qu'il s'est tenu loin des petites frappes et des gangsters de tout poil. Mais cette existence tranquille est sur le point de basculer...
Myron Bolitar a fait une promesse.
Celle d'être là pour Aimée, la fille d'une amie.
N'importe où, n'importe quand.
Quelques jours plus tard, la jeune fille disparaît. Myron est la dernière personne à l'avoir vue... Fugue ? Enlèvement ?
Myron mène l'enquête, pour prouver son innocence, mais aussi parce qu'il a promis aux parents d'Aimée de retrouver leur fille.
Et une promesse est une promesse...
Sueurs froides, frissons, un suspense diabolique par le maître de nos nuits blanches.

Six ans après sa dernière histoire, Myron Bolitar se voit rendosser, malgré lui, le rôle de détective pour retrouver la trace de la fille d'un couple d'amis. On ne pensait pas revoir Myron après cette longue absence mais l'auteur avait prévenu que son héros récurrent reviendrait uniquement lorsqu'il lui aurait trouvé une histoire 'sur mesure'. Après Balle de match, Promets-moi est le deuxième roman de l'alliance Coben/Bolitar que j'ai lu. Et contrairement à Balle de match, Promets-moi se révèle être plutôt bon, avec son lot de rebondissements et d'actions à la manière d'un Juste un regard ou Disparu à jamais qui font partis, d'après moi, de ses meilleures histoires. On retrouve donc avec plaisir un personnage légèrement plus mûr avec à ses côtés, son vieil ami Win qui semble être le petit diable assis sur l'une des épaules du héros, le côté sombre et violent de Myron.

Et l'instant d'après - le tout dernier "si seulement" -, Myron a promis.

Myron Bolitar est, à peu de choses près, le même personnage principal un peu naïf qu'on avait laissé quelques années plus tôt. Un personnage beau, grand, charmeur, intelligent, malin, ayant toujours la bonne répartie ... un peu trop propre sur lui, mais qui a toujours un peu de mal à comprendre les réactions extérieures, et notamment celles des femmes. Il représente l'archétype même du type qui agace, de la tête à claque. Il est sportif, ne boit presque pas une goutte d'alcool, tient ses promesses (à ses dépens) ... il est le personnage type d'un 'Happy Thriller' (ou 'thriller blanc' pour contraster avec roman noir) totalement opposé aux anti-héros de roman noir, à la manière d'un Jack Taylor par exemple. Mais dans cet ouvrage, l'auteur a la volonté de faire mûrir son personnage principalement lors des relations qu'il entretient avec les femmes ("Pour être honnête, il la traitait différemment parce qu'elle était une fille."). Myron se pose un tas de questions concernant le 'mode de fonctionnement' de la gente féminine, sur l'interprétation de leurs gestes, leurs comportements ... pour apprendre enfin comment se comporter avec elles. L'agent des stars prend conscience qu'une femme n'est pas qu'un joli corps fragile mais est aussi un être humain égal aux hommes ... il était temps !

- Derrière chaque grande fortune, il y a un grand crime.

Malgré ces traits négatifs du personnage et quelques sermons rendant les dialogues parfois agaçants, le roman s'avère être un véritable page-turner assez violent parfois, sans temps mort et avec son lot suffisant de rebondissements et de suspense. L'auteur arrive avec maestro à retenir notre attention et je dois avouer qu'il m'a été difficile de fermer le livre le soir pour me coucher. Totalement efficace, Promets-moi me réconcilie avec Myron Bolitar et me motive quant à l'envie de relire une de ses aventures. Une belle surprise donc ! Une question me taraude quand même l'esprit, est-ce une volonté de l'auteur d'avoir fait le personnage à son image ? Myron est grand, posé, semble être la perfection de l'être humain (toujours les bonnes décisions etc.) ... et l'auteur se permet même une auto-référence : "rien n'est aussi vendeur que la peur".

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lundi 9 novembre 2009

Rendez-vous polardeux à Rouen



La librairie Polis située à Rouen propose assez souvent des conférences sur le thème du Polar.
Ci-dessous le programme provisionnel 2009/2010 des conférences présentées par Patrick Grée.

19 novembre 2009
Romans noirs / Films noirs
Allers-Retours / Paris – Hollywood

14 janvier 2010
Jean-Patrick Manchette, romancier théoricien ou le néo-polar malgré lui

Mars 2010
Festival du cinéma nordique / Noir du Nord : les polars venus du froid

20 mai 2010
Donald Westlake / Ed McBain : les gentlemen du noir

17 juin 2010
Le cabinet de curiosités : les romans noirs oubliés du 2nd rayon, bizarreries et étrangetés à tous les étages

Toutes les conférences me font de l'œil ... j'espère pouvoir y assister.
Y a t-il des normands qui ont déjà assisté à une des précédentes conférences ?
Y a t-il des personnes qui pensent venir ?

dimanche 8 novembre 2009

Le dernier rêve de la colombe diamant


Le dernier rêve de la colombe diamant est un roman policier de l'australien Adrian Hyland. Un grand merci au site Blog-O-Book en partenariat avec les éditions 10-18 pour m'avoir fait découvrir ce roman.

Présentation de l'éditeur :
Entre collines rouillées et plaines brûlées, la communauté aborigène de Moonlight Downs est un monde sauvage et magique où rituels et traditions rythment la vie... et la mort. C'est là qu'Emily Tempest, fille d'une aborigène et d'un chercheur d'or, a passé son enfance, et c'est là qu'elle revient après de longues années d'errance à travers le monde. Mais à peine est-elle arrivée que la violence se déchaîne. Le leader de la communauté est assassiné, le principal suspect, un sorcier complètement allumé, a disparu dans le bush et la communauté se disperse aussitôt. Emily échoue alors à Bluebush, un trou perdu et crasseux où règnent les tensions raciales et les cafards, peuplé de mineurs et d'ivrognes, décidée à retrouver l'assassin de son vieil ami...

Une fois le roman terminé, je me suis retrouvé cerné par différents sentiments contradictoires le concernant. Bien aimé ? Déçu ? Difficile de faire la part des choses et de vraiment donner un avis positif ou négatif sur le premier roman d'Adrian Hyland. Mon avis est donc mitigé et je vais tenter avec cette chronique de vous expliquer pourquoi. Emily Tempest est un personnage au fort tempérament et qui porte bien son nom. Fille d'un mécano et chercheur d'or blanc et d'une aborigène, elle a fuit son bush natal pour y revenir plusieurs années après. La jeune héroïne semble légèrement instable et n'arrive pas forcément à s'inclure dans une des communautés qui peuplent les lieux. Boudée par certains, rejetée par d'autres, elle va pourtant réussir à s'imposer dans une ville crasseuse habitée par des personnages dangereux aux mines patibulaires ("Vingt-cinq ans, presque cinquante.").

La ville frôlait les cinquante millions d'habitants : un millier de noirs, un millier de blancs, et pour le reste des cafards.

Le roman est dépaysant et l'auteur possède une culture hors pair concernant les aborigènes d'Australie. Le personnage d'Emily est surprenant, bien qu'elle soit parfois agaçante, elle a du caractère qui lui permet d'affronter sans peur les pires filous qui l'entourent et d'avoir une répartie hors norme. En effet, en plus d'avoir une narration assez bonne, l'auteur offre à son texte des dialogues tonitruants et sans langue de bois, comme par exemple : "- [...] Elle a chopé le delirium tremens, et puis elle a chopé Jésus. J'sais pas lequel des deux a fait l'plus de dégâts." ou encore "- Alors qui est le père ? Un blanc, j'imagine, et drôlement moche en plus.". Bien que la lecture soit agréable et parfois même amusante, l'histoire traine en longueur et l'enquête policière n'a rien d'innovant, ni même de surprenant. Le récit est un peu timide et aurait demandé à être un peu plus hardi avec des sujets présents tels que le racisme et la violence. De plus, il est difficile je trouve de s'attacher aux personnages et impossible, pour moi, de m'identifier à l'un d'eux et de pénétrer totalement dans l'histoire.

Mais il avait un fusil dans les mains et un éclat dément au fond des yeux.

Sur un fond de musique country version aborigène, Adrian Hyland brosse avec réserve le portrait des aborigènes vivant dans un environnement hostile et qui doivent affronter tous les jours le racisme et la violence qui les entourent. Malheureusement et malgré une plume efficace, l'auteur n'a pas réussi à m'intégrer dans son récit, à me passionner par son histoire et à me toucher par ses personnages. Le roman d'Adrian Hyland parait bien fade par exemple à côté d'un roman de Caryl Férey qui arrive à exprimer à la perfection les problèmes culturels et à traiter plus efficacement l'ambiance régnante entre les différents peuples.

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mardi 3 novembre 2009

Moi Nojoud, 10 ans, divorcée


Moi Nojoud, 10 ans, divorcée est un témoignage de Nojoud Ali avec l'aide de la journaliste Delphine Minoui.

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Présentation de l'éditeur :
« Je m'appelle Nojoud et je suis yéménite. Mariée de force par mes parents à un homme trois fois plus âgé que moi... »
L'histoire d'une petite fille qui a osé défier l'archaïsme des traditions de son pays en demandant le divorce... et en l'obtenant ! Une première dans ce pays du sud de la péninsule arabique, où plus de la moitié des filles sont mariées avant leurs 18 ans. Son courage a été largement salué par la presse internationale. Élue « Femme de l'année 2008 » par le magazine américain Glamour, passée du statut de victime à celui d'héroïne, elle raconte son histoire pour briser le silence sur les épouses-enfants et donner espoir.


Le récit met le lecteur très vite dans l'ambiance d'un pays dangereux et irrespectueux envers les femmes : "C'est un territoire mystérieux, où les hommes ne sortent jamais sans leur couteau recourbé, accroché fièrement à leur ceinture, et où les femmes cachent leur beauté derrière d'épais voiles noires". On assiste sur près de 150 pages (ce qui peut paraitre court mais permet de se concentrer sur les détails 'nécessaires' afin de sensibiliser les gens) à un témoignage troublant de la petite Nojoud Ali à la journaliste Delphine Minoui. La jeune Nojoud a été mariée de force par son père à un homme trois fois plus vieux qu'elle. Alors âgée de 10 ans, la jeune yéménite va découvrir un véritable cauchemar dans lequel son époux endossera le rôle du bourreau. Viols, interdictions, coups ... c'est toute une jeunesse que Nojoud a perdu en quelques semaines de mariage. Un véritable contraste entre la jeune fille physique qu'elle est et la nouvelle femme psychique qu'elle est devenue apparait, elle va commencer à se poser petit à petit des questions de petite fille dans ce combat pour adulte ; un contraste dérangeant entre la naïveté de l'âge et le vécu d'épouse maltraitée : "Les lois, c'est pour aider les gens, oui ou non ?".

Dieu avait dû m'oublier.

Plus qu'un simple témoignage, c'est la condition des femmes dans le monde qui est pointée du doigt. La petite Nojoud est le reflet d'une lutte acharnée que mènent de nombreuses femmes depuis toujours. La jeune yéménite a eu un courage exemplaire ("Le plus dur, c'était d'avoir la force de t'évader, et tu as réussi cet exploit !") qui lui a valu, à juste titre, le titre de "Femme de l'année 2008" par le magazine Glamour et qui devrait, je l'espère, permettre à bien d'autres femmes et jeunes filles de sortir de leur terrifiant calvaire. Ces problèmes sont loin d'être terminés car malgré la réussite du divorce, le père et l'ex mari de Nojoud sont toujours libres (rien n'a été retenu contre eux) sans oublier tous les autres tortionnaires d'enfants et de femmes qui continuent d'agir de la même façon. Nojoud est devenue malgré elle le symbole de la liberté féminine (et plus particulièrement du mariage précoce) à l'image de ce foulard (symbole de répression ?) qu'elle prend plaisir à enlever : "Mes cheveux se déversent sur mes épaules et font des vagues dans le vent. Je me sens libre. Libre !".

Oublions les quelques problèmes narratifs et laissons nous nous emporter dans cette horrible histoire où l'Homme a su encore se montrer comme son propre destructeur. Comprendre ces agissements, pour nous occidentaux, est vraiment difficile mais n'oublions pas que plusieurs facteurs sont en cause comme le décrit si bien la journaliste dans son épilogue : "Au Yémen, la religion ne constitue qu'un des facteurs qui poussent les pères à marier leurs filles avant la puberté. « La pauvreté, le manque d'éducation et la culture locale entrent également en jeu »". Une lecture indispensable pour réveiller les gens, les sensibiliser et leur permettre un jour de comprendre l'importance de l'égalité entre chaque individu quel qu'il soit. Un fragment essentiel de ce gigantesque puzzle représentant la lutte pour le bien de l'humanité.

A voir, un reportage sur l'histoire de Nojoud Ali et d'autres jeunes filles yéménites qui se sont retrouvées dans le même cas :