mercredi 25 janvier 2012

Crimes et châtiments

Crimes et Châtiments est un nouveau magazine haut de gamme, un trimestriel, qui sort le 26 Janviers 2012, demain, dans toutes les bonnes presses. 15 euros pour 176 pages (sans publicité !), cette nouvelle revue va vous faire vivre des enquêtes dignes de bons polars ... petite particularité : ce sont des histoires vraies.
Quand l'actualité vous est romancée comme ici, ça vous offre des textes riches et ultra angoissants, à l'image de la superbe couverture.

Quand le fait divers devient fait majeur.

Une fois en main, l'objet est superbe. Composé de photos, de textes courts, de textes longs et d'une chouette bande dessinée, Crimes et châtiments peut être lu à tout moment de la journée. Les textes se savourent avec plaisir et montrent le sérieux du choix des rédacteurs. Les catégories sont diverses et certaines sortent du lot (à l'image de l'excellente rubrique Bloc-Notes). Au programme, des crimes (bah oui), des meurtriers en tout genre (du plus connu à l'anonyme), des flics en tout genre qui en prennent pour leur grade ou dont on relate la dure vie, des statistiques, des photos chocs, de magnifiques illustrations ; 176 pages de pur bonheur pour tout aficionados du polar.

Extrait du dossier de presse :
Crime et châtiments n’est pas un livre, ni un magazine, c’est une revue haut de gamme, littéraire, qui traite aussi bien du monde policier, de la justice, que du milieu. Des histoires de flics et de voyous, de juges et d’avocats, d’assassins et de victimes. Avec l’exigence de raconter mais aussi de comprendre, cette revue innovante emmène le lecteur sur les scènes de crime, dans les coulisses de la justice, de la police, dans les salles d’audience, les cabinets des juges et les bureaux des enquêteurs ou sur les traces des criminels et des délinquants !

Les éditions Jacob-Duvernet frappent fort avec ce nouveau magazine. Un pari osé mais réussi qui, je l'espère, devrait plaire à un large public. Alliant originalité, professionnalisme et haute qualité, Crimes et Châtiments peut être considéré comme une révolution dans le monde de la presse.

dimanche 22 janvier 2012

Le crime de la renarde

Le crime de la renarde est le nouveau roman de Michèle Lajoux.

Site officiel : http://www.michelelajoux.com/

Présentation de l'éditeur :
«À certains moments, je redeviens comme quand j'étais enfant, je ne sais plus que je suis là, c'est ensuite comme un trou dans ma vie.
À l'école, je le faisais exprès. On me disait que j'étais toujours dans la lune. En fait, je n'allais jamais dans la lune, je n'ai jamais été tentée. Je rentrais en moi, je trouvais que c'était beaucoup plus intéressant. Je m'imaginais que je circulais dans mon cerveau pour y découvrir de quoi j'étais faite. Certains endroits étaient fermés à clé, jamais je n'ai pu y entrer, j'étais vraiment agacée. Au moment où je sentais que la serrure allait céder, le prof me criait dessus et tout était à recommencer. »

Cendrine, 23 ans, condamnée à vingt-cinq ans de prison pour le meurtre de son fils.
La jeune femme, qui n'aime pas s'exprimer sort progressivement de sa chrysalide. Du cahier bleu au cahier rouge, elle se cherche sans vraiment savoir où elle va. C'est le cahier noir qui lui apportera la révélation.

Michèle Lajoux brosse ici le portrait d'une jeune adulte blessée dans son enfance qui se reconstruit.
Plus qu'un roman sur l'infanticide, Le Crime de la Renarde exprime avec sensibilité, audace et pertinence le drame de la banalité et de l'isolement. Une colère vive, introspective, acérée, bousculant les idées reçues.
Toute vie est un fait divers...

A l'inverse de Millenium, ici, on a affaire à une femme qui n'aime pas les hommes. Plus précisément, qui a appris à ses dépens à ne pas aimer les hommes. Cendrine est une jeune femme fragilisée, un peu simplette, pas très futée, au goût de cendres dans la bouche, synonyme d'une vie brûlée.

L'auteur fait ressortir au travers de son personnage une grande sensibilité malgré cette déconnexion du monde réel. Mais on a du mal à ressentir de la pitié tellement son crime est ignoble. En effet, la jeune femme est accusée et est même déclarée coupable d'avoir tué son fils Théo alors bébé. Mais Cendrine ne se souvient pas de cet acte et commence alors une thérapie un peu spéciale ; elle écrit dans différents cahiers ce qu'elle ressent, tout ce à quoi elle pense et se souvient. Commence alors une réflexion sur sa vie, ses regrets et les évènements marquants qui l'ont bousculée.

Là, c'est une question de rêve. C'est le leur d'avoir des enfants. Ce n'était pas le mien.

Cendrine extériorise sa colère inconsciemment vers Théo, ce fils qu'elle n'a pas voulu. Elle aime son enfant mais déteste l'homme qu'il pourrait être un jour. Il représente malgré lui le Mâle et donc ... le Mal. Elle rejette sa haine vers ce bébé innocent. Elle est confuse dans ses sentiments, totalement perdue.

Cendrine est une femme qui n'aurait sans doute jamais dû avoir d'enfant, une femme brisée par un passé qui a rencontré trop d'hommes imparfaits. Tantôt sous la forme d'un monstre, tantôt sous l'aspect d'une victime, le personnage de Cendrine est en tout point comparable à la femme-renarde des contes chinois... bien que la référence à la renarde dans le titre soit bien due à l'animal et non au mythe asiatique.

Le roman se lit très bien et la narration est telle qu'à aucun moment je n'ai décroché ni eu l'envie de sauter le moindre paragraphe. Par contre, le sujet est tellement sensible et bien traité qu'il est parfois dur émotionnellement de lire certains passages. Je n'ai pas vraiment réussi à ressentir de la compassion pour cette femme tant mon esprit était focalisé sur ce pauvre petit bébé. Compliqué pour nos émotions, Le crime de la renarde est un roman délicieux par son style mais qui se repose un peu trop à mon goût sur le fait de comprendre un acte qui paraît tellement affreux et inexplicable.

mercredi 18 janvier 2012

Les visages écrasés

Dernier roman en date de Marin Ledun, Les visages écrasés a été primé en remportant le Trophée 813 de 2011.

Présentation de l'éditeur :
« Fascinée, je contemple de nouveau le semi-automatique. L’idée me traverse l’esprit de le retourner contre moi mais, encore une fois, Vincent n’est le problème. Il le sait, je le sais. Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. La tension permanente suscitée par l’affichage des résultats de chaque salarié, les coups d’œil en biais, les suspicions, le doute permanent. La valse silencieuse des responsables d’équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles. L’infantilisation, les sucettes comme récompense, les avertissements comme punition, les objectifs inatteignables. Les larmes qui coulent pendant des heures, une fois seul, mêlées à une colère froide qui rend insensible à tout le reste. Les injonctions paradoxales, la folie des chiffres, les caméras de surveillance, la double écoute, le flicage, la confiance perdue. La peur et l’absence de mots pour la dire. Le problème, c’est l’organisation du travail et ses extensions. Personne ne le sait mieux que moi. Vincent Fournier, 13 mars 2009, mort par balle après ingestion de sécobarbital, m’a tout raconté. C’est mon métier, je suis médecin du travail. Écouter, ausculter, vacciner, notifier, produire des statistiques. Mais aussi : soulager, rassurer. Et soigner. Avec le traitement adéquat. »

Un roman noir à offrir de toute urgence à votre DRH.

On a à peu près tous été confronté à des pressions plus ou moins fortes dans notre métier. Là, Marin pose son décor dans une société de téléconseillers. Un centre d'appel qui produit de bons résultats ... mais dans lequel les salariés en payent le prix fort. Pression, mobilité forcée ... des termes qui, placés les uns derrière les autres, amène parfois un homme à se suicider. Et c'est là l'idée de base du récit.
Roman social, Les visages écrasés est un texte tout à fait dans la logique des anciens écrits de l'auteur, surtout après son essai Pendant qu'ils comptent les morts dénonçant certaines pratiques inhumaines des managers. Roman effroyable donc qui rappelle une certaine affaire plutôt récente en France ...

Je hurle en même temps sa souffrance, sa vie d'homme et le système qui y a mis fin.

Marin donne le ton dès le début de son roman. Les visages écrasés est un roman vraiment très noir dans lequel chaque millimètre du décor s'assombrit au fil des pages. Les termes sont durs ("Un salarié est un malade comme un autre.") et l'atmosphère dégage quelque chose de profond qui m'a totalement conquis.
Dans la noirceur du monde du travail, Marin donne vie à un personnage touchant dont on suit la lente et douloureuse descente aux enfers. Une femme qui se retrouve seule contre tous. Seule à pouvoir sauver ces employés dépressifs, seule sûrement à le vouloir... Le travail autour de ce personnage est assez incroyable tant j'avais l'impression de vivre tous ses faits et gestes. Carole Matthieu est loin d'être une héroïne parfaite, elle a des doutes et prend des décisions dont on ne se remet pas.

Motif : idées noires, idéations suicidaires, fragilité émotionnelle, possibilité de passage à l'acte.

Le style narratif est excellent bien que l'auteur use un peu trop des listes pour décrire une situation ou un état d'âme. Certains chapitres sous forme épistolaire coupent efficacement le récit pour rendre un peu plus réelle l'histoire.
La documentation est très riche, les rapports d'expertise sont précis, la politique d'entreprise est superbement retranscrite. Autant d'atouts qui font de ce roman un véritable petit bijou littéraire. Un roman fascinant !

vendredi 6 janvier 2012

Prix Agostino 2012

Pour les plumes motivées et imaginatives, le prix Agostino s'invite encore cette année lors des Quais du polar.

Le détail :

« Le Privé »

Dans le cadre du festival Quais du Polar, qui se tient à Lyon les 30, 31 mars et 1er avril 2012 est organisé un concours de nouvelles. Chacun peut participer à ce grand concours entièrement libre et gratuit et concourir au prix « Agostino » qui sera remis par le Maire de Lyon le samedi 31 mars 2012, en présence des auteurs invités au festival.

Les Etats-Unis sont à l'honneur pour cette huitième édition de Quais du Polar. Inspirez vous d'une création du roman noir américain, la figure du détective privé, et laissez libre cours à votre imagination pour écrire la meilleure nouvelle policière et concourir au Prix Agostino 2012.

Je vous laisse découvrir les modalités d'inscription et les règles sur leur site Web : http://www.quaisdupolar.com/lire_ecrire.php

jeudi 5 janvier 2012

La cassure

La cassure est un roman de Martina Cole et la suite des aventures de Kate Burrows après le fort sympathique Le Tueur.

Présentation de l'éditeur :
Quatre ans après l’arrestation de l’Étrangleur, la ville est traumatisée par une série de drames : de jeunes enfants disparaissent ; deux d’entre eux sont retrouvés morts. Les mères, des travailleuses de la nuit, jurent n’y être pour rien. Pourtant, des témoins affirment les avoir vues sur les lieux du crime.
L’inspecteur Kate Burrows fait face à l’absurde. Ces familles sont suivies par les services sociaux et les mères ont été des « enfants à problèmes ». Cela suffit-il à expliquer la maltraitance dont souffrent leurs petits ?
Quand l’amour de sa vie, Patrick Kelly, est abattu en pleine rue, Kate doit se battre sur tous les fronts...

Après avoir sondé la folie abyssale d’un tueur en série (Le Tueur, 2010), Martina Cole aborde avec finesse la question de la résilience et du pardon. En renouant avec son héroïne fétiche, Kate Burrows, elle s’impose, à nouveau, comme la reine du polar social à l’anglaise.

L'inspecteur Kate Burrows est de retour et va devoir, encore une fois, faire face à des meurtres choquants et des sévices écœurants. Bien que Le Tueur montrait déjà ce type de crime, La cassure va plus loin en mettant en scène de jeunes enfants comme victimes.
Martina Cole en profite pour soulever des questions intéressantes sur la motivation et l'anti-compassion de ces bourreaux sans pitié. Mais malheureusement le débat se perd assez vite dans l'immense creux d'une histoire d'amour, de confiance et de trahison à l'eau de rose qui pollue clairement l'histoire. La relation entre la femme flic et le 'Tony Montana' de Grantley, alias Patrick Kelly, est totalement niaise et crée un véritable paradoxe par rapport à l'intrigue policière.

La cassure n'apporte rien aux personnages. On ne leur découvre que très peu de nouveaux traits par rapport au premier tome, mis à part pour Kate qui se surprend elle-même de trouver la force d'aller contre ses convictions.
Heureusement, l'efficace noirceur de l'intrigue principale m'a permis de ne pas lâcher le roman avant la fin. J'ai été pris aux tripes à certains passages, écœuré, bouleversé et me sentant impuissant face à tant d'inhumanité. Unir l'innocence des enfants aux idées perverses d'adultes répugnants est un mélange efficace et bien connu pour choquer à coup sûr.

La cassure est un roman assez inégal variant entre le romantisme limite insupportable et l'horreur de la pédophilie. Le thème de la mafia est toujours d'actualité mais n'est clairement pas assez exploité pour nous satisfaire. Avis mitigé donc, j'attends le troisième tome pour me faire une idée générale sur la série.