lundi 30 septembre 2013

Lire En Poche 2013


Amis bordelais, amis girondins et amis de tout horizon, ne manquez pas la 9e édition de Lire en Poche cette semaine à Gradignan !!

Un programme chargé avec une multitude de rencontres, des animations, de la détente dans un très joli parc, des débats, des ateliers ... Le programme en entier ici !

David Vann, R.J. Ellory, Dominique Manotti, Bernard Werber, Olivier Adam, Franck Thilliez, Marin Ledun, Laurent Scalèse, Eric Giacometti, Jacques Ravenne, Fanny Chiarello, Ingrid Astier ... et bien d'autres auteurs à rencontrer et/ou à écouter. La liste complète est ici !

Le lien Facebook pour suivre les nouveautés !

dimanche 22 septembre 2013

Dark, une ombre

Dark, une ombre est un roman de Sandrine Daudeville aux éditions Clément, publié uniquement au format numérique.

Présentation de l'éditeur :
Il aime les femmes. La sienne, les autres, les confidentes, les voisines, les images des magazines, la symbolique, tout. Il a un travail. Des amis. Des passions. Le jour, il est un homme comme les autres. La nuit, il se transforme. Puis les jours deviennent nuits et on ne sait plus où tout a commencé : le moment où il bascule, le moment où elle le ronge. Il n'aura alors plus d'autre choix que d'être lui-même, face à ses peurs, ses doutes, sa folie. Et l'envie étrange de faire des choses qui ne se font pas. L'impression de vivre des moments qui ne lui appartiennent pas. Des souvenirs qui ne lui ressemblent pas.
Rouge. Noir.
Elle est là, dans l'ombre.
Mais qui est-elle ?

Dark, une ombre est un thriller érotique où le sexe et le sang s’entremêlent pour provoquer excitation et fureur. Nos sensations s'embrouillent dans cette histoire de faux-semblants où l'on suit Matt, un jeune homme sujet à des troubles psychiatriques.

Les diverses références à la célèbre série Dexter, que ce soit dans le roman ou même dans le titre, n'empêchent pas le roman d'avoir sa propre identité ; on est loin d'un 'Dexter like'. Dark, une ombre fait jouer tous ses personnages. Ils ont chacun un rôle bien déterminant pour faire évoluer notre personnage principal.

Tout au long de l'histoire on assiste aux cruels meurtres d'un tueur pervers qui paraît connaitre des conflits avec les femmes, lui qui n'a jamais reçu d'amour de la première d'entre elles ; sa mère. L'auteur ne néglige pas le comportement et le passé de son personnage afin de mieux le décrire, et elle le fait bien.

Quand la porte se referme il me semble apercevoir une ombre restée dehors.

Dark, une ombre est ce que l'on peut appeler un 'pur thriller' où l'identité du meurtrier n'est pas forcément ce que l'on recherche principalement. Les personnages sont bons, les dialogues inégaux et j'ai trouvé le style bien meilleur à partir de la seconde moitié du roman. On rentre bien dans l'histoire et on ressent un travail de documentation certain, parfois même un peu trop présent mais qui ne gâche en rien le rythme de l'histoire.

Dark, une ombre fait rimer amour avec manipulation et crime avec coït. C'est une sympathique découverte que je conseille aux amateurs de ce genre.

dimanche 15 septembre 2013

Des chiffres et des litres

Des chiffres et des litres est un roman de Richard Santaki, l'auteur de  Les anges s'habillent en caillera qui m'avait déjà bien plu.

Présentation de l'éditeur :
Hachim, jeune ado de dix sept ans, brillant, passionné de culture hip hop, il se destine à une carrière de journaliste spécialisé. Pourtant les logiques de quartier, sa situation familiale et son admiration pour Houssine, caïd de Saint Denis et figure paternelle, lui feront embrasser une autre voie. Dans les pas de son mentor, il se rendra compte, trop tard, qu’il n’est pas taillé pour ça. Des Chiffres Et Des Litres est un roman poignant d’une destinée déraillée qui nous plonge dans le Saint Denis en ébullition de 1998. Tandis que Zidane et les bleus font rêver les français, l’argent fait tourner la tête des jeunes ambitieux : caids, soldats, flics ripoux, trahisons, règlements de compte, bizz, prison, combats de chiens. Il faut être le plus malin pour rester en vie !

Pendant que la coupe du monde s'installe en France en 1998, que les jeunes rêvent de victoires tout en continuant leurs deals, le destin tragique des jeunes des cités, lui, n'évolue pas. Richard Santaki s'installe encore un peu plus, avec ce roman, comme l'auteur de référence des polars de cités.
Des chiffres et des litres décrit la fatalité que réserve la vie à Hachim et ses amis. On les regarde grandir, s'amuser et rentrer peu à peu dans un univers violent duquel il est presque impossible d'en sortir.

A Saint Denis, on assiste à une véritable guerre des gangs qui s'installe petit à petit avec des jeunes  façon 'Tony Montana' qui veulent grandir parfois trop vite ou qui ont la gâchette un peu trop facile. Mais vaut mieux pour eux de ne pas louper leur cible car celle-ci sait toujours se venger avec la même animosité.
Des liens naissent tandis que d'autres se déchirent. Bien souvent les liens familiaux se cassent face à la sensation de puissance qu'apporte le trafic. Certains espoirs s'évaporent à chaque mauvaise porte ouverte. Ainsi va la vie dans ce Saint Denis dépeint par l'auteur.

Le 'bizz' devient une véritable administration, un important réseau dont la gestion ne peut se faire par des excités et autres sanguins. C'est tellement réfléchi que ça en devient impressionnant et seules les bonnes têtes pensantes arrivent à s'organiser et à tenir toute la chaîne en évitant les encombres.

Regarder les flics tomber également dans les différents trafics rappelle que les quartiers difficiles avec leurs gangsters amateurs ou professionnels sont bel et bien en France, près de nous, autour de nous, et qu'il est impossible de le nier.
Mais l'auteur peint également des personnages sensibles, respectueux et honnêtes. Des gens parfois trop influençables et d'autres qui se battent contre toute cette douleur qu'apporte le trafic.

Richard Santaki signe là un roman très prenant et touchant où le hip-hop prend une part importante dans la vie des personnages et où le rap donne le ton à chaque page.
A ne pas louper, son nouveau roman Flic ou caillera (sorti en Mars 2013) !

mardi 10 septembre 2013

Los Angeles Nostalgie

Los Angeles Nostalgie est un recueil de nouvelles de Ry Cooder publié chez 13E Note Éditions.

Présentation de l'éditeur :
Los Angeles nostalgie évoque l’une des villes les plus célèbres des États-Unis. Los Angeles est le dénominateur commun de toutes ces histoires qui retracent la vie de laissés-pour-compte débrouillards. Musiciens, tailleurs, dentistes, femmes au foyer et pornographes, habitants de Venice Beach ou de Santa Monica dans les années 1950, tous revivent sous la plume de Ry Cooder. L’auteur raconte la vie des classes laborieuses, les événements simples et parfois étranges qui rythment leur quotidien. Réflexion sur Los Angeles ou apologie d’un temps révolu ? Situations réalistes ou magiques ? C’est au lecteur de lire et de trancher.

Toujours vêtu d'une magnifique couverture, les romans publiés chez 13E Note continuent de me charmer. Cette fois c'est au tour de Ry Cooder de m'enchanter dans ses huit nouvelles sur Los Angeles.
Ry Cooder est un célèbre guitariste américain qui a enchainé les enregistrements avec de nombreux musiciens durant des dizaines d'années. Il est également célèbre pour avoir produit l'album Buena Vista Social Club.

Le personnage de LA n'a jamais été aussi beau. Un Los Angeles disparu à jamais mais qui restera à graver dans sa mémoire comme cette cité des anges qu'il retranscrit avec beaucoup de passion.
La musique se diffuse tout au long de la lecture, chacune des nouvelles contient son lot de références et ses riffs qui nous entrainent dans le sombre univers de la classe populaire des années 40 et 50, et plus particulièrement des mexicains vivant en Californie.

L'humour et le noir sont au rendez-vous. Les personnages sont bien souvent des paumés, des ratés, mais ayant toujours un bon fond. Des bonnes poires qui s'engagent dans des situations infernales parsemées de coups de feu et de coups fourrés.
Los Angeles Nostalgie est une douce et machiavélique mélodie aux dialogues vifs et aux personnages touchants et amusants. L'écriture est fluide et directe. Un vrai régal !!

Je vis à Los Angeles. Vous ne me connaissez pas, mais j'aimerais vous raconter une histoire. Qu'est-ce que vous dites ? Il n'arrive jamais rien à Los Angeles ? Asseyez-vous, détendez-vous, prenez un peu de riz sauté au porc. Voilà comment ça s'est passé. (extrait p267)

lundi 2 septembre 2013

Le chêne et le citronnier

Le chêne est le citronnier est le premier roman d'Antoine-Pierre Mariano, journaliste et ancien rédacteur en chef du Figaro, et publié aux éditions Jacob-Duvernet.

Présentation de l'éditeur :
Le Chêne et le citronnier, deux cultures, deux hommes, deux vies au travers d une saga qui balaie le XXème siècle et ses plus grands séismes, de la boucherie de 14-18 à l'effondrement de l'URSS !
Eugène, grand bourgeois, est né dans les brumes du Nord. José, lui, a vu le jour sous le soleil de la Méditerranée et connu très tôt l'exil pour fuir la misère. Les deux hommes traverseront les violences et les horreurs des deux guerres mondiales, les déchirements de la décolonisation et la confrontation tragique entre les deux blocs tout au long de la guerre froide. Ils seront les témoins des turbulences en Europe centrale et au Moyen Orient ainsi que de la lâcheté des hommes de pouvoir. Eugène y verra d'abord la main des communistes. José le fruit amer de la fatalité.

Les deux hommes se rencontreront à trois reprises tout au long de leur vie. Trois rencontres dues aux facéties du hasard, « le plus grand des artistes » a écrit Balzac. Mais trois rencontres qui changeront leurs vies.

Leur point commun ? L'un et l'autre garderont au fond d eux-mêmes une rancune éternelle envers ceux qui les ont fait naître, rancune qui ne s'éteindra qu avec leur mort.


Antoine-Pierre Mariano nous fait parcourir le XXème siècle à travers les yeux de deux personnages bien différents mais dont le sort de la vie, le hasard, va les mener à trois reprises seulement sur le même chemin.

L'auteur nous séduit dès le début du roman en présentant ses deux personnages principaux José et Eugène. On entre très aisément dans l'histoire. Cette première partie de l'histoire, l'enfance des deux hommes, est touchante autant pour l'un que pour l'autre. Mais plus on avance dans le temps et plus le personnage de José gagne notre faveur. Alors que le personnage d'Eugène devient parfois un peu trop arrogant, énervant, en vieillissant.

José, méditerranéen à l'image du citronnier, et Eugène, fort comme un chêne dans son esprit, ont démarré tout deux leur vie sur un mensonge mais s'en sont sortis avec force et courage.
Les années passent, les pages défilent et les anecdotes historiques s'enchainent. Ils vivent ces anecdotes parfois de l'intérieur et parfois n'en sont que spectateurs. Mais à chaque fois, ils sont impuissants face à ce qui se produit. Ils subissent comme tant d'autres la bêtise des évènements bien trop souvent meurtriers.

Ce qui a de vraiment intéressant dans ce roman, c'est cette vision de l'histoire vécue par ces deux hommes, l'un habitant en Algérie et l'autre en France. L'un est peu savant, l'autre au contraire a de grandes connaissances dans de nombreux domaines, et notamment la politique. L'un est immigré, l'autre non.
Deux personnages si différents mais qui ont traversé le même siècle, les mêmes horreurs. Deux témoins de ce grand siècle qui ont pu observer notre monde évoluer à deux points de vue éloignés.

Les passages sur la vie en Algérie m'ont particulièrement passionné et m'ont donné envie d'en lire plus à ce sujet. On pourra regretter le côté un peu niais du personnage de José mais il faut avouer qu'il est vraiment touchant.
Le chêne et le citronnier est un excellent roman historique au sujet assez vaste puisqu'il balaie les trois premiers quart du XXème siècle. Il apporte une vision originale de l'histoire en rentrant parfois dans les détails et n'apportant qu'une discrète référence d'autres fois. La narration est plaisante et les personnages sont plutôt bien travaillés, une bonne lecture en résumé !

il y a des traumatismes qui meurtrissent le corps ou l'esprit et dont la trace ne s'efface jamais 
(Le chêne et le citronnier - page 232)