mercredi 14 février 2018

Le violon d'Auschwitz

Le violon d'Auschwitz est un roman de Maria Angels Anglada publié en France en juin 2009 aux éditions Stock.

Présentation de l'éditeur :
Auschwitz, 1944. Les privations et les coups. Les humiliations s’enchaînent, les hommes sont traités comme des chiens, déshumanisés, ils n’existent aux yeux de leurs persécuteurs que comme des numéros échangeables, de la main-d’œuvre peu chère. Un prisonnier juif, Daniel, y lutte pour la survie de son âme. Surprenant un concert organisé par Sauckel, le commandant du camp passionné de musique classique, Daniel révèle son talent de luthier pour sauver son ami Bronislaw, violoniste de génie. Il va alors être mis à l’épreuve et devoir construire un violon imitant le son d’un Stradivarius. Tentant d’oublier pour quelques instants la faim, le froid, l’horreur, Daniel comprend vite que de la construction de ce violon dépendent leurs vies. Tragique ironie du sort, il va ainsi éviter les expériences de Rasher, le médecin machiavélique.
Mêlant subtilement réalité historique et fiction, les chapitres s’ouvrent sur des documents : lettres, rapports qui viennent interrompre le récit à la manière d’une pause – glaçante. Petite et grande Histoire s’entremêlent et se fondent dans une danse fatale et poétique, entre la cruauté et la dignité, deux partenaires aussi rivaux qu’inséparables, pourtant inhérents à la nature humaine.
À la manière d’une partition musicale, tout vibre et sonne dans le texte, avec des crescendos que constituent les silences, silences irréels qui laissent le lecteur paralysé et sans voix.
Dans la tradition littéraire d’un Primo Levi, Maria Àngels Anglada offre ici une belle résistance à l’horreur en lui imposant l’amour de la musique. L’art comme possibilité de faire vivre la mémoire.

Il est difficile de l'avouer tant le résumé et le sujet du roman m'excitaient mais j'ai été légèrement déçu au fur et à mesure que le roman avançait. En effet, le lecteur ne sait pas trop où l'auteur veut l'amener ni quel est le but recherché par cette aventure. Dramatique et touchante aventure tout de même où se mêlent l'horreur des camps de concentration et l'amour de la musique.
Nous subissons à tour de rôle l'horreur de ce qui est l'une des plus grosses hontes de l'humanité, le camp de concentration, et l'amour retrouvé d'un luthier juif enfermé qui retrouve son métier et côtoie à nouveau le bois et ses divers instruments qu'il affectionne tant.

Malheureusement, plus les pages défilaient plus je décrochais. Est-ce mon environnement qui m'empêchait de pénétrer entièrement dans l'histoire ou est-ce le rythme parfois un peu lent qui, finalement, m’assommait ?
Je retiendrai tout de même certains passages très forts et une écriture très riche. De plus, l'auteur catalane affiche quelques documents réels qui viennent renforcer la monstruosité de cette seconde guerre mondiale.

Ce vain combat que tu livres au monde

Ce vain combat que tu livres au monde est un roman de Fouad Laroui publié en août 2016 aux éditions Julliard.

Présentation de l'éditeur :
Assis à la terrasse d’un café parisien, Ali et Malika bavardent paisiblement. À les voir ainsi, jeunes et amoureux, un avenir radieux devant eux, qui pourrait croire que leur existence va bientôt basculer dans l’enfer ?
Ce vain combat que tu livres au monde met en scène quatre personnages aux prises avec l’Histoire. La dérive mortelle d’un jeune Franco-Marocain de Paris à Raqqa, les réactions de son entourage, le dilemme qu’affronte sa compagne et, en arrière-plan, les événements tragiques qui ont récemment secoué l’Europe constituent la trame du récit. Fustigeant tous les fondamentalismes, mais ouvert aux points de vue les plus divers, l’auteur nous livre avec ce roman humaniste et engagé un regard indispensable sur notre temps.

Je ne suis plus très actif sur mon blog, c'est de pire en pire ... il va falloir que je me décide soit d'arrêter soit de reprendre plus sérieusement. Mais aujourd'hui, je tenais à partager cette fabuleuse lecture de Fouad Laroui, auteur marocain de langue française que j'apprécie tout particulièrement.

L'auteur du superbe Une année chez les français s'attaque au sujet difficile de la radicalisation islamiste. Sujet très tendance malheureusement ces dernières années.
Fouad Laroui tente de comprendre comment, dans son roman, un informaticien qui semble plutôt bon dans son domaine arrive à se radicaliser alors qu'il ne rêvait que de décrocher des contrats importants pour son entreprise de services du numérique. Comment Ali, qui vient de s'installer avec Malika, voit sa vie chamboulée aussi rapidement ?
L'auteur nous explique que la perte de son contrat, alors qu'il avait été le principal artisan de l'offre qui avait été soumise, a été le déclic. Plus particulièrement lorsqu'il apprend qu'il est écarté du projet à cause de ses origines ... S'en suivent de longues journées le regard dans le vide et des mauvaises rencontres avec son cousin.

La radicalisation commence et se fait tout particulièrement ressentir dans le couple alors que Malika est une jeune française d'origine marocaine et n'est pas particulièrement attachée à ses racines. De plus, elle côtoie Claire qui aime faire la fête et boire quelques verres d'alcool pour rire des heures entières avec elle. Ce n'est pas du goût de Brahim le cousin, et ça ne l'est plus non plus de celui d'Ali.

Fouad Laroui voit juste en nous offrant plusieurs visions du monde contemporain, par le biais de ses quatre personnages, et nous conte sur quelques chapitres des pans importants de l'histoire du monde arabe dans lequel il explique notamment la création de Daesh et la haine du monde capitaliste voire même impérialiste.
Ce vain combat que tu livres au monde est un excellent roman, un drame des temps modernes qui a été créé par les nombreux bouleversements géopolitiques du 20ème siècle.