vendredi 28 mai 2010

Mort de Bunny Munro

Mort de Bunny Munro est un roman de l'excellent musicien australien Nick Cave.

Présentation de l'éditeur :
Bunny Munro vend produits de beauté et rêves d'espoir aux ménagères esseulées de la côté sud de l'Angleterre. Lancé à la dérive par la mort subite de sa femme et luttant pour rester en phase avec la réalité, il fait la seule chose qui lui vienne à l'esprit - prendre la route, son fils de neuf ans à ses côtés. Tandis que Bunny colporte sa marchandise et son sex-appeal, Bunny Junior attend patiemment dans la voiture, explorant le monde à travers son encyclopédie. À mesure que leur étrange odyssée approche de son épilogue, Bunny réalise que les fantômes qui l'entourent sortent de l'ombre pour venir réclamer leur dû.
Portrait sensible de la relation entre un père et son fils, Mort de Bunny Munro est un roman palpitant, plein de style et de fureur, regorgeant de cet esprit et de ce mystère que les fans reconnaîtront comme les marques de fabrique de la vision si singulière de Nick Cave.

Comment ne pas se laisser tenter par la tentation d'une histoire racontée par l'un des plus grands crooners à l'univers si sombre et si particulier ? A peine aperçu sur l'un des présentoirs d'une librairie que je me suis jeté dessus sans attendre. Le compositeur des Murders Ballads ne se suffit pas de la musique pour introduire et raconter ses morbides histoires parsemées de violence et de magnificence. Avec le livre comme nouveau support, Nick Cave confirme qu'il est un conteur de génie en mélangeant astucieusement le morbide à la beauté, la haine au pardon, et la perversité à l'innocence.
Deux sens contradictoires peuvent être donnés à l'image de cette superbe couverture par rapport à l'histoire racontée. Elle peut représenter Bunny, le chaud lapin complètement obsédé par les femmes, ou bien, Bunny Junior, le fils, innocent et sensible, à l'image d'un pauvre animal qui n'a rien demandé à personne. Deux représentations fortes qui s'affrontent tout au long du roman.

S'il reste à ses côtés, c'est aussi qu'il n'a pas d'autre endroit où aller.

Après la mort de sa femme, Bunny décide de quitter son foyer et de prendre la route avec son fils dans le but de lui apprendre le métier. Hanté par ses démons passés, il semble reproduire l'image du père qu'il a tant fuit étant gosse. Bunny n'est pas prêt pour élever seul son fils, il ne connaît rien aux gosses.
Alors que la mort semble inévitable et que la grande faucheuse paraît se tenir prête à l'attraper à tout moment, Bunny va vivre une aventure unique avec un fils qu'il découvre. Celui-ci va d'ailleurs se montrer d'une grande maturité et marque un parfait contraste avec son père. Bunny Munro va apprendre ce qu'est le rôle d'un père, il va également apprendre que tromper les gens ne rend pas heureux. Bien au contraire.

Il croit aussi sentir, plus en profondeur, un écho de méchanceté et de malveillance qu'il sait imaginaire, ou tout du moins anticipé, mais qui implose néanmoins en lui comme une tristesse.

C'est logiquement que nous retrouvons le sublime univers de Nick Cave dans ce texte ; un univers plus réel et déjanté que Malzieu et bien plus sarcastique que Burton, mais surtout, un univers très sombre bercé par la mélancolie et la colère d'une vie ratée. La mort y est souvent belle, colorée et d'une profonde tristesse.
L'écriture de Nick Cave est fluide et son style totalement maîtrisé. Mort de Bunny Munro est une triste ballade rythmée par le désespoir et le sex, mais c'est également un récit d'une force incroyable conçu par un maître en la matière.
Une superbe découverte !

jeudi 27 mai 2010

Concert d'Achevé d'Imprimer à Rouen


Je vous avais parlé il y a quelques temps du sublime et ensorcelant Les Fleurs du Marais de Thomas Hédouin dans la collection Mona Cabriole. Je viens d'apprendre aujourd'hui que l'auteur et son groupe (Achevé d'Imprimer) montent sur scène à Rouen, au Shari Vari, le Vendredi 28 Mai 2010 ... demain donc.

Pour reprendre les mots de l'éditeur (La Tengo Editions) sur Facebook : ils proposeront une adaptation rock et slamée du roman LES FLEURS DU MARAIS.

J'avais trouvé le roman très musical, je serai donc sûrement de la partie ! Avis aux amateurs normands.

mardi 25 mai 2010

Fin de série

Fin de série est le second roman de Christian Rauth, acteur et scénariste pour la télévision, le cinéma et le théâtre. Après un premier essai dans la série du Poulpe avec l'épisode Le brie ne fait pas le moine, il confirme son talent d'écrivain avec son nouveau roman policier Fin de série sorti récemment aux éditions Michel Lafon.

Présentation de l'éditeur :
Séquence 97, une scène ordinaire… enfin presque. Une fois que Lucas Kalou a tiré sur Eddy Ordo, l’interprète du célèbre commissaire Monti, puis retourné son arme contre lui, on s’apprête à faire une deuxième prise. Mais ni la vedette de la série, ni Lucas ne se relèvent… Deux morts sur un plateau, on a rarement vu ça !
Enquête bouclée en trois jours par la DCPJ de Paris, qui conclut à la responsabilité de Lucas Kalou. Le comédien se serait suicidé après avoir éliminé la star qui l’avait publiquement humilié.
Rob Marin, l’adjoint de Monti dans le rôle de l’inspecteur Garcia, est indigné : jamais son ami Lucas n’aurait commis un crime pareil. Il décide de reprendre l’enquête mais il a tôt fait de comprendre qu’entre un tournage et la réalité policière… il y a un monde. Fort heureusement pour lui, le lieutenant Plume, de la SRPJ de Marseille, partage son opinion et lui offre son aide contre l’avis de sa hiérarchie. Ensemble, ils vont laver l’honneur de Lucas.
Commence alors une virée déjantée dans le monde de la télévision et de la police. Les balles sifflent et les coups bas pleuvent.
Pourtant il ne leur suffira pas de coincer le coupable, il leur faudra aussi découvrir le responsable.
Et là, comme on dit dans les histoires : ça peut venir de haut, de très haut… et même de très loin.

Christian Rauth place son intrigue dans un milieu qu'il connaît bien puisqu'il est lui-même à la fois acteur et scénariste. Le tournage d'un film et les principaux rôles distribués n'ont donc aucun secret pour lui. Ma première remarque après la lecture d'une bonne partie du livre a été de penser que l'auteur s'était auto-représenté dans le rôle du comédien Rob Marin. Célèbre mais pas trop, à l'ombre d'un grand acteur dans une série policière ... tout laisse à penser que Rob Marin contient une part autobiographique de l'écrivain. Seul ce dernier pourrait me répondre à ce sujet.
Dans cette nouvelle fiction policière, l'auteur use d'originalité pour faire passer un personnage de l'autre côté de l'écran. En effet, Rob Marin est un acteur et son personnage fétiche, qui lui colle à la peau, est un policier nommé Garcia. Ce personnage de série télévisée va l'aider à avancer dans son enquête en lui apportant la force de s'imposer comme un véritable inspecteur. Mais le comédien ne pourrait aller bien loin sans son nouvel ami et policier le lieutenant Plume. Ces deux hommes se trouvent et se rapprochent très rapidement comme attirés par quelque chose qui les unie. Cette force est simplement liée par la douleur que chacun d'entre eux éprouve face à la disparition restée inexpliquée d'un proche.

Cette subite confession venait de faire comprendre à Rob ce qui le liait à Gabriel. Tous les deux ne croyaient ni à l'inéluctable ni au fait que tout s'arrête à la décision d'un juge ou à un dossier refermé.

Peu de surprises malheureusement dans le nouveau roman de Christian Rauth qui, malgré cela, s'en sort plutôt bien avec une narration quasi-parfaite et des personnages attachants. L'intrigue est originale et le début du récit promet de grandes révélations qui peinent à arriver. Mais l'auteur ne manque pas de talent puisqu'à aucun moment je n'ai réussi à me dé-scotcher du roman. Sa plume est efficace et son expérience dans les métiers du cinéma est utilisée avec justesse, sans jamais vouloir en faire trop.
J'aurais apprécié que l'auteur en montre un peu plus sur la partie passée du roman qui nous renvoie en pleine seconde guerre mondiale. Peut-être a t-il voulu rester réaliste au possible mais un peu plus de suspense n'aurait pas été désagréable. Finalement, Fin de série s'avère être un bon roman d'un auteur au style à la fois fluide et accrocheur que je continuerai sans aucun doute à suivre.


EDIT :
Suite à un échange de mails avec l'auteur, je me permets, avec son autorisation, de mettre quelques passages de sa réponse permettant de connaître son avis vis-à-vis de ce qui a été écrit plus haut.

"Merci pour les compliments et les réserves...
Je retiens essentiellement( Je me garderai bien de commenter votre avis) que vous n’avez pas pu vous “dé-scotcher” du livre. C’est un peu le but quand on écrit: ne pas emmerder le lecteur. Je m’y suis efforcé. C’est un long travail, mais quel plaisir de voir qu’on y a réussi un tant soit peu.
Et pour répondre à votre question: y a t-il  quelque chose de moi dans le personnage de Rob Marin? Je vous dirais 50%... Sa vision du monde, son sens de l’amitié, son désir de justice, sa colère face aux “sans vergogne”...
Mais, en aucun cas, je ne pense au commissaire Navarro dans ce personnage de Eddy Ordo.  Qu’y a t-il de commun entre Monsieur Hanin et  Ordo, Russe Ukrainien, élevé dans le culte du nazisme et de l’antisémitisme par ses parents et un beau-père officier allemand ? Rien. Même pas le physique, puisqu’Ordo se prend pour Joe Pesci, mesure 1,55m et se teint les cheveux d’un roux Berlusconien. S’il faut trouver l’ADN littéraire d’Ordo, il est dans le livre, à une place bien précise... En trois lignes.
Malheureusement je ne pourrai jamais empêcher le lecteur de faire le rapprochement, étant marqué au fer rouge par ses années passées dans cette série à succès. Ce n’est pas bien grave."

Un grand merci à l'auteur d'être intervenu et d'avoir éclairci certaines de mes interrogations.

vendredi 21 mai 2010

La peur elle-même

La peur elle-même est le nouveau roman de Laura Sadowski sorti aux éditions Odile Jacob.

Présentation de l'éditeur :
« La porte s’ouvrit brusquement. Dans l’encadrement jaillit une vieille dame, petite et menue comme une enfant. Elle était vêtue de noir comme une veuve. Ses yeux, intenses, étaient d’une étrange jeunesse. Elle dit en happant Ariane par le bras :
– Ah, vous voilà enfin !
Et tira sa prise à l’intérieur avant de claquer la porte. Il flottait dans l’air un violent parfum de tubéreuse qui suffoqua la jeune femme. »
Lorsque Ariane Russel, étudiante en médecine, emménage dans son nouvel appartement parisien, elle est loin de se douter de ce qui l’attend. Elle aurait pourtant dû se méfier de ce parfum entêtant qui flottait dans l’air…
Après
L’Affaire Clémence Lange et L’Origine du sexe, le nouveau thriller psychologique de Laura Sadowski nous plonge dans une inquiétante étrangeté…

Mon premier constat en recevant l'ouvrage a été de me dire : encore une très belle couverture de la part de l'éditeur qui se marie à la perfection avec le titre du roman ! La peur semble donc être le thème principal de l'histoire qui nous promet de passer de sacrées nuits blanches.
Et dès le début j'ai trouvé le pari réussi. Une ambiance façon David Lynch s'installe dès les premiers chapitres. Une cage d'escalier qui vous promène dans la quatrième dimension, une vieille dame effrayante digne d'une Yubaba de Chihiro, des voisins étranges et curieux qui font penser à l'excellent Mes Chers Voisins de De La Iglesia, et un étrange locataire qui squatte les sombres sous-sols de l'immeuble. En plus de cela l'immeuble lui-même semble vivant et paraît vouloir communiquer avec sa nouvelle habitante, la jeune Ariane, étudiante en médecine. Quel mystère se cache derrière la façade de cet immeuble ? Et quel étrange secret plane autour de la jeune héroïne ?

Vous voyez la peur. Oh ! pas la peur ordinaire, pas la frayeur banale que tout un chacun peut ressentir au quotidien. Ni même la terreur que le monde peut inspirer. Non, la peur elle-même.

L'auteure sait jouer à la perfection avec la peur. Comme je l'ai dit précédemment, elle use de son talent dès le début mais s'essouffle quelque peu dans la seconde partie du roman. Le ton reste tout de même mystérieux tout au long de l'histoire et donne une dimension particulière à l'ambiance générale.
Un bémol concernant le personnage principal, Ariane, que j'ai trouvé beaucoup trop naïf. C'est le genre de personnage que l'on retrouve bien trop souvent dans les nouveaux thrillers et ça a tendance à m'agacer. Mais cette fois-ci je n'ai pas été vraiment gêné par ce côté 'Sainte Nitouche', notamment grâce aux nombreux faux-semblants et aux multiples situations invraisemblables que nous livre l'auteure. 
Une bonne découverte mais j'aurais quand même apprécié que Laura Sadowski joue un peu plus avec nos nerfs, car elle semble en avoir les moyens.

lundi 17 mai 2010

Pendant qu'ils comptent les morts

Pendant qu'ils comptent les morts est un ouvrage sous forme d'entretien entre Marin Ledun (ancien salarié de France Telecom) et Brigitte Font Le Bret (psychiatre et médecin du travail).

Présentation de l'éditeur :
Début décembre 2009, France Télécom révèle avoir recensé 32 suicides de salariés depuis janvier 2008.
Cette comptabilité morbide a engendré une polémique au sujet du caractère suicidogène de ce groupe et révélé au grand public le malaise des salariés. Pourtant, pour celles et ceux qui connaissent l'entreprise, cette situation ne surprend pas.
L'idée de ce livre est venue en écho des échanges menés depuis plusieurs années entre Marin Ledun, ancien salarié de France Télécom sociologue de formation, et Brigitte Font le Bret, médecin psychiatre.
Cet ouvrage constitue un témoignage de ce qui se passe et s'est passé à France Télécom ou dans d'autres entreprises, du point de vue des salariés. Pression managériale, stress, humiliation… il tente de décrire les tenants et les aboutissants du mal-être au travail, de mettre en lumière la dimension pathogène de l'organisation managériale et de comprendre comment des salariés en sont arrivés à se tuer pour mettre un terme à leurs souffrances.


Présentation rapide de Marin Ledun par l'éditeur :
Né en 1975, chercheur en sociologie pendant sept ans dans la Recherche & Développement grenobloise de France Telecom, Marin Ledun se consacre à présent à l'écriture de romans et d'essais.
* Photo : propriété de Sud Ouest



Présentation rapide de Brigitte Font Le Bret par l'éditeur :
Le Docteur Brigitte Font Le Bret est médecin du travail et psychiatre à Grenoble. Spécialiste de la question de la souffrance au travail, elle est membre de l'Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Telecom.
* Photo : propriété de Assr38's Weblog



En connaissance de cause, les deux auteurs font le constat d'une société dans laquelle la plupart des employés souffrent, et bien souvent en silence. On apprend dans ce témoignage troublant que le phénomène du suicide au travail est récent (environ une quinzaine d'années) et risque de s'étendre vers d'autres phénomènes encore plus violents.
 Par le biais d'un échange entre les co-auteurs, le terme de management par la terreur ou par la menace (comme le titre de l'excellente postface de Bernard Floris) apparaît vite être l'une des variables les plus importantes qui entraînent les suicides connus chez France Telecom. Mais Marin Ledun et Brigitte Font Le Bret ne s'arrêtent pas là et étendent leur bilan à l'ensemble des sociétés et leur évolution vis-à-vis de la mondialisation.

Les divers exemples proposés font froid dans le dos mais font malheureusement écho à la réalité. Travaillant dans le secteur de l'informatique (et plus particulièrement pour des sociétés de service), je me rends  bien compte que nombre des témoignages cités ici reflètent ce qui se passe au delà même des frontières de France Telecom. J'ai connu également dans le passé la mobilité forcée et le management par la terreur. La peur du chômage, l'éloignement, la baisse de l'estime de soi, le stress, le respect des tâches et du planning ... autant de variables qui peuvent à tout moment nous faire craquer.

Cet ouvrage est une sorte de bilan véritablement intéressant sur les conditions actuelles du travail et inquiétant sur l'avenir de celles-ci. Mais c'est également un livre qui réconforte d'un autre point de vue car on distingue enfin des personnes qui se pré-occupent de ces problèmes et on ne se sent plus seul face à de telles situations. Pendant qu'ils comptent les morts est un constat troublant et une lecture inévitable pour tout salarié quel qu'il soit.

samedi 15 mai 2010

Une histoire d'amour radioactive

Une histoire d'amour radioactive est le nouveau roman d'Antoine Chainas publié à la Série Noire.

Présentation de l'éditeur :
Cette nuit, ils ne font pas l’amour. Cette nuit, ils ne se défoncent pas. Plancher, sur le lit, les draps trempés. Il grelotte, il suffoque. Le thermomètre indique quarante de fièvre. Javier veille son ami. Passe la main sur son visage, le calme lorsqu’il s’agite trop, porte les verres d’eau, maintient le gant de toilette imbibé d’eau froide sur son front, caresse sa chevelure, sa nuque, lui raconte un tas d’histoires sans intérêt pour l’apaiser, le serre dans ses bras, embrasse sa joue en feu, l’aide à ingurgiter aspirine sur aspirine.
Le jeune homme ne semble pas vraiment réagir. Les seules fois où il se lève, c’est pour se précipiter aux toilettes et vomir. Il refuse que le capitaine l’y accompagne, tire la chasse avant de sortir et revient se coucher illico.
Javier est tenté un moment de l’emmener aux urgences, mais son amant l’en dissuade. Demain, il ira voir quelqu’un, promis. En attendant, il veux juste se reposer. S’il te plaît, mon amour.

A chaque nouveau roman d'Antoine Chainas, on se demande comment il va arriver à nous surprendre et surtout quels nouveaux éléments déjantés vont sortir de son imagination légèrement déviante. Là encore l'univers décrit dans Une histoire d'amour radioactive est mystérieux, intemporel et noir. L'auteur reprend des thèmes qui lui semblent tenir à cœur telle que la recherche de l'extase, la divine jouissance, sans limite aucune. On retrouve également le témoignage de divers personnages affirmant l'état d'un pays qui souffre. Les références à la crise sont nombreuses et viennent confirmer un certain cynisme déjà rencontré dans les précédents ouvrages de l'auteur.
L'un des personnages principaux porte le nom peu commun de DRH qui semble bien approprié à son activité professionnelle. Cadre dans une grande entreprise dont l'occupation première semble être la gestion des licenciements en masse, DRH mène une existence parfaitement formatée ; métro-boulot-dodo puis métro-boulot-dodo et enfin obligations maritales le samedi soir entre 22h et 22h30. Une vie bien réglée donc qui va connaître un chamboulement lors de sa rencontre avec une belle et mystérieuse femme.

Je ferme mon cœur et c'est le tien qui prend le relais, dans ma poitrine, qui cogne sous le gril costal, bombardement ininterrompu, aussi régulier qu'un cataclysme, une douce apocalypse.

Javier et Plancher, quant à eux, sont deux flics dont le lien dépassera le simple stade de coéquipier. Deux hommes attirés l'un envers l'autre et qui s'aiment d'un amour presque féérique. Dans le cadre professionnel, les deux amants enquêtent sur d'étranges suicides. La fougue du jeune Plancher va les emmener sur une piste pour le moins ... radioactive.
Comme pour confirmer une certaine logique de l'intégralité de son œuvre, Antoine Chainas continue à raccourcir son texte. Des phrases courtes, parfois même très courtes. Des chapitres courts et nombreux ... parfois même extrêmement courts qui donnent esthétiquement un petit côté 'recueil de poèmes'. Malheureusement le récit souffre d'un manque crucial d'intrigue qui est partiellement compensée par des scènes chocs à l'image de la toute dernière scène ... à la fois effrayante, jubilatoire et explosive.
Du bon Chainas mais pas mon préféré.


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jeudi 13 mai 2010

... et Alice Tao se souvint du futur

Avec son second roman, David Elbaz nous offre un titre formidable et terriblement alléchant : ... et Alice Tao se souvint du futur. Un titre qui promet du voyage dans le temps et surtout de la science fiction. Pas tant de fiction que cela puisque le roman est basé sur une question très intéressante concernant la création des galaxies; le trou noir est-il à la base de la création de galaxies ? Intéressant car si cette théorie se révélait vraie, elle changerait beaucoup de choses sur nos connaissances astronomiques actuelles. Les trous noirs n'auraient plus le mauvais rôle d'avaleur mais de créateur. Quoi de plus alléchant pour vous donner envie de lire ce livre ?

Présentation de l'éditeur :
Alice Tao se rend à un congrès où elle doit évoquer une observation que les théories astrophysiques actuelles ne permettent pas de comprendre et qui pourrait remettre en question tout l’édifice de la science. Un savant a peut-être trouvé l’explication, mais il disparaît en ne laissant derrière lui que quelques dessins. Qui a intérêt à cette disparition ? Parmi ces dessins, Alice reconnaît un lieu dont elle avait rêvé, lorsqu’elle était enfant, un lieu qui n’existe pas, pas encore...
Un siècle plus tard, en 2107, un biophysicien s’aperçoit que l’homme perd la mémoire. Il se rend en Chine sur la proposition d’une confrérie secrète qui s’apprête à créer un centre de stockage de la mémoire de l’humanité. Que cherche vraiment cette organisation à la puissance sans limite ? Un seul homme peut la défier : Michel Marosa, qui possède la mémoire d’une jeune Chinoise appelée… Alice Tao.
Notre mémoire serait-elle manipulée par des intrusions du futur ? Alice et Michel vont-ils renouer ses fils par-delà les époques ?

Une fois sa lecture terminée et après l'avoir refermé, ce livre m'a marqué. Il m'a marqué parce qu'il m'a fait réfléchir et rêver, et rien que pour cela je remercie l'auteur. J'ai reçu ce roman sans vraiment savoir à quoi m'attendre mis à part le fait qu'il soulève une captivante question sur la création des galaxies. Et qui n'a jamais été passionné jeune ou moins jeune sur le monde infini qui gravite tout autour de nous ? Qui n'a jamais rêvé de tout connaître, tout savoir depuis le début de tout ?
Le texte est d'une grande richesse scientifique tout en restant accessible à tous. Même d'un point de vue culturel l'auteur n'a rien à envier à d'autres, ses commentaires historiques et culturels sur la Chine sont vraiment passionnants mais font malheureusement souffrir le rythme du roman. A aucun moment je n'ai réussi à cerner la direction dans laquelle l'auteur voulait mener son histoire. Jamais vraiment une histoire de science fiction car trop terre à terre, ni jamais réellement une sorte de thriller puisque l'auteur n'insiste à aucun moment sur l'aspect mafieux et troublant qui émane de certaines situations.

l'être humain était victime d'une amnésie larvée, difficile à mesurer, mais bien présente, ce qui pouvait représenter à terme une menace pour l'humanité

Au delà de l'aspect céleste, j'ai trouvé que le roman pouvait créer un vrai débat sur la communication et plus spécifiquement sur l'importance et la limite de la communication dans l'avenir sous toutes ses formes. Communication dans le temps, difficultés des communications entre humains (différences de langages, culturelles ...), ou encore la communication via les nouvelles technologies qui tendent à désocialiser voire même à rendre l'Homme amnésique. Des débats assez sensibles qui soulèvent de nouvelles questions sur la possibilité de voyager dans le temps mais également sur la place d'Internet dans notre vie.

Être à la veille de l'extinction que l'on va soi-même provoquer des espèces marines et continuer à vivre en toute insouciance, voilà une image qui vous conduit tout droit au second Moyen Âge.

Lorsqu'Alice Tao fait une découverte stupéfiante, elle décide d'en parler lors d'une conférence. Un homme semble montrer beaucoup d'importance aux propos tenus par la jeune asiatique. Et pas n'importe quel homme puisqu'il s'agit d'un scientifique renommé qui aurait découvert une théorie révolutionnaire mais il lui manque la preuve qui permettrait de faire accepter ses dires par ses collègues. Et cette preuve, Alice Tao semble capable de la lui fournir. Mais c'est sans compter sur certains ennemis ... d'un autre temps.
Véritable sujet casse-gueule, le voyage dans le temps n'est pourtant pas le sujet principal. L'auteur s'attarde plus sur sa théorie selon laquelle les trous noirs seraient à l'origine de la création des galaxies en éjectant violemment de la matière ... dont on ne connaît pas la provenance. Je suis resté sur ma faim car David Elbaz a provoqué une envie énorme de savoir et n'a malheureusement pas réussi à me combler. Mais ne jetons pas la pierre à cet amoureux fou de l'univers car c'est tout à son honneur d'avoir voulu garder les pieds sur Terre et de ne pas nous avoir fourni d'invraisemblables solutions. Il ressort donc de ce roman une sorte de magie frustrante qui nous laisse totalement pantois et rêveur.
J'ai beaucoup pensé au film L'Homme sans âge de Francis Ford Coppola pour ce côté mystérieux et curieux sur l'origine des choses. Un bon moment de passé avec cet ouvrage, une belle découverte.

Soit les hommes apprennent à vivre ensemble et dans ce cas ils développeront une intelligence supérieure, soit ils s'autodétruisent et le problème est réglé.

vendredi 7 mai 2010

Sans laisser de trace

Sans laisser de trace est un roman de Joseph Finder.

Présentation de l'éditeur :
Enquêteur dans une agence de renseignement privée, Nick Heller n’a pas d’égal quand il s’agit de d’exhumer les secrets les mieux cachés. Mais aujourd’hui, l’affaire est personnelle. Qui a agressé brutalement son frère et sa belle-sœur ? Pourquoi ce dernier a-t-il disparu sans laisser de trace ?
Pour la première fois de sa vie, Nick, le cynique, le solitaire, se retrouve impliqué corps et âme. Pour protéger les siens, il va devoir affronter l’ennemi le plus redoutable qu’il ait jamais croisé, prendre tous les risques…
Suspense, rebondissements inattendus, un grand thriller bourré d’adrénaline.

Ancien membre des services secrets américains, l'auteur met à profit ses connaissances dans le but de nous offrir de vifs et terrifiants thrillers. Proche du style et des intrigues d'Harlan Coben, Sans laisser de trace se démarque tout de même par son approche minutieuse de l'espionnage et n'a rien à envier à Mission Impossible. Mensonges, corruptions et faux-semblants, tous les coups sont permis pour tromper l'ennemi. Mais qui est le véritable ennemi ? Contre qui Nick doit-il se battre pour sauver son frère et sa famille ?

Véritable page-turner de près de 500 pages, ce roman, constitué de courts et nombreux chapitres, se lit vite et devient difficilement déscotchable. En plus de l'adrénaline qu'il dégage, le roman est agrémenté de quelques pics amusantes sur une Amérique parano d'après 11 Septembre qui pimente un peu plus l'intrigue déjà bien pourvue en rebondissement. Et contrairement aux romans d'Harlan Coben, dans lesquels je trouve souvent le personnage principal bien trop gentil et niais, Sans laisser de trace met en scène un héros attachant, humain et qui lorgne même à de rares moments vers les pures anti-héros de hard-boiled. Mais Nick reste tout de même un héros à l'"américaine" avec les avantages et inconvénients que cela engendre ...

Bien entendu on se doute tout au long du roman du dénouement final mais on se laisse prendre par la main comme un novice du polar et on vit l'histoire sans se poser de questions, juste en suivant les diverses péripéties de Nick face à un ennemi surpuissant et en se faisant surprendre à chaque rebondissement. Premier opus d'une trilogie, Sans laisser de trace est un très bon thriller qui m'a offert un agréable moment de lecture !


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lundi 3 mai 2010

Aime-moi, Casanova

Aime-moi, Casanova est le premier roman publié d'Antoine Chainas. A l'occasion de sa sortie au format poche, j'ai eu la chance de participer au partenariat proposant ce livre par le biais du site BOB.

Présentation de l'éditeur :
Que faire lorsque vous êtes flic, drogué au sexe, que vous n'avez jamais mis les pieds plus d'un quart d'heure dans votre bureau et que vous hantez les coins les plus interlopes de la ville en étant harcelé par les femmes ? Que faire lorsque vous devez retrouver votre coéquipier disparu et que cette enquête vous plonge au coeur d'une spirale infernale où tournent comme des démons une dresseuse zoophile, des tueurs à gages philosophes ou un boxeur depuis trop longtemps K.-O.? Que faire quand le plus dangereux d'entre tous, le plus contradictoire, le plus imprévisible et le plus détesté, n'est autre que vous-même ?...

Dans ce premier roman de l'auteur on reconnaît sa touche personnelle ; l'ambiance glauque avec ses personnages à l'univers bien noir. On aperçoit déjà dans le style de l'auteur cette envie (ce besoin ?) de dénaturer l'Homme et, voire même, de le mutiler. Il est également intéressant de retrouver, comme dans chacun de ses livres jusqu'à présent, un lieu sombre où semblent être réunis tous les fantasmes les plus pervers et les plus inavouables. Passer le seuil de ce temple ressemble à franchir la limite de l'acceptable de notre civilisation. L'évolution des œuvres de l'auteur paraît être une douloureuse descente aux abîmes. De ce roman à Anaisthêsia, l'Homme est de moins en moins conscient de la réalité qui l'entoure, on retrouve toujours cet accouplement entre sexe et étrange qui dérange, voire même écœure par moment. Mais Antoine Chainas ne donne pas dans la surenchère de violence ou de perversité, il donne un sens à tout ceci.

C'était sa jouissance, c'était son calvaire.

Le personnage principal semble éprouver du plaisir lorsqu'il se fait massacrer. Ce sentiment se rapproche clairement du sado-masochisme et m'a fait penser à certaines références dont Fight Club de Chuck Palahniuk, mais également Ichi The Killer de Takashi Miike. Dans ce dernier, on assiste à une véritable histoire d'amour hors du commun dans le monde le plus sadique qui soit. Alors, Aime-moi, Casanova ne serait-il pas avant tout une histoire d'amour ? La recherche du bonheur pour un homme pensant être un monstre à l'intérieur ?
Les diverses utilisations d'oxymores ("douleurs exquises") renforcent cette théorie qui bouleverse les limites du plaisir et donne malgré tout une dimension poétique au roman.

Et être étranger à soi-même est douloureux, mais c'est encore plus douloureux pour ceux qui vous entourent...

Mais le roman a un défaut important, son intrigue. Bien trop légère et frustrante à mon goût, l'intrigue n'est pas la principale raison qui doit vous donner envie de lire ce livre. Le principal intérêt réside dans ces drôles de personnages et son univers bien noir, à l'image de ce temple underground dont je parlais plus haut ; sorte de musée du bizarre.
On reconnaît parfaitement la touche Chainas et, pour tout amateur de son style, on est totalement conquis par son histoire malgré que l'on reste légèrement sur sa faim ...


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