dimanche 28 décembre 2008

Tournée générale !

Tournée générale ! est un roman noir urbain de Charles Higson, l'auteur de L'Encombrant Mister Kitchen et de l'excellent Le roi des fourmis.

Présentation de l'éditeur :
Dennis Pike a choisi le mauvais jour pour arrêter de fumer. Ce matin-là, le pain est rassis, le lait a tourné, et en plus il y a un toxico mort dans l'ascenseur. Et comme si ça ne suffisait pas, débarquent les frères Bishop pour lui proposer l'arnaque du siècle. Il paraît qu'on ne refuse rien à ses amis. Sauf que Dennis Pike n'a plus vraiment d'amis. Avec Tournée générale !, embarquez-vous dans un voyage à deux cents à l'heure à travers une Angleterre déjantée où la violence, les combines et l'alcool viennent tenir compagnie aux mauvais souvenirs.

Tournée Générale ! plonge le lecteur dans les yeux anarchistes d'anciens hooligans. Dennis Pike n'a plus vu ses vieux potes Chas et Noel, alias les frères Bishop, depuis près de dix ans suite à un violent matraquage qui s'est terminé avec la pire des conclusions. C'est depuis cet évènement que Dennis a décidé de vivre loin de ses anciens complices. Il a enchaîné les petits boulots et a amassé un paquet d'argent pour pouvoir se retirer de la vie londonienne et s'installer au Canada. C'est sans compter les magouilles des frères Bishop ...

partis de zéro, ils étaient arrivés au néant

Que feriez-vous si après dix années de travail légal et acharné, deux de vos anciens amis, avec qui vous avez monté les pires arnaques, viennent vous rendre subitement visite afin de vous proposer une nouvelle escroquerie ? Et si c'était vous la personne visée par l'arnaque ? Dennis va en faire les frais en perdant l'intégralité de son argent. Aidé par Noel, ils vont parcourir une expédition sanglante à base d'hyper violence à la recherche de Chas; l'organisateur de ce vol aidé par Herman, un jeune hacker surdoué. La trame de l'histoire pourrait en rester là mais non ... Higson pousse le vice encore plus loin en embarquant Terry et Basil dans cette folle aventure. Basil sert de secrétaire, chauffeur, ... bref d'homme à tout faire à son compagnon. Terry sort de prison et ne souhaite qu'une chose : retrouver Chas qui lui doit un paquet de thunes. Mais comment retrouver Chas si ce n'est en suivant son frère Noel et Pike ... Une double chasse à l'homme est alors lancée.

T'es enfin redevenu toi-même, Pike.

Avec ce roman, l'auteur évoque l'impossibilité pour un personnage violent de changer. Bien que Pike se soit rangé de tous ces combats et autres arnaques de jeunesse, le passé le rattrape. Les personnages paraissent tellement réels que la violence en devient amplifiée. Un peu à la manière de Le roi des fourmis, Higson aborde des sujets qui ne semblent pas pouvoir se dissocier : l'argent, la violence, la ville, la trahison et la vengeance. Un bon roman dans l'ensemble même si l'histoire n'est pas assez, à mon goût, poussée vers l'attirance qu'a l'être humain envers la violence. L'homme est-il un éternel sadique ? Sommes-nous condamnés à ne pouvoir changer ? Tournée Générale ! est une sorte de "road polar" noir et urbain qui m'a évoqué certains films tels que : Orange Mecanique, Another Day in Paradise, Tueurs nés et le Boulevard de la mort. A vous de voir si vous êtes prêts à prendre place dans cet impétueux voyage !

Note : 15/20

jeudi 25 décembre 2008

H.P. Lovecraft , Contre le monde, contre la vie

H.P. Lovecraft , Contre le monde, contre la vie est une biographie du célèbre écrivain Lovecraft rédigée par Michel Houellebecq.

Présentation de l'éditeur :
Howard Phillips Lovecraft constitue un exemple pour tous ceux qui souhaitent apprendre à rater leur vie, et éventuellement, à réussir leur œuvre. Encore que, sur ce dernier point, le résultat ne soit pas garanti. " Auteur de "L'appel de Cthulhu", de"" Dagon" et des "Montagnes hallucinées" , H.P. Lovecraft, maître incontesté de l'horreur et du fantastique, reste l'objet d'une fascination toute particulière chez nos contemporains, particulièrement chez Michel Houellebecq, qui le découvrit à l'âge de seize ans pour ne plus cesser de le lire.

Howard Phillips Lovecraft fait partie de ces auteurs qui m'ont toujours attiré plus pour l'étrange univers gravitant autour d'eux que pour leurs ouvrages. Quelque part cet écrivain me fait penser à Franz Kafka. Décalé, sombre et surtout reconnu à titre posthume, les deux auteurs connaissent quelques échecs dans leur vie personnelle; notamment amoureuse, qui ont joué un rôle dans la conception de leur œuvre. Mais pourtant, leur caractère reste très différent; ce qui se ressent dans leurs romans. D'un côté, Lovecraft déteste lire un ouvrage où les personnages éprouvent de quelconques sentiments, et c'est pour cela que ses meilleurs romans sont ceux où les différents protagonistes ne connaissent ni la tendresse, ni l'amour, mais uniquement la peur et la fascination. Contrairement à lui, Kafka a étudié profondément la psychologie de ses personnages face à d'étranges situations inattendues et incompréhensibles; des atmosphères devenues kafkaïennes.

Quand on aime la vie, on ne lit pas. [...] l'accès à l'univers artistique est plus ou moins réservé à ceux qui en ont un peu marre.

Houellebecq est fasciné par le curieux comportement de Lovecraft durant sa vie. Celui-ci vivant à une époque où l'économie se porte encore bien aux Etats-Unis n'arrive pas à dénicher le moindre emploi. Comment expliquer cela ? Le gentleman dénué de sentiments, le sociopathe littéraire, semble mettre mal à l'aise ou ne plaire à personne. Mise à part quelques "disciples littéraires" et son unique femme qui ne le restera que quelques années ...

Une haine absolue du monde en général, aggravée d'un dégoût particulier pour le monde moderne.

En effet, il devait être difficile d'apprécier un tel homme. Malgré son beau langage et ses belles manières, Lovecraft était antisémite, raciste, réactionnaire ... Et tout ceci se retrouve naturellement dans ses romans. Mais c'est cette haine, enfouie au plus profond de lui, qui lui permit d'écrire ce qu'on appelle de nos jours ses grands textes tels que : Dagon, Dans l'abîme du temps, l'Appel de Cthulhu ...

L'univers n'est qu'un furtif arrangement de particules élémentaires.

Avec cette biographie, l'auteur ne cherche pas à excuser les propos de Lovecraft mais tente d'expliquer la naissance de cet univers si souvent copié par la suite. Un univers unique, poétique et difficile à s'imaginer tant l'architecture décrite est impressionnante. Houellebecq réussit son pari avec cette courte biographie. Le lecteur en apprend assez pour détester le genre d'homme qu'était Lovecraft et apprécier le cosmos insensible créé à travers ses divers romans et nouvelles. J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage car l'auteur ne se fixe pas sur la vie de Lovecraft (devenu ici le personnage insensible qu'il a tant écrit) mais se contente de présenter et d'expliquer comment cet écrivain a pu engendrer tant d'engouements par la suite.

Note : 16/20

jeudi 11 décembre 2008

Miserere

Miserere est le nouveau roman de Jean-Christophe Grangé, l'auteur de célèbres romans - dont certains ont été adaptés au cinéma - tels que Les rivières pourpres, Le concile de Pierre ou encore L'empire des loups.

Présentation de l'éditeur :
Ce sont des enfants.
Ils ont la pureté des diamants les plus parfaits.
Aucune ombre.
Aucune inclusion.
Aucune faille.

Mais leur pureté est celle du Mal.

Le nouveau thriller de Jean-Christophe Grangé réunit deux enquêteurs totalement opposés : Lionel Kasdan, commandant de la brigade criminelle à la retraite et d'origine arménienne, et Cédric Volokine, jeune flic d'origine russe et accessoirement voyou travaillant à la brigade de protection des mineurs.

Et ils avançaient, tous les deux, dans un vide éternel.

Des anges démoniaques qui œuvrent pour le châtiment et le pardon ... Des enfants aux voies d'anges mêlés à de sordides meurtres et terrifiantes tortures ... D'opposition à oxymore, Miserere est une œuvre musicale et un roman contrasté où les notes les plus hautes font tomber les corps au plus bas de l'enfer. Grangé fait rimer Ange avec Démon, Péché avec Pureté et Torture avec Délice.

Cette voix qui l'avait bouleversé et qui avait attiré, comme un aimant, à la surface de sa conscience, ses blessures les plus sensibles.

L'auteur maîtrise son sujet avec perfection et dénonce, par le biais d'une documentation très pointue, les ravages et l'héritage qu'ont laissé derrière elles certaines guerres. En plus de cela, ses personnages sont soigneusement travaillés. Leur passé nous touche. On tremble avec eux. Et on s'inquiète pour eux.

Les enfants ne sont jamais coupables.

Kasdan prend part à l'enquête pour des raisons personnelles. Un meurtre a été commis dans l'église arménienne où il se rend régulièrement. Les vieux réflexes du flic ressurgissent et c'est ainsi qu'une enquête parallèle voit le jour. Accompagné d'un jeune flic drogué et terrassé par un passé qui ne cesse de le torturer, les deux compères doivent user de leur flair pour suivre la bonne piste ... fanatique religieux ? Tueur en série ? Piste politique ? Les indices se multiplient mais ne paraissent pas s'assembler. D'autant plus que la technique utilisée pour assassiner est très particulière ... et surtout inconnue.

C'est de l'utopie. C'est pour ça que c'est réel.

A aucun moment je n'ai lâché l'histoire. L'auteur a une écriture terriblement agréable et un soucis du détail impressionnant. Miserere est un fabuleux voyage à travers différents pays d'où les personnages et le lecteur ne sortent pas indemnes. Mon premier Grangé ne restera pas le dernier.

Note : 18/20

dimanche 30 novembre 2008

L'ange du mal


L'ange du mal est le premier roman de Gilles Caillot. Ce roman est sélectionné pour le prix 2008 des Limbes Pourpres.

Présentation de l'éditeur :
Lyon, été 2006. Une série de meurtres, plus atroces les uns que les autres, sont perpétrés dans la capitale Rhodanienne. La police est sur les dents et Massimo Zanetti, capitaine de police à la Criminelle , est investi de l’enquête qui s’avère d’ores et déjà extrêmement compliquée, remplie d’énigmes et d’étranges indices laissés par le tueur sur les corps décomposés et mutilés. Satanisme, magie noire, tortures sexuelles et mentales… La traque du psychopathe l’emmènera jusqu’aux portes de la folie. Accompagnée de Julie Martin, la responsable de l’institut médico-légal de Lyon, dont il est toujours amoureux et de toute son équipe d’investigation, le capitaine Zanetti va mener la chasse dans la ville entière et nous emmener jusqu’aux plus profond d’un des lieux les plus mystérieux de la cité Lyonnaise : Les catacombes.

L'ange du mal est un bon premier roman avec ses qualités mais aussi avec ses défauts. Des défauts de premier roman sans doute. Gilles Caillot maîtrise très bien l'écriture et son roman se laisse dévorer sans soucis. Les premiers mots qui vous viennent à l'esprit lorsque vous avez refermé le livre sont : sanglant, pervers, diabolique ... L'œuvre est brutale. L'auteur joue avec le dégoût du lecteur. L'horreur est poussée très loin alors âmes sensibles, abstenez-vous !

Un tueur en série sévit sur Lyon et utilise des techniques affreuses pour torturer et mutiler ses victimes. Qui est-il ? Et pourquoi agit-il de la sorte ? Massimo Zanetti est le capitaine de Police qui s'occupe de cette affaire. Aidé par la charmante légiste, Julie Martin, ils vont tous les deux découvrir l'œuvre perverse d'un grand malade au passé trouble et bouleversant.

Des membres coupés, du sang, des viscères présentant un aspect brillant et mouillé ... L'auteur en rajoute encore et encore jusqu'à réussir à vous dégoûter. De ce côté, l'auteur a réussi son pari. Là où le roman est moins bon, d'après moi, c'est au niveau du suspense. La trame est très classique et le lecteur s'attend assez à l'avance à ce qu'il va se produire par la suite. Malgré cela, Gilles Caillot a réussi à me captiver avec un final époustouflant et digne des grands romans d'horreur.

La petite cloche sonnait sans discontinuer ce matin comme un dernier hommage ...

Tout roman apporte sa part de culture. Histoire (ici de la ville de Lyon), nouvelles technologies, techniques de médecine légale ... Il est toujours difficile pour un auteur de les placer dans le contexte du roman policier. Dans ce roman, j'ai eu l'impression que l'auteur ne savait pas toujours comment aborder le sujet. Raconter l'histoire des catacombes de la ville de Lyon en plein milieu d'une discussion tendue entre deux flics au sujet du tueur m'a gêné ... Au final, malgré ces quelques défauts, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire L'ange du mal et c'est sans hésiter que je lirai sa suite : Réminiscence.

Note : 14/20

dimanche 16 novembre 2008

Instinct


Instinct est le dernier tome de la trilogie de Les voies de l'ombre (voir Prédation et Stigmate) de Jérôme Camut et Nathalie Hug. Ce polar est sélectionné pour le prix 2008 des Limbes Pourpres.

Présentation de l'éditeur :
Et s’il suffisait de 25 tueurs pour plonger la France dans le chaos ? Une meute sans visage dressée par un pervers de génie pour frapper leurs cibles avec une perfection terrifiante…
Et s’il suffisait d’un seul homme ?
Pour que nous nous mettions tous à douter…

Après le très ingénieux Prédation et la chasse à l'homme, Stigmate, Kurtz revient et ses grands projets se mettent enfin en place. Alors qu'il doit s'échapper d'une prison où il est retenu par un ennemi qu'il n'arrive pas à déterminer, un évènement tragique survient à Berlin.

Mais à l'impossible nul n'est tenu.

Shan se réveille dans un hôpital allemand suite à un accident. Malheureusement pour elle, elle a perdu la mémoire et ne sait donc pas qui elle est. D'où lui viennent ses capacités à se battre ? Le début du roman est extrêmement bien ficelé. D'un côté, le lecteur découvre cette étrange femme et poursuit avec elle l'exploration de sa mémoire. De l'autre côté, Kurtz nous livre la force qu'il déploie face à une situation périlleuse et non attendue.

Toute la souffrance accumulée n'attend qu'un signe pour se muer en violence et en haine.

Tout au long du roman le rythme effréné est soutenu et on ne peut s'empêcher de penser à certains films d'action tels que La Mémoire dans la Peau, Assaut, Apocalypse Now bien entendu ou encore la série 24 Heures Chrono dont l'un des personnages de la Cellule Anti-Terroriste s'appelle Ryan Chappelle (ressemblance au nom de Yann Chopelle dans le roman ; hasard ?).

Quand on me retrouvera, on saura que je n'étais pas n'importe qui.

Kurtz, bien qu'affaiblit, a toujours des ressources et le commissaire Eliah Daza et autres policiers vont en faire les frais. De Paris à la Roumanie, des meutes de tueurs sanguinaires agissent sous les ordres d'un seul homme ; un homme qui impose sa vision de la vie aux yeux du monde. Toujours autant manipulateur que dans les précédents romans, les auteurs s'attardent pourtant un peu moins sur le passé du personnage.

JE SUIS CELUI QUE L'ON NE PEUT ENVISAGER !

Malgré de nombreuses scènes d'actions et une première moitié de roman sensationnelle, j'ai trouvé que la seconde partie était moins passionnante. Je trouve que les auteurs ne sont pas allés au bout des choses avec cette mystérieuse Shan. Néanmoins le roman reste très bon et le lecteur aura la surprise de découvrir en annexe le cahier intime de Kurtz qui nous livre ses secrets et méthodes qui ont permis d'accomplir son œuvre.

Note : 16/20

mardi 4 novembre 2008

Berceuse

Berceuse est un roman de Chuck Palahniuk ; le créateur du célèbre Fight Club.

Présentation de l'éditeur :
Quoi de plus inoffensif pour s'endormir qu'une berceuse tendrement lue le soir ? Rien à voir avec la mort subite du nourrisson, génératrice des pires angoisses des parents penchés sur le souffle nocturne du nouveau-né. Le journaliste Carl Streator y verrait pourtant comme un lien, un je-ne-sais-quoi d'inexpliqué. Il y aurait un livre qui tue. Une comptine mortelle. En plein cœur des Etats-Unis. Un recueil pour enfants constitué de poèmes... Carl Streator en parle à son patron, lui en lit un extrait... et le voit s'affaisser devant lui pour ne plus se réveiller. L'enquête peut commencer. Combien de livres en circulation dans le pays ? Combien le savent et pour quel usage ? Quel pouvoir absolu pour celui qui en aura l'ultime possession !... Un livre de Palahniuk ne se résume pas, c'est déjanté, subversif et incroyablement lucide.

Lire du Palahniuk est une expérience. Ça ne ressemble qu'à du Palahniuk. Il vous entraine dans ses délires sans pour autant perdre pied. Bercé d'humour noir et de fantastique, le lecteur participe à un road-movie (road-book ?) sur papier dans lequel il va parcourir de multiples bibliothèques et librairies à la recherche de recueils de comptines pour enfant où est placé malencontreusement la chanson d'élimination.

Et moi je compte 1, je compte 2, je compte 3 ...

Carl Streator est journaliste et enquête sur une série de meurtres inexpliqués ; des bébés morts sans raison apparente. Ses recherches vont l'amener à croiser le chemin de l'étrange Helen Hoover Boyle ; agent immobilière un peu particulière ... En effet, à l'aide de fantômes et de maléfices, elles terrorisent les nouveaux propriétaires pour qu'ils quittent leur chaumière afin de pouvoir la revendre à de nouvelles victimes. Carl ne mettra pas longtemps à se rendre compte que son enquête est rapport à un sortilège.

Peut-être que les humains sont simplement les alligators de compagnie que Dieu a virés dans les toilettes d'un coup de chasse.

Mona est l'assistante d'Helen, Oyster son impitoyable petit-ami. Tous ensemble ils vont se mettre à la recherche de recueils pour enfant dont l'une des berceuses est mortelle. A la simple pensée ou prononciation des quelques vers de l'envoûtement, la personne visée meurt instantanément. Mais le plus important, reste à retrouver le fameux grimoire d'où est sortie cette berceuse. C'est sans compter les réelles motivations de chacun ...

Et voici Big Brother qui chante et qui danse pour que je ne me mette pas à trop penser pour mon propre bien.

Trahison, possession, humour noir, destin nihiliste ... Chuck raconte son histoire à base de fantastique mais parle de la vie, la vraie ; celle où l'esprit de l'Homme est possédé par de pompeux discours politiques, de publicités abrutissantes et d'émission pervers tel Big Brother pour vous faire marcher dans leur rang ... la consommation en masse ! Carl ... pour Karl Marx ? ... le célèbre philosophe et théoricien considéré justement comme nihiliste par l'aristocratie russe ...

C'est juste ma génération qui essaie de détruire la culture existante en propageant sa propre contagion.

Tantôt passionnant par ses allusions et ses métaphores, tantôt légèrement ennuyeux, mon avis concernant ce roman est mitigé. J'ai eu l'impression qu'il manquait quelque chose aux personnages pour les rendre plus attachants ... ou plus maléfiques encore. Néanmoins je viens de découvrir un auteur très imaginatif.

Note : 14/20

lundi 27 octobre 2008

Le secret du bonheur

Le secret du bonheur est le second roman de Charles Higson, l'auteur de L'Encombrant Mister Kitchen et Le roi des fourmis.

Présentation de l'éditeur :
Pour Tom, chef d'entreprise célibataire, l'idéal serait de dominer ses irrépressibles bouffées de colère et de rencontrer enfin la femme de sa vie. Pour son beau-frère, James, plutôt petit et mince, de ressembler à Arnold Schwarzenegger. Pour Maddie, jeune femme trompée par son mari, de rétablir l'harmonie de son couple. Seul Willie, avec son voyeurisme sans frein, semble échapper à cette dévorante insatisfaction. Et lorsqu'un hasard cruel réunit, au même endroit, au même moment, ces personnages à l'apparence pourtant banale, c'est le drame !

Qu'est-ce que le bonheur ? Où et comment le trouver ? Quel est son secret ? Ce roman à suspense tente de répondre à ces quelques questions que se posent les personnages admirablement imaginés par l'auteur.

Tom est un homme très impulsif qui démarre au quart de tour. Son problème, il en est conscient et tente de le soigner en fréquentant des réunions de groupe. C'est dans ces mêmes réunions qu'il rencontre Maddie, la jolie femme trompée par son mari et qui semble ne pouvoir aimer que dans le malheur. Une liaison particulière va naître entre eux deux, et, c'est à partir de ce moment que tout déraille.

Lucy, la sœur de Tom, vît avec ses deux filles et son mari James. Ce dernier, complexé depuis toujours par son corps, s'est mis intensivement à la musculation et au karaté. Jadis timide et gringalet, il est devenu un homme arrogant et macho.

Willie est le seul qui semble heureux. Son bonheur, il sait où le chercher et comment l'atteindre. Mais lorsque sa quête de l'extase l'entraîne dans les mailles du filet de la famille de Tom, tout lui échappe. Le bonheur, il n'est pas le seul à le vouloir.

Avec quelques judicieux rebondissements, l'écrivain nous plonge dans la vie de personnages très bien travaillés sur le plan psychologique. Des personnages dans lesquels le lecteur peut s'identifier. Chacun a son caractère, ses problèmes et sa propre définition du bonheur. Mais tous sont insatisfaits et semblent rechercher éternellement LE bonheur.

Mais à trop vouloir chercher le bonheur, ne risque t-on pas de le perdre ? Le bonheur n'est-il pas à nos pieds ? Devant nos yeux ? Près de nous chaque jour ? Beaucoup moins sombre mais plus réaliste que ces autres romans, Charles Higson signe un excellent et agréable roman.

Note : 15/20

dimanche 19 octobre 2008

London Boulevard

London Boulevard est un roman de Ken Bruen. Ce roman est en compétition dans la sélection de l'automne pour le prix SNCF du polar.

Présentation de l'éditeur :
Lorsque Mitch est libéré, après trois ans de cabane pour une bagarre dont il n’a gardé aucun souvenir, son pote Norton l’attend de pied ferme : appart, braquages, menus services… sa voie est toute tracée. Mais Mitch veut changer, vivre à l’honnêteté. Alors il dégotte un boulot d’homme à tout faire chez une star déchue du théâtre, la fantasque Lillian Palmer, qui rêve de revenir sur les planches.
Un temps, il braque, brique et couche avec sa patronne. Jusqu’au jour où son passé resurgit avec violence, en s’en prenant à Briony, sa sœur adorée et un peu dérangée…
Sans doute le meilleur livre de Ken Bruen London Boulevard est un pastiche noir ciselé, incisif et terriblement humain de Sunset Boulevard, le célèbre film de Billy Wilder avec Cecil B. De Mille, Gloria Swanson et de nombreuses stars du muet.
Un terrain de choix pour Ken Bruen dont les personnages, toujours désespérés, se manipulent les uns les autres avec génie sur les planches de la vie…

London Boulevard est un roman noir où le Sig Sauer n'est pas uniquement un accessoire permettant d'intimider les ennemis. Avec ses phrases courtes, son indentation façon Clarence L. Cooper et son vocabulaire parfois cru, l'auteur écrit un fabuleux roman policier qui plonge le lecteur dans l'esprit perturbé de son personnage principal : Mitch.

Mitch vient de sortir de prison suite à une bagarre dont il ne conserve aucun souvenir ... les méfaits de l'alcool ! A sa sortie, son pote Norton est là pour l'accueillir. Et bien plus encore. Malgré le souhait de Mitchell de devenir honnête, Norton va lui proposer un boulot peu convenable. En parallèle de cela, Mitch réussit à devenir homme à tout faire pour une vieille dame fortunée et ancienne grande actrice de théâtre. Homme à tout faire comprend bien entendu l'entretien de la libido de madame.

Briony est la sœur un peu timbrée de Mitch. Ses discours sont parfois irrationnels et même son frère ne la suit pas toujours ... Elle tombe amoureuse d'un Docteur Patel d'origine indienne, comme le Docteur Patel de la série Fringe (voir l'épisode 6 de la saison 1). Coïncidence ou JJ Abrams est-il fan de Ken Bruen ?

Braquage, violence, vengeance, alcool, drogue et rock n' roll parsèment ce roman qui rend hommage à de nombreuses formes d'arts. En premier lieu, le titre et les scènes entre Mitch, le majordome et la vieille actrice honore le film Sunset Boulevard de Billy Wilder. Mais l'auteur vénère aussi certains auteurs de poésie et de romans noirs tels que Chester Himes, Lawrence Block, Robin Cook, George Pelecanos ou encore James Ellroy. La musique et le cinéma sont aussi souvent cités, dont la présence du gigantesque Sympathy for the Devil des Rolling Stones, Dire Straits, Total Recall, Trois Couleurs : Rouge de Kieslowski, Le Bon, la Brute et le Truand ... et l'auteur se permet même quelques moqueries sur Phil Collins.

Plus qu'un simple roman noir, cet ouvrage est déjà un classique de la littérature policière.

Note : 17/20

mercredi 15 octobre 2008

Les gens du Balto

Les gens du Balto est le troisième roman de Faïza Guène, jeune auteur considérée comme l'une des plus douées de sa génération.

Présentation de l'éditeur :
Jusqu’à ce fameux samedi, il ne s’était jamais rien passé d’extraordinaire à Joigny-les-Deux-Bouts, petite bourgade tranquille en fin de ligne du RER. Yéva, minijupe à ras et verbe haut, rêvait toujours d’une vie ailleurs. Jacquot, son mari chômeur, creusait une fosse dans le canapé à force de jeux télévisés. Leur fils Yeznig, déficient mental, recomptait ses dents après chaque repas. Son frère Tanièl, renvoyé du lycée pour avoir abîmé le conseiller d’orientation, peaufinait sa technique pour serrer les blondes. Le jeune Ali, Marseillais au gros nez, essayait de se fondre dans le décor. Et Magalie, LA blonde du lycée, suivait à la lettre les conseils de son magazine préféré pour rendre crazy tous les mecs. Bref, la routine pour ces habitués qui, un matin, découvrent le patron de « leur » bar, baignant dans son sang. Un drame ? Pas pour les gens du Balto.

Dans la petite ville de banlieue de Joigny-les-Deux-Bouts, Joël Morvier, alias Jojo ou "Patinoire" pour son crâne luisant, est patron d'un bar; le Balto. Un bar, qu'est-ce que c'est après tout ? Un lieu de rencontre entre différentes générations, différentes ethnies et différentes classes sociales. Et cette diversité d'individus, l'auteur l'utilise à merveille pour nous décrire de manière très humoristique la vie quotidienne et banale d'une banlieue.

Faïza se met dans la peau de chaque personnage du roman et en tire à la fois une critique sociale et un regard amusé sur chacun d'entre eux. Entre la blondasse pleine de thunes et fan de Paris Hilton et du langage texto, et, un père de famille au chômage suite à un licenciement qui passe son temps à regarder la télévision vautré sur un canapé et à tenter sa chance avec des jeux à gratter, le lecteur s'imagine parfaitement les personnages puisqu'il en croise tous les jours ... ou est-il l'entre d'eux d'ailleurs ?

Le roman est original car chaque chapitre correspond au témoignage d'un des personnages dans l'affaire du meurtre du patron du Balto. Néanmoins, le récit s'attarde plus sur le caractère des inculpés/témoins que sur l'enquête. Chaque témoignage est un peu une caricature des différents protagonistes : le jeune maghrébin qui se sent très vite accusé, la jeune blonde manipulatrice et mythomane, le chômeur de plus de cinquante ans drogué aux jeux d'argent et aux émissions télévisées, le retardé mental bien gentil mais surtout très naïf, le patron de bar misogyne et raciste, le jeune arménien qui s'énerve facilement et qui ne va plus à l'école ... et j'en passe.

On sent que Faïza Guène a une facilité d'écriture qui lui permet sans difficulté à la fois de se moquer et de modérer ses propos. Le roman est très drôle. Il ne faut pas s'attendre à un roman policier mais plutôt à une mise en scène permettant à l'auteur de résumer la vie d'une banlieue de nos jours. Elle tente d'expliquer de manière très ingénieuse quelles sont les causes d'une telle destinée. La relation Parents-Enfants est vivement critiquée. Le seul point négatif que j'ai réussi à trouver est le nombre de pages ... 172 pages c'est peu ... surtout pour un roman d'une telle qualité.

Note : 16/20

dimanche 5 octobre 2008

L'anneau de Moebius

L'anneau de Moebius est le nouveau roman de Franck Thilliez. A savoir, August Ferdinand Möbius était un mathématicien et astronome théoricien allemand. Pour en savoir plus sur son célèbre ruban de Möbius, cliquez ici.

Présentation de l'éditeur :
Lamorlaye (Oise)
Vous rêvez. Vous vous voyez courir dans votre maison, les mains en sang. La police vous recherche pour le meurtre d’une gamine que vous ne connaissez pas.
Vous vous réveillez. Et vous comprenez que ces rêves sont votre futur. Vous, dans quelques jours…
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
Le corps mutilé d’une femme, enduit de vinaigre. Il semble avoir fait l’objet d’un rituel bien précis. Pour Victor Craise, jeune lieutenant de police tout juste sorti de l’école, la descente aux enfers commence.
Aucune relation entre ces deux histoires, a priori. Et pourtant…

Le nouvel ouvrage de Franck Thilliez est un subtil mélange de quelques uns des meilleurs films d'horreur, thriller et fantastique. En effet, les références sont nombreuses : Freaks (1932), Elephant Man de David Lynch, Destination finale, Dragon Rouge (ce n'est pas la première fois que Thomas Harris est cité dans un de ces romans), la série Lost, Halloween (pour la créature couverte d'un drap blanc), L'effet papillon ou encore Incassable (voir page 151). Mais l'objectif principal du roman n'est pas de vous faire peur ... il pose là l'éternelle question du voyage dans le temps. Accrochez vos ceintures, Thilliez vous embarque sur un anneau glissant dont il n'existe aucune sortie.

Le lieutenant Victor Marchal est un petit nouveau à la Crim'. Dès sa première enquête il va être confronté aux pires horreurs ... et c'est le cas de le dire car il s'agit bien de monstres, dans tous les sens du terme. L'auteur arrive parfaitement à décrire ce que le jeune policier voit et ressent, jusqu'à nous en dégoûter.

SK. Stephen King ou Stéphane Kismet ? Les deux créent des monstres. L'un les écrit, l'autre les fabrique pour le cinéma. Stéphane est confronté à d'étranges rêves où souvent il s'aperçoit dans de sinistres situations. Prémonitions ? Simples rêves ? Chaque objet, chaque situation a un sens dans un rêve. Mais quand certains évènements se réalisent , il devient de plus en plus difficile pour les rationalistes d'expliquer ou de relativiser les cauchemars de Stéphane.

Quand Franck flirte avec le fantastique, Thilliez rime avec chef d'œuvre. La force de l'auteur réside dans sa capacité à rythmer ces quelques 500 pages sans le moindre temps mort et dans la pertinence de ses propos. De plus, les personnages sont attachants et on se met très facilement à leur place. Que faire ? Que croire ? Mélange de rêve et de réalité ? Un voyage dans le temps vous attend, peut-être l'avez-vous déjà lu ?

Note : 19/20

dimanche 28 septembre 2008

Innocent

Innocent est un roman d'Harlan Coben.

Présentation de l'éditeur :
Un ami en danger. Une bagarre qui dégénère. Un accident. A vingt ans, Matt Hunter est devenu un assassin. Treize ans plus tard, il mène enfin une vie paisible avec la femme qu'il aime, Olivia, enceinte de leur premier enfant. Et puis, un jour, sur son portable, une vidéo d'Olivia dans une chambre d'hôtel en compagnie d'un inconnu. Le cauchemar recommence. Meurtres, disparitions, faux-semblants... un suspense explosif par le Maître de vos nuits blanches.

Comment définir un livre écrit par Harlan Coben ? Comme le film du dimanche soir, on l'attend sans vraiment y penser et on le savoure avec plaisir car on sait que c'est une valeur sûre pour passer un agréable moment chez soi. Pas vraiment des chefs d'œuvres, malgré tout, les romans de Coben ont l'avantage d'être riche en suspense. Certains peuvent les voir comme des "polars pour filles", d'autres crient aux chef d'œuvres et compare ces ouvrages à d'élégants bijoux si astucieusement réalisés ... moi, je les définie comme des valeurs sûres bien qu'un brin redondant.

On reprend les mêmes et on recommence. Un peu comme les films du dimanche soir, l'écrivain reprend les mêmes intrigues que ces précédents romans et les modifie légèrement. C'est le gros point négatif de Innocent. L'auteur est son propre plagiaire. Après le mystérieux email de Ne le dis à personne, l'étrange photo de Juste un regard et la révélation de dernière minute de Disparu à jamais, le nouveau personnage né de l'imagination de Coben, Matt Hunter, va devoir faire face à une photo et une vidéo reçues sur son portable en provenance de celui de sa femme, Olivia.

Matt, après avoir passé quelques années en prison pour homicide involontaire, est marié avec Olivia. Celle-ci est désormais enceinte et tout est prévu pour que leur vie soit la plus paisible possible. Mais pour cela, le couple va devoir surmonter de rudes épreuves qui ressurgissent du passé. Mais du passé de qui ? Et pourquoi ?

En parallèle de cette enquête, Matt doit affronter ses propres démons. Toujours en contact avec l'un des membres de la famille de la victime qu'il a accidentellement assassiné, Coben entraîne son personnage dans une recherche du pardon assez originale et intéressante. Cette partie du roman est la plus captivante à mon avis. Comment expliquer l'inexplicable ? Pourquoi ressentir le besoin absolu de voir fréquemment le bourreau de votre vie ? Afin de comprendre ? De pardonner ? Non, il faut chercher plus loin.

Malgré une fin attendue et très proche de Disparu à jamais, Coben réussit encore à surprendre avec ses révélations et à émouvoir avec de touchants personnages.

Note : 14/20

dimanche 21 septembre 2008

Comment sera le monde en 2020 ?

Le rapport de la CIA ou Comment sera le monde en 2020 ? est un compte rendu présenté par Alexandre Adler.

Présentation de l'éditeur :
Ce document est exceptionnel, unique même. Pour la première fois, le public a accès aux recherches et aux analyses des meilleurs géopoliticiens de la CIA. Quelle sera la carte du monde dans dix ans ? dans trente ans ? Quelle sera l'issue de la guerre mondiale diffuse que nous vivons actuellement ? Le terrorisme va-t-il s'amplifier ? La montée de la Chine et de l'Inde sera-t-elle progressive ou violente ? Verra-t-on l'effondrement de l'hégémonie américaine ? La mondialisation, apparemment irréversible, imposera-t-elle le modèle occidental ? Entre alarmisme et espérance, les auteurs de ce rapport - historiens, militaires, diplomates - proposent la lecture la plus fine, lucide et vraisemblable du monde de demain.


Cet ouvrage est un rapport réalisé par le Conseil national du renseignement américain, le NIC (National Intelligence Council), et exposé par l'historien et journaliste français spécialisé en géopolitique internationale ; Alexandre Adler. Comment sera le monde en 2020 ? Les meilleurs experts tentent d'y répondre en nous proposant quatre scénarii totalement différents et agrémentés de schémas, de carte du monde affichant une idée du paysage en 2020, de lettres personnelles et fictives où un parent d'Oussama Ben Laden raconte ce qu'il vit et comment il voit le reste du monde, de discussions imaginées par SMS entre deux marchands d'armes et de divers graphiques.

Afin de prévoir les évènements futurs, Alexandre Adler nous explique, par le biais d'une préface, comment est le monde actuel et comment il en est arrivé là. A partir de là, les plus grands spécialistes au monde nous expliquent leurs visions des choses sur les épisodes à venir ... comment vont évoluer les différentes religions ? La Chine et l'Inde vont-ils devenir les plus grandes puissances mondiales ? Comment vont évoluer les États-Unis ? Et les groupes terroristes ? La réponse à toutes ces questions se trouve dans l'un des scénarios présentés ci-dessous.

Le monde selon Davos propose "une croissance économique robuste" mais nettement dominée par l'Asie, et notamment la Chine et l'Inde. "Dans ce scénario, les géants asiatiques et quelques autres états en voie de développement ne cessent de creuser l'écart avec les économies occidentales". Ces hypothèses prévoient la montée de plusieurs autres pays : la Russie, le Brésil, l'Indonésie et l'Afrique du Sud; et le rechignement en masse des Etats-Unis.

La Pax Americana "se penche sur la manière dont la prééminence américaine pourrait survivre aux mutations du paysage politique mondial". On y voit les Etats-Unis toujours aussi puissants dans leur rôle de "gendarme du monde" malgré l'inévitable montée de la Chine.

Le scénario Un nouveau califat prévoit la venue d'un "mouvement mondial alimenté par l'identité religieuse radicale" suite à la proclamation d'un nouveau calife. Les distances entre le monde occidental et le monde musulman vont se creuser encore plus et "une nouvelle génération d'activistes" pourrait naître afin de défendre les idées de ce Califat dans le monde entier.

Le cycle de la peur est un scénario catastrophe. Il "explore ce qui pourrait arriver si les inquiétudes nées de la prolifération de certaines armes se trouvaient exacerbées". La montée du terrorisme et l'accession des ADM (armes de destruction massive) rendent ce scénario le plus dangereux de tous.

Bien que l'ouvrage soit parfois assez difficile à lire car il demande une très grande concentration, il n'en reste pas moins très intéressant. En effet, voir comment va se développer notre monde est palpitant. Malheureusement, rien de vraiment bon n'est présagé. Carpe Diem diront certains mais il ne faut pas oublier que l'avenir et nos enfants dépendent de nous ... dépendent de ce fameux instant présent où nous prenons des décisions et faisons des choix ... de vote par exemple.

Note : 16/20

dimanche 14 septembre 2008

Une balle dans la tête

Une balle dans la tête est le dernier roman d'une trilogie de Dan Simmons ayant pour personnage principal Joe Kurtz (voir Vengeance).

Présentation de l'éditeur :
Joe Kurtz, heureusement, a la tête dure. Il n'est pas donné à tout le monde de se sauver d'un hôpital avec une balle dans le crâne. Joe Kurtz le fait. On lui a tiré dessus et un flic y est resté. Une femme. Son officier de probation. Lui s'en sort avec la pire migraine de sa vie, rappel de cette exécution manquée, et doit surtout, une fois de plus, prouver son innocence. Qui était réellement visé ? N'a-t-il pas été blessé par erreur alors qu'il aurait lui-même commandité le meurtre ? La police ne le lâchera pas. La mafia entre dans la danse. Un psychopathe s'en mêle. Joe Kurtz le sait : ses ennemis l'adorent. Ils s'entretueraient pour lui faire la peau …

Toujours responsable, avec son indispensable secrétaire Arlene, des sites NocesJoyeuses.com et RechercheTendresse.com, Joe Kurtz continue ses activités de détective malgré qu'il n'ait plus le droit d'exercer ce métier suite à la défenestration de l'homme qui avait tué son ancienne compagne. Les principaux personnages de Vengeance reviennent pour cette nouvelle enquête : Joe et Arlene bien entendu, mais aussi Peg O'Toole (l'officier de probation de Joe) et Angelina Farino Ferrara (chef d'une famille mafieuse).

Pour conclure sa trilogie, Dan Simmons a choisi d'insister sur l'action plutôt que sur l'intrigue policière. Après avoir reçu une balle dans la tête dans un parking en sous-sol où il discutait avec son officier de probation, Joe se réveille menotté dans un hôpital ... Commence pour lui les embêtements ! Il a sur le dos deux chefs de famille mafieuses, la Police, un tueur en série fan de jazz et l'oncle de Peg O'Toole, ancien héros de la guerre du Vietnam.

Le détective va devoir fouiner un peu partout et collaborer un peu avec tout le monde avant de trouver qui est le responsable du massacre du parking, mais aussi pour rechercher le tueur en série qui nuit aux affaires de drogue des mafieux. Au final, peu de surprise mais le personnage de Joe Kurtz reste très intrigant et touchant. Bien qu'il soit parfois désagréable et plutôt sale d'apparence, il est hanté par un passé torturé et se bat jusqu'à donner sa vie pour les quelques personnes qu'il aime.

Avec sa belle plume et sa manière de présenter les évènements, l'écrivain réussit à captiver le lecteur. Malheureusement, le livre souffre trop, à mon goût, de situations tirées par les cheveux et laisse place à de nombreux combats où chacun semble trouver son compte.

Note : 14/20

dimanche 7 septembre 2008

Les démons de Dexter

Les démons de Dexter est le troisième roman de Jeff Lindsay mettant en scène le célèbre tueur en série : Dexter.

Présentation de l'éditeur :
Dexter Morgan est le serial killer dont on rêve en secret, qui canalise ses instincts de tueur en se débarrassant des monstres ayant échappé à la justice. Son job de technicien de scène de crime pour la police de Miami lui fournit une couverture idéale. Mais un jour tout bascule : un double homicide commis sur le campus de l'université le terrifie... et le prive de sa voix intérieure, le Passager noir, qui l'aidait à identifier les assassins. Le plus dur pour lui sera de protéger les enfants de sa compagne Rita, les jeunes Cody et Astor, qui semblent avoir les mêmes appétits sanglants que lui...

Quel plaisir que de retrouver Dexter Morgan et son Passager noir dans de nouvelles aventures ! Dans ce troisième roman relatant la vie de ce sympathique et effroyable tueur en série, celui-ci va devoir faire face à de nombreux problèmes ... Si vous n'avez pas lu les précédents romans, je vous conseille de ne pas lire ce qui suit.

*********** SPOILER des précédents romans ***********
Précédemment dans Dexter ... après avoir sauvé l'agent Doakes et le petit copain de sa sœur Deborah des griffes d'un tueur aux méthodes peu orthodoxes, notre brillant expert scientifique du service médico-légal de la Police de Miami, Dexter, s'est vu confronté à un nouveau style de problème. En effet, Cody et Astor, les enfants de sa future femme Rita, ressentent eux aussi la présence intérieure d'une âme sombre ... leur Passager noir.

Dans Les démons de Dexter, le futur père de famille va devoir apprendre à ces deux bambins à contrôler leurs ardeurs et maîtriser leur fougue qui leur donnent sans cesse l'envie de devenir à leur tour des tueurs sanguinaires. Son rôle de nouveau père, Dexter l'apprécie de plus en plus chaque jour ... mais son Passager noir se fait la malle et il est difficile, voire inimaginable, de les éduquer sans celui qui lui souffle tout.

On découvre alors un Dexter perturbé et confronté au monde réel ... le monde gris et inutile des humains et leurs pitoyables sentiments. Son Passager noir s'en est allé pour laisser place à une mystérieuse et envoûtante musique qui va l'amener à rencontrer un nouveau genre d'ennemi.

Suite au double meurtre commis dans une université, Dexter et sa sœur vont poursuivre une enquête extrêmement surprenante ... Secte ? Tueur en solo ? Démons ? Sans son double intérieur, Dexter va peiner à retrouver ses intuitions qui le caractérisaient des autres agents de Police.

Cette troisième aventure de Dexter commence fort dès le départ et relève le niveau par rapport au précédent épisode. L'auteur continue à rendre la vie impossible à ce tueur en série qu'on adore tous. La fin du roman est fabuleuse et nous promet un avenir très sanglant dans les futures pages de Jeff Lindsay.

Note : 16/20

dimanche 31 août 2008

Alligator Strip

Alligator Strip est le second roman de Chris Haslam mettant en scène le personnage de Martin Brock. Ce roman est en compétition pour la 9ème édition du prix du polar SNCF.

Présentation de l'éditeur :
Au moment où il va se faire pincer pour grivèlerie à la sortie d'un restaurant de Marrakech, Martin Brock, jeune Anglais séduisant et peu recommandable, est sauvé in extremis par l'intervention d'un homme d'affaires américain, Eugene Renoir. Aux abois, il accepte de suivre son bienfaiteur en Floride, pour l'aider à monter une escroquerie géniale. Si leur trafic de pièces de monnaie anciennes se déroule comme prévu, il sera millionnaire, garanti. C'est compter sans Sherry-Lee, une minable strip-teaseuse dont Martin s'entiche, le petit ami de la belle décidé à lui faire la peau parce qu'elle lui a piqué une demi-tonne d'herbe mexicaine, les crotales et l'infinie traîtrise de Renoir... N'importe qui, en pareilles circonstances, prendrait ses jambes à son cou. Mais Martin Brock n'est pas n'importe qui.

Martin Brock est un petit arnaqueur anglais qui exerce son art de truander les touristes à Marrakech. Lorsque l'une de ses minables escroqueries ne se déroule pas comme prévu, Martin se retrouve pris au piège par plusieurs marocains. Heureusement pour lui, un américain surgit à son secours et le sauve des griffes de ses agresseurs. Heureusement ? Pas sûr vu la suite des évènements ...

Eugène Renoir, alias Gene, propose à Martin d'arrêter ces petits combines et de le suivre aux États-Unis pour participer à une gigantesque escroquerie sur le trafic de pièces d'or. Une fois arrivé aux USA, Martin fait la rencontre de Brad. Fou d'armes à feu et au volant d'un pick-up volé, ce personnage confie à Martin qu'il souhaite tuer sa petite amie ... Sherry-Lee, une strip-teaseuse qui vit seule dans une caravane. Tout aurait pu bien se dérouler si Martin ne s'était pas épris de la jeune demoiselle ...

Un peu d'humour bien anglais, quelques situations cocasses et des références musicales bien Rock n' Roll n'ont pas réussi à me convaincre. Le roman rencontre de nombreuses longueurs et le manque d'originalité se fait cruellement ressentir. A tout moment j'espérais un retournement de situation mais l'histoire suit son cours sans la moindre progression sur le plan de l'intrigue. Très bien écrit mais décevant.

Note : 12/20

jeudi 21 août 2008

Versus

Versus est le second roman d'Antoine Chainas. Ce roman est en compétition pour le prix du polar SNCF.

Présentation de l'éditeur :
Si le major Paul Nazutti n'a pas la réputation d'être un tendre, c'est qu'il est en guerre. En guerre contre les tueurs d'enfants, les satyres, les pervers. Une guerre sans merci qui s'est étendue, dans son esprit, à tous et à toutes. Une guerre contre le monde entier. Mais combien de temps peut-on vivre rongé par la haine ? C'est ce qu'Andreotti, jeune inspecteur idéaliste, va découvrir à ses dépens, tandis qu'au sortir d'une affaire longue et douloureuse il reprend du service aux côtés de Nazutti. Rose Berthelin, quant à elle, a tout perdu. Sa fille, son mari, ses amis, sa famille. Elle trouvera la force, lentement, de se reconstruire et de dompter ses propres démons. Le passé ressurgira en force un jour, tandis qu'elle croyait avoir trouvé la paix, sous la forme de lettres anonymes. Jusqu'au bout, cette fois, Rose devra reprendre son combat.

Après avoir tendu une première joue récemment à Marin Ledun et son Marketing Viral, c'est au tour d'Antoine Chainas de m'envoyer une forte claque avec son nouveau roman. En effet, Versus fait l'effet d'une bombe ... lorsque vous retirez la goupille et que vous commencez à pénétrer dans l'histoire, le livre vous explose en plein dans votre imagination pour vous éparpiller dans de sombres et sinistres situations. C'est avec ce genre d'auteur que l'on peut affirmer que les écrivains français n'ont rien à envier à des Coben, King et autres maîtres du suspense et de romans noirs.

Beaucoup plus roman noir que thriller, Versus nous projette dans le calvaire de trois personnages qui vont se rencontrer par le biais d'une même affaire. Le Major Paul Nazutti est un homme violent, macho, misogyne, xénophobe et homophobe. Ce qui lui vaut de ne pas être très apprécié dans la Police. Membre de la brigade de protection des mineurs, on peut tout de même constater un bon fond dans ce dégoûtant personnage ; il passe son temps à se battre contre les pédophiles et autres dangereux pervers.

Andreotti est lui aussi un flic et vient d'intégrer l'équipe de Nazutti suite à une enquête délicate au sujet de flics ripoux qui lui a valu d'être mis sur la touche pendant un long moment. Avec son entêtement et sa volonté de rétablir la justice, il va vite devenir le poulain du Major. Ce dernier va lui montrer la face cachée de la ville et de la vie en générale ... un périple dangereux souvent sans retour.

Rose Berthelin a tout perdu ; sa fille, son mari, la plupart de ses amis et son père qui l'évite comme la peste. Vivant dans un monde de culpabilité et monotone, Rose vit sa sexualité de manière très étrange et très violente. Elle cherche à se laver de ses erreurs passées en s'infligeant d'horribles actes sexuels avec des inconnus. Des lettres anonymes vont bousculer son quotidien et rappeler de mauvais souvenirs. Ces lettres ne sont pas porteuses de bonnes nouvelles.

Le roman est violent et l'auteur ne mâche pas ses mots ; Versus ou la suite de La guerre des boutons revisitée par Takashi Miike. Les images que notre cerveau fabriquent d'après les descriptions de l'auteur sont parfois insoutenables. On aimerait pouvoir lire certains passages en se cachant les yeux comme un enfant devant un film d'horreur ... chose difficile à réaliser avec un livre. J'ai adoré ce roman, j'apprécie quand l'auteur se lâche et ne ralentit à aucun moment. Par contre, âmes sensibles s'abstenir ...

Note : 17/20

mardi 12 août 2008

Marketing Viral

Marketing Viral est le second roman de Marin Ledun. Après l'excellent Modus Operandi, l'auteur revient avec un nouveau thriller dont tout le monde parle chez les férus du polar.

Vous pouvez découvrir le prologue de ce roman ici (merci au site Polars Pourpres).

Présentation de l'éditeur :
A l’université de Grenoble, Nathan Seux travaille sur la sexualité. Ses recherches convergent vers un étrange laboratoire qui prétend utiliser génétique et nanotechnologies dans des buts alarmants : marketing, contrôle du corps et de l’esprit, « amélioration de l’homme ». Il cherche à en savoir plus, mais ses étudiants sont assassinés les uns après les autres et toutes ses pistes semblent déboucher sur des bains de sang...

Bien que ce roman soit lui aussi un roman policier, Marketing Viral est tout de même très différent de Modus Operandi. Alors que ce dernier nous entraine dans un pur polar à l'ambiance sombre et au héros psychologiquement perdu, le nouveau roman de Marin nous embarque dans une aventure où religion flirte avec science ... avec les nanotechnologies pour être exact. L'exemple le plus flagrant est la découverte d'une revue nommée Baalith (plus connu sous le nom de Belphégor) "animée par des chercheurs du Cérimex" (page 70).

"Des fous de technologie, comme d'autres sont des fous de Dieu."


********* ATTENTION, spoilers ci-dessous *********
Et quand on s'intéresse de plus près au personnage de Belphegor, on peut remarquer la ressemblance entre lui et Jézabel, la "machine humaine" (page 430).
"Dans la démonologie chrétienne, Belphégor est le démon qui séduit ses victimes en leur inspirant des découvertes et des inventions ingénieuses destinées à les enrichir. Il prend souvent un corps de jeune femme." (source wikipedia)

Depuis le début du roman, l'auteur nous guide habilement vers la double identité de Laure. Au départ, lorsque Nathan Seux fait sa connaissance, il n'est plus concentré sur son travail : "l'arrivée de Laure dans sa vie a tout chamboulé" (page 63), le lecteur est alors intrigué par ce mystérieux personnage. De même, par la suite, l'auteur en rajoute une couche : "Il ne comprend même pas comment il a fait pour oublier tout ça pendant l'été" (page 66). C'est avec cette dernière phrase que j'étais convaincu que le personnage principal se faisait manipuler. Puis d'autres preuves s'accumulent telle que l'entrevue entre Laporte-Daube et Loïc quand ce dernier demande des nouvelles de Nathan et de sa cousine Camille ... mais aucune question sur la fameuse Laure.
****************************************

"Des esprits meilleurs, des corps meilleurs et des vies meilleures."

Entre markéting génétique, neuro-markéting, puces à ADN, et les références à Tchakhotine et sa manipulation des masses, on peut dire que Marin a écrit un roman très pointu scientifiquement. Le centre de recherche Cérimex n'est qu'une façade afin de cacher leurs véritables expériences dans le but de créer des puces permettant de "susciter génétiquement l'impulsion créatrice et consommatrice" des êtres humains. L'auteur nous livre l'histoire de deux êtres, Nathan et Jézabel, qui vont se rencontrer et essayer de mettre fin à ces terribles expériences.

"Ceci est mon corps, donné par eux [...] Ceci est mon sang, livré par eux."

Manipulation, perversion, traque, clones, double personnalité ... les pages défilent devant les yeux du lecteur sans qu'il n'y ait le moindre temps mort ou la moindre longueur. On prend plaisir à lire cet excellent roman.

Note : 17/20

vendredi 8 août 2008

Pig Island

Pig Island est un roman de Mo Hayder. Après Tokyo, c'est le second roman que je lis d'elle.

Présentation de l'éditeur :
Joe Oakes est journaliste et gagne sa vie en démystifiant les prétendus phénomènes paranormaux. Ce sceptique-né n'a jamais eu qu'un seul credo : tout s'explique rationnellement.
En débarquant sur Pig Island, un îlot perdu au large de l'Écosse, il est fermement décidé à vérifier si la trentaine d'allumés qui y vivent en vase clos vénèrent le diable comme les en accusent les gens de la côte. Il veut aussi découvrir ce qu'est devenu le fondateur de la secte, le pasteur Malachi Dove, un charlatan qu'il a connu dans sa jeunesse et qui ne s'est plus manifesté depuis vingt ans.
Enfin et surtout, il veut tordre le cou au mythe du monstre de Pig Island une mystérieuse créature filmée deux ans plus tôt sur le littoral désert de l'île par un touriste en bateau à moitié ivre.
Mais rien, strictement rien ne se passe comme prévu. Joe Oakes va être confronté à des événements tellement atroces que son idée de la peur et du mal ne sera plus jamais la même...

La quatrième de couverture est alléchante. Le lecteur va t-il être emporté dans un thriller fantastique conduit par le Diable lui-même ? Ou alors va t-il se retrouver au centre d'une machination imaginée par une secte satanique ? La réponse est décevante. Après un début très attrayant, le roman souffre de nombreuses longueurs qui rendent le récit ennuyeux.

Joe Oakes, alias Oakesy, est envoyé en Écosse suite à la diffusion d'une vidéo réalisée par un amateur et révélant la présence d'un monstre sur l'île que l'on nomme Pig Island. En effet, Joe est journaliste et est spécialisé dans la démystification de phénomènes surnaturels. Lexie, sa femme, a décidé pour une fois de le suivre. Elle souhaite discuter de son couple avec son mari mais ce dernier n'est pas très ouvert à la discussion.

Joe part donc sur l'île et rencontre les ministres de la cure psychogénique dont le chef n'est autre que Malachi Dove; ancien charlatan à qui Joe voue une haine indescriptible depuis son enfance. Mais une fois sur Pig Island, le journaliste va rencontrer d'étranges personnages cachant de nombreux secrets concernant leur territoire et leur mentor soi disant disparu. Malheureusement les révélations se font assez vite et on ne comprend pas pourquoi il reste autant de pages à lire. Dommage aussi que l'action ne se déroule pas principalement sur l'île.

Je ne peux pas en dire plus sinon je serai obligé de vous dévoiler les principales ficelles qui ont permis de créer le maigre suspense du livre. Malgré un dernier chapitre efficace, l'auteur n'a que rarement réussi à me plonger entièrement dans l'histoire. Aussitôt lu, aussitôt oublié.

Note : 11/20

mardi 29 juillet 2008

La Peur dans la peau

La Peur dans la peau est un roman d'Eric Van Lustbader. Ce roman est la suite des célèbres aventures de Jason Bourne écrites par le regretté Robert Ludlum.

Présentation de l'éditeur :
Quelques années après les événements qui ont tenu les lecteurs en haleine dans La Vengeance dans la peau, nous retrouvons David Webb: désormais professeur de linguistique, il coule des jours paisibles à l’université de Georgetown, dans le Kentucky. Le tueur à gages redouté qu’il était, connu sous le nom de Jason Bourne, n’est plus qu’un lointain souvenir. Lointain ? Pas si sûr... puisqu’il devient la cible d’un assassin au moins aussi habile que lui et que, peu après, la CIA lui attribue les meurtres atroces de deux de ses anciens collègues et amis : Jason Bourne a resurgi, explique-t-on, mais il ne se contrôle plus... Une fois de plus, on le traque. Un jeu de dupes haletant, courses-poursuites et sueurs froides garanties! La suite époustouflante des aventures de Jason Bourne.

Le roman démarre fort dès les premières pages. Nous sommes en Tchétchénie, Khalid Murat, alors chef des rebelles, tente de reprendre son pays aux mains des russes. Mais Khalid, son bras droit Hasan Arsenov et leurs hommes sont pris au piège dans une embuscade. Des russes ? Non, ce serait trop facile. Deux hommes sont derrière tout ça : le tueur professionnel Khan et le mystérieux Stepan Spalko. Contrat terminé pour Khan, il doit exécuter sa prochaine victime : David Webb alias Jason Bourne.

JB. James Bond ou Jason Bourne. Le second est un peu comme le successeur du premier. L'espion "Number One" du 21ème siècle. Bien qu'il préfère le combat à mains nues aux gadgets dissimulés, Jason Bourne est un espion incorruptible qui se bat pour la justice. Un James Bond américain, moins séducteur et plus destructeur.

Alors qu'il vit une nouvelle vie paisible avec sa femme, et ses enfants, un évènement va se produire dans l'université où il travaille. Notre héros se retrouve donc embarqué dans de nouvelles aventures. Évasions spectaculaires, combats violents, complots, trahisons, agents doubles ... il pensait en avoir fini avec tout cela mais non. Le passé ressurgit ... de très loin. Quelques bribes de sa vie passée et de son ancienne famille vont émerger de sa mémoire. Le lecteur n'est pas au bout de ses surprises.

Un bon livre parsemé d'action sur près de 700 pages. Quelques révélations un peu évidentes mais j'ai passé du bon temps en compagnie d'un Jason Bourne qui n'en finit pas de surprendre.

Note : 15/20

dimanche 20 juillet 2008

La chambre des morts

La chambre des morts est certainement le roman le plus célèbre à ce jour de Franck Thilliez. Étrangement, il s'agissait du seul roman de cet auteur que je n'avais pas encore lu. En effet, ce livre est considéré comme son chef d'œuvre. Ayant connu l'écrivain lors de la sortie de l'adaptation de ce roman au cinéma (site officiel du film), je n'ai pas voulu lire le livre si tôt après voir vu le film.

Présentation de l'éditeur :
Imaginez… Vous roulez en pleine nuit avec votre meilleur ami, tous feux éteints. Devant vous, un champ d’éoliennes désert. Soudain le choc, d’une violence inouïe. Un corps gît près de votre véhicule. À ses côtés, un sac de sport. Dedans, deux millions d’euros, à portée de la main. Que feriez-vous ? Vigo et Sylvain, eux, ont choisi. L’amitié a parfois le goût du sang : désormais le pire de leur cauchemar a un nom… La Bête.



Après avoir revu le film ces derniers jours, j'ai pu comparer ces deux œuvres aux formats si différents. Attention, si vous souhaitez découvrir le film et/ou lire le livre, ne lisez pas ce qui suit !!!

Adapter un roman sur une bobine n'est jamais facile car le réalisateur doit faire l'impasse sur certains passages et tenter d'apporter sa touche personnelle afin de se sentir concerné par son œuvre. Bien que le film d'Alfred Lot se dispense de quelques passages (comme la description de la noirceur de l'âme de l'héroïne, le drôle d'entretien de Vigo, le kidnapping d'une femme enceinte, l'empaillage d'humains), il se permet néanmoins quelques efficaces libertés : on pense notamment à la superbe scène finale; la présence de la Bête chez Lucie Henebelle; l'entretien avec le taxidermiste qui se fait avec Norman et non Raviez, ce qui permet au spectateur de comprendre plus rapidement l'importance de la relation Lucie-Pierre; et le dernier point important, le réalisateur dévoile le secret de Lucie. Franck Thilliez ne nous dévoilera celui-ci que dans la suite des aventures de Henebelle, à savoir : La Mémoire Fantôme.

"Je crois qu'ils arrivent sur Terre tous égaux, avec un esprit pur [...] Ce sont les parents qui créent les monstres."

Le livre et le film se complètent. Le premier crée un univers plus noir, plus sombre. La psychologie du personnage principal y est plus développée. Le film permet d'ajouter plus de tension, de rythme, à l'histoire. Les images racontées par l'écrivain prennent soudainement forment et nous écœurent.

Par exemple, dans le film, après sa nuit passée avec Norman, Lucie part et laisse ce dernier seul avec ses filles. Cette situation inquiète le flic à son réveil et le spectateur avec car les images s'enchainent rapidement et on partage la peur qu'il ressent devant cet abandon si soudain.

"Tu es là pour tuer le mal, pas pour l'entretenir !"

Dans le livre, comme je le disais plus haut, le personnage de Lucie travaille pour la Police, donc le "Bien", mais est étrangement attirée par le mal. On le ressent moins dans le film; juste par la présence d'une bibliothèque remplie de livres sur la magie noire, les tueurs en série et de romans d'horreur (King et Harris par exemple). Aussi le roman fait preuve d'une violence plus présente : Sylvain Coutteure, un des deux chauffards qui récupère la valise de billets, commence à se faire empailler par la Bête alors que dans le film il est laissé agonisant dans un coin; la bataille finale est plus musclée dans l'œuvre de Thilliez que dans celle de Lot où la scène est plus "spirituelle".

"Cette pièce chauffée, dans les caves, représentait l'ensemble de ses peurs et de ses joies d'enfance."

Dans le roman, les caves où habitent la Bête et son complice sont comparées à des parties du cerveau; preuve qu'elles cachent quelque chose de profond enfoui depuis longtemps. La chambre des morts est un voyage dans l'inconscient d'une femme à la jeunesse torturée. La Bête cherche à revivre le choc qu'elle a vécue dans son enfance et qui a changé sa vie. Le fait de pratiquer la taxidermie permet de rendre un être immortel. Elle cherche donc à recréer cette fameuse scène qui l'a traumatisé et à l'immortaliser.

Pourquoi ? Revivre une scène traumatisante lui permet de repasser par des états émotifs similaires à ceux éprouvés dans le passé (source La thérapie par le tunnel). Cherche t-elle à contrôler la situation et ne plus avoir peur ?

La répétition est une réaction physio-psychologique à un événement qui sort du commun et qui a trait à la mort. Le phénomène de répétition est quelque chose de très particulier. Ce phénomène de répétition est bien décrit par les psychanalystes : la scène du traumatisme pour essayer de comprendre ce qui s’est passé, ou pour conjurer le sort. (Source Doctissimo)

Franck Thilliez et Alfred Lot ont réussi à signer deux œuvres à la fois différentes et très proches. Pour conclure, j'ai trouvé que le personnage de Lucie Henebelle se rapproche un peu de celui de Franck Sharko (Train d'Enfer pour Ange Rouge et Deuils de Miel) car malgré leur différence d'âge, de sexe et d'expérience, ils sont tous les deux rongés par diverses douleurs qui les rendent sombres et mystérieux.

Note : 18/20

lundi 14 juillet 2008

Le Cercle de Dante

Le Cercle de Dante est le premier roman de Matthew Pearl. Cet écrivain américain a non seulement été doublement diplômé de Yale et Harvard, mais il a aussi été couronné par la Dante Society of America pour ses travaux de recherche sur le célèbre poète florentin : Dante Alighieri.

Présentation de l'éditeur :
Le juge Healey est dévoré vivant par des larves d'insectes. A peine est-il inhumé qu'une autre victime est découverte, puis une troisième - toutes assassinées selon des mises en scène atroces. La police est impuissante, incapable de décrypter les crimes qui terrorisent la tranquille et puritaine cité américaine. Personne dans ses rangs, pas plus qu'à Boston, n'est familier de Dante ...
Personne ... sauf quatre hommes. Quatre poètes qui ont fait le serment de traduire La Divine Comédie et sont les seuls à parfaitement connaître le texte maudit. Quand ils voient dans les meurtres une copie des châtiments décrits dans L'Enfer, ils craignent d'être tenus pour suspects ...
Pour se disculper - et sauver la ville -, les érudits se font détectives. Mais l'assassin de Boston ne craint pas les poètes. Il vit dans leur ombre et se nourrit de leur savoir ... Une étrange chasse à l'homme commence. Des coulisses feutrées de Harvard aux bas-fonds sordides du port de Boston, une enquête criminelle, romantique et sanglante ...

Le cercle des amis de Dante est constitué d'une poignée de poètes américains qui tentent de traduire les fabuleux vers qui constituent les 3 livres de La Divine Comédie de Dante Alighieri. L'écrivain choisit de placer au centre de son histoire des personnages qui ont réellement existé : Henry Longfellow, James Russell Lowell, Oliver Wendell Holmes et J.T. Fields. Ces compositeurs et passionnés de prose ont participé de près ou de loin à la traduction américaine de La Divine Comédie. Composé de trois livres, L'Enfer, le Purgatoire et le Paradis, ce roman décrit la descente en enfer de Dante (dirigé par Virgile), puis de son passage au purgatoire où Virgile le quitte pour laisser la place à Béatrice, et, de son accession au Paradis pour s'unir à Dieu.

L'auteur mêle de manière très intelligente les vers italiens de Dante et les meurtres mystérieux qui se propagent dans un Boston à la fois dominé par de riches familles et envahit par de nombreux immigrants européens. Mais le roman souffre de nombreuses longueurs qui casse complètement le rythme attendu par le lecteur. Les lenteurs ne sont jamais les bienvenues dans un roman policier.

En parallèle de l'enquête policière menée par Kurtz et Rey, les poètes vont s'improviser détectives afin de découvrir qui salit le texte qu'ils vénèrent tant. De fil en aiguille les indices vont s'accumuler pour les diriger vers de bonnes et de mauvaises pistes. Il faudra suivre (ou subir) les écrits du Maître pour comprendre et trouver le coupable.

Note : 13/20

mardi 8 juillet 2008

Nécropolis

Nécropolis est un roman d'Herbert Lieberman. Ce roman a reçu le Grand prix de littérature policière 1978.

Présentation de l'éditeur :
Nécropolis, c’est la "Cité des morts" : New York, sillonnée par les fous et les drogués, les assassins et les paumés de toute sorte ; en proie aux intrigues de la municipalité et aux trafics d’influence ; quadrillée par les voitures de police et les ambulances avec, comme destination finale, presque toujours : la morgue.
Un des sommets de la littérature policière, mais aussi un extraordinaire document pour lequel l'auteur a lui-même enquêté pendant plus d'un an dans les morgues de Manhattan. Surtout peut-être, comme la presse américaine l'avait souligné lors de la parution "le plus beau livre jamais écrit sur New York".


Nécropolis décrit le quotidien du médecin légiste Paul Konig. Âgé d'une soixantaine d'années, ce personnage est un référence dans son domaine dans le monde entier. Veuf et père d'une jeune femme prénommée Lolly, la vie de Paul va s'assombrir (encore plus) lorsque cette dernière décide de partir sans le prévenir. Heureusement un ami haut placé dans la police l'aide à la chercher. Après s'être faite embobinée par un pseudo révolutionnaire, Paul n'a plus de nouvelles d'elle.

En parallèle de cette affaire, une arnaque jaillit du service dont Paul est le chef. Certains revendent des cadavres illégalement; ce qui a coûté 3 millions de dollars ... que le maire de New York réclame. Mais les problèmes ne s'arrêtent pas là pour le Docteur Konig. En effet, son service est pointé du doigt par les journaux après une mauvaise expertise commise par un des médecins sous la responsabilité de Paul. Ce dernier ne veut pas dénoncer le responsable et doit rendre des comptes à la justice.

Le personnage de Paul est très attachant. Son histoire est sombre et triste. Une femme décédée, une fille peut-être kidnappée, des voleurs dans son service, un médecin qui ne pense qu'à la gloire ... Malgré tout cela, Paul reste sérieux et disponible dans son travail. L'auteur nous décrit des dizaines d'autopsies différentes nous apprenant comment reconstituer la scène du crime (ou du suicide) à partir d'un corps ... ou de quelques morceaux de corps. L'écriture est tellement agréable à parcourir que j'ai englouti ce roman en quelques heures. Le travail de recherche de l'auteur sur le domaine de la médecine légale est extrêmement précis et vraiment intéressant. Une véritable référence du roman policier.

Note : 18/20

lundi 7 juillet 2008

Le Magasin des Suicides

Le Magasin des Suicides est un roman de Jean Teulé, l'auteur de Darling qui a été adapté au cinéma.

Présentation de l'éditeur :
Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! Imaginez un magasin où l'on vend depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère dans la tristesse et l'humeur sombre jusqu'au jour abominable où surgit un adversaire impitoyable : la joie de vivre...

Dans un mystérieux futur où l'on paie en euros-yens, la famille Tuvache tient un magasin très original car ils y vendent des articles permettant de se suicider. Des Smith and Wesson jetables, des cordes pour se pendre, des dizaines de sortes de poison camouflées dans des pommes ou des bonbons ... voici une petite liste d'accessoires vendus par Mishima (clin d'œil à l'écrivain Yukio Mishima qui s'est donné la mort par seppuku) et Lucrèce (prénom d'une romaine, Lucretia, qui s'est tuée après avoir été violée), les propriétaires du Magasin des Suicides.

Déjà parents d'un jeune Vincent (hommage au peintre Vincent van Gogh) anorexique, dépressif et enfermé la plupart du temps dans sa chambre à créer des œuvres d'art très glauques, et, d'une jeune Marilyn (pour Marilyn Monroe) qui se déteste et est tombée amoureuse du gardien du cimetière, les deux gérants ont un nouvel enfant, Alan (pour le grand oublié de l'histoire Alan Turing), après avoir testé un préservatif troué.

La famille Tuvache n'arrive pas à s'habituer au nouveau venu dans ce monde triste et où le nombre de suicides atteint des chiffres impressionnants. En effet, le petit "ange" sourit ... et il est malvenu de sourire dans un magasin de suicides !

Ce roman ne se limite pas à atteindre un degré important de noirceur, il nous cultive et nous apprend de multiples passages de l'histoire où le suicide est au premier rang. L'humour et l'originalité associés à la douce écriture de l'auteur font de ce livre un véritable bijou.

Note : 17/20