jeudi 20 décembre 2012

Mission Malona

Mission Malona est un roman de Patricia Rappeneau et la suite de son premier roman Requiem.

Présentation de l'éditeur :
Une grand-mère qui décède…
Une jeune fille qui se pointe à son agence de détective privé pour lui poser quelques questions d’ordre personnel tout juste deux heures avant que son neveu Noé ne soit enlevé…, et Nathan Malocène plonge.
Dans la course effrénée du temps qui passe…
À la poursuite de tous les passés… qui doivent lui ramener Noé…

Servi d'une bonne trame, le roman est intriguant dès le départ. Mais ce que l'on remarque également dès le début c'est ce rythme fou qui ne ralentira jamais. Un rythme qui deviendra tout de même gênant par moment puisque l'auteur ne prend pas le temps de décrire les scènes ni d'approfondir ses personnages. Bien qu'elle encourage à tourner les pages, cette cadence m'a perdu à quelques rares moments, n'étant plus trop sûr d'où je me trouvais.

L'auteur tente de nuancer le tableau noir peint par l'horrible enlèvement d'un enfant en mettant en scène des personnages plutôt sympathiques, même si Nathan Malocène en devient parfois un peu niais. L'histoire flirte avec le roman noir et offre même une séquence flash-back très cinématographique et prenante. Malheureusement, là encore, le rythme trop soutenu ne permet pas de bien faire monter le climat lugubre qui pourrait sûrement y régner.

En plus du rythme, le style inégal et l'utilisation excessive de pointillés ont contribué au fait que le roman ne m'a pas totalement convaincu. Pourtant l'histoire est dans son ensemble plutôt crédible et l'enchainement des scènes se déroule bien. J'ai été mitigé mais suis persuadé que l'auteur saura trouver prochainement la bonne formule pour me satisfaire entièrement.

vendredi 7 décembre 2012

Le Cercle

Le Cercle est le deuxième roman policier de Bernard Minier.

Présentation de l'éditeur :
Un coup de fil surgi du passé, un e-mail énigmatique, qui signe peut-être le retour du plus retors des serial-killers, pré­ci­pi­tent le com­man­dant Martin Servaz dans une enquête dan­ge­reuse, la plus per­son­nelle de sa vie.

Un pro­fes­seur de civi­li­sa­tion anti­que assas­siné, un éleveur de chiens dévoré par ses ani­maux… Pourquoi la mort s’acharne-t-elle sur Marsac, petite ville uni­ver­si­taire du Sud-Ouest, et son cercle d’étudiants réu­nis­sant l’élite de la région ?
Confronté à un uni­vers ter­ri­fiant de per­ver­sité, Servaz va rou­vrir d’ancien­nes et ter­ri­bles bles­su­res et faire l’appren­tis­sage de la peur, pour lui-même comme pour les siens.

Suite de son premier roman, Glacé, qui a fait parlé de lui dans toute la sphère des amateurs de polar, Le Cercle étonne dès les premières pages par sa capacité à happer le lecteur. Avec ses allures de Rivières Pourpres de Jean-Christophe Grangé, le roman se voit bénéficier d'un scénario solide et totalement efficace.
Comment ce roman peut-il se démarquer des autres ?  Eh bien c'est un roman extrêmement soigné, l'auteur l'a écrit avec beaucoup de passion et son style est excellent. Il raconte son histoire de façon à nous surprendre tout du long et fournit des personnages vraiment intéressants.

L'intrigue m'a tout de suite séduit. Le premier meurtre d'abord, et surtout sa mystérieuse mise en scène qui nous fera cogiter tout du long de l'histoire pour trouver une cohérence à toute cette théâtralisation. Et puis viennent dans l'ordre le personnage du commissaire Servaz, hanté par de violents démons du passé et surtout se sentant traqué par un tueur en fuite, les autres personnages énigmatiques qui peuplent les rues de Marsac, professeurs, élèves ou encore politiciens, et cette façon de nous mener en bateau en offrant la perspective de plusieurs solutions à l'enquête.

On s'attache aux personnages. On vit les scènes avec eux, c'est réellement troublant.
Le Cercle est une aventure à vous faire frémir de longues heures sur un rythme endiablé. Une histoire passionnante de bout en bout. Le Cercle est un polar réussi à tout point de vue.

vendredi 23 novembre 2012

Le Démon

Le Démon est la huitième enquête de l'irlandais Jack Taylor, célèbre personnage de Ken Bruen.

Présentation de l'éditeur :
Pauvre Jack Taylor ! Lui qui pensait prendre un nouveau départ aux États-Unis, il s’est fait refouler par la police des frontières et l’avion a décollé sans lui… Il renoue alors une idylle désabusée avec l’Irlande, son pays, dont les vieux démons ont été réveillés par la crise.
Carburant au cocktail Xanax-Guiness-Jameson, Jack s’engage dans une affaire diabolique : des cadavres martyrisés selon un rituel satanique font surface dans les rues de Galway. Surtout, il ne cesse de croiser la route d’un mystérieux Mr K., sans jamais réussir à le cerner…
Avec l’aide de ses fidèles acolytes – Stewart, le dealeur zen repenti, Ridge Ni Iomaire, la fliquette lesbienne, et le père Malachy –, Jack Taylor s’engage dans un combat contre le mal qui redonne du piment à sa vie.

Quelle claque ! Du grand Ken Bruen, encore.
Quel meilleur ennemi pour Jack Taylor qu'un véritable démon, pas son propre démon mais une incarnation du mal. On ne sait d'ailleurs pas s'il faut suivre les traces de l'enquêteur telles qu'elles le sont décrites ou bien s'il nous emmène avec lui dans ses délires d'alcoolique anxieux et dépendant au Xanax.
Les faits sont là. L'homme, ou ce qui paraît en être un, vient d'arriver à Galway en Irlande. Un homme énigmatique aux airs de gentleman. Au même moment se produisent d'horribles meurtres et tout porte à croire que notre enquêteur irlandais y est relié. Partout où Jack Taylor passe, l'ombre du Diable semble le suivre.

Et depuis qu'il a été viré de la Garda pour son goût un peu trop prononcé pour l'alcool, il ne s'est pas fait que des amis. Mais ses rares et fidèles amis seront, bien heureusement, là pour le soutenir dans cette nouvelle aventure. A leur frais ...
Fidèle à lui-même, Jack Taylor ne va pas se laisser démonter par cette nouvelle ordure qui ose se jouer de lui tout en parcourant les rues de sa petite ville. Son sens de la répartie, son humour et ses méthodes propres à lui sont toujours au rendez-vous. Pas de crainte à avoir, notre Jack Taylor, celui qu'on a appris à aimer aux fils des épisodes, est bel et bien présent, au meilleur de sa forme. Et pour notre plus grand plaisir !

La narration bien particulière de Ken Bruen ne change pas et continue de m'émerveiller. Le Démon est impossible à lâcher lorsque l'on a osé y jeter un œil. Un vrai régal, un cocktail ensanglanté noyé dans un mélange de whisky et de Guiness. Une claque donc ...

dimanche 18 novembre 2012

Dreamland

Dreamland est un thriller fantastique de Brad Coleman, édité par Kyklos Editions.

Présentation de l'éditeur :
Dans les plaines arides et surchauffées du Nevada, Myriam McGregor, journaliste d'investigation au Los Angeles Times, va apprendre à ses dépens qu'il vaut mieux ne pas s'approcher de la Zone 51.
Depuis des années, le physicien Jack Wise travaille dans les installations les plus secrètes et les mieux gardées au monde de Dreamland. Ayant découvert le secret de l'antigravitation, il reçoit un message d'outre-espace lui enjoignant, preuves à l'appui, de révéler l'existence d'une civilisation extraterrestre.
Une course contre la montre va s'engager pour la journaliste et le scientifique, aidés par un indien Hopi aux étranges pouvoirs et un agent du Mossad. Traqués par les services secrets, manipulés par les agences gouvernementales, ils n'auront de cesse de prouver que la vérité est ici !

Brad Coleman signe avec Dreamland un thriller fantastique à portée humaniste, plongeant le lecteur au cœur de l'ufologie. Mais l'humanité est-elle prête à accepter des révélations qui bouleverseraient sa vision de l'Univers ? 

Définir Dreamland comme un roman fantastique est un peu léger car bien qu'il se base sur des phénomènes surréalistes, il a la particularité d'être très réaliste. Ce qui est plutôt troublant. L'auteur se base sur des faits totalement réels et une documentation très précise. Il demande juste à son lecteur d'ouvrir un peu son esprit et de se laisser emporter dans une histoire totalement fantastique dans tous les sens du terme.

Qui ne s'est jamais demandé ce que cachait la célèbre Zone 51 ? Fréquemment présent dans le monde de l'audiovisuel (dans X-Files par exemple), cette base militaire ne cesse d'intriguer le monde entier. Les fanatiques d'Ufologie et autres curieux du paranormal en tout genre se donnent à cœur joie dans les spéculations de tout type.
Dreamland est une vision personnelle de l'auteur de ce qui se trame dans cette base, et cette vision est quelque peu inquiétante et saisissante. Les nombreuses références à de réels documents intensifient le doute que l'on peut ressentir au fur et à mesure que l'on avance dans l'histoire.

Dreamland se lit d'une traite. Le roman est passionnant et ne manque jamais de rythme. La façon dont l'auteur amène son histoire est bien pensée, les éléments du surnaturel s'imbriquent parfaitement dans le réel. Les personnages sont également intéressants et je dois avouer ma préférence pour le scientifique et son histoire personnelle.
Alors, envie de rêver un peu ? De bouleverser vos opinions ? Et tout cela dans une ambiance proche d'un film d'espionnage. Dreamland devrait plaire à un large public car c'est un roman réussi et qui réveille notre soif de curiosité.

mardi 13 novembre 2012

Une place à prendre

Une Place à prendre est le nouveau roman de la mère d'Harry Potter, la très célèbre J.K. Rowling.

Présentation de l'éditeur :
Bienvenue à Pagford, petite bourgade en apparence idyllique. Un notable meurt. Sa place est à prendre...
Comédie de mœurs, tragédie teintée d'humour noir, satire féroce de nos hypocrisies sociales et intimes, ce premier roman pour adultes révèle sous un jour inattendu un écrivain prodige.

Impossible d'ouvrir ce roman sans penser ne serait-ce qu'un instant au plus célèbre des magiciens de notre époque et à son monde fantastique où vivent d'extraordinaires créatures. L'ombre d'Harry Potter plane le temps d'un instant. Un instant seulement puisque le lecteur est de suite happé par cette nouvelle histoire.
Il serait inutile de comparer Une place à prendre à la saga Harry Potter tellement le style des romans est différent. Pourtant j'ai été stupéfait par la façon dont l'auteur a réussi à créer et décrire un lieu proche du féérique. Pagford est un petit village où tout le monde semble se connaître, où les rumeurs vont bon train et qui semble si loin des tracas des grandes villes. Et pourtant ...

Alors que le village est noyé dans son train train quotidien, Barry Fairbrother décède sèchement faisant l'effet d'une pierre que l'on jette violemment dans un lac paisible. Née alors une véritable psychose qui va dévaster ou plutôt diviser la ville. De vieilles rancœurs ressurgissent, les coups bas se multiplient et l'ambition personnelle prend le dessus sur les besoins sociaux de la ville.
Dans la peine que provoque cette subite mort, les habitants de Pagford réagissent tous différemment. Certains sont tristes bien entendu, mais d'autres feignent un semblant de peine et jubilent devant cette nouvelle place à prendre au Conseil paroissial. Cette place qui devient une obsession pour tous.

Après avoir présenté ses personnages, J.K. Rowling installe tranquillement son lecteur dans son nouvel univers d'un réalisme fou. L'auteur sait trouver les mots pour nous interpeller et pour instaurer un climat tendu qui donnera un grand final empreint à la fois de noirceur et d'espoir.
L'ensemble du roman donne l'impression d'un "roman-réalité", en comparaison à la télé-réalité, où les personnages sont enfermés dans un lieu clos et tentent de vivre en communauté malgré leurs différences. Véritable roman politique, Une place à prendre est une approche romancée de l'accès au pouvoir avec ses coups fourrés, ses beaux discours et ses mensonges.
En conclusion, J.K. Rowling a parfaitement réussi son virage littéraire et ne finit pas de montrer ses talents de conteuse.

Ma note : 18 / 20


mercredi 24 octobre 2012

ATOM[KA]

ATOM[KA] est le nouveau roman de Franck Thilliez, auteur de polar qu'on ne présente plus !

Présentation de l'éditeur :
Entre le moment ou s'arrête la vie et celui ou commence la mort il existe une frontière. Certains l'ont explorée...À quelques jours de Noël une affaire d'envergure démarre pour Lucie Hennebelle et Franck Sharko, policiers dans la fameuse section criminelle du 36, quai des Orfèvres. Christophe Gamblin, journaliste de faits divers, est retrouvé mort de froid, enfermé dans son congélateur. Sa collègue est amie a disparu, alors qu'elle enquêtait sur un dossier explosif dont personne ne connaît le contenu. Sa seule trace est son identité griffonnée sur un papier détenu par un enfant errant très malade, aux organes déjà vieillissants. En parallèle, une ancienne affaire de femmes enlevées refait surface : des victimes jetées vivantes mais inconscientes dans des lacs quasi gelés, et secourues in extremis grâce à des coups de fil mystérieux à la police.
Tandis que l'enquête s'accélère, Sharko est confronté à de vieux démons. Une ombre évolue dans son sillage, jouant avec lui de manière dangereuse. Un duel secret et cruel s'engage alors, détruisant le flic à petit feu...

Nouvelle aventure pour les deux enquêteurs fétiches de l'auteur, Lucie Hennebelle et son conjoint le commissaire Franck Sharko. Après leurs premières aventures qui ont eu des conséquences désastreuses dans leurs vies (lire Le Syndrome [E] et GATACA) mais qui ont su les rapprocher, nous retrouvons ces deux personnages face à de nombreux meurtres mystérieusement liés.
ATOM[KA] est une nouvelle énigme scientifique et de loin la meilleure des trois. Comme à son habitude l'auteur sait nous happer du début à la fin. Le rythme ne fait que s'accélérer pour ne jamais s'arrêter. Le couple d'enquêteurs doit faire face à deux enquêtes parallèles dont l'une vise directement ce pauvre commissaire Sharko déjà tant secoué par le passé.

La nature est devenue très agressive, et soyez assurés qu'elle n'aura plus aucune pitié envers l'homme.

Mais la jeune flic n'est pas sans avoir son lot de problème dans cette histoire. Elle va devoir également affronter son passé, vivre avec ses propres démons qui continuent chaque jour à la hanter. Mais malgré tout elle fait tout son possible pour aller de l'avant. Lucie est telle qu'on l'a toujours connu dans ses aventures, une femme forte qui ne se laisse pas abattre et qui n'hésite pas à foncer tête la première dans les embrouilles.

La relation entre les deux personnages ne m'a toujours pas convaincu, les quelques passages consacrés exclusivement à leur liaison m'ont paru un peu fade et convenus. Mais cela n'empêche pas la qualité générale du roman. L'intrigue est superbement ficelée et ne manque pas de rebondissements. Recette impeccable pour un thriller de haut niveau.
Il est remarquable de voir à quel point Franck Thilliez s'est documenté pour faire de son roman une enquête ingénieuse et fascinante qui amène à se poser bien des questions ...

samedi 13 octobre 2012

Noir Karma

Noir Karma est un roman de l'islandais Stefan Mani, déjà connu pour son Noir Océan qui m'avait totalement ébranlé. A noter le site de son traducteur en France : Eric Boury.

Présentation de l'éditeur :
Bienvenue dans les bas-fonds de Reykjavík, là où le soleil ne brille jamais! Suivez les aventures malheureuses de Stefán! À peine débarqué de sa cambrousse, notre jeune bouseux commence péniblement à gagner sa vie dans un club mal famé de la capitale islandaise. Heureusement pour lui, les malfrats qui gèrent les lieux découvrent ses talents de conducteur et l'enrôlent dans leur bande. Au programme : vols de voitures de luxe, extorsions de fonds, prostitution, deal de substances illicites. Tout y passe... Pour Stefán, c'est la grande vie qui commence. Du moins le croit-il... Mais quand ses boss décident de partir en guerre contre une bande adverse, c'est une violence sans retenue qui s'abat sur Reykjavík. Tandis que les morts se ramassent à la pelle et que tous sont à la recherche d'un kilo de cocaïne mystérieusement disparu, notre héros commence à regretter ses décisions et à se dire que tout va beaucoup trop vite. Hélas, Stefán est pris jusqu'au cou dans ce fatal engrenage, et il est des choix qu'il faut assumer, jusqu'au bout s'il le faut...

J'en ai mis du temps à le lire et à venir en faire la chronique ... et pourtant c'est un véritable coup de cœur ! Je me suis délecté de chaque phrase, chaque mot du roman. Noir Karma est un roman dur, violent, une sorte de rencontre entre Il était une fois en Amérique, Scarface et La cité de Dieu, avec un décor froid islandais qui vous agresse sans relâche.

Une multitude de questions restées sans réponses furent enfermées dans le coffre noir de l'oubli, lui-même scellé par le ciment de la confiance et enterré sous une épaisse chape de silence.

La pègre est un univers qui a fait couler des litres d'encre et user des tonnes de pellicule. Comme dans Le Parrain, on voit une véritable micro société se créer, s'organiser en marge de notre société. Une micro-société gérée par des lois basées principalement par le respect ; le respect du parrain, du mentor, celui qui mène la barque.
Et comme dans les films traitant de ce sujet, on retrouve de nombreux personnages qui ont chacun leur importance, représentant à leur façon une pierre à l'édifice final. Ils sont choyés par leur auteur, possédant chacun leur propre histoire, leurs particularités et sont touchant chacun à leur manière. On se plait à pénétrer dans leur univers et à partager de nombreux moments bercés par l’adrénaline.

Tu vois... J'ai l'impression de ne pas être sur le bon chemin ...

Le personnage de Stefan est un peu niais, le genre de gars sorti de sa campagne qui découvre les bas-fonds de la capitale et qui donne une confiance aveugle dans le premier voyou venu. Stefan commence à trouver sa place au fur et à mesure dans ce milieu dangereux mais il commence également à douter, à ne pas partager la même vision des choses que ses camarades.

La détonation rida le calme de la nuit, telle une pierre balancée dans un lac aux eaux immobiles, et résonna un long moment entre les montagnes avant de s'évanouir.

A l'heure où le polar scandinave secoue le monde littéraire, Stefan Mani est comme un pavé qu'on jette dans la mare, se différenciant des autres et apportant un souffle nouveau et totalement original aux romans du genre. Noir Karma est un cocktail Molotov dont on sort époustouflé et séduit par cette histoire peu ordinaire.

dimanche 16 septembre 2012

Jamais sans toi

Jamais sans toi est un roman de Lisa Scottoline.

Présentation de l'éditeur :
Nouvelle arrivée dans une petite ville de Virginie, Rose McKenna est confrontée au pire le jour où elle sauve sa fille Melly des flammes d’un incendie qui ravage  son école.
Vous avez du sang sur les mains !  On lui reproche de ne pas avoir fait ce qu’il fallait.
Sauver d’autres élèves ou revenir en arrière pour chercher son enfant ?  Qu’auriez-vous fait à sa place ? Auriez-vous risqué de sacrifier votre enfant ?
Pourtant, une jeune enseignante, Kristen Canton, semble la soutenir. Mais celle-ci quitte mystérieusement son poste et disparaît totalement, sans laisser d’adresse.
Derrière les querelles de cour d’école, le déchainement de la presse, et les demandes de dommages et intérêts qui se profilent, attaquée en justice, Rose décide d’y voir plus clair. Et si la disparition de Kristen était liée à quelquechose d’autre ?
C’est une véritable enquête que Rose doit mener, au risque de fragiliser son couple pourtant si solide. Et si Kristen cachait des mensonges, et si Rose, elle-aussi, n’avait  pas tout dit de son passé… même à son propre mari..?

Jamais sans toi est un thriller américain doté d'une intrigue forte en intensité. On est pris dans l'engrenage dès le début, on vit l'histoire avec les principaux personnages et on a du mal à lâcher le roman.

Rose McKenna est mère de deux enfants dont la petite Melly. Alors qu'elle surveillait la cantine de l'école de sa fille, une explosion survient et la jeune mère va être en proie à des choix difficiles mais surtout elle va devoir les faire rapidement.
Harry Potter et la petite Melly ont un point commun, une marque de naissance imposante sur leur visage. Maltraités dans le monde des moldus, l'un se réfugie dans un univers fantastique, l'autre se cache de ses camarades pour ne pas subir leurs moqueries. La jeune Melly va connaître l'horreur d'un incendie violent et dévastateur.
Mais personne n'aurait pu soupçonner que quelque chose d'autre se tramer derrière cet incendie. Le passé de Rose ressurgit subitement alors qu'une jeune professeur de l'école semble se cacher derrière un terrible secret.

Le rythme est là et on est vraiment happé par l'histoire. Malheureusement le roman sonne un peu trop à l''américaine', où "tout est bien qui finit bien". On cherche à être bousculé et surpris mais le chemin prit par la maman transformée en enquêtrice semble être toujours le bon ...

Chargé en émotion, ce roman ne manque pas d'émoustiller son lecteur. Les mots sont bien choisis et font partagés un ensemble de sentiments contradictoires. Mais le dernier quart du roman m'a un peu gâché la lecture. Je suis un peu las de ce type de final ... dommage !

mercredi 5 septembre 2012

Bien connu des services de police

Bien connu des services de police est un roman policier de Dominique Manotti.

Présentation de l'éditeur :
Été 2005 à Panteuil, en banlieue parisienne, l'ambitieuse : commissaire Le Muir a décidé d'appliquer la « nouvelle politique sécuritaire » prônée par le ministre de l'Intérieur. Sur le terrain, les policiers s'arrangent comme ils le peuvent avec la réalité des cités et de leurs petits trafics. Des jeunes flics fraîchement débarqués aux vétérans de la BAC de nuit, tous sont confrontés à la violence et à la peur. Il suffit d'un incendie dans un squat de sans-papiers, d'une bavure ou de quelques vols de voitures pour que Panteuil s'embrase...

Bien connu des services de police est un roman qui se veut très réaliste mais pousse malheureusement un peu trop dans la caricature. Roman noir et plutôt violent, il met en scène un univers dangereux et horriblement glauque ; le quotidien de la police.
Entre les bleus, fraichement arrivés dans le commissariat, légèrement naïfs et assoiffés de justice, et les vieux de la vieille un fossé beaucoup trop grand est creusé. Comme si le métier de policier ne laissait aucune chance d'apercevoir un avenir heureux.

A l'opposé, l'auteur montre à plusieurs reprises que certains policiers, et notamment ceux de la BAC, jouent sur les plates-bandes des macs et autres criminels. Profitant d'une certaine confiance et protection derrière leurs insignes, certains n'hésitent pas à jouer les 'cow-boys' et à trainer dans de louches magouilles.
Dominique Manotti va mettre le feu à ce quotidien pour chambouler tous ces personnages et les mettre face au système et à la peur. Un véritable pavé dans la mare !

Malheureusement l'histoire part un peu trop dans tous les sens sans se concentrer pleinement sur l'une des trames. On est pris dans chacune d'entre elles mais elles gagneraient sûrement à être un peu plus peaufinées.
Bien connu des services de police est un récit dont on sort chamboulé, ne sachant plus en qui faire confiance et en qui croire.

jeudi 30 août 2012

Monsignor Quichotte

Monsignor Quichotte est un roman du grand écrivain Graham Greene, considéré parfois comme étant le plus grand écrivain du 20ème siècle.

Présentation de l'éditeur :
Espagne, fin des années 1970 : le père Quichotte est le curé de Toboso, le petit village où il est né. Sa bonhomie, sa tolérance et une certaine liberté de pensée le font détester par son évêque. Mais il s'attire la faveur d'un cardinal, et le voilà promu «Monsignor» ! Profitant d'un congé, il part sur les routes avec son ami Zancas, le maire communiste, qui vient de perdre les élections - et qu'il appelle Sancho. Les compères, munis de caisses de vin et d'une réserve de fromages, vont arpenter les grands chemins en dialoguant sur leurs croyances respectives. Les deux vocations de l'auteur, son engagement chrétien et sa sympathie pour l'idéal socialiste, sont défendues chacune par leur champion. Ainsi, le roman atteint une dimension que les apparences de comédie ne parviennent pas à dissimuler.

Franco est mort mais son âme pèse encore sur l'Espagne. Et la milice est omniprésente pour veiller sur la tranquillité du peuple... Alors quoi de mieux qu'un peu d'humour pour nous faire traverser un pays encore sombre et divisé.
Le clergé et le communisme ne font pas bon ménage et pourtant c'est avec un serviteur de chacun d'entre eux que nous partons en balade nous battre contre des moulins à vent imaginaires. Comme le faisait l’ancêtre de Monsignor Quichotte d'après les histoires de Cervantès, le "biographe" de Don Quichotte.

Tant de ses prières étaient demeurées sans réponse qu'il nourrissait quelque espoir que celle-ci fût demeurée logée tout ce temps, tel un bouchon de cérumen, dans l'Oreille Éternelle.

Monsignor Quichotte donc, et son servant suiveur Sancho, partent sur leur Rossinante (une vieille Fiat) aussi rapide et têtue qu'un âne. Les guerres de chevalerie font place aux conflits Église - Communisme et malgré un ton qui augmente parfois, une amitié forte se lie entre les deux hommes.
Justiciers à leur manière, ils vont parcourir des centaines de kilomètres et vider des dizaines de bouteilles de manchengo. Mais leur soif de liberté va vite se retrouver compromise par une série d'évènements malchanceux entrainant une sorte de traque où l'humour de ces enfants terribles fait passer le stress pour une franche partie de rigolade.

Mon Dieu, rendez-moi humain, soumettez-moi à la tentation. Sauvez-moi de mon indifférence.


Il est intéressant de lire ce que fait Greene avec certains textes considérés comme sacrés. Il nous offre une autre vision des écrits religieux et une autre vision des écrits marxiste-léninistes. L'auteur défend à merveille ses deux chevaux de bataille. Chrétien convaincu et sans doute proche des idées communistes, il arrive à allier ces deux serments de foi qui semblent si différents.
Autant il arrive à trouver de nombreux exemples qui ne valorisent aucun des deux, autant il sait les rapprocher plus que l'on ne pourrait le penser.

Monsignor Quichotte est un roman brillant, d'une grande finesse et profondément émouvant. Greene nous offre des personnages magnifiques au cœur énorme et à la soif interminable. Le final est d'une telle beauté qu'il est la conclusion parfaite de ce 'road book' hors du commun.

vendredi 24 août 2012

Canyon Creek

Canyon Creek est un roman noir d'Alexis Aubenque.

Présentation de l'éditeur :
Canyon Creek, petite ville tranquille de l'Ouest américain qui tient son nom du canyon qui la borde, est en proie à une succession de crimes de jeunes filles latino-américaines. La sergente Suzie McNeill est persuadée qu il s'agit d un tueur en série, contrairement au chef de la police locale qui n'y voit qu'une simple coïncidence statistique.
À l'aide du lieutenant Jack Spencer, elle est prête à dépasser les limites du règlement pour prouver ses théories et arrêter le détraqué qui sévit dans sa ville. Mais c est un but qui sera difficile à atteindre alors que revient dans sa vie Dale Turner, un homme au passé mystérieux, tout juste sorti du coma, amnésique après un accident étrange survenu un mois plus tôt...

Un thriller qui risque de me marquer pour un bon moment ! En plus d'être de haute qualité, il m'a accompagné pendant la toute fin de grossesse de ma femme. J'ai donc vibrer de nombreuses fois avec lui.

Suzie McNeill est la fille du shérif et n'hésite pas à l'ouvrir dès qu'elle est contrariée. Avec sa force de caractère, son goût pour la justice et ses allures de garçon manqué, elle m'a beaucoup fait pensé à Debra Morgan dans la série Dexter. Alors lorsqu'une série de meurtres sur des filles latinos ne trouve pas de réponse, elle n'hésite pas une seconde à se lancer sur la piste d'un éventuel tueur en série. Mais est-ce si simple ? Bien évidemment que non.
Suite à de nombreux différents avec son père de shérif, elle va souvent changer d'équipe et découvrir ce qui peut se cacher dans les coulisses de la police. Suspicion, trahison, mensonge et corruption sont les maîtres mots de quelques flics véreux.

Dale Turner, quant à lui, va vivre l'incroyable et frustrante aventure de l'amnésie partielle. Il va devoir retourner sur ses pas pour découvrir qui il est vraiment et s'il peut bien sûr avoir confiance en les gens qui l'entourent. Son passé refait donc surface petit à petit et de nombreux secrets qu'il aurait aimés ne jamais découvrir vont le hanter de plus belle.

Tout ce petit monde se retrouve comme enfermé à Canyon Creek, se tournant autour comme des fauves, leurs regards se croisant et attendant le premier faux pas pour sauter sur son voisin.
Alexis Aubenque mène la danse avec brio. Il m'a littéralement scotché et ne m'a pas laissé le moindre temps mort pour reprendre mon souffle. J'ai particulièrement aimé les deux personnages que j'ai présentés ci-dessus mais également la fin dure, brutale et réaliste.
Tentez le pas et accrochez-vous !

mercredi 15 août 2012

Randy Welcome

Randy Welcome est le troisième roman d'Alexandra Julhiet.

Présentation de l'éditeur :
À trente quatre ans, Randy Welcome a, selon ses propres dire un nom de clébard et un job pourri de chauffeur de limousine dans le New Jersey. Résigné à sa vie, il n'aspire désormais qu'à deux choses : reconquérir son ex femme et boire ses bières en paix.
Jusqu'à ce que, un jour de canicule, sa route croise celle d'un ancien amour de lycée. Jusqu'à ce que, le temps d'une soirée avec elle, il se sente revivre. Et que le lendemain matin, il se réveille avec une terrible gueule de bois... et deux cadavres étrangement familiers dans le coffre de sa voiture. Pourquoi les fantômes du passé sont-ils revenus chercher Randy ? 

Roman noir comme on les aime, Randy Welcome m'a beaucoup étonné par ses personnages et son univers crasseux et déjanté. Le personnage de Randy est le type parfait du roman noir ; plus tout jeune, paumé, divorcé et toujours fourré dans les coups les plus foireux. Sans oublié son passage en maison de correction lorsqu'il était adolescent.
L'aventure que va vivre Randy Welcome, qui n'a pas vraiment une tête à souhaiter la bienvenue (...), débute par quelques bières qui vont se terminer par un traquenard complètement dingue. Les démons du passé refont surface et Randy va devoir retrouver ses anciens amis pour élucider le mystère qui l'entoure. Mais le chemin est parsemé d'embuches, de meurtres, de flammes et de coups dans tous les sens.

comme nous tous il était revenu mourir dans le New Jersey, comme si cette antichambre de l'enfer poussait irrémédiablement ses enfants à revenir s'échouer sur ses rivages, face à l'échec de leur misérable existence

Les références à Chandler et Bukowski démontrent bien une connaissance de ce type de roman et un goût certain pour le noir. Mais le personnage et ses déboires m'ont surtout fait penser au grinçant L'encombrant Mister Kitchen de Charles Higson. L'auteur n'a rien à envier aux meilleurs auteurs de romans noirs, elle sait torturer ses personnages comme il faut, les rendre à la limite de la folie et les rouler dans la merde jusqu'au cou. Elle arrive également avec beaucoup d'aisance à passer de l'humour à la panique en peu de temps.
Toutes les qualités sont réunies pour vous faire vibrer. Malgré un final un peu 'facile' à mon goût, je retiens de ce roman une histoire complètement cinglée avec des personnages bien travaillés. Un roman explosif !

dimanche 5 août 2012

La mort s'invite à Pemberley

La mort s'invite à Pemberley est le nouveau roman de P.D. James.

Présentation de l'éditeur :
 Rien ne semble devoir troubler l'existence ordonnée et protégée de Pemberley, le domaine ancestral de la famille Darcy, dans le Derbyshire, ni perturber le bonheur conjugal de la maîtresse des lieux, Elizabeth Darcy. Elle est la mère de deux charmants bambins, sa sœur préférée, Jane, et son mari, Bingley, habitent à moins de trente kilomètres de là, et son père adulé, Mr Bennet, vient régulièrement en visite, attiré par l'imposante bibliothèque du château. Mais le climat s'alourdit soudain lorsque, à la veille du bal d'automne, un drame contraint les Darcy à recevoir sous leur toit la jeune sœur d'Elizabeth, Lydia, et son mari, Wickham, que leurs frasques passées ont rendu indésirables à Pemberley. Avec eux s'invitent la mort, la suspicion mais aussi le romanesque.
Dans
La mort s'invite à Pemberley, P.D. James associe sa longue passion pour l’œuvre de Jane Austen à son talent d'auteur de romans policiers pour imaginer une suite à Orgueil et Préjugés, six ans après la fin du roman, et y camper une intrigue à suspense. Elle le fait avec une grande fidélité aux personnages d'Austen, et en même temps dans le plus pur style de ses romans policiers, dans lesquels elle fait affleurer, et souvent approfondit, des problèmes de société - ici ceux de l'Angleterre du début du XIXe siècle : domestiques et maîtres, dureté de la justice, abîme entre le mode de vie des privilégiés et celui des petites gens.

C'est sur l'idée de relancer le décor d'Orgueils et Préjugés de Jane Austen qu'est né le nouveau roman de P.D. James. L'auteur redonne vie aux célèbres personnages d'Angleterre de la fin du 18ème siècle, début du 19ème siècle. Il s'agit donc d'un roman hommage dans lequel on ressent toute l'admiration de cette grande auteure envers sa consœur.
Pour mon premier PD James, c'est une découverte particulière car elle reprend un grand classique pour l'associer à son propre univers. Un univers fait de passion, de suspicion et de meurtre. En plus de reprendre les personnages et le décor de Jane Austen, P.D. James sensibilise son style pour nous donner la sensation de vivre à cette époque, dans ce milieu bourgeois et parfois sournois.

Il va falloir à présent nous armer de courage pour accueillir la majesté de la loi

Les sœurs Bennet sont de retour et l'une d'entre elles va voir son époux sur les bancs des accusés. Un meurtre a été commis et tous les éléments indiquent qu'un seul homme semble être le coupable. Nous allons ainsi vivre une passionnante séance au tribunal pour comprendre exactement ce qui s'est produit dans les bois de Pemberley ...
J'ai trouvé qu'il était un peu compliqué de rentrer dans l'histoire tant les personnages décrits sont nombreux. PD James tente de recréer une atmosphère qu'elle connait et de redonner vie à des personnages avec lesquels elle a vibrés mais, et malgré toute son implication, je n'ai pas réussi à pénétrer dans l'histoire aussi facilement que l'auteur devait l'espérer.
Même si j'étais parfois perdu dans les riches relations entre les différents protagonistes, j'ai été agréablement surpris par l'écriture totalement appliquée de l'anglaise. Et c'est avec beaucoup de plaisir que je lirai sûrement l'un de ses nombreux autres romans.

lundi 16 juillet 2012

Le retour des morts

Le retour des morts est un roman fantastique de John Ajvide Lindqvist, l'auteur suédois de l'excellent Laisse moi entrer.

Présentation de l'éditeur :
Stockholm, le 13 août 2002... un orage électrique terrasse les vivants... et fait se lever les morts.
Tous ceux qui ont disparu depuis deux mois reviennent à la vie.
Dans quel état ? Dans quel but ?
Au cœur de toutes les familles, l'espoir et l'horreur se mêlent bientôt.
Inextricablement.
Avec un réalisme sidérant et la sensibilité unique qui est sa marque, John Ajvide Lindqvist réinvente le roman de morts-vivants comme il l'avait fait pour le thème du vampire avec "Laisse moi entrer", adapté deux fois au cinéma.

Après s'être attaqué avec beaucoup de délicatesse et de poésie au mythe des vampires, l'auteur se lance cette fois-ci dans la légende des morts-vivants. Comme pour son premier roman, il s'approprie totalement le style pour le rendre plus humain, plus réel. L'auteur se détache totalement du 'Romero Like' et offre avec finesse un excellent roman qui laisse plusieurs pistes de réflexion sur la mort et l'inconnu en général.
Avec Laisse moi entrer, l'auteur avait repris à sa façon l'histoire de Roméo et Juliette. Ici, Le retour des morts fait toujours référence à Shakespeare mais au féérique Le songe d'une nuit d'été. J'ai apprécié son approche sur la vie après la mort, préférant nommer ces créatures des revivants plutôt que des morts-vivants. Outre cette référence à Shakespeare, et dans un style plus contemporain, on peut se rapprocher de Fido ou même de Land of the Dead pour cet envie d'humaniser le mort, lui donner le titre de renouveau car il apprend à nouveau. A communiquer par exemple.

Il n'est pas mort. Il existe.

Mais la véritable originalité de ce roman est sa montée crescendo de la panique que provoque l'arrivée des revivants. L'auteur s'éloigne complètement du caractère gore du genre (quoi que ...) pour faire passer ces créatures comme des étrangers qu'on écarte, dont on a peur. On commence par désirer les voir, puis ne plus voir en eux ceux qui nous étaient proches. On les rejette alors ou on tente de les protéger.
John Ajvide Lindqvist continue de nous glacer le sang avec un nouveau conte stupéfiant et angoissant où sont décrites les réactions de plusieurs familles retrouvant l'un de leurs proches récemment décédé. Chacun réagira différemment, mais quelle est la bonne attitude face à ce type de miracle ?
Et nous, comment aurions-nous réagi ?

lundi 9 juillet 2012

¡ Viva la muerte !

¡ Viva la muerte ! est le premier roman de Frédéric Bertin-Denis aux éditions Kyklos.

Présentation de l'éditeur :
Cordoue, novembre 2008. De respectables vieillards se font massacrer selon des méthodes héritées de l’Inquisition. Pour élucider ces crimes, l’inspecteur-chef Manuel El Gordo va devoir se replonger dans les arcanes du franquisme ainsi que dans son passé familial.
À l’heure où les idées les plus réactionnaires resurgissent, ¡ Viva la muerte ! ravive utilement la mémoire sur le rôle pervers et coupable des grands piliers de la dictature du généralissime Francisco Franco. 

¡ Viva la muerte ! criaient les franquistes durant la guerre civile espagnole. Vive la mort. C'est avec ce titre très démonstratif qu'on se lance dans cette fabuleuse et vibrante histoire.
L'inspecteur Manuel El Gordo enquête sur une étrange série de meurtres prenant pour cible de respectables vieillards, au premier abord, et mettant en scène des méthodes de torture qui n'ont rien à envier aux "pires" films du cinéma sans jamais tomber dans le gore inutile. Le flic va devoir fouiner dans le passé peu glorieux de ces victimes pour comprendre ce qui les relie entre eux et au mystérieux tueur. On se délecte alors d'une passionnante fresque historique racontée avec beaucoup d'humour et d'anecdotes enrichissantes.

Je suis sûr qu'on a besoin de l'histoire, non pas pour punir [...] mais pour comprendre.

¡ Viva la muerte ! se lit très bien. Aucun temps mort sur ces plus de 500 pages. Le rythme est sans cesse ranimé par les changements d'époque et des révélations surprenantes. Le roman prend aux tripes, je ne l'ai pas lâché depuis que je l'ai tenu.
Tous les personnages ont leur charme, leur histoire et leurs secrets. Les découvertes sur le passé de certains d'entre eux ont l'originalité de se faire sous forme épistolaire. Certains de ces passages sont d'ailleurs véritablement envoutant tant on est happé par des confidences hors du commun.
Avec son humour et sa narration efficace, ¡ Viva la muerte ! est un gros coup de cœur ! Plus que cela, c'est un roman utile voire nécessaire pour remettre les idées en place en ces temps qui se compliquent ...

mardi 26 juin 2012

Le verdict

Le verdict est une nouvelle de Franz Kafka.

Présentation de l'éditeur :
Dans la nuit du 22 au 23 septembre [1912], Kafka a écrit "Le Verdict". De la première à la dernière ligne, ce texte est empreint de vertige. Kafka nous propose la traversée périlleuse d'un pont qui mène d'une rive -l'enfance- à une autre, qui n'a pas de nom. Le père est le gardien royal de ce pont et il convient, malgré l'amour et la piété, de monter sur ses épaules pour aller voir plus loin, mieux et ailleurs, quelle que puisse être la douleur éprouvée.

Écrit en une seule nuit, Le verdict est un ouvrage très court mais tellement important pour connaître l'auteur. La nuit, c'est le moment durant lequel l'écrivain se prenait au jeu de l'écriture, et parmi l'une d'entre elles naquit Le verdict, symbole d'un conflit père-fils qui le ronge depuis toujours.

Bien que décati, le père de Georg Bendemann reste malgré tout le maître des lieux. Il arrivera en quelques phrases à ridiculiser son fils, le renier, le déshonorer et même le condamner. Et malgré la jeunesse du fils, sa possibilité de partir et d'être libre, il n'arrivera pas à lutter face à cette figure imposante, voire écrasante, qu'est le père.

Prisonnier par ce manque d'affection, cette présence quasi militaire qui l’effraiera tout au long de sa vie, Kafka trouve les mots justes, de véritables symboles, pour raconter ce qu'il vit et ressent. Vingt pages bouleversantes pour une nouvelle des plus surprenantes.

Tu sais maintenant qu'il y avait encore autre chose que toi sur cette terre, car jusqu'ici tu ne connaissais que toi ! [...] Voilà pourquoi je te condamne maintenant à périr noyé !

dimanche 24 juin 2012

Sombres créatures

Sombres créatures est un roman de Doug Allyn aux éditions Télémaque récompensé par par moins de cinq prix littéraires.

Présentation de l'éditeur :
Un pit-bull femelle totalement déchiqueté trouve encore l’incroyable force de se relever.
Le labrador d’une famille juive est marqué au fer rouge d’une croix gammée.
Crimes sanglants et faits divers violents… Qui sont vraiment les sombres créatures auxquelles le Dr David Westbrook, vétérinaire récemment sorti de prison et dévoué aux causes perdues, est confronté dans le comté d’Algoma, au cœur du Michigan ?

Sombres créatures est un roman sous formes de recueil de nouvelles. Le vétérinaire David Westbrook est l'élément commun à toutes les histoires de l'ouvrage. Cet élément nous donne bien entendu l'impression de lire une seule et même histoire alors qu'on assiste à plusieurs épisodes de la vie du personnage principal. Plusieurs nouvelles donc, toutes de haute qualité.
Jeune vétérinaire, David voit passer de nombreuses personnes dans son cabinet. Ce cabinet qui devient un peu un lieu de confidences, voire même de pénitence. Il se retrouve alors embarqué dans des aventures parfois bien dangereuses sous sa casquette de détective malgré lui. Le docteur David Westbrook est un personnage auquel on s'attache facilement, il est droit, juste, et comporte une grande part de mystères.

Guérir les animaux peut être intense. [...] Mais je n'y avais jamais songé comme à une activité dangereuse.

Mais ce vétérinaire de campagne n'est pas le seul personnage qui revient à chaque nouvelle histoire. Les animaux, des chiens principalement, ont une place toute aussi importante que David. Parfois victimes, parfois bourreaux, ces canidés ne sont que le reflet de leur éducation. Ils font preuve de courage, montrent leur attachement à leur maître et nous bouleversent finalement à chaque fois. On ressent beaucoup d'amour de la part de l'auteur envers les animaux.
Qui sont ces créatures sombres mentionnées par le titre ? Sont-ce ces animaux victimes de la bêtise humaine ou plutôt leurs maîtres cupides et sans cœur ? Doug Allyn donne dans l'humour et les émotions avec une écriture efficace et une narration intelligente. Une lecture parfaite pour cet été.

mardi 12 juin 2012

N'ouvre pas les yeux

N'ouvre pas les yeux est le nouveau roman de John Verdon aux éditions Grasset.

Présentation de l'éditeur :
Après avoir résolu « l'affaire 658 », Dave Gurney avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus. Mais quand il se retrouve confronté au meurtre le plus macabre et insoluble de toute sa carrière, difficile de résister…
Une jeune femme, Jillian Perry, a été retrouvée décapitée le jour même de son mariage, dans la somptueuse propriété des Ashton. Tout accuse le jardinier mexicain, un certain Hector Flores, qui demeure introuvable depuis. Gurney, appelé en dernier recours par la mère de la victime pour retrouver Flores, s'aperçoit bientôt que la mariée n'avait rien d'une oie blanche… Hystérique, violente, manipulatrice et nymphomane, elle avait d'ailleurs été l'élève de Scott Ashton, jeune psychiatre en pleine ascension et fondateur d'un institut pour enfants « difficiles » – avant de devenir sa future épouse…
Les préparatifs de la cérémonie ayant été intégralement filmés, Gurney les visionne et ne tarde pas à se rendre compte qu'on l'a lancé sur une fausse piste. Mais quand il retrouve, posée sur son propre lit, une poupée décapitée, il comprend qu'il risque d'être la prochaine victime du meurtrier insaisissable… Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que son enquête va le mener bien au-delà du meurtre – dans la toile inextricable d'un ennemi terrifiant, tentaculaire et, surtout, très patient…

L'auteur du thriller 658 fait ressurgir son détective retraité David Gurney pour une nouvelle énigme qui paraît, à chaque nouvel indice, de plus en plus impossible à résoudre. Je n'ai pas lu le premier opus de ses aventures et le découvre donc dans ce roman.
Je serai moins enthousiaste que beaucoup d'autres blogueurs au sujet du roman car j'ai eu beaucoup de mal à le terminer, ou plutôt à le commencer. Ce qui m'a le plus dérangé ce sont les deux ou trois cent premières pages qui sont trop longues, trop lentes ... L'action a du mal à se mettre en place et l'histoire a eu du mal à me garder captivé.
Le personnage du détective est très bon quant à lui. Bien que ce soit le genre de personnage déjà rencontré à de nombreuses reprises, on se plait à le suivre et à vivre avec lui ses déboires personnels.

c'était un raz de marée qui l'éloignait de tout ce qui comptait d'autre à ses yeux

L'enquête se complexifie au fur et à mesure mettant l'accent sur différentes formes d'art qui donnent une certaine beauté dans l'orchestration de ce meurtre sordide.
Malheureusement pour moi certains indices m'ont vraiment interpellé et dirigé vers une piste qui s'est avérée être la bonne. Ceci n'a en rien gâché ma lecture du roman qui prend un véritable coup de fouet dans sa seconde partie. L'histoire part assez loin, on se demande même jusqu'où elle va aller en espérant qu'elle ne tombe pas dans le ridicule.
Au final, j'ai regretté que l'intrigue prenne tant de temps à se mettre en place et que certaines parties n'aient pas été assez traités donnant un sentiment d'inachevé. Mais j'ai apprécié la grande complexité et originalité de l'énigme.
Je ne doute pas que N'ouvre pas les yeux trouvera de nombreux lecteurs enthousiastes.

vendredi 1 juin 2012

Mes conversations avec les tueurs

Mes conversations avec les tueurs est le nouvel ouvrage de Stéphane Bourgoin, le spécialiste français des tueurs en série.

Présentation de l'éditeur :
"Cela fait trente ans que j'interroge les serial killers. J'ai rencontré plus de soixante-dix de ces tueurs et tueuses multirécidivistes aux quatre coins de la planète. J'ai accumulé des ouvrages de criminologie, journaux de faits divers, archives de police, photos et vidéos de scènes de crimes, confessions, dessins et écrits.
Dans mes livres, j'ai toujours présenté les serial killers de manière distanciée, sans porter le moindre jugement ni faire part de mon ressenti. Dans
Mes conversations avec les tueurs, je désire vous faire partager l'envers du décor. Vous montrer l'épreuve physique de ces rencontres, les moments d'angoisse qui précèdent les entretiens, la peur, parfois. Vingt ans plus tard, mon corps se souvient encore de la terreur qui s'est emparée de moi lors de ma rencontre avec Gerard Schaefer, un ex-policier accusé du meurtre de 34 femmes en Floride. Dès l'instant où je me suis trouvé face à lui, j'ai eu le sentiment d'être confronté au Mal absolu.
Je suis préparé, mentalement, à rencontrer ces "personnages" plus ou moins hors du commun. Mais à mon retour à Paris, je me demande parfois si ces voyages ont eu lieu. Oui, ils sont bien réels. Et incroyables."

Bienvenue en enfer, au cœur même de la folie meurtrière. Stéphane Bourgoin nous livre ses expériences, mais surtout les confidences que lui ont fait les tueurs qu'il a interviewés. Au delà de simples interviews et commentaires, ce sont également de véritables confidences que l'auteur nous livre sur lui-même.
Ses angoisses, ses peurs qui ressortent lorsqu'il se retrouve face à ces monstres. Et il a sélectionné ceux dont le parcours est riche en cruauté. Dignes de grands romans policiers, ces tueurs en série paraissent tout droit sortis de l'imaginaire. Imaginons quelle angoisse cela à dû être de se retrouver face à eux... Stéphane Bourgoin se confie de la meilleure des façons à ce sujet, rendant l'ouvrage absolument fascinant.

Pour tout un chacun, l'endroit le plus dangereux n'est pas un parking isolé la nuit ou la sortie de discothèque à quatre heures du matin, mais le lieu de résidence.

Après un avant-propos qui vous met directement dans l'ambiance, les chapitres courts s'enchainent et laissent découvrir l'un après l'autre une séquence avec un tueur en série. On apprend à le connaître et bien souvent il se laisse prendre au jeu de l'interview et dévoile de nombreuses douleurs dans son enfance.
L'ouvrage, bien qu'il soit court, est vraiment intéressant. Les témoignages sont parfois bouleversants et donnent des indices sur la naissance d'un tueur en série... certains le deviennent, d'autres semblent naître comme cela. Ils sont à peu près tous différents mais leur point commun, leur pulsion meurtrière, en a fait des monstres.
Mes conversations avec les tueurs est un témoignage poignant de Stéphane Bourgoin sur ses investigations sur les tueurs en série. C'est un ouvrage qu'il est impossible de reposer sans l'avoir lu entièrement. Une excellente lecture qui m'a réellement troublé !

samedi 19 mai 2012

Prions pour la mort

Prions pour la mort est un thriller d'Olivier Gérard, l'auteur de l'excellent Te retourne pas, Handala !

Présentation de l'éditeur :
Voulant sauver des millions de vies, va-t-il le payer de sa propre mort ?
Martonne, quarante ans, directeur d’un laboratoire indépendant, s’apprête à révolutionner le traitement du cancer du poumon avec une nouvelle molécule. Très vite, dans la sphère très fermée des géants de la pharmacie, les manœuvres s’aiguisent pour engloutir le petit - mais génial – inventeur.
Tâche facile : ayant investi tout son capital dans le développement de son médicament, Martonne est à fond de cale. Calixte Ellsner, deuxième mastodonte mondial des laboratoires, jette son dévolu sur lui : il lui propose le rachat. Martonne refuse.
Erreur fatale.


Te retourne pas, Handala ! avait été une monstrueuse claque pour moi, il est donc normal que je lise à nouveau un des romans d'Olivier Gérard. Dans un tout autre genre, pas très éloigné tout de même, j'ai retrouvé l'écriture souple et travaillée de l'écrivain. Pari réussi, Prions pour la mort n'est pas le genre de thriller à se noyer dans la masse des trop nombreuses sorties. Tentons d'expliquer pourquoi.

Premier constat, à chaud, après avoir reposé l'ouvrage. Je l'ai lu vite, très vite. Impossible de le lâcher tant on est pris dans l'histoire. La trame peut paraître classique ou déjà vue mais elle a l'incroyable sensation de paraître réaliste. Son personnage principal est affectueux et on se retrouve facilement dans son caractère légèrement effacé mais courageux, et surtout très humain.

Prions pour la mort est un drame réaliste mettant en scène des firmes pharmaceutiques qui s'enrichissent sur le dos des victimes. Ce qui n'est pas sans rappeler les chèques distribués à certains personnages importants politiques aux États-Unis ...ou encore, pour rester dans le monde de la culture, le roman m'a également fait penser au très bon film Le nouveau protocole avec Clovis Cornillac.

Olivier Gérard n'épargne pas son personnage principal, Martonne, le rendant fugitif, poursuivi par la police mais également par l'un des plus importants PDG du milieu pharmaceutique. Mais il doit faire face à des démons personnels et des pulsions rares pour un personnage de roman.
Coup de maître, Prions pour la mort confirme toutes les qualités que j'avais trouvées dans Te retourne pas, Handala !
Je le conseille vivement. De quoi se poser de nombreuses questions sur la façon dont tourne la Terre ...

Les voix du crépuscule

Les voix du crépuscule est un thriller de l'américaine Lisa Unger.

Présentation de l'éditeur :
Un jeune homme revient aux Hollows, sa petite ville de jeunesse, là où sa mère a brutalement disparu quand il avait 15 ans. Cette disparition n’a jamais été élucidée et il veut à tout prix comprendre. En interrogeant à nouveau ses anciens voisins et amis, il découvre que chacun a caché bien des choses aux policiers…


Un flic à la retraite en proie à ses vieux démons, une jeune fille mythomane et mal à l'aise dans cette nouvelle vie suite au divorce de ses parents, une voyante, un couple qui se déchire petit à petit et Michael, un homme revenu sur les traces de son passé et qui va déterrer tous les secrets qui sont enfouis aux tréfonds des Hollows. Les Hollows, une petite ville bien tranquille, trop tranquille pour être honnête.

Les voix du crépuscule est pourvu d'une atmosphère oppressante due à une multitude de suspicions que se jettent les uns aux autres. Les gens ne parlent pas et semblent vouloir taire ce qui s'apparente à un tabou. La disparue.
Mais la ville regorge de ressources, qu'elles se trouvent sous terre dans les galeries minières, ou dans chacune des rues des Hollows. Chacun des personnages a son histoire parfaitement décrite. Lisa Unger ne ménage aucun d'entre eux, leur façonnant un caractère propre à chacun et leur donnant un intérêt, une raison d'exister dans son roman.

Malheureusement j'ai trouvé le temps long. L'auteur prend peut-être un peu trop son temps pour poser son histoire et multiplier ses personnages. Ce qui n'empêche les nombreuses qualités, comme tout simplement l'écriture simple et fluide. Les voix du crépuscule se vivent plus comme un drame réaliste qu'un thriller.

mardi 8 mai 2012

Livres à la rue (Léognan - 33)


Samedi 12 Mai j'y serai ! En tant que vendeur ... et acheteur bien évidemment !
Venez nombreux les girondins, on vous attend. De nombreuses animations au programme.

Citation du site de l'association MarquePage :

« Livres à la rue » est un vide-grenier spécial livres organisé en partenariat "Mairie de Léognan / Association MarquePage".
L'inscription actuellement close est réservée aux particuliers.
La manifestation aura lieu le samedi 12 mai 2012 à Léognan (entre la cour de l'école Marcel Pagnol et L'Espace Culturel G. Brassens).
Désherbage de la bibliothèque de Léognan : vente des livres au profit de l'Association MarquePage.
Tout au long de la journée auront lieu diverses animations.
Programme de la journée (animations gratuites) :

10h à 12h : Démonstration de calligraphie latine par Laurence Bucourt, calligraphe
10h30 : Contes pour les enfants - 3-6 ans
10h30 à 11h30 : Atelier bricolage papier - à partir de 6 ans
11 h : Lecture spectacle itinérantepar la Cie Les Délivreurs de Mots - Histoires fantasques et ludiques pour toute la famille
14h à 16h : Atelier de calligraphie par Laurence Bucourt - Sur inscription
14h30 à 15h30 : Atelier bricolage papier - à partir de 6 ans
15h30 : Karaoké Théatre par la Cie Au Coeur du Monde - Les spectateurs sont invités à devenir acteurs...
16h30 : Contes pour enfants - 3-6 ans

Serenitas

Serenitas est un roman d'anticipation de Philippe Nicholson aux éditions des Carnets Nord.

Présentation de l'éditeur :
Paris, dans quelques décennies. La ville est tentaculaire, en proie à l’insécurité et à l’insalubrité. Alors qu’émergent, à sa périphérie, des îlots de luxe pour privilégiés, les quartiers pauvres sont sous la coupe des réseaux mafieux; les services publics ont disparu, laminés par les intérêts privés.
Un soir d’hiver, alors que Fjord Keeling, journaliste au National, a rendez-vous à Pigalle avec un contact qui n’arrive pas, une bombe explose dans la pizzeria d’en face. Douze morts. Fjord était là. Un détail l’a frappé: aucun policier ne circulait dans cette zone habituellement sous haute surveillance. Très vite, le gouvernement, relayé par la presse, accuse les narco-gangs qui gangrènent la capitale et y déversent une nouvelle drogue, la D23. Fjord n’y croit pas. Solitaire par la force des choses, il explore plusieurs pistes de son côté et tombe sur des groupuscules anarchistes et sur un conglomérat ultra puissant: la Ijing Ltd. Une compagnie chinoise qui vend des résidences sécurisées. Témoin clef devenu gênant, le journaliste en cavale croit encore qu’il peut faire quelque chose. Il est le seul.

Sur les traces de l'excellent film d'anticipation Les fils de l'homme, Serenitas est un roman d'anticipation qui dévoile une possibilité d'un futur proche qui empire. Ce type de roman peut servir de défouloir, de véritable coup de gueule contre notre société actuelle ou encore d'avertissement pour éviter ce genre d'avenir à la limite de l'inhumanité.
Serenitas offre un scénario apocalyptique pour un homme seul face au géant monstre capitaliste. Le reflet de l'avenir de notre société de plus en plus individualiste. Une société tournée exclusivement sur l'argent abandonnant toute action sociale. Les pauvres sont de plus en plus pauvres, tandis que le riches s'enrichissent toujours plus. Les gens errent dans la rue se tournant sur de maigres consolations, comme la drogue. Tandis que les rois règnent comme des lions, les laissés-pour-compte redeviennent des animaux sauvages perdant petit à petit leurs miettes d'intelligence pour laisser place à leurs instincts primaires.

Serenitas. [...] Un saphir planté dans un champ de boue.

Philippe Nicholson propose une vision très politique du futur. On voit par exemple à quel point l'image véhiculée en masse par les médias peut être dangereuse quand elle est mal exploitée ou mal comprise. Ce n'est également pas un hasard si l'auteur a choisi une entreprise chinoise pour racheter des morceaux de pays ou privatiser des villes entières. Ce n'est pas sans rappeler l'actualité.
Serenitas est pourvu d'un très bon personnage principal, tout à fait habillé pour le rôle. Et malgré de trop nombreux personnages, parfois peut-être pas assez traités pour certains, on est happé par l'histoire et il est difficile de savoir comment tout ce mic-mac va se terminer. Entre trahisons et faux-semblants, la voix d'un seul homme va devoir s'élever haut pour se faire entendre.

Derrière la haine

Derrière la haine est le nouveau roman de Barbara Abel.

Présentation de l'éditeur :
Ce qui sépare l'amitié de la haine ? Parfois, une simple haie de jardin...

D'un côté, il y a Tiphaine et Sylvain ; de l'autre, il y a Laetitia et David.

Deux couples voisins et amis, ayant chacun un enfant du même âge.
Deux couples fusionnels et solidaires qui vivent côte à côte dans une harmonie parfaite.
Jusqu'au jour du drame.
Un tragique accident fait voler en éclats leur entente idyllique, et la cloison qui sépare leurs maisons tout comme la haie qui sépare leurs jardins ne seront pas de trop pour les protéger les uns des autres. Désormais, les seuls convives invités à la table des anciens amis s'appellent Culpabilité, Suspicion, Paranoïa et Haine...

On en connait des histoires de voisinage qui se passent mal, et notamment dans le cinéma avec le sympathique Mon voisin le tueur, le succulent Mes chers voisins ou encore, ce qui s'en approche le plus ici, Harcelés. On peut donc prendre peur au départ, se disant que les auteurs francophones veulent faire dans le thriller américain, mais non, le concept de Derrière la haine est bien trouvé et son scénario bien ficelé.
De chaque côté on retrouve un couple assez jeune avec un enfant du même âge. Tout est fait pour que les deux familles s'entendent à merveille, et c'est d'ailleurs ce qui se passe ... au départ. Plus leur relation avance et plus les deux familles se rapprochent jusqu'à former une nouvelle et grande famille. Mais de petits conflits apparaissent, et de ces conflits naissent des soupçons. Et c'est sans compter sur LA grande catastrophe qui va définitivement détruire leur relation.

L'amitié est une force dont nul ne peut prétendre pouvoir se passer.

Commencent à apparaître alors la parano, la suspicion et les petits coups en douce. Ils auraient pu en rester là. Se réconcilier, déménager, nombreuses sont les solutions. Et c'est là que le roman devient véritablement original et intéressant.
Derrière la haine, et non derrière la haie, est au final une histoire très sombre, un thriller aux limites du roman noir. L'auteur instaure avec brio un climat de confiance qui va peu à peu se dégrader, on s'imagine parfaitement dans la peau des personnages et le roman en devient impossible à lâcher.
Une très bonne lecture à découvrir !

samedi 5 mai 2012

Paris la nuit

Paris la nuit est le premier roman de Jérémie Guez et le premier opus de ce qui devrait devenir sa trilogie parisienne.

Présentation de l'éditeur :
Abraham est un petit dealer du quartier de la Goutte d’Or. Son quotidien : embrouilles, défonce et nuits blanches. Un jour, il décide de tenter un gros coup avec sa bande de potes en braquant une salle de jeux illégale.

Immersion totale dans un Paris sombre, un Paris dangereux aux rues sales et aux habitants pas très nets. Pas le Paris des touristes, cette ville lumière qui fait tant rêver mais un Paris réel, celui qui est vu et vécu chaque jour par ses habitants.
Et Abraham, l'un de ces citadins, est l'exemple même de ce pion qui se déplace calmement sur l'échiquier parisien. Avide d'argent, mais loin d'être une petite frappe ou encore une gueule de truand, il va user de sa malice pour monter un gros coup. Mais on s'en sort rarement indemne d'un coup comme celui-ci. Stress, parano, isolement, début d'une violence dont on ne soupçonnait pas l'existence ...
Paris la nuit sent l'odeur du sang versé sur les pavés d'une ruelle mal éclairée. Paris la nuit se propage doucement dans nos veines de lecteur nous rendant dépendant à un genre littéraire froid, dur mais magnifique ; le roman noir urbain.

il ne doit pas voir le monstre que nous avons créé en face.

Roman extrêmement noir vous l'aurez compris, Paris la nuit se lit d'une traite tant on est happé par cette histoire, mais également par le peu de pages du roman. Entre parenthèses, il m'a beaucoup fait penser à l'excellent Braquages de Christian Roux.
L'odeur poisseuse de la vieille Paris se propage de rue en rue, les trottoirs où seuls les prostituées et leurs macros règnent en maître sont ensanglantés et la drogue, cette fourbe amie, se répand de leurs narines jusqu'au sang. Paris la nuit, ce n'est pas la ville des lumières mais la ville de tous les vices.