mardi 28 juin 2011

L'enfant-rien

L'enfant-rien est le premier roman de Nathalie Hug écrit sans son conjoint, Jérôme Camut.

Présentation de l'éditeur :
Un enfant solitaire élevé par une mère paralysée par la tristesse se cherche un père et s’invente une autre vie. Adrien vit avec sa maman, aimante mais distante, sa sœur Isabelle, qui a la chance d’avoir un papa qui vient la chercher tous les week-ends, et une maladie des reins qui l’oblige à rester à la maison. Doux et rêveur, souffrant du silence sur les circonstances de sa naissance, Adrien espère une autre vie, le nez collé à la fenêtre du salon. Le jour où sa mère se fait renverser par une voiture et se transforme en « tas-de-fraises-à-la-crème », la possibilité d’une vie comme il l’a rêvée s’ouvre à Adrien. Recueilli par le père de sa sœur Isabelle, il peine pourtant à s’intégrer à la normalité d’une famille. Mais qui est vraiment Adrien, l’Enfant-rien, qui retourne veiller sur sa mère et s’efface dans l’ombre, les souvenirs et les songes ?

Nathalie Hug et Jérôme Camut sont connus dans le monde du thriller français pour l'originalité et la force ressentie dans leurs romans. Après la trilogie des Voies de l'ombre et bien d'autres polars terrifiants, Nathalie semble vouloir une pause après toute cette adrénaline éliminée et prend une tournure plus personnelle et plus dramatique dans sa carrière d'écrivain. Le temps d'un seul roman ? Espérons que non.

Stop, la vie n'est pas un conte de fées.

Délaissant Jérôme le temps d'une bonne centaine de pages, Nathalie nous offre un récit dramatique vu des yeux d'un jeune gamin, Adrien, qui vît avec sa demi-sœur et sa mère. Ne connaissant pas l'identité de son père, il projette son désir paternel sur le père d'Isabelle, sa demi-sœur. C'est donc avec des yeux d'enfants, des yeux remplis d'innocence, d'amour, de joie et d'honnêteté, que nous parcourons cette histoire dramatique.

vide de caresses, avide de tendresse

L'accident de sa mère va être un élément déclencheur chez le jeune Adrien pour avancer dans sa quête de la recherche de son père. Rébellion, humour, pleurs, tous les comportements d'un enfant perdu y passent. Autant dire que le roman se dévore sans temps mort aucun. Le récit est poignant et surprend par son exactitude. L'enfant-rien n'est rien d'autre qu'un drame touchant qui arrive tous les jours partout dans le monde mais dont personne ne semble prendre le temps de s'occuper. C'est un roman qui prend aux tripes et vous touche sans hésitation.
A lire !

Docteur à tuer

Docteur à tuer est un roman policier de l'auteur américain Josh Bazell. Ce polar est sélectionné pour le prix des Lecteurs du Livre de Poche 2011.

Présentation de l'éditeur :
Le Dr Peter Brown est interne dans le pire hôpital de Manhattan. Il a du talent pour la médecine, des horaires infernaux et un passé qu'il préfère taire. Il faut dire que, dans une autre vie, le Dr Brown a été Griffe d'ours, un tueur à gages de la mafia. Eddy Squillante, son nouveau patient, n'a plus que trois mois à vivre, peut-être moins, lorsqu'il découvre qui se cache sous les traits de son nouveau médecin... Avec la mafia, le gouvernement et la mort en personne qui s'abat sur l'hôpital, le Dr Brown parviendra-t-il à survivre et à saisir sa dernière chance de rédemption ?

Jolie surprise, ce roman mafieux mêle efficacement humour et action sans fausse note. L'auteur use de répliques tonitruantes qui permettent au personnage principal, le docteur Peter Brown, d'avoir beaucoup de charisme et d'influence sur notre regard. L'auteur choisit d'utiliser de nombreux flashbacks pour présenter son personnage et nous raconter comment un mafieux, malgré lui, est devenu médecin dans une clinique privée catholique. Chose rare j'imagine ...

Pas de temps morts, des situations cocasses et une bonne dose d'adrénaline sont au rendez-vous dans ce polar totalement efficace. Docteur à tuer est synonyme de bon moment de détente.

Stoppons les mots et regardez cette petite vidéo :


Docteur à tuer - Josh Bazell-trailer from BRM on Vimeo.

mercredi 22 juin 2011

Requiem

Requiem est le premier roman policier de Patricia Rappeneau.

Présentation de l'éditeur :

Lorsque son portable a sonné, Nathan Malocène a poussé un soupir de soulagement. Tant pis pour le déménagement de sa sœur. En bon détective, Malocène ne peut pas se défiler.
Les parents d’Aurore Montrachet ont disparu ! Notables sans ennemis, ils sont bien connus dans la région bourguignonne. Pourtant, ils sont retrouvés morts. Noyade par balles !
L’enquête est confiée à Stoltz, un flic aux compétences… Il connaît bien Malocène et son énigmatique associé Grégoire Fine. Entre eux, il y a des fantômes… Stoltz espère en profiter pour régler ses comptes. Peu importe si sa version ne cadre pas avec les faits.
Dans ce climat pesant, Nathan doit rétablir la vérité. Il va devoir fouiller la vie privée des uns et des autres. Occasion de découvrir l’univers de son associé. Nathan Malocène n’a pas idée du plan machiavélique qui se trame. Une chose est sûre : la vie humaine n’a pas grande valeur.

C'est parmi un florilège de fautes d'orthographe non corrigées que le récit s'installe avec, pourtant, une plume légère et loin d'être désagréable. Les bases du polar sont là, tout est fait pour appâter les lecteurs de roman policier des moins aux plus inconditionnels. Quoique ! Le manque de punch se fait cruellement ressentir par moment et on se retrouve bien loin d'un page-turner à l'américaine. Mais est-ce si mal ? Bien sûr que non tant qu'on ne tombe pas dans le trop classique.

Requiem évite (de justesse) d'être classé parmi les romans policiers qui suivent une trame familière pour les habitués. Ce qui sauve principalement le roman est le travail effectué sur les personnages. L'auteure a réellement donné vie à ceux-ci en dressant leurs portraits psychologiques avec beaucoup de justesse. 

Malgré quelques longueurs, j'ai apprécié le roman notamment pour ses personnages attachants mais également pour la capacité de l'auteure à faire monter la pression par moment. Patricia Rappeneau sait incontestablement manipuler les ficelles du roman policier mais ne prend assurément pas assez de risque pour sortir des sentiers déjà battus maintes fois. Néanmoins, nul doute que le roman saura trouver son lectorat !

mardi 21 juin 2011

L'année où Rosetta a été tuée

L'année où Rosetta a été tuée est un polar italien d'Alessandro Perissinotto.

Présentation de l'éditeur :
« Pourquoi rouvre-t-on cette affaire si longtemps après ? Sûrement un ordre d’en haut. Le préfet ? Un député ? Le président de la République ? Le pape ? Inutile d’y penser. Il faut respecter la consigne de la plus grande discrétion ! Le seul à connaître la véritable raison de ma présence, c’est ce maire logorrhéique, un vrai moulin à paroles. Pourtant je n’ai pas le choix, ses propos sont le seul moyen de reconstituer ce qui s’est passé l’année où Rosetta a été tuée : le seul espoir de découvrir quelque chose. Je ne peux qu’écouter. »
Dans un village perdu du Piémont, un commissaire enquête sur la mort tragique de Rosetta survenue quelque vingt ans plus tôt. Affaire de famille ? Crime politique ? Fausses pistes, renseignements sibyllins, mythologie locale — l’enquête progresse tant bien que mal dans un milieu hostile et fermé. Pénétrant peu à peu dans le labyrinthe du passé qu’on a effacé à dessein, parviendra-t-on à reconstituer la vérité ?

Première remarque, premier étonnement, la narration est originale et bien particulière. Pas sûr qu'elle plaise à tout le monde, ça n'a d'ailleurs pas été toujours mon cas. Des chapitres courts à la première personne, et un chapitre sur deux est dédié à l'un des protagonistes : le commissaire et le maire de la ville censé aider ce premier à mener à bien son enquête.

Mais entre mensonges, révélations et attitudes des plus étranges, le policier en mission secrète s'y perd. Différents scenarii  viennent s'ajouter au fur et mesure que les indices remontent de la surface. Le passé se confond au présent et l'on s'imagine avec beaucoup de facilité les scènes des deux époques se mélanger pour nous offrir, au final, une vision des plus cauchemardesques des horreurs du passé.

La narration aide beaucoup à apprécier le personnage du commissaire et à mener à bien l'enquête en sa compagnie. Malheureusement, celle-ci est parfois énervante à suivre et m'a même fait décrocher à plusieurs reprises. Malgré cela, le roman est doté d'un point fort : son décor sombre, brumeux, sur lequel joue souvent l'auteur pour captiver son lecteur. Roman court à la narration et à l'atmosphère étranges, L'année où Rosetta a été tuée se démarque incontestablement de ce qu'on a l'habitude de lire et mérite d'y jeter un vague coup d’œil.

samedi 11 juin 2011

La théorie des dominos

La théorie des dominos est un roman de l'écrivain anglais Alex Scarrow. Ce roman est sélectionné pour le prix des lecteurs du livre de poche 2011.

Présentation de l'éditeur :
Lundi : série d’attentats sur les réserves pétrolières.
Mardi : effondrement des marchés. Mise en quarantaine des transports.
Mercredi : restriction de l'approvisionnement en vivres et en énergie.
Jeudi : coupure de l'électricité, magasins pris d’assaut.
Vendredi : La panique et le chaos s'’emparent de la rue. Le scénario apocalyptique est en marche. Un seul homme peut l'arrêter.
Un thriller d'un réalisme effrayant, une tension extrême : les débuts fracassants d’un jeune écrivain considéré dans le monde entier comme le successeur de Robert Ludlum et de Tom Clancy.

Un pitch fracassant qui promet de nombreuses sensations et de grosses goûtes de sueur. Une succession de catastrophes qui s'enchaînent les unes après les autres prouvant que le monde ne vaut pas mieux qu'un délicat château de cartes. La théorie des dominos est purement un roman catastrophe aux relents apocalyptiques. Rien de mieux qu'une bonne histoire de ce type pour passer un bon moment.
Le récit se concentre principalement sur une famille anglaise dont chacun des membres est séparé des siens. Leur but, bien entendu, est de tous se retrouver pour affronter les délires humains qui hantent nos rues.

Je ne me rendais pas compte à quel point... le monde est fragile

Scénario catastrophe sur fond de critique sociale, La théorie des dominos prend vite aux tripes mais finit par nous noyer dans une légère platitude qui s'installe au fur et à mesure des chapitres. Et pour ce genre de roman, l'inaction, même la plus courte, est fatale. Elle casse le rythme et j'ai eu beaucoup de mal à raccrocher.
Malgré tout l'idée de départ est intéressante et montre à quel point nous sommes dépendants du pétrole. Le pouvoir de l'argent se voit mis à mal par les attentats placés efficacement sur l'une des matières premières les plus utiles à l'Homme de nos jours.
Mais ce n'est pas le seul message dont l'auteur veut nous faire part, il dénonce avec finesse l'écart qui se creuse entre ceux qui profitent et ceux qui subissent. La théorie des dominos est donc un roman inégal qui a tout de même de bons côtés puisqu'il se veut très réaliste et astucieux.

Mortelle Hôtesse

Mortelle hôtesse est un roman policier de Bernard Pasobrola.

Présentation de l'éditeur :
Des passagers décèdent de mort pas tout à fait « naturelle » à bord du TGV Paris-Londres. Un homme est kidnappé dans une clinique de thérapie génique près de Genève. Un virus inconnu cause une épidémie de cécité à Anvers. Les Militantes d'une ONG lancent une campagne de presse qui s'achève par une sanglante tuerie dans un hôtel de Londres.
Quelqu'un découvre qu'il existe un lien entre cette série d'événements. Il se nomme Richard Meyer. Il est agent de renseignement pour le compte d'une officine privée et sa mission consiste à retrouver Humbert Katz, un patient dont on a perdu la trace quelques mois plus tôt.
Prise dans le tourbillon d'une guerre sans merci entre sociétés transnationales, son enquête se transforme en un périple forcené à travers l'Europe au sein d'un  univers dont le burlesque apparent a du mal à dissimuler l'impitoyable violence.
On retrouve dans ce roman à l'architecture maîtrisée et à l'humour caustique plusieurs personnages de l'Hypothèse de katz du même auteur paru initialement aux éditions Denoël.

Rendre aveugle les professionnels du diamant, c'est la marque d'une sanction volontaire. C'est à Anvers que ces diamantaires subissent la fureur de ce virus châtieur, car Anvers est la capitale mondiale du diamant. Alors que l'épidémie se propage, un homme développe des anticorps contre le virus. Commence alors une guerre sans merci entre multinationales dont il est l'objet central.
Richard Meyer, personnage très charismatique dont on prend un véritable plaisir à suivre les pas, part à la recherche de cet homme qui a été enlevé. En parallèle, il tente d'enquêter sur le meurtre étrange de son ami qu'il surnomme Gro survenu dans le TGV Paris-Londres.

Ces "bionistes", "transhumanistes", "posthumanistes", "cyberphiles", quel que soit le nom qu'on leur donne, sont tous de dangereux charlatans.

Sous ses airs de roman d'espionnage et de scénario d'action, Mortelle Hôtesse cache une véritable âme littéraire. Pourvu d'un style appliqué, le roman est agréable à lire et ce, même malgré quelques longueurs. Les intrigues ont beau se multiplier, l'idée principale du roman reste intègre. Quel message peut-on décrypter derrière ce virus ? Ce virus au goût du sang qui reste collé à la surface du joyau tant convoité par tout le monde.
Mortelle Hôtesse étonne par son intelligence et l'efficacité de sa plume. Le pitch de départ et son titre ne m'emballaient pas tant que ça mais j'ai été surpris par cette capacité à analyser et à nous laisser réfléchir sur des thèmes brulants et majeurs pour notre société. Malgré quelques légères imperfections à mon goût personnel, le texte de Bernard Pasobrola se trouve être une belle réussite.

lundi 6 juin 2011

Vendetta

Vendetta est un roman de RJ Ellory, l'auteur du fabuleux Seul le silence déjà chroniqué sur ce blog. Le roman est sélectionné pour le prix des lecteurs du Livre de Poche 2011.

Présentation de l'éditeur :
2006, La Nouvelle-Orléans. Catherine, fille du gouverneur de Louisiane, est enlevée. Son garde du corps est assassiné. L'enquête est confiée au FBI. Très vite, le kidnappeur, Ernesto Perez, se livre aux autorités... Il veut s'entretenir avec Ray Hartmann, un obscur fonctionnaire qui travaille à Washington dans une unité chargée de la lutte contre le crime organisé. C'est le début d'une longue confrontation entre les deux hommes jusqu'à l'étonnant coup de théâtre final.

Vendetta est une véritable épopée mafieuse à travers l'Amérique depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu'à nos jours. Vendetta ou comment mêler la fiction à la réalité d'une des plus belles des manières ?
Après le choc littéraire Seul le silence, Ellory choisit cette fois de retracer la vie d'un homme itinérant devenu gangster un peu malgré lui et confirme tous ses talents de conteur hors du commun. Il réussit à intégrer son histoire très complexe dans l'histoire des Etats-Unis et de Cuba et fait de son texte une succession de terrifiants brûlots dénonçant les abus de pouvoirs et autres machinations de toutes les époques. On suit avec plaisir les péripéties d'un homme devenu tueur pour le compte de plusieurs familles mafieuses d’Amérique. A la manière d'un Scarface, on suit son ascension vers le sommet de la gâchette et de la truanderie par le biais d'un témoignage poignant au suspense intenable.

Le type a été massacré. Tabassé à coups de marteau et on lui a arraché son putain de cœur...

Mais sous ses airs de violence brute, Vendetta est plus qu'un nouveau récit de gangster et de mafieux, il décrit également les problèmes identitaires d'un homme qui doit passer une partie de sa vie à fuir et qui aimerait, même s'il semble apprécier son métier, fonder une famille et vivre une vie des plus banales. Assistant déjà à un meurtre qui l'a beaucoup touché dans son enfance, Ernesto Perez va voir sa vie entachée inconsciemment par cet évènement. Un évènement qui ne le laissera pas indemne et qui influencera aveuglément ses choix futurs... pour le malheur de toutes ses victimes.
RJ Ellory use d'une plume souple qui nous permet d'avaler sans problème plus de 700 pages sans nous ennuyer le moindre instant. Vendetta est un thriller exceptionnel et un récit formidablement bien construit qui en fait l'un des plus grands polars du moment. A ne pas rater !

Visiblement, la mort n'avait pas de préjugés. Les tombes ne révélaient pas leur couleur, leurs rêves, leurs peurs, leurs espoirs ; elles ne donnaient que leur nom, le moment de leur arrivée et celui de leur départ.