dimanche 31 janvier 2010

L'éclat du diamant

L'éclat du diamant est le premier roman de John Marcus ainsi que la première publication de L'Autre Editions.

Site officiel du roman : www.leclatdudiamant.fr

Présentation de l'éditeur :
« Quel peut bien être le rapport entre l'assassinat du journaliste Frédéric Carloni en plein Pigalle, une bande de vampires assoiffés, un groupe international de communication et Gorgonzola, un petit singe de la tribu des Hominini ? »
C’est sur ces questions que s’ouvre la singulière enquête de ce polar à l’écriture cinématographique. Véritablement immergé au cœur du célèbre « 36, quai des Orfèvres », au sein de l’équipe du commissaire Delajoie, vous serez entraîné, meurtre après meurtre, dans une marche trépidante à travers les hauts plateaux de la publicité, de l’image et de la grande distribution. Une quête de vérité, semée de morts et de fantômes, où la violence des crimes se heurtera à la brutalité ordinaire du quotidien, où les évidences se transformeront rapidement en leurres. Vous voilà donc prévenu : on ne pénètre pas impunément dans la Maison de la mort.


Sur fond d'intrigue policière, L'éclat du diamant s'avère être un texte riche et engagé qui condamne avec beaucoup d'intelligence les méthodes assez hallucinantes de notre société de consommation et des médias. En effet, le lecteur apprend par le biais d'une documentation précise les différentes manipulations mises en place pour amasser toujours plus d'argent. Avec un style à la fois soigné et percutant, l'auteur réalise un double pari en réussissant à la fois un excellent polar et une fiction engagée proche du brûlot social. On notera également quelques autres qualités autour de l'ouvrage dont notamment les bonus proposés sur le site officiel du roman qui complètent l'histoire mais aussi la préface de l'éditeur affirmant son engagement pour la qualité plutôt que pour l'aspect financier.

Eh bien, la télévision n'est plus l'ORTF, ni un outil d'édification ou de « culturalisation » des masses ! Et TF1 n'est pas Arte.

Le roman commence fort et sous ses allures bien proprettes il n'en est pas moins énergique et dérangeant. Comme je l'ai écrit précédemment, sa principale force est son analyse accrue concernant les méthodes peu scrupuleuses des grandes entreprises. Mais ce n'est pas la seule. L'équipe du 36, composée de plusieurs personnages tous attachants, est décrite comme une véritable famille. Une famille complice, vivante et presque attendrissante. Chacun a ses propres particularités, ses problèmes, ses interrogations. Mais ensemble, soudés, ils arrivent à s'entraider pour tenter de résoudre un complot ingénieux parfaitement orchestré. Malgré toutes ces qualités, on peut tout de même remarquer quelques longueurs. Des longueurs pas inutiles puisque culturellement enrichissantes mais elles peuvent parfois ralentir le rythme du roman.

La drogue, c'est cette image animée qu'elle diffuse, car nous entretenons avec elle un rapport quasi pathologique. Nous adorons l'image, l'image est notre idole. Parce qu'elle semble être la vie et qu'elle nous éloigne momentanément, croyons-nous, de la solitude.

De la même manière que l'excellent Videodrome de David Cronenberg, John Marcus et son roman nous embarquent dans une fiction des plus réalistes dénonçant ces entreprises surpuissantes avalant tout sur leur passage. Finalement, on se demande si L'éclat du diamant est un roman policier engagé ou s'il n'est pas plutôt une fiction sociale avec pour trame une enquête policière. Une chose est sûre, ce roman est une jolie surprise. John Marcus signe ici un excellent roman !

lundi 25 janvier 2010

La chambre mortuaire


La chambre mortuaire est le premier opus de la série La cour des miracles de Jean-Luc Bizien. Ce roman a été sélectionné pour le prix des Limbes Pourpres 2009.

Présentation de l'éditeur :
Étrange personnage que le docteur Simon Bloomberg ! Dans son hôtel particulier de la rue Mazarine à la façade presque aveugle, conçu comme une pyramide égyptienne, cet aliéniste au regard pénétrant et à la réputation sulfureuse traite ses patients selon des méthodes avant-gardistes qui font scandale. Lorsque la jeune Anglaise Sarah Englewood entre à son service, elle tombe immédiatement sous le charme de ce scientifique hors du commun, fascinée par le mystère qui l'entoure. Pourquoi ne voit-on jamais sa femme, une archéologue de renom dont les trouvailles encombrent chaque recoin de la maison ? Et pourquoi une des pièces est-elle interdite d'accès ? Tandis qu'une série de meurtres inexpliqués défraient la chronique parisienne, une relation trouble se noue entre l'intrépide Anglaise et l'ombrageux médecin…

Par le biais du site Polar Pourpres, j'ai encore fait une découverte intéressante avec cette Chambre mortuaire de Jean-Luc Bizien. Sélectionné pour le prix des Limbes Pourpres 2009, ce roman ne démérite pas sa place de nominé. En effet, l'auteur utilise un style d'écriture riche avec délice mais aussi avec beaucoup de malice. En plus d'user efficacement d'humour, il décrit, voire peint, avec justesse le Paris de la fin du 19e siècle et donne à son ouvrage un climat original et bien particulier.

A cet instant, il est le maître d'une cité aveugle, il règne sur un vide infini, au milieu des étoiles.

Bien que l'intrigue ne soit pas des plus étonnantes, elle reste efficace et ne devrait pas gêner les amateurs de polar puisque le roman regorge d'autres qualités. Outre l'écriture, le principal aspect positif de l'ouvrage est, à mon sens, l'atmosphère tellement particulière et sombre amenée par l'aliéniste et son entourage. D'ailleurs les personnages sont plutôt bien travaillés. L'énigmatique docteur Bloomberg est intriguant comparé à une Sarah courageuse mais bien moins atypique que les autres protagonistes qui cachent tous une petite part de folie. C'est sur ce dernier point que j'ai trouvé le principal défaut du roman. J'ai eu un mal fou à rentrer dans l'histoire par le biais de Sarah. Malgré cela le roman n'en reste pas moins un polar historique de qualité.


- C'est une histoire de fous et on va chez un aliéniste.

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samedi 23 janvier 2010

Prix Agostino 2010

Faites chauffer votre cerveau et parcourez dès à présent les nombreuses touches de votre clavier pour participer au Prix Agostino 2010 proposé par les Quais du polar.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Quais du polar est un rendez-vous immanquable pour tout amateur de lectures policières. Cette année, bloquez votre week-end du 9, 10 et 11 avril pour vous diriger sur Lyon. Quais du polar est tout simplement l'une des plus grandes manifestations françaises dans l'univers du polar.

Lors de ces trois jours, de nombreux prix sont décernés et notamment le Prix Agostino. Ce prix récompense la meilleure nouvelle pour un thème donné. Cette année, le thème est le suivant :

« Dernier appel avant embarquement ! »

Avion, tour de contrôle, zone publique, zone réservée, salle d'embarquement... L'aéroport est un lieu de vie foisonnant, une ville dans la ville où tout peut se passer. Inspirez-vous en pour construire une histoire, une intrigue, un fait divers, une anecdote, une histoire comme bon vous semble...

Les organisateurs laissent une certaine liberté aux auteurs dans le choix de la forme et du fond de l'histoire mais impose tout de même une contrainte non négligeable : 6000 signes maximum espace compris ! Cela représente à peu près une page et demi sous Word. Il faut donc aller droit au but !

Pour en savoir plus, n'hésitez pas à visiter la page Web dédiée au concours : ici.

Alors, qui va tenter l'expérience ?
Moi ... c'est fait et envoyé !

lundi 18 janvier 2010

Level 26

Level 26 est le premier roman d'Anthony E. Zuiker, le créateur de la célèbre série Les Experts. Encore une nouvelle découverte grâce aux partenariats proposés par le site BOB.

Présentation de l'éditeur :
Les policiers du monde entier répartissent les criminels sur une échelle de 1 à 25, selon leur dangerosité. Un tueur échappe à cette classification.
Cruel à l’extrême, insaisissable, sévissant sur tous les continents, il ne connaît aucune limite ni aucun mode opératoire de prédilection : c’est le niveau 26. Un seul homme peut l’arrêter. Il s’appelle Steve Dark, mais depuis que ce monstre a massacré sa famille, il s’est juré de cesser de traquer les psychopathes. Bientôt, pourtant, il n’aura plus le choix.


La particularité de ce roman est qu'il propose au lecteur de suivre les aventures de Sqweegel et Steve Dark en vidéo sur Internet. Toutes les 20 pages environ l'auteur nous offre la possibilité de nous connecter sur le site Web du livre et de rentrer un mot de passe correspondant au chapitre afin d'assister à la scène.
Sqweegel est un tueur en série d'une cruauté inégalable. Il est une sorte de mélange entre l'ingéniosité de John Doe (de Se7en) et le sadisme de Jigsaw (du film Saw). Si on pousse l'analyse du personnage plus loin, on pourrait même le comparer à un Freddy Krueger des Griffes de la nuit (notamment pour l'utilisation de la comptine). Vêtu d'une combinaison en latex et divinement doué en tant que contorsionniste, ce monstre ne semble pas avoir de mode opératoire et paraît totalement intouchable.
Mais Steve Dark, avec ses allures de Jack Bauer maudit par son passé, ne l'entend pas de la même oreille. Il va tout faire pour arrêter ce meurtrier aux méthodes perverses mais terriblement imaginatif et soucieux des détails. Bien entendu, il devra affronter Sqweegel sans compter sur l'aide d'un gouvernement américain peu amical. Steve est une sorte d'antihéros poursuivit par les ombres de l'enfer ... il le porte même sur son nom.

 Tu ne ferais pas de mal à l'enfant qu'elle porte parce qu'il est innocent, qu'il ne connaît pas le péché. Pour le moment.

Level 26 est un thriller typiquement américain, un scénario fait pour le cinéma, aux multiples rebondissements et aux horreurs plus insoutenables que jamais. Level 26 fait partie de cette nouvelle littérature 'hollywoodienne' servie d'actions et de suspense avec une écriture très simple et un style coupé peu convaincant. Les chapitres sont courts (de deux à quatre pages), ce qui donne un rythme effréné au récit. Tout est fait pour vous occuper et vous torturer l'esprit !
La vidéo apporte parfois un plus à l'histoire. Elle permet de compléter ou de renforcer notre vision des choses. Elle permet également de nous positionner un peu plus comme un acteur de l'histoire, on s'y projette d'ailleurs plus facilement. Par contre, l'utilisation du net peut être parfois contraignante car cela suppose d'y avoir accès à tout moment. Heureusement les auteurs ont fait en sorte que les lecteurs ne soient pas pénalisés s'ils ne peuvent pas se connecter à chaque fois.

Non, même pour l'Unité noire, il y avait des trucs vraiment trop extrêmes.

Au final, Level 26 s'avère être une bonne expérience littéraire. Une nouvelle forme de littérature intéractive commence à voir le jour. J'ai passé un bon moment malgré les multiples erreurs de traductions / corrections (le compteur qui passe de "48:00:00" à "47:00:59", les vers de la comptine qui changent pages 188 et 189 : "Trois, un jour, pleureront" devient "Trois, un jour, mentiront", ou encore les diverses fautes d'orthographe ou de frappes). L'ouvrage aurait donc gagné à être plus soigné mais tout cela n'empêche pas le récit d'être original. Vivement la suite !

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jeudi 14 janvier 2010

projet : Russie


projet : Russie est un ouvrage écrit par un ou plusieurs auteurs anonymes russes. Essai socio-politique intriguant renforcé par un anonymat qui promet de dénoncer et de critiquer sans retenue.

Présentation de l'éditeur :
Refusant par principe de nous poser en auteurs, nous espérons que ce choix aidera à vaincre le soupçon, un mal qui frappe la société entière. Mais comme on dit, un clou chasse l'autre. Nous nous en tenons à ce principe et lançons cet avertissement : n'allez surtout croire personne !
Nous n'avons ni masque, ni visage. Ceux qui vous diront : «Je suis l'auteur de ce texte» ou «Je suis le leader de "Projet : Russie"», seront des menteurs et des provocateurs. Car il faudra naturellement vous attendre à des provocations. L'ami qui vous veut du mal est puissant et intelligent. Mais nous tiendrons bon, non seulement parce qu'il ne sait pas qui nous sommes, mais parce que «l'air et les paroles de ce chant viennent de vous»...

Grâce aux nombreux partenariats par le biais du site BOB, j'ai encore eu la chance de découvrir un ouvrage peu conventionnel. Écrit par un ou plusieurs auteurs anonymes, ce texte fait le point sur la société actuelle et décortique chacune de ses composantes en dévoilant les nombreux complots et secrets qui les animent. Mais originalité, mystère et courage ne rime pas toujours avec qualité et progrès.
Les auteurs dénoncent des stratégies politiques hypnotisantes et l'inefficacité du système mondial actuel en utilisant une écriture riche et une argumentation solide. Malheureusement, les solutions apportées ne valent pas mieux que les propos qu'ils condamnent, bien au contraire ...
Le récit condamne avec haine et acharnement les méthodes et les moyens utilisés pour s'emparer du pouvoir. Intéressant même si l'analyse est parfois poussée à l'extrême. En effet, les Etats-Unis sont bien trop souvent comparés aux nazis, les dirigeants des pays dits traditionnels sont placés pour leur incompétence et la facilité avec laquelle ils sont manipulables, la population n'est formée que de grands enfants obnubilés par le seul but égoïste de se satisfaire par l'achat de produits inutiles ... Bref, les thèmes abordés sont nombreux et, encore un fois, intéressants mais on se demande si on est face à une effarante réalité ou une totale paranoïa. Peut-être un peu des deux.

 le bulldozer américain déboulera sur le reste du monde, ratissant tout sur son passage.

L'ouvrage ne se focalise pas que sur la Russie mais se réfère bien souvent à d'autres pays dont notamment la France. Ces diverses comparaisons démontrent la richesse de leur culture mais les citations et les bribes d'histoire utilisées dans le but de compléter leurs analyses ne sont pas toujours bien appliquées.
Chaque chapitre soulève avec intelligence les vrais problèmes du fonctionnement de notre société qui évolue à vive allure mais ne propose aucune solution acceptable. Le texte prône la monarchie, l'importance de la religion dans la société et le rôle dominant du père dans la famille. Les auteurs font l'apologie de valeurs qui tendaient - heureusement - à disparaître de notre culture.
Les pages défilent affichant à chaque tournant un peu plus d'horreur. L'athée est comparé à un sataniste ("l'athéisme est une religion [...] une variété de satanisme."). L'homme est considéré comme une marchandise ("Car l'homme [...] est toujours vénal, achetable comme une simple marchandise."). Les auteurs énoncent un florilège de valeurs antidémocratiques ("Élections démocratiques ... Sous ce nom se cache en fait une arme redoutable, le moyen le plus sûr d'affaiblir et d'anéantir un pays"). Mais le pire reste à venir. En effet, à de nombreuses reprises les auteurs tiennent des propos homophobes ("le taux d'homosexuels, ou d'autres déviants dangereux pour la société" ou encore avec une citation de l'ancien testament "Si un homme couche avec un homme [...] ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort"). On peut donc fort bien imaginer que derrière le statut d'anonyme se cache un ou plusieurs extrémistes religieux frustrés de ne pas pouvoir élever la voix et prêcher la 'bonne parole' au peuple.

Les gens ordinaires ne possèdent pas de savoir.

Au final et malgré le courage (anonyme) d'offrir ses convictions politiques et religieuses au reste du monde, l'auteur tient des propos qui forment un ouvrage totalement indigeste. Le récit ressemble plus à une propagande antidémocratique qu'à une véritable analyse socio-politique. Ce qui aurait pu devenir une lecture palpitante s'est transformé en un véritable cauchemar.

Terminons tout de même par une citation plutôt juste de l'ouvrage : "Le problème est que chacun a sa réalité.".

lundi 11 janvier 2010

La sirène rouge


La sirène rouge est le premier roman de Maurice G. Dantec. Ce roman a remporté le prix Trophées 813 du meilleur roman francophone en 1994.

Présentation de l'éditeur :
Elle a douze ans, une mère meurtrière et une armée de mercenaires sur les talons. Il a trente ans, l'habitude de tuer et pas grand-chose à perdre.
Ensemble ils vont traverser l'Europe, d'Amsterdam à Porto. Le genre de voyage où les cadavres servent de bornes kilométriques.


La sirène rouge, c'est la rencontre inespérée d'Alice et de Toorop. Alice est une petite fille très intelligente pour son âge et vît avec sa mère et son beau-père fortunés. Lorsqu'elle découvre ce que cachent les mystérieuses activités de ses parents, Alice décide de s'enfuir. Sur son chemin se dresse Toorop, une sorte d'agent très secret aux méthodes peu orthodoxes. Alice a besoin de Toorop. Une relation chaleureuse et amicale va naître entre les deux personnages, une relation de confiance qui va leur permettre de traverser une partie de l'Europe ensemble malgré les hommes à leurs poursuites. A partir de là, on pense naturellement au film Léon de Luc Besson, sorti l'année précédente, et ce n'est pas pour me déplaire !

Sa mère qui ferait tout pour la détruire, maintenant.

Dès le début du roman, le lecteur assiste à une violence inouïe dont est témoin la fillette âgée de douze ans. L'imagination de l'auteur est sans limite et ses descriptions terrifiantes. Il crée un paradoxe qui amplifie ces horreurs en associant les thèmes de mort et de brutalité à une enfant, synonyme de vie et d'innocence.
Plusieurs enquêtes s'effectuent en parallèle pour retrouver Alice. L'une d'entre elles est menée par Anita, flic à Amsterdam et qui s'est prise d'affection pour cette petite que rien ne semble pouvoir sauver, pas même la justice. Lorsqu'Anita, Toorop et les différents brigands parviennent à se rencontrer, plus rien ne tourne rond. Les meurtres s'enchainent tandis que les enquêtes avancent lentement.

ils buvaient le sang de leurs victimes, suspendues par les pieds, dans de splendides coupes de cristal

La sirène rouge est un "road polar" qui laisse des traces de sang le long des nombreuses routes d'Europe. L'auteur nous fait voyager des Pays Bas jusqu'au Portugal sans le moindre répit. Qu'il est agréable de lire un récit ensoleillé par ce temps hivernal ! Outre cet aspect chaleureux, j'ai surtout apprécié la relation croissante entre ce costaud de Toorop et la petite fille fragile qu'est Alice.
Au final, La sirène rouge s'avère être un excellent polar offrant de fortes doses d'adrénaline.

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dimanche 3 janvier 2010

Alberg


Alberg est le premier roman de Jacques Tallote, un artiste peintre, poète et à présent écrivain.

Présentation de l'éditeur :
Plutôt que de partir pour l’Afrique en quête d’un hypothétique emploi, Thomas s’installe à Besançon, où son père possède une maison inoccupée. Dans la boutique du rez-de-chaussée, désertée par le chapelier Alberg, une étrange découverte l’attend : « Ils étaient dix, sanglés d’un solide ruban. Dix ans de vie. Dix épais agendas de commerce in-octavo recouverts de toile noire. » Rédigés par Alberg, disparu deux ans plus tôt, ces carnets sont remplis de poèmes et d’aphorismes obscurs. Très vite, ils entraînent le jeune homme dans un labyrinthe dont il ne soupçonne pas l’étendue. Avec Lucie, qui n’est d’abord pour lui qu’« un pull mohair couleur de feuille de gui », Thomas tente d’en trouver l’issue. Qui donc était Alberg, débarqué un jour d’Argentine ? Est-il retourné vivre là-bas ? Et, surtout, comment se fait-il que ses écrits bouleversent la vie de ceux qui les lisent ?
Deux poissons d’or, un jeu de marelle, la veuve d’un médecin colonial, un barrage colossal ou encore des tickets du tramway de Trieste sont certains des indices qui jalonnent Alberg. Un premier roman construit comme une partie d’échecs, où le roi et la dame mènent la danse, et où le fou n’est pas celui qu’on croit…

Découvert par le biais d'un partenariat avec l'éditeur grâce au site BOB, ce roman s'avère être une agréable surprise tant par le style de l'auteur que par sa richesse culturelle. En effet, l'écriture soignée et aérée de l'auteur agrémentée des quelques passages poétiques donne à cet ouvrage une ambiance légèrement lyrique et parfois même romantique. Ce qui saute aux yeux, dès les premiers mots, les premières tournures, est le style si particulier, si propre, de Jacques Tallote et l'utilisation parfaite d'un riche vocabulaire. Mais l'utilisation, aussi parfaite soit-elle, de la plume ne fait pas une histoire.

Un jour, il était poète. Un autre jour, gardien de phare.

L'intrigue commence pourtant bien ; un jeune homme découvre les carnets personnels de l'ancien locataire disparu. Les différents textes de ces carnets dégagent comme une odeur de mystère et rendent Thomas totalement obsédé par ceux-ci. Mais vers la moitié du roman, j'ai eu l'impression que l'histoire ne savait pas quel chemin prendre, qu'elle s'étouffait déjà sans vraiment avoir débutée. Je ne comprenais pas vraiment cet engouement de Thomas pour cet étrange personnage qu'est Alberg. La principale faute à cette non-immersion dans la peau des différents protagonistes est à priori due au style de l'auteur qui, même s'il est effectivement très bien travaillé, fait souffrir cruellement les dialogues. A aucun moment je n'avais l'impression d'avoir deux jeunes adultes face à moi (Thomas et Lucie). Le récit est sans doute pénalisé par une écriture légèrement trop bourgeoise à mon goût.

Ne plus les lire paraissait à Thomas une défaite du bon sens.

Malgré ces quelques défauts qui ne tiennent qu'à moi, le roman se lit rapidement. D'une part par le fait que le roman soit (trop) court ; environ 170 pages, d'autre part par l'enchainement de phrases qui se glissent avec délice sur nos lèvres et s'engouffrent avec plaisir dans notre esprit. Une agréable surprise donc mais je doute qu'elle reste gravée longtemps dans ma mémoire.

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