dimanche 20 mars 2016

Trois jours et une vie

Trois jours et une vie est le nouveau roman de Pierre Lemaitre paru en mars 2016 aux éditions Albin Michel.

Présentation de l'éditeur :
« À la fin de décembre 1999, une surprenante série d’événements tragiques s’abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt.
Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir.
Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien… » Pierre Lemaitre

Avec ce nouveau roman, le lauréat du prix Goncourt 2013 nous conte une histoire bouleversante avec un jeune personnage attachant en qui l'on peut retrouver certains traits de notre jeunesse. Hanté par la disparition tragique de son jeune voisin et ami, Antoine va connaître de nouvelles angoisses, de nouvelles peurs qu'à son âge il est impossible de gérer seul. Et pourtant, c'est bien seul qu'il devra tenter de remonter à la surface en chassant ces horribles cauchemars qui viennent lui rendre visite lorsqu'il arrive à dormir. Il se fait tout un scénario digne d'un film de gangster à chaque nouvel indice concernant la disparition de Rémi. Il en devient presque malade et ne souhaite qu'une chose, fuir cette ville où les catastrophes s’enchaînent.

Pierre Lemaitre décrit avec beaucoup de justesse toute l'émotion, la colère et la peur que peuvent ressentir les différents personnages dans le rôle qui leur est attribué. Il est arrivé à me toucher en plein cœur par cette tragédie qui prend naissance avec un stupide accident et qui, de fil en aiguille, s'amplifie jusqu'au drame. Il est difficile de se placer en tant que juge ou juré dans cette affaire ... mais je vous laisse découvrir le roman pour savoir de quoi je parle. L'auteur signe là une oeuvre majestueuse dont j'aurai bien du mal à m'en remettre. 

Le Crime du comte Neville

Le Crime du comte Neville est un roman d'Amélie Nothomb paru en août 2015 aux éditions Albin Michel.

Présentation de l'éditeur :
« Ce qui est monstrueux n’est pas nécessairement indigne. » Amélie Nothomb

Cela faisait un petit moment que je n'avais lu un roman d'Amélie Nothomb, c'est donc avec plaisir que j'ai lu Le Crime du comte Neville que l'on m'a prêté.

Le comte Neville, issu de l'aristocratie belge, vît dans un château qu'il a du mal à entretenir faute de moyens financiers. Lui et sa famille vivent un peu comme des pauvres dans une demeure défraîchie qui semble les tenir prisonniers, loin d'une vie "normale", car l'aristocratie c'est le sens du devoir lui répétait son père.

Le jour où sa fille Sérieuse fait ce que l'on pensait être une fugue, le comte Neville rencontre une voyante qui lui prédit qu'il tuera l'un de ses invités de sa grande fête. C'est à partir de là que tout commence à partir en vrille. Avec son rythme et ses nombreux dialogues, le roman prend vie et devient une comédie théâtrale qui se met en place devant nos yeux.

Le roman a tout d'une tragédie grecque, notamment par ses nombreuses références au sublime Electre, mais l'auteur, avec son style bien à elle, la transforme en comédie presque loufoque. Le Crime du comte Neville use de beaucoup d'humour pour nous entraîner dans une histoire courte hors du commun et qui se lit d'une traite. Un très bon moment de détente !

samedi 5 mars 2016

A la table des hommes

A la table des hommes est le nouveau roman de Sylvie Germain publié aux éditions Albin Michel en janvier 2016.

Présentation de l'éditeur :
Son obscure naissance au cœur d'une forêt en pleine guerre civile a fait de lui un enfant sauvage qui ne connaît rien des conduites humaines. S'il découvre peu à peu leur complexité, à commencer par celle du langage, il garde toujours en lui un lien intime et pénétrant avec la nature et l'espèce animale, dont une corneille qui l'accompagne depuis l'origine.
À la table des hommes tient autant du fabuleux que du réalisme le plus contemporain. Comme Magnus, c'est un roman hanté par la violence prédatrice des hommes, et illuminé par la présence bienveillante d'un être qui échappe à toute assignation, et de ce fait à toute soumission.

C'est dans la violence de la guerre que nous rencontrons l'animal qui deviendra, épreuve après épreuve, un homme. Il nous servira de guide dans cette histoire puisque nous le suivrons tout au long du roman et le verrons grandir physiquement et spirituellement. En effet, après être devenu un jeune adolescent sauvage, ne sachant pas parler ni même comment vivre en société, le jeune Babel va s'éveiller et se cultiver sans cesse pour devenir un homme sage.

A la table des hommes est un magnifique conte qui m'a rappelé Tarzan, comme si le petit cochon avait été adopté et intégré dans la jungle des humains. Mais contrairement au roman de Burroughs, le petit cochon subit une réelle transformation physique, métaphore de son évolution, son éveil. D'ailleurs son nom évolue également à mesure que son âge avance et qu'il devient de plus en plus humain.

Mais Babel, ou Abel, n'est pas le seul personnage. Il a des amis humains bien sûr mais également une amie animale. Une corneille qui est la seule témoin de sa métamorphose. En plus d'être une figure rassurante, elle devient le symbole du rapprochement du monde des hommes à celui de l'animal. Et l'on peut alors se poser la question de l'humain et de sa différence avec l'animal. Seuls la conscience et le savoir ont permis d'élever ce petit cochon au rang d'humain. Abel est bien devenu un homme mais tous les hommes ont-ils acquis cette sagesse ?

A la table des hommes est un roman qui va me hanter longtemps tant le personnage est attachant et la poésie omniprésente. Et le tout est écrit avec une plume des plus splendides.