lundi 30 août 2010

Seul à savoir

Seul à savoir est le nouveau roman de Patrick Bauwen, l'auteur des excellents L'œil de Caine et Monster.

Présentation de l'éditeur :
« Je sais ce qui est arrivé à Nathan.
Voulez-vous jouer avec moi ? Signé : Le Troyen. »
Un message mystérieux sur Facebook et le passé de Marion resurgit.
Meurtres, coups de théâtre, faux-semblants et, au bout d’un jeu de piste infernal, la plus incroyable des révélations : le secret de Nathan Chess, l’homme que Marion n’a jamais pu oublier…
Recherches médicales de pointe, argent sale, nouvelles technologies : une intrigue à couper le souffle où s’entrelacent amour et suspense, signé Patrick Bauwen, l’auteur de L’Œil de Caine et Monster.

Toujours à la pointe de l'actualité technologique, Patrick Bauwen nous promène une fois de plus dans son échiquier dans lequel les derniers gadgets à la mode vont permettre à l'héroïne, Marion, de rechercher son cher et tendre Nathan Chess disparu il y a une quinzaine d'années. Entre Facebook, l'iPod, l'iPad et bien d'autres anecdotes et outils de communications récents, le lecteur peut très facilement retrouver son propre environnement et se perdre avec Marion dans les méandres des faux semblants.
Face à un dangereux fou ou cavalier appelé le Troyen, Marion, d'abord prise pour un pion, va se révéler efficace et va finalement prendre la place de la reine ; celle qui peut jouer tous les coups et qui dirige la partie. Mais avant cela, elle va devoir jouer à un drôle de jeu ... "Sauvons des vies".

Bonjour. Voulez-vous être mon amie ?


Bien que je n'ai pas été totalement convaincu par le nouveau roman de Patrick Bauwen, il est incontestable que l'auteur maîtrise à la perfection les retournements de situation. Malgré quelques problèmes de narration, notamment lorsqu'il tente de s'adresser directement au lecteur, Patrick Bauwen est arrivé à me captiver et c'est déjà plutôt pas mal !
Comme à son habitude, l'auteur nous offre un page-turner énergique et astucieux. L'intrigue est de haut niveau et promet de conquérir le cœur de tous les amateurs de rebondissement en tout genre. Seul à savoir, sous ses aspects de "Coben like", met en garde contre les dépendances qui apparaissent suite à l'expansion des nouvelles technologies. Alors certes son personnage principal est peu crédible, puisqu'il réfléchit beaucoup mieux que le FBI par exemple, il n'enlève en rien l'efficacité et la puissance de la machination.

dimanche 29 août 2010

Retour à Rédemption

Retour à Rédemption est un roman de Patrick Graham, l'auteur de l'excellent L'Évangile selon Satan.

Présentation de l'éditeur :
Avocat d'affaires, Peter Shepard a tout pour être heureux : une grande maison sur les hauteurs de San Francisco, une femme amoureuse, deux petites filles irrésistibles. Pourtant, certains jours, ses angoisses sont si fortes qu'il est obligé d'aller s'asseoir sur un banc dans un parc. Toujours le même banc, toujours les mêmes angoisses. Ce que Shepard redoute, c'est le Big One, ce tremblement de terre dont tout le monde sait qu'il finira par engloutir la Californie. Et le pire advient. Mais ce n'est pas la terre qui a tremblé, c'est le passé qui a ouvert une brèche sous ses pieds, le plongeant en enfer et le forçant à se souvenir que, vingt ans plus tôt, six enfants s'étaient fait une promesse dans les cachots d'un centre de redressement. Un pacte qu'il a trahi.
Il est temps pour lui de retourner à Rédemption.

A mi chemin entre le sublime Sleepers de Levinson et l'excellent Stand by me de Rob Reiner, Retour à Rédemption n'a rien à envier à ces références puisque malgré une trame sensiblement identique, il ressort du nouveau roman de Patrick Graham une âme bien personnelle. Plus qu'un thriller, ce roman en devient un véritable conte dans lequel un groupe de jeunes gens, appelé Les enfants perdus, se lie d'une amitié sans comparaison afin de survivre dans le monde cruel des adultes.
C'est sur l'idée d'un pacte établi entre les membres du groupe qu'ils se rejoignent plusieurs années après dans le but de combattre les fantômes du passé. Commence alors un long voyage vers les souvenirs afin que chacun puisse enfin trouver son salut.

- On va à Rédemption. Les portes de l'enfer.

Ce sont des adultes instables et obsédés par un passé marqué au fer rouge que le lecteur suit la moitié du roman. Victimes du syndrome de Peter Pan, Peter, Wendy et les autres tentent de retrouver la trace de leur enfance volée en abandonnant leur vie actuelle finalement monotone et méprisée. L'auteur parait même déshumaniser certains des personnages adultes en les appelant par leur nom de famille.
Avec ce nouveau roman, Patrick Graham relate le terrifiant combat de l'innocence juvénile face à la perversion de l'adulte. Il en ressort une très grande humanité, sincère et troublante, puisque le récit décrit à merveille les diverses émotions des enfants, la peur comme la joie, et façonne ses personnages avec grand intérêt.
Retour à Rédemption est un excellent roman dénonçant à la fois le côté bestial et cruel de l'homme et son côté sensible et généreux. Le récit sonne comme un doux calvaire vers les cachots les plus sombres et les plus enfouis de nos mémoires. Un roman poignant à ne pas louper !

jeudi 26 août 2010

L'éternité n'est pas si longue


Fanny Chiarello est une jeune auteure française et n’en est pas à son premier coup d’essai. Après avoir effectué un détour vers la poésie et les nouvelles, elle revient cette année au roman avec un style bien emprunté au lyrisme.

Présentation de l'éditeur :
« Si l’on m’avait dit un jour que la variole viendrait décimer notre espèce, j’aurais certes frémi, mais j’aurais aussi imaginé tout ce qu’un tel événement pouvait apporter à nos sociétés malades, et je me serais trompée : la variole ne nous a pas changés. Il ne se passe rien – des gens meurent par centaines de milliers, mais mourir ce n’est pas quelque chose, au contraire : c’est encore plus de rien. Aucune fraternité, aucun miracle n’est à observer nulle part. Aucune révélation ne soulève jamais aucun de mes semblables et nous sombrons tous dans la médiocrité, dans l’indignité, sans avoir rien abdiqué de nos considérations ineptes, de nos susceptibilités ridicules ni de nos habitudes sans relief. Si je veux dormir dans un monde si décevant, je n’ai d’autre choix que de me raconter des histoires comme si j’étais mon propre enfant. »
L’éternité n’est pas si longue ne raconte pas la fin de l’espèce humaine mais celle d’un de ses plus originaux spécimens, Nora, une jeune femme à l’humour fulgurant et au fort penchant mélancolique. Elle qui, après avoir miraculeusement échappé à la mort, reprochait à ses proches amis de ne pas vivre comme s’ils allaient mourir un jour doit soudain réinventer son existence.

L’éternité n’est pas si longue est un récit à la première personne et la première idée qui nous vient donc à l’esprit est la présence d’un côté autobiographique. Nora est une trentenaire qui partage son temps entre son trio d’amis et sa petite amie Pauline. Mais lorsque celle-ci décide de rompre leur liaison, Nora sent que son petit monde à elle s’écroule. Par le biais de diverses manifestations décrites par l’auteure exposant un couple homosexuel posé, à l’aise et fondu dans le décor, celle-ci décide d’ancrer entièrement l’homosexualité dans les mœurs de la société (enfin !).

Fanny Chiarello allie un vocabulaire riche avec un style fluide usant souvent de longues phrases rythmées par de nombreuses et courtes pauses. Le lecteur peut facilement se retrouver dans le roman. L’auteure a une faculté assez troublante d’exposer ses pensées comme si elles nous appartenaient ; comme si le lecteur était à sa place ; comme si le lecteur y avait déjà pensé auparavant. L’humour est également au rendez-vous et le cynisme dont elle fait preuve cache en fait de véritables problématiques sur la vie et, bien sûr, sur la mort. Derrière les quelques instants de sarcasme et de raillerie se dissimulent les angoisses de la jeune Nora.

Avec son titre, l’auteure exprime la volonté d’user de pessimisme et nous offre même, le temps de quelques pages, la présence d’un personnage houellebecquien. En effet, le professeur Richard Walter est une sorte de philosophe de bas étage et dont l’état d’esprit semble proche de celui d’un gourou de secte. Cet homme va marquer le commencement, dans l’histoire, de la fin du monde. Mais il va également être le déclencheur des premières grosses tensions entre les deux jeunes femmes. Mais contrairement aux personnages principaux des romans de Houellebecq qui semblent œuvrer pour la fin du monde, Nora, elle, en a peur et s’isole de plus en plus. Alors que la variole surgit de nulle part et s’accroît de jour en jour, la relation entre Nora et Pauline s’affaiblit. A croire que la maladie qui a décidé de décimer la race humaine est la représentation du cœur brisé ou de l’espoir perdu pour la jeune femme.

Alors que les morts affluent, Nora se renferme un peu plus chaque jour dans son monde imaginaire et se protège à sa façon de la peur du virus et des désillusions amoureuses. Ses meilleurs amis ont beau être présents pour elle, elle se réfugie dans ses histoires qu’elle rédige dans un cahier. Ce journal intime finit par donner l’impression d’un ultime témoignage de ce qu’a été l’être humain. Et quelles sont justement les conclusions de l’auteure ? Elle paraît vouloir dire que l’Homme perd son temps à de nombreux moments, que les gens qui nous aiment sont toujours près de nous et qu’il faut savoir en profiter à chaque instant car ce qui paraît être une éternité a malheureusement toujours une fin. Carpe diem.

Sous son aspect romancier, le récit révèle de nombreuses références à la vie réelle. Et si la grippe H1N1 s’était elle aussi propagée de façon exponentielle ? Comment aurions-nous réagit face à un tel fléau ? En attendant qu’une telle menace arrive, ne manquez pas de lire L’éternité n’est pas si longue.

« Le jour où la variole a frappé, je savais que l’humanité serait trop orgueilleuse pour y survivre. »

Ce livre a été chroniqué dans le cadre d’un partenariat avec Chroniquesdelarentreelitteraire.com et Ulike.

dimanche 22 août 2010

La promesse des ténèbres

La promesse des ténèbres est un roman de Maxime Chattam.

Présentation de l'éditeur :
New York, mégalopole de tous les possibles. De tous les excès aussi... 
Brady O'Donnel, journaliste indépendant, décide de faire un reportage sur l'industrie pornographique. Il rencontre Rubis, starlette de films X, dans une ruelle sombre et sordide de New York pour l'interviewer. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'en une seconde sa vie va plonger en enfer. La jeune femme se tire une balle en plein visage, après lui avoir murmuré d'étranges propos.
Se rendre à la police ? Brady panique et prend la fuite. Sa femme, Annabel, flic à Brooklyn, se voit confier l'affaire avec son collègue Jack Thayer, qui ne croit pas en la thèse du suicide.
Commence alors une course poursuite vers la vérité, une enquête qui va disséquer l'Homme dans ce qu'il a de plus primitif... 

Alors  que je n'avais pas été totalement convaincu par Maxime Chattam lorsque j'avais lu l'Âme du mal, je me suis tout de même laissé tenter par la lecture de La promesse des ténèbres. Pari gagné, les ténèbres de l'auteur ont tenu toutes leurs promesses et m'ont réconcilié avec son style.
Maxime Chattam place son intrigue dans l'une des villes les plus mystérieuses qui soient ; New York. Et pour renforcer la noirceur de son récit, il plonge ses personnages dans les dessous de la cité, au plus profond de l'obscurité, là où (sur)vivent des centaines de gens que l'on nomme le peuple-taupe.
En partant d'une enquête de journaliste des plus banales, Brady O'Donnel va devoir se confronter à ceux qui tirent les rênes du côté underground et violent de l'industrie pornographique. Tout ceci est sans compter que la femme de Brady, Annabel, investigue elle-aussi sur la même affaire pour le compte du département de police de New York ; le célèbre NYPD. Et lorsque tout se recoupe apparaissent d'étranges hommes vivant en marge de la société, des hommes au look de vampires et dirigés par la bassesse de leur instinct le plus primaire : la jouissance de l'âme et du corps.

C'est par la violence que nous nous sommes hissés au sommet, c'est par elle que nous nous sommes structurés, elle est la pièce maîtresse de notre évolution, de notre suprématie, et maintenant on veut croire qu'on la contrôle, qu'on la maîtrise.

C'est en usant d'une forte dose d'ultra-violence que l'auteur arrive à choquer son lecteur. Alors que certaines scènes font ressurgir la beauté de la nuit new-yorkaise si bien décrite par Herbert Lieberman dans son Nécropolis, la violence inouïe dépeinte par l'auteur lors de ce voyage vers un monde presque interdit m'a rappelé la puissance de style de Franck Thilliez avec notamment son Train d'enfer pour ange rouge.
Tout au long du roman Maxime Chattam recourt à un style très travaillé trouvant à chaque instant les bons mots pour captiver et effrayer son lecteur. Plus qu'un simple déchainement gratuit de sévices mentales et physiques, La promesse des ténèbres peut se voir comme une complainte dédiée au peuple de l'ombre, ceux qui errent dans nos rues et qui hantent nos cœurs ; les sans-abris oubliés de tous.

lundi 16 août 2010

L'évangile des ténèbres

L'évangile des ténèbres est le nouveau roman de Jean-Luc Bizien à paraître le 6 octobre 2010.

Présentation de l'éditeur :
Pyongyang, Corée du Nord
Seth Ballahan, rédacteur en chef d’un quotidien américain, apprend que Michaël Wong, l’un de ses collaborateurs, est piégé en Corée du Nord. Face à l’absence de réaction de sa hiérarchie, Ballahan voit rouge. Contre vents et marées, il décide de secourir le jeune Wong.
Dans Pyongyang, la capitale fantôme où les hommes ne sont que des ombres, il cherche de l’aide auprès de Suzan, ravissante correspondante d’une O.N.G. canadienne.
C’est alors que le Mal absolu surgit : un tueur monstrueux laisse dans son sillage une longue suite de cadavres atrocement mutilés.

Paik Dong-Soo, brillant militaire nord-coréen, se lance sur ses traces.
Ils se retrouveront tous, à l’issue d’un parcours halluciné, en un lieu oublié.

Celui qu’annonce l’Évangile des ténèbres…

Après nous avoir fait voyager dans le temps dans La cour des miracles en nous projetant dans un Paris  du XIXè siècle, Jean-Luc Bizien décide à présent de nous promener dans des contrées lointaines et surtout dangereuses : en Corée du nord. La beauté du style utilisé par l'auteur se voit torturer par la noirceur du récit. L'horreur du décor mêlé au style si propre, si juste, de l'auteur donne une alliance parfaite pour se plonger en beauté dans les ténèbres d'un pays totalement fermé au reste du monde et subissant une tyrannie des plus terribles.

Bientôt, il devrait pénétrer dans la gueule du dragon.

Difficile à lâcher, le roman est pourvu de diverses intrigues toutes très travaillées. Plus on s'approche du final et plus la tension monte tout en laissant apercevoir certaines anecdotes historiques riches et précises. L'auteur a choisi de multiplier les intrigues pour nous faire passer d'une frontière à une autre, d'un type de pensée à un autre, ou tout simplement d'une culture à une autre comme pour mieux nous faire comprendre ce que peuvent subir les nord coréens. Et c'est réussi ! Chacun des personnages principaux se voit offrir une véritable personnalité tout à fait crédible dans le contexte où il est placé. Chacun d'entre eux réagit à sa manière et nous fait découvrir la civilisation nord coréenne par le biais de son regard.

Dans cet univers de ténèbres, le chasseur était roi.

L'effroi provoqué par le récit ne laisse pas indemne et fait longuement réfléchir quant à la condition humaine.  J'ai également ressenti une sorte d'hommage à la culture asiatique et notamment au cinéma coréen. Contrairement aux productions américaines dans lesquelles le héros sauve une énième fois la planète, ici, les personnages sont des gens de tous les jours avec leurs qualités et leurs défauts. La noirceur des films coréens se reflète à merveille dans ce roman puisque si l'un des protagonistes est en danger, il a de grandes chances de trouver la mort ...
La rentrée littéraire approche à grand pas, et bien qu'il y ait de très grosses sorties attendues, L'évangile des ténèbres pourrait se révéler comme l'une des plus belles surprises du moment. Par son ambiance sombre et pesante, le roman m'a tout à fait bluffé et confirme l'excitation produite par l'alléchante quatrième de couverture. Un excellent thriller donc à ne pas manquer ! Soyez au rendez-vous du 6 Octobre. 

Leur constitution extraordinaire les maintenait en vie et, loin de les sauver, les condamnait à subir un martyre interminable.

dimanche 8 août 2010

Du rêve pour les oufs

Du rêve pour les oufs est le deuxième roman de Faïza Guène, l'auteure de deux autres romans déjà chroniqués sur ce blog : Kiffe kiffe demain et Les gens du Balto.

Présentation de l'éditeur :
Alhème a 24 ans, un père qui a perdu la boule, un frère qui tourne mal, des petits boulots sous-payés, des copines mariées et un don pour attirer les ploucs. Dire qu’elle a tout pour être heureuse serait donc exagéré. Mais de sa cité d’Ivry à son Algérie natale en passant par les cafés parisiens, elle ne peut s’empêcher de promener un regard amusé sur ceux qui traversent sa vie. Ces « oufs » qui la font rire même si, souvent, elle a envie de « péter un boulard ».

Sur le même principe que son premier roman, Faïza Guène revient avec son humour, sa cité et ses critiques en tout genre. Il est très rare de trouver des romans qui traitent de la vie dans les cités sans éviter de parler violence. L'auteure y parvient pourtant et s'approprie ainsi un genre littéraire bien à elle. Sorte de comédie sur fond de critique sociale, Du rêve pour les oufs ne sonne pas tout à fait comme roman mais bel et bien comme un mélange de témoignages et d'observations.

je réalise chaque jour que ces enfoirés ont avorté mon histoire d'amour et ont foutu le feu dans les rêves de paille de ce pauvre mec

Le personnage d'Alhème, l'héroïne de l'histoire, représente le personnage fort de l'histoire. Elle est à la fois observatrice du pays qui l'accueille, victime de son immigration et chef de famille à son insu. Entre plusieurs petits boulots elle arrive à s'occuper de son père malade et de son frère qui fréquente un peu trop les 'grands frères de la cité'. Les aventures de la jeune fille se déroulent sous un regard amusé mais ne manquent jamais de toucher le lecteur en plein cœur.
Un roman beaucoup moins prenant que le premier mais tout aussi intéressant. Par son originalité et son objectivité, Faïza Guène se pose peu à peu comme un écrivain phare de la lutte anti-raciale.

vendredi 6 août 2010

Adolescence : les années violence

Adolescence : les années violence est un recueil d'une dizaine de cas de violence chez les adolescents. Le journaliste et auteur Claude Couderc s'est penché sur la question du mal-être de l'adolescent et tente de comprendre pourquoi cet ex-enfant et futur adulte a parfois des comportements démesurés.

Présentation de l'auteur :
Enseignants agressés par leurs élèves, adolescents rackettés et torturés par leurs camarades de collège, parents malmenés par leurs enfants... La violence des jeunes fait régulièrement la Une des journaux, nous renvoyant une image effrayante.
Qui sont ces enfants, toutes classes sociales confondues, que l'on nous décrit trop souvent comme nos ennemis ?
Claude Couderc, journaliste et écrivain, mène l'enquête dans les instituts spécialisés, auprès des familles et des éducateurs. Tâchant de comprendre sans juger, il retrace le parcours de Julie, prise dans la spirale infernale des agressions contre sa mère, de Kevin, violeur de treize ans, de Julien, alcoolique et drogué à onze ans, de Karim, Romain, Barbara... Dix portraits d'adolescents qui expriment leur souffrance et leur rejet d'une société dont les modèles leur sont étrangers. Et quelques pistes de réflexions pour essayer de protéger et d'éduquer notre jeunesse.

L'originalité du roman repose sur le fait que l'auteur s'intéresse plus aux causes qu'aux conséquences. A travers quelques histoires légèrement romancées, Claude Couderc nous présente une panoplie d'adolescents mal dans leur peau. Qu'ils soient violents envers les autres (famille, camarades ...) ou envers eux-mêmes, cet afflux de violence qu'ils engendrent naît toujours d'une mauvaise expérience. De la plus banale à la plus choquante, ces expériences passées restent ancrées dans la mémoire de ces jeunes et finissent bien souvent par détruire leur vie en société.

Tous ces jeunes sont dans l'imitation et souvent sans conscience de la gravité de leurs actes.

Claude Couderc s'interroge sur le discours de sourd entre l'adulte et l'adolescent et semble en conclure que chaque adulte quel qu'il soit a son rôle à jouer. Qu'il s'agisse d'un parent, d'un professeur ou d'un policier, chacun doit tenter, au mieux, de comprendre et d'assumer sa part de responsabilité qu'il a envers ces jeunes hommes et femmes. Ce court roman est très intéressant puisqu'il donne la parole aux jeunes perturbés. Il leur sert d'exutoire à travers la plume de l'auteur. Entre roman sociétal et témoignage troublant, Adolescence : les années violence soulève de lourdes questions sur la responsabilité de chacun envers la société en général.

lundi 2 août 2010

ASH

ASH est une bande dessinée de la superbe collection 1800 dont le scénario est signé François Debois et dont le dessin et les couleurs ont été réalisés par Krystel.

Présentation de l'éditeur :
Anguis Seductor Hominum... Ash.
Un nom bien mystérieux pour une jeune fille enfermée dans un tombeau au coeur du royaume de Bohème depuis cinq siècles.
Qui est-elle et pourquoi a-t-elle été ainsi isolée du reste du monde ? La seule chose dont la jeune fille soit sûre, c'est que son origine est intimement liée un secret très convoité : celui de la vie éternelle...

Divisée en deux tomes, cette BD revisite à merveille le célèbre mythe de Faust qui, je vous le rappelle, a vendu son âme au diable pour passer un pacte. Le mythe est modifié mais l'idée principale est gardée.

ASH est une jeune fille dont le visage révèle beaucoup de mystère et d'innocence. Ce faciès, relevant presque du surnaturel, est à coup sûr le point fort de la BD. Les couleurs, les traits et les lumières qui s'y dégagent donnent l'impression d'un mélange de douceur et de profonde tristesse. D'ailleurs les couleurs sont très bien utilisées car elles varient d'une page à l'autre ou d'une scène à l'autre. Tantôt gris, tantôt forcé sur le bleu, le coloris apporte un certain ton dans l'atmosphère qui se dégage de l'histoire.

Le scénario quant à lui est très bien ficelé et promet d'être encore meilleur dans le second tome. On retrouve des références aux grands classiques littéraires anglais comme Docteur Jekyll et Mister Hyde ou bien d'autres encore rappelant la grand époque victorienne.

Une très bonne bande dessinée donc qui s'avère être très intéressante tant dans l'image que dans l'intrigue. Vivement le second tome !