jeudi 4 février 2010

Kiffe kiffe demain

Kiffe kiffe demain est le premier roman de Faïza Guène, l'auteure du très bon Les gens du Balto.

Présentation de l'éditeur :
Doria a 15 ans, un sens aigu de la vanne, une connaissance encyclopédique de la télé, et des rêves qui la réveillent. Elle vit seule avec sa mère dans une cité de Livry-Gargan depuis que son père est parti un matin dans un taxi gris trouver au Maroc une femme plus jeune et plus féconde. Ça, chez Doria, ça s'appelle le mektoub, le destin : " Ça veut dire que quoi que tu fasses, tu te feras toujours couiller. " Alors autant ne pas trop penser à l'avenir et profiter du présent avec ceux qui l'aiment ou font semblant. Sa mère d'abord, femme de ménage dans un Formule 1 de Bagnolet et soleil dans sa vie. Son pote Hamoudi, un grand de la cité qui l'a connue alors qu'elle était " haute comme une barrette de shit ".
Mme Burlaud, sa psychologue, qui met des porte-jarretelles et sent le Parapoux. Les assistantes sociales de la mairie qui défilent chez elle toujours parfaitement manucurées. Nabil le nul qui lui donne des cours particuliers et en profite pour lui voler son premier baiser. Ou encore Aziz, l'épicier du Sidi Mohamed Market avec qui Doria essaie en vain de caser sa mère. Il se mariera sans les inviter ? Peu importe, " Maman et moi on s'en fout de pas faire partie de la jet-set ".

Kiffe kiffe demain est d'abord une voix, celle d'une enfant des quartiers. Un roman plein de sève et d'humour.

C'est avec un grand sens de l'humour que Faïza Guène décrit la difficile vie de banlieue d'une jeune maghrébine. Sous forme de journal intime, ce roman semble à première vue raconter quelques unes des péripéties de la jeune Doria, 15 ans. Mais sous ses airs simples, il ressort de ce texte de riches interrogations. L'adolescente et sa mère, abandonnées par le père de la première, souffrent du racisme ambiant chez les gens, mais surtout du regard des autres. Parfois parce qu'elles sont maghrébines, parfois parce qu'elles sont pauvres et d'autres fois parce qu'elles sortent du lot des familles traditionnelles, notamment dû à l'absence du chef de famille.

un nom pour qu'on sache que tu viens de quelque part

Faïza Guène soulève d'intéressantes questions dans son roman. En effet, on peut remarquer des problèmes concernant l'identité de la jeune fille, née et vivant en France mais dont les parents sont marocains ("Maman [...] On va lui apprendre à lire et à écrire la langue de mon pays"). Elle se pose également des questions concernant les mœurs et les pratiques culturelles de son pays d'origine ("Et maintenant qu'elle a réussi à se libérer de son dictateur de frère et de son tortionnaire de père, les gens l'accusent. J'y comprends rien."). Sous cette douce fiction se cache en réalité une critique certaine des diverses injustices qu'elle subit chaque jour à la fois des français, des maghrébins, mais aussi des jeunes en général. On sent indéniablement une part d'autobiographie dans ce roman et il serait intéressant d'en savoir jusqu'à quel point. Un très bon roman qui m'a fait beaucoup rire !

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