dimanche 13 décembre 2015

Docteur Sleep

Docteur Sleep est un roman horrifique du maître du genre, Stephen King.

Présentation de l'éditeur :
Depuis Shining, le petit Danny Torrance a grandi. Ses démons aussi…

J'ai enfin pris le temps de lire le tant attendu Docteur Sleep, la suite du mythique Shining du même auteur. Tout le monde se demandait ce qu'étaient devenus le petit Danny et sa maman traumatisés par les événements vécus à l'Overlook, l'hôtel où son père est devenu gardien le temps d'un hiver et où il a légèrement pété les plombs aidé par des esprits malins. C'est chose enfin faite, Stephen King répond à ses fans.

Le petit Danny a bien grandi et ses démons le hantent toujours. Alors qu'il sombre petit à petit dans l'alcoolisme, ses rencontres vont l'aider à affronter cette dépendance et à emprisonner ces fantômes qui reviennent le voir jour et nuit. Toujours doté du Don, il arrive de plus en plus à le maîtriser.
Mais sa plus belle rencontre sera avec une jeune fille dotée elle aussi du Don. Il s'avère même que son Don est très puissant. Ils vont devoir s'associer pour se battre contre une espèce de gang semi humain qui ne se nourrit que des vapeurs du Don qu'ils trouvent chez des enfants.

Après la joie de retrouver le petit Danny, on est vite dépaysé puisque l'auteur n'utilise plus le huis clos mais commence même par une sorte de road book avant que son personnage ne se pose enfin dans une ville. Les personnages, comme bien souvent dans les romans de Stephen King, sont délicieux et il est donc très agréable de suivre leurs péripéties.
La bande du Nœud Vrai, les mangeurs de Don, ne m'a pas plus. Je ne m'attendais pas à ça et je dois dire que cette partie, la traque, m'a déçu. Par contre, j'ai vraiment apprécié l'évolution dans le temps du personnage d'Abra, la jeune fille. Docteur Sleep ne me restera pas en mémoire comme étant un chef d'oeuvre de Stephen King mais le roman reste tout de même une bonne suite de l'excellent Shining. Stephen King est un excellent conteur !

dimanche 29 novembre 2015

Un doigt de politique

Un doigt de politique est un roman de Ben Orton publié aux éditions Létales.

Présentation de l'éditeur :
Je m'appelle Dari Valko, Russe par mon père, franchouillard par ma mère. Après une carrière bien remplie dans la Légion étrangère, je me suis installé garde du corps en free-lance, et je vais t'avouer un truc : le jour où je me suis lancé dans la protection rapprochée, j'aurais mieux fait d'ouvrir un kébab en banlieue ! Parce que pour tout te dire : depuis que je suis à mon compte, je passe mon temps à me friter, à rencontrer des gens bien pourris, et à patauger gaiement dans la merde et le sang mêlés ! J'en suis à regretter l'armée, tu juges un peu ?! Heureusement, qu'il y a mon oncle Piotr, l'ours de Sibérie, qui me file un coup de patte de temps à autre et surtout la toute belle Zoïa, ma pote commissaire, qui me tire du four quand ça devient trop chaud...
Enfin bref, je vais pas te saouler avec mes histoires, surtout que si tu veux les connaître bien à fond, t'as qu'à lire mes bouquins ! Mais je te donne quand même un petit conseil : si t'es fragile du cœur ou que t'es du genre pantoufles et mots croisés, passe ton chemin ma louloute. Je t'aurai prévenu !

Un doigt de politique est un polar urbain où le personnage principal, Dari Valko, s'exprime à la première personne et surtout s'adresse directement à son lecteur. Dari Valko est un garde du corps free-lance qui se voit embarquer dans une mission peu ordinaire sur fond de politique. Qu'ils soient de gauche ou qu'ils soient de droite, les politiciens sont tous logés à la même enseigne ici et le clivage droite-gauche n'empêche pas les rapprochements ... parfois même de très près.

Dari Valko nous embarque donc dans une histoire où les coups de poing volent de tous les côtés ; il faut dire qu'il n'est pas très délicat comme personnage. Même si le scénario est plutôt léger, l'important est de suivre les péripéties du franco-russe aux muscles d'acier. Parfois drôle, tantôt agaçant par ce langage peu raffiné, le texte se lit bien et assez vite.

A savoir, Dari Valko est le héros de toute une série de romans de Ben Orton disponibles ici.

samedi 28 novembre 2015

Au café

Au café est un recueil de nouvelles de l'auteur algérien Mohammed Dib publié en 1955.

Présentation de l'éditeur :
"Il était tard ; je me demandais si je ne devais pas m'en aller de ce café bruyant, sombre. Seul devant une table, je regardais autour de moi les groupes qui bavardaient et fumaient sans relâche. Au fond d'une atmosphère obscurcie, les joueurs battaient leurs dominos avec des claquements de fouet qui, à la longue, portaient sur les nerfs ". Un homme simple, un chômeur, qu'une rencontre fortuite dans un café jette hors des sentiers battus de l'existence... Des paysans pauvres dans des coins perdus faisant l'apprentissage des élections... Une vieille femme qui voit s'ouvrir les portes du paradis... Un riche héritier qui vit, en raison de son enchantement, une étrange aventure... Gens d'Algérie, qui peuvent être de tous pays, de tous les temps... les personnages émouvants et humains que l'on rencontre au détour de ces nouvelles sont étroitement liés à ceux des grands romans de Mohammed Dib.

C'est en 1955 que Mohammed Dib écrit son recueil de sept nouvelles appelé "Au café", un an après le début de la guerre d'Algérie. Sans en faire référence directement, le texte, emprunt de poésie, suggère les pires horreurs et le cauchemar vécu par les algériens à cette époque. Ce qui est vraiment étonnant c'est ce climat parfois calme, parfois pesant, qui ne montre rien de la guerre même si les français colonisateurs sont fortement montrés du doigt.

Mohammed Dib partage quelques moments de vie de plusieurs personnages bien différents qui vivent souvent dans la misère mais dont le courage est impressionnant. J'ai particulièrement aimé la nouvelle "Au café" et son personnage d'ex-taulard qui montre, malgré un avenir sans issue, qu'un petit rien peut le rendre heureux.

La plume de Mohammed Dib est absolument exceptionnelle. Il utilise un vocabulaire riche et sait tourner ses phrases de la plus belle des façons. Une très belle découverte !

mardi 24 novembre 2015

Hobboes

Hobboes est un roman de Philippe Cavalier paru le 29 Octobre 2015 aux éditions Anne Carrière.

Présentation de l'éditeur :
Ravagée par une supercrise, l'Amérique doute et vacille. Des millions d'exclus prient pour un avenir meilleur aux marges de ses villes. Des frontières du Canada à celles du Mexique, rumeurs et légendes s'échangent sur les routes. Parmi les hobboes, les vagabonds, on parle d'hommes doués de pouvoirs surnaturels et d'un guide promis à venger les humiliations des pauvres. On parle de révoltes et de NovAmerica, le monde d'après la prochaine révolution. On parle surtout d'un homme capable, à lui seul, de changer le destin de tout un peuple...
Enseignant à la prestigieuse université Cornell, Raphaël Banes dédaigne les prophéties. Privilégié, il n'accorde pas un regard à ceux qui n'ont rien. Mais quand tout s'écroule autour de lui, et qu'un mystérieux commanditaire lui ordonne de remonter la piste d'un de ses anciens étudiants disparu, commence pour lui la traversée d'un continent où les lois s'effacent et où il faut bien plus que du courage et de la chance pour espérer survivre.

Avec Hobboes, Philippe Cavalier nous offre un début très prenant avec un personnage plus qu'intéressant. Raphaël Banes est un excellent professeur qui ne recherche pas la gloire et qui, par conséquent, déplaît à certains de ses confrères qui n'ont d'yeux que pour les récompenses et l'argent. Suite à une altercation avec l'un d'entre eux, Raphaël voit sa vie s'écrouler petit à petit. Alors qu'il semble être une personne simple, il vît, comme vous et moi, dans un petit monde confortable qui ne tient à présent plus qu'à un fil.

Alors que l'univers du roman devient intriguant, le roman prend peu à peu des allures de thriller et surtout de traque. Les aventures de Raphaël deviennent alors pour lui une sorte de voyage initiatique dont le parcours est long et sinueux mais où la cause est noble.
Il est difficile au premier abord de savoir vers quel thème exactement l'auteur veut orienter son roman. S'agît-il d'un brûlot dénonçant une Amérique capitaliste et impitoyable ? Ou va t-on rentrer dans un thriller pur et dur où le héros doit échapper aux pires ennemis ? On est un peu dans tout ça mais surtout on apprend à connaître une population qui nous est peu familière, les hobboes ; des vagabonds totalement déconnectés de la vie en société et qui œuvrent pour accomplir ou arrêter une prophétie.

Hobboes est un roman original. Bien écrit, il se lit assez vite et ne manque pas de rebondissements. Philippe Cavalier souhaite, comme avec son personnage, nous faire prendre conscience de ce qui est réellement important dans la vie. J'ai trouvé son message très beau et touchant.

dimanche 8 novembre 2015

Les dictées loufoques du professeur Rollin

Les éditions de la Martinière ont sorti le 15 Octobre les dictées loufoques du professeur Rollin.

Présentation de l'éditeur :
François Rollin, professeur émérite ès-tout, dont l'excellence linguistique n'est plus à démontrer, nous livre le meilleur -et le plus improbable- de la langue française au travers de ses 50 dictées ébaubissantes.

Présentation de l'auteur par l'éditeur :
François Rollin, diplômé de l’ESSEC, a d’abord été journaliste au Monde, puis chroniqueur pour Fluide Glacial. Il crée son personnage du professeur Rollin pour l’émission devenue mythique, Palace, où il joue aux côtés de François Morel, Valérie Lemercier, Jacqueline Maillan et bien d’autres. Il est l'un des trois créateurs des Guignols (on lui doit notamment la « Boîte à coucous » de Johnny…). Il a formé un tandem de légende avec Edouard Baer (Le Grand Mezze) et a travaillé avec Alexandre Astier (Kaameloot, où il jouait le roi Loth). Co-auteur, metteur en scène de nombreux humoristes (Arnaud Tsamère, Guy Carlier, Jean-Jacques Vanier, Jean-Marie Bigard, Vincent Dedienne…), il a aussi joué de nombreux spectacles seul sur scène, dont le fameux Colères et récemment Le Professeur Rollin se rebiffe, à l’Européen (2015).

C'est au travers de 42 dictées exactement que le Professeur nous démontre que la langue française est souvent surprenante, parfois compliquée bien que logique et surtout très riche. Pour chacune des dictées qu'il présente dans son ouvrage, le Professeur Rollin prend le temps de nous expliquer les difficultés et les règles qui s'y appliquent. Il faut avouer que l'auteur ne manque pas d'humour dans ces interventions, je n'en attendais pas moins d'un ancien chroniqueur de Fluide Glacial !

En plus des nombreuses règles de grammaire, François Rollin  nous fait l'inventaire de certains mots compliqués à écrire et nous en donne leur définition. Les points abordés à travers toutes ces dictées sont variés. La dictée que j'ai aimé lire et relire (ainsi que le compte rendu de l'auteur à son sujet) est Coloriage, apprendre à écrire et accorder les couleurs ...

Les dictées du Professeur Rollin est le genre d'ouvrage que je garderai toujours près de moi, le genre d'ouvrage que je peux feuilleter un peu tout le temps. En plus, dès que mon fils saura écrire, je lui réserverai quelques unes de ces dictées pour perfectionner son français ... (rire sadique !).

dimanche 1 novembre 2015

Lontano

Lontano est le nouveau roman de l'auteur de polar français le plus attendu, Jean-Christophe Grangé. Le roman est sorti le 09 Septembre aux éditions Albin Michel.

Présentation de l'éditeur :
Le père est le premier flic de France.
Le fils aîné bosse à la Crime. Le cadet règne sur les marchés financiers.
La petite soeur tapine dans les palaces. Chez les Morvan, la haine fait office de ciment familial. Pourtant, quand l’Homme-Clou, le tueur mythique des années 70, ressurgit des limbes africaines, le clan doit se tenir les coudes.
Sur fond d’intrigues financières, de trafics miniers, de magie yombé et de barbouzeries sinistres, les Morvan vont affronter un assassin hors norme, qui défie les lois du temps et de l’espace. Ils vont surtout faire face à bien pire : leurs propres démons. Les Atrides réglaient leurs comptes dans un bain de sang. Les Morvan enfouissent leurs morts sous les ors de la République.

Grégoire Morvan règne sur sa famille comme il règne sur la police française. Barbouze depuis longtemps, il est évidemment un homme dangereux et compliqué à cerner. Mais il a connu une partie de sa gloire de premier flic de France au Zaïre en arrêtant l'Homme-Clou ; un tueur en série obsédé par la magie yombé.
Plusieurs années après cette arrestation magistrale, Morvan et ses compères sont forcés de constater, après une série de meurtres en France, que le tueur est revenu. Hasard ? Copycat ? Tout semble lier à Lontano et tout semble amener à Grégoire Morvan.

Erwan, le fils ainé, est sur l'enquête. Plus il avance plus il va découvrir un autre monde, un monde où violence et plaisir font parfois la paire; un monde sans limite. Alors que les meurtres s'accumulent et les indices sont difficiles à trouver, Erwan doit faire face à de nombreux soucis que connaît sa famille. Il jongle alors entre l'enquête et les problèmes de sa sœur Gaëlle et de son frère Loïc.
Tandis que l'une joue de son corps pour trouver un rôle d'actrice, l'autre remplit son nez de poudre blanchâtre pour jouer les caïds chez les golden boy. Ces deux-là ont un véritable soucis et les activités passées du père ainsi que son caractère n'y sont pas pour rien.

Grangé nous entraîne dans une histoire où l'intrigue est encore très bien maîtrisée. Une histoire où l'on suspecte tout le monde et personne à la fois. Une histoire complexe où tout est finalement logique et bien amené.
Les personnages d'Erwan et de Grégoire sont excellents. L'auteur des Rivières Pourpres nous offre un conflit de famille incroyable sur fond d'enquête policière terrifiante. J'ai hâte de lire la suite qui apparemment est prévue pour l'an prochain !

samedi 24 octobre 2015

Revival

Revival est le nouveau roman du maître de l'horreur Stephen King. Le roman est sorti en Octobre aux éditions Albin Michel.

Présentation de l'éditeur :
La foudre est-elle plus puissante que Dieu ?
Il a suffi de quelques jours au charismatique Révérend Charles Jacobs pour ensorceler les habitants de Harlow dans le Maine. Et plus que tout autre, le petit Jamie. Car l’homme et l’enfant ont une passion commune : l’électricité. Trente ans plus tard, Jamie, guitariste de rock rongé par l’alcool et la drogue, est devenu une épave. Jusqu’à ce qu’il croise à nouveau le chemin de Jacobs et découvre que le mot « Revival » a plus d’un sens... Et qu’il y a bien des façons de renaitre !
Addiction, fanatisme, religion, expérimentations scientifiques… un roman électrique sur ce qui se cache de l’autre côté du miroir. Hommage à Edgar Allan Poe, Nathaniel Hawthorne et Lovecraft, un King d’anthologie.

Pour ce nouveau roman, l'auteur se penche cette fois-ci sur le terme de revival ; la renaissance sous toutes ses formes mais également les spectacles qui fourmillent aux Etats-Unis. Un revival c'est un show religieux à l'américaine où une personne arrive à mettre en transe l'ensemble de son auditoire ou réalise des miracles. Mais le revival en tant que show n'est pas le thème principal ici. L'auteur nous montre qu'il existe bien des façons de revenir à la vie ...

Stephen King a ce don de donner vie à ses personnages, à nous les faire aimer, puis à nous faire douter d'eux. Ce roman n'échappe pas à la règle et ce sont deux personnages aux destins étroitement liés dont nous suivons les traces au fil de leur histoire ; Jamie Morton et le révérend Charles Jacobs.
Amérique profonde. Une petite ville nommée Harlow dans le Maine voit arriver un nouvel homme d'église. Jamie Morton, alors gamin, est le premier à rencontrer le révérend Jacobs. Il lui apparaît telle une ombre qui s'étend tout autour de lui comme pour prendre possession de lui. Ils ne le savent pas encore mais cette scène aura quelque chose de fort et de très représentatif dans leur relation.

Jamie Morton est le petit dernier d'une grande fratrie. Sa famille, comme la plupart du village, est très croyante. Mais après un incident qui va changer la vie et la vision de la vie du révérend Jacobs, Jamie et sa famille vont recevoir comme une malédiction. Les mots du révérend semblent résonner en eux et ne les lâchera pas.
Jamie devient alors un jeune homme plutôt normal, il aime la musique et les filles. Il aime tellement la musique qu'il va se lancer en tant que guitariste dans plusieurs groupes. Mais le monde de la musique a ses côtés sombres. Il faut peu de temps à Jamie pour devenir accroc à la drogue.
Charles Jacobs, lui, a une passion peu commune ; l'électricité. Plus il se lance dans des recherches, plus l'électricité lui révèle ses secrets et ses pouvoirs.

Entre fanatisme religieux, addiction et coups d'électricité, le lecteur se fascine assez facilement pour cette histoire. On ne sait pas où l'auteur veut nous amener, on ne sait pas à quel moment il va nous faire frémir mais on le suit tranquillement et sûrement. Les pages défilent et l'histoire des deux personnages nous passionnent.
Il rend un bel hommage à ces mystérieux écrivains qu'étaient Poe, Lovecraft ou encore Mary Shelley. Malheureusement, pour être honnête, je n'ai pas trouvé le roman vraiment terrifiant. J'ai adoré cette aventure très humaine, la façon dont l'auteur montre les forces et les faiblesses des êtres humains. Et comme le décrivait si bien Lovecraft dans ses romans, Stephen King nous laisse entrevoir que des forces maléfiques et inhumaines nous dirigent aussi bien dans la vie que dans la mort.

dimanche 4 octobre 2015

La fille qui en savait trop

La fille qui en savait trop est un roman de Nils Barrellon paru en mars 2015 aux éditions City Editions.

Présentation de l'éditeur :
Une main de femme aux ongles vernis de rouge, tranchée net au niveau du poignet, est retrouvée dans la ménagerie du Jardin des Plantes, à Paris. Dans l’enclos des cochons… La victime a-t-elle été tuée ici avant d’être dévorée par les porcs ? Pour le commissaire Kuhn, ce n’est que le début d’une affaire tortueuse. Du bois de Boulogne aux salons feutrés des ambassades, des squats de camés aux bureaux survoltés du 36 quai des Orfèvres, le commissaire se débat dans un nœud de vipères. Le meurtre semble avoir un lien avec un ignoble trafic aux multiples ramifications. Pour Kuhn, il n’y a qu’une seule manière de dénouer l’affaire : découvrir ce que cette fille avait bien pu apprendre avant de finir découpée en morceaux…

La fille qui en savait trop n'est pas une revisite du film du même nom du maître Mario Bava. Bien que les deux histoires nous mènent à une femme qui devient un témoin gênant, la trame est totalement différente. Nils Barrellon nous traîne dans les rues parisiennes à la recherche de témoins d'un meurtre particulièrement horrible. Les restes d'une jeune femme ont été balancés dans un enclos aux cochons ...

Le début est très bon, on est vite pris dans l'histoire. Et on remarque assez rapidement que l'auteur a de bonnes connaissances dans le système policier français. Le rythme est soutenu du début à la fin, pas de temps mort et quelques scènes sont même très excitantes. Mais j'ai été gêné par les quelques traits d'humour de l'auteur, parfois un peu lourd à l'image de cette expression "Double effect kiss cool", et qui tendent malheureusement plus à décrédibiliser un roman qui réunit pourtant tous les ingrédients pour être un bon roman noir.

Au final, j'ai été tout de même happé par l'histoire. Nils Barrellon retranscrit à merveille la violence et l'horreur de la prostitution à grande échelle. Son personnage de Nils Kuhn est attachant malgré son humour. Belle découverte, je ne manquerai pas de lire son premier roman : Le Jeu de l'Assassin.

mercredi 30 septembre 2015

Ils savent tout de vous

Ils savent tout de vous est le nouveau polar de Iain Levison paru le 1er Octobre aux éditions Liana Levi.

Présentation de l'éditeur :
Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens? Savoir ce que se dit la serveuse en vous apportant votre café du matin. Ce que vos amis pensent vraiment de vous. Ou même ce que votre chat a dans la tête? Eh bien, c’est exactement ce qui arrive un jour à Snowe, un flic du Michigan. Au début, il se croit fou. Puis ça l’aide à arrêter pas mal de faux innocents… À des kilomètres de là, un autre homme est victime du même syndrome. Mais lui est en prison, et ce don de télépathie semble fortement intéresser le FBI…
Iain Levison nous entraîne dans un suspense d’une brûlante actualité, où la surveillance des citoyens prend des allures de chasse à l’homme. Mais sait-on vraiment tout de nous ?

Le nouveau roman de l'auteur de l'excellent Un petit boulot nous entraîne à nouveau dans une drôle d'histoire mêlant, comme à son habitude, polar et humour. Mais ce nouveau roman d'un peu plus de 200 pages a la particularité d'ajouter un aspect scientifique, voire fantastique, à l'histoire. En effet, Snowe découvre en arrêtant un jeune drogué en flagrant délit de vol qu'il arrive à lire dans les pensées des autres.

Il n'est pas le seul télépathe puisque Brooks, alors qu'il est dans le couloir de la mort à attendre son tour, est lui aussi doté de cette étrange capacité. Repéré par une agence américaine très secrète, le prisonnier accepte de les aider dans l'espoir de changer les cartes de sa vie. Commence alors pour lui l'expérience de l'espionnage et ce don de télépathie devient alors une formidable métaphore du renseignement.

Mais lire dans les pensées peut devenir pénible à force, en plus d'être bruyant. Et les questions commencent à affluer par dizaines pour les deux hommes. Qui ? Pourquoi ? Comment ?
Tandis que Brooks tente de fuir l'agence, Snowe l'intègre. Les deux hommes vont se pourchasser et être à leur tour pourchassés par cette étrange agence qui restera mystérieuse tout au long de l'histoire. On entre alors dans une course poursuite qui déménage.

Le récit est intense. Iain Levison captive son lecteur sans jamais relâcher l'intensité. A l'ère d'Internet et des réseaux sociaux, il exprime avec intelligence ses craintes d'être espionné ou surveillé à tout bout de champ par les autorités. Son histoire tient la route et ses personnages sont encore une fois attachants. Une très belle lecture !

dimanche 13 septembre 2015

La boite à merveilles

La boîte à merveilles est un roman de l'auteur marocain Ahmed Sefrioui paru en 1954.

Présentation de l'éditeur :
La nuit, la maison retomba dans le silence. Je me sentis triste. Je sortis ma Boite, la vidai sur un coin de matelas, regardai un à un mes objets. Ce soir ,ils ne me parlaient pas. Ils gisaient inertes, maussades,un peu hostiles. Ils avaient perdu leur pouvoir magique et devenaient méfiants, secrets. Je les remis dans leur boite. Une fois le couvercle rabattu, ils se réveillèrent dans le noir pour se livrer à mon insu à des jeux fastueux et délicats. Ils ne savaient pas dans leur ignorance que les parois de ma Boite à Merveilles ne pouvaient résister à ma contemplation. Mon innocent cabochon de verre grandit, se dilata, atteignit les proportions d’un palais de rêve, s’orna de lumière et d’étoffes précieuses. Les clous, les boutons de porcelaine, les épingles et les perles changés en princesses, en esclaves, en jouvenceaux, pénétrèrent dans ce palais, jouèrent de douces mélodies, se nourrirent de mets raffinés, organisèrent des séances d’escarpolette, volèrent dans les arbres pour en croquer les fruits,disparurent dans le ciel sur l’aile du vent en quête d’aventures...

La boîte à merveilles est une oeuvre marocaine majeure car en plus d'être un récit autobiographique, cet ouvrage est l'un des premiers (d'ailleurs considéré longtemps comme le premier) roman marocain écrit en français. Il aborde bien évidemment la vie de l'auteur lorsque celui-ci était un enfant âgé de six ans à peine.

Le roman autobiographique compte deux narrateurs ; le romancier qui se souvient de son passé et le jeune Mohammed qui poursuit l'histoire avec ses yeux innocents d'enfant. Sidi Mohammed vît avec ses parents et d'autres locataires dans une maison de Fès. Il est un petit garçon bien solitaire et fragile et on l'aperçoit, avec tristesse, louper toute tentative de communication avec d'autres enfants.
Il nous raconte son éducation au Msid, l'école coranique, qu'il n'apprécie guère. Surtout suivant les humeurs et les coups de baguette du fqih.

Le jeune Mohammed va subir trois chocs importants à ses yeux durant l'année de ses six ans. D'abord, il fait connaissance avec la notion de mort suite au décès de l'un de ses voisins. Il découvre comment réagissent les gens à l'annonce du décès. Sa réaction va surprendre et contrarier sa mère puisqu'il désire lui aussi pleurer ce mort sans trop savoir pourquoi.
Le second choc est la dispute entre sa mère et Rahma, la voisine. Il faut dire que sa mère est agaçante et n'a pas sa langue dans sa poche. Cette dispute engendra l'évanouissement de l'enfant. Une dispute qui a donc marqué ses esprits.
Le troisième choc est le départ du père. Ce dernier fait faillite et doit partir pour travailler. Il passe de gérant d'une petite entreprise à ouvrier mais il n'hésite pas une seconde à franchir le pas pour sauver sa famille de la pauvreté. Mohammed découvre là les difficultés de la vie et voit comment tout peut basculer. C'est une épreuve qui lui permettra de grandir plus vite.

La boîte à merveilles se lit avec grand plaisir, on y découvre les us et coutumes des marocains au siècle dernier. On entrevoit le quotidien des marocains, les fêtes et autres événements musulmans. L'approche de l'Achoura est à plusieurs fois mentionnée et cela en devient autant stressant pour le lecteur que pour l'enfant !
L'époque de la boîte à merveilles c'est l'époque où les maisons sont éclairées aux bougies. Alors lorsque l'une des voisines acquiert une lampe au pétrole, Lalla Zoubida, la mère de Sidi Mohammed, exige auprès de son mari d'en avoir une. L'anecdote m'a bien fait sourire et on peut librement comparer cette jalousie à celle que l'on voit tous les jours à toutes les époques entre voisins.

La boite à merveilles de l'auteur compte en son sein de nombreux objets importants aux yeux de l'enfant, des vieilleries aux yeux des autres. Sidi Mohammed se raccroche à eux, ses seuls véritables amis lorsqu'il est triste. La boîte à merveilles était également le nom donné par les marocains à la télévision à ses débuts. Le parallèle exprime bien que la boite du jeune Mohammed lui permet de se réfugier dans un autre monde ; un monde imaginaire loin des problèmes quotidiens.

dimanche 30 août 2015

Quelque chose pour le week-end

Quelque chose pour le week-end est un roman de Sébastien Gendron paru en 2011 aux éditions Baleine.

Présentation de l'éditeur :
A Kirk Bay, en Angleterre, il ne s'était jamais rien passé, avant. Des centaines de kilos de bonne cocaïne s'échouent sur la plage. Suivis d'une armada de grands pingouins, d'une espèce qu'on pensait disparue.
Ces apparitions sont-elles liées ? Cela a-t-il un rapport ?
S'ensuit un blizzard de toxicomanie et une "pingouinphobie" mémorable, puis le chaos, la guerre.
Et pendant ce temps, un homme essaie de tuer sa femme.

C'est en un peu moins de 300 pages que l'auteur arrive à vous faire prendre conscience que toute situation absurde peut logiquement en entraîner de nombreuses autres toutes autant hallucinantes si elle est accompagnée de personnages fantasques et de quelques kilos de cocaïne. Sans oublier le retour de grands pingouins disparus depuis plus de cent ans.

Lawrence Paxton s'est-il trouvé au bon endroit au bon moment ou l'inverse ? Celui qui a découvert ces fameux alcidés sur une plage de Kirk Bay a vu sa vie totalement chamboulée après cette nuit là. C'est d'ailleurs cette nuit là qu'il décide de se débarrasser de celle qui partage sa vie depuis des décennies ; Lynn. Comment a t-il fait pour rester avec elle ? Elle qui semble être le portrait craché de Benny Hill lorsqu'il se déguisait en femme ... vous imaginez !? Non, ce n'est plus possible pour Lawrence. La décision est prise, il faut qu'il la tue.

Commence alors un enchaînement de scènes plus surprenantes les unes que les autres. Lawrence Paxton, citoyen apparemment modèle, commence à partir en vrille et fait resurgir un monstre psychopathe et calculateur qui ne demandait qu'à sortir. Pendant ce temps là les pingouins envahissent la ville. Ensuite, vient l'armée. Un bordel sans nom s'installe.

Quelque chose pour le week-end est un roman excellent qui se lit avec plaisir et surtout avec le sourire. L'auteur a sûrement raison dans ses dédicaces, il signe peut-être bien là "le plus grand roman anglais du 21e siècle entre Jane Austen et Benny Hill ...". Je n'aurais pas dit mieux !



"J'attends une vraie bonne occasion d'offrir des fleurs à ma femme. Son enterrement par exemple...
Benny Hill.

dimanche 23 août 2015

Ederlezi

Ederlezi est un roman de Velibor Colic publié aux éditions Gallimard en mai 2014.

Présentation de l'éditeur :
Ederlezi retrace l'histoire, à travers le XXe siècle, d'un fameux orchestre tzigane composé de musiciens virtuoses, buveurs, conteurs invétérés, séducteurs et bagarreurs incorrigibles. Ils colportent leurs blagues paillardes, leurs aphorismes douteux et leurs chansons lacrymogènes de village en village. L'orchestre sombrera dans les grands remous de l'histoire : englouti en 1943 dans un des camps d'extermination où périrent des milliers d'autres Tziganes, il renaîtra pour être de nouveau broyé par la guerre d'ex-Yougoslavie en 1993. Chaque fois, le meneur de l'orchestre, Azlan, semble se réincarner. On le retrouve finalement dans la «Jungle» de Calais en 2009, parmi les sans-papiers et les traîne-misère qui cherchent un destin aux franges de la modernité.
Le roman de Velibor Čolić restitue merveilleusement la folie de la musique tzigane, nourrie de mélopées yiddish, de sevdah bosniaque, de fanfares serbes ou autrichiennes, une musique et une écriture pleines d'insolence, au charme sinueux et imprévisible. Les réincarnations successives d'Azlan font vivre avec bonheur la figure du Rom errant éternellement, porté par un vent de musique et d'alcool, chargé des douleurs et des joies d'un peuple comparable à nul autre

Comme son titre l'indique, Ederlezi est une comédie pessimiste sur les tziganes à travers le XXe siècle. L'auteur de Les Bosniaques ou encore Archanges continue à retracer l'histoire du siècle dernier mais cette fois-ci au travers des yeux de musiciens tziganes et de leurs chants éplorés que l'on écoute avec plaisir et émotion tout au long du roman.

Avec Ederlezi, il rend hommage à ces nomades pourchassés et mal-aimés quelque soit l'époque. C'est au travers de plusieurs personnages dont chacun semble être la réincarnation du précédent qu'il nous fait voyager dans toute l'Europe ; les Azlan. Dotés d'une voix exceptionnelle, ils arrivent à partager toute la tristesse qui colle à la peau de leur peuple en chantonnant avec leur orchestre dans de nombreuses villes où ils se font souvent remarqués.

Avec toujours autant d'humour noir et de magie, Velibor Colic arrive une nouvelle fois à nous transporter à travers le temps et nous fait découvrir de nouveaux personnages au destin bien triste. Il sait trouver les mots justes pour nous faire ressentir toutes sortes d'émotions. Sa maîtrise de la langue française est d'ailleurs remarquable car, rappelons-le, le français n'est pas la langue maternelle de ce réfugié bosnien. Encore un excellent roman de Velibor Colic, je le conseille chaudement !

mercredi 12 août 2015

Les tribulations du dernier Sijilmassi

Les tribulations du dernier Sijilmassi est un roman de Fouad Laroui, l'auteur de l'excellent Une année chez les français, publié en août 2014 aux éditions Julliard.

Présentation de l'éditeur :
Un ingénieur marocain décide du jour au lendemain de rompre avec son mode de vie occidentalisé.
Une tentative de retour aux sources semée d'embûches et à l'issue plus qu'incertaine...

« Adam réfléchissait. Et il n'arrivait pas à trouver de solution à cette énigme : pourquoi son corps se trouvait-il à une altitude de trente mille pieds, propulsé à une vitesse supersonique par des réacteurs conçus du côté de Seattle ou de Toulouse – très loin de son Azemmour natal, ou les carrioles qui allaient au souk dépassaient rarement la célérité du mulet, ou les voitures à bras n'excédaient pas l'allure du gueux se traînant de déboires en contretemps ? »

Dans son style inimitable, Fouad Laroui nous entraîne à la suite de son héros – un ingénieur marocain décidé à rompre du jour au lendemain avec son mode de vie moderne et occidentalisé – dans une aventure échevelée et picaresque. Une tentative de retour aux sources semée d'embûches et à l'issue plus qu'incertaine, derrière laquelle se dessine une des grandes interrogations de notre temps : comment abattre les murs que l'ignorance et l'obscurantisme érigent entre les civilisations ?

Une fois de plus, Fouad Laroui nous emmène avec lui fouler le sol marocain à la rencontre de nouveaux personnages plus extravagants les uns que les autres. Des personnages obsédés par deux cultes qui règnent au Maroc et même ailleurs : l'Islam et l'argent. L'argent et l'embourgeoisement moqué par l'auteur dans quelques saynètes bien drôles. L'Islam, ses fanatiques irréfléchis et les illettrés qui s'abreuvent de leurs paroles. Avec tout cela, l'auteur démontre comment l'inculture et l'illettrisme peuvent profiter à certains et observe avec tristesse une peur voire une haine envers les cultures d'autres civilisations.

Tout commence lorsque Adam contemple son pays depuis un avion. Il commence alors à se poser des questions existentielles qui vont le conduire à revoir totalement son mode de vie. Il quitte son emploi très bien payé, sa femme qui l'aimait pour sa belle situation, et décide de partir sur la route sans trop savoir où ni pourquoi.
Chacun de ses actes, ou plutôt de ses non-actes, intriguent la population le voyant tantôt comme un fou, tantôt comme le messie. Ses réflexions mûrement réfléchies agacent. Son avis sur la religion et son intérêt pour la culture française dérangent clairement, à tel point que l'on assiste à des échanges de parole musclés mais très intéressants.

Fouad Laroui, comme à son habitude, utilise l'humour tout au long de son roman pour aborder des sujets sensibles au Maroc. Ses personnages sont fantastiques (et souvent fantasques). Comme certains d'entre eux, le lecteur se met à croire qu'Adam, le dernier des Sijilmassi, est une sorte de messie distillant la bonne parole en parcourant le chemin de sa vie et celui de son pays, de sa culture, tout en se posant les bonnes questions et en restant fidèle à sa croyance. Les tribulations du dernier Sijilmassi est une quête absolument fabuleuse, un pur moment de bonheur.

dimanche 9 août 2015

Dark Horse

Dark Horse est un roman de Craig Johnson paru le 21/05/2015 aux éditions Points.

Présentation de l'éditeur :
Comment Mary Barsad, si douce, a-t-elle pu abattre son mari de sang-froid ? Elle a tout avoué. Et les mobiles ne manquent pas : infidèle, magouilleur, il aurait peu avant sa mort enfermé les chevaux de course auxquels elle tenait tant dans sa grange, avant d’y mettre le feu. Mais le shérif Walt Longmire se méfie des évidences. À Absalom, Wyoming, il décide de mener sa propre enquête…

Il s'agit de ma première rencontre avec le shérif Walt Longmire et pour une première rencontre, on peut dire que ça déménage. Le shérif est un cow-boy des temps modernes. Craig Johnson redonne vie à ces héros que l'on admirait lorsque nous étions encore que des gosses. Flingue à la ceinture, il arpente les rues poussiéreuses à la recherche du coupable. Du bar miteux au ring de boxe, rien ne le fera reculer. Et le mieux dans tout cela, c'est que Walt Longmire est un gars totalement honnête et loyal qui donnerait sa vie pour la justice.

Le bureau du shérif reçoit une nouvelle détenue ; Mary Barsad. Accusée d'avoir tué son mari de plusieurs balles dans la tête, elle a avoué être l'auteur de ce crime. Mais Longmire flaire quelque chose de plus gros là-dessous. Il a des doutes et il est le genre de personne qui va jusqu'au bout pour vérifier que justice est bien rendue. Mais pas facile d'enquêter avec une détenue qui ne souhaite pas parler ... ou peu. Tant pis, le shérif se rend sous une couverture peu crédible sur les lieux du crime et fait la connaissance petit à petit de personnages singuliers, rustres et parfois attachants. L'enquête s'annonce très difficile et musclée.

Dark Horse est un pur délice pour tout amateur de bon polar. Il se lit bien et Craig Johnson a l'art et la manière de nous emporter dans son Amérique reculée où cohabitent des personnages en tout genre mais aussi des amérindiens.
Je me laisserai sûrement tenter par la série du même nom que le shérif ; Longmire, l'un d'entre vous l'a t-il déjà vu ?

dimanche 2 août 2015

Les vieilles peaux

Les vieilles peaux est un roman de Danièle Ohayon paru le 19 Juin aux éditions Lemieux.

Présentation de l'éditeur :
Premier opus d’une série intitulée « La Maison des Dames », ce polar d’idées aborde des sujets de société dérangeants comme le vieillissement et sa place dans la cité.
« Peu prisé des Parisiens qui partent en masse passer leurs week-ends à l’ouest de la capitale, le sud de l’Aisne, à une heure et quart de Paris, dévoile une beauté douce. C’est une modeste provinciale aux atouts discrets et sûrs, quels que soient les caprices du temps. Les chanceux qui l’ont découverte y restent attachés comme Thésée au fil d’Ariane. »
En quelques lignes, Danièle Ohayon campe son univers de fausse douceur, de lumière mouillée et de perversité. Autour de la Maison des Dames et du personnage central, la toubib humaniste Mars Catalano, se déploie une histoire vénéneuse où le théâtre des apparences perd délicieusement le lecteur. Des terres de l’Aisne à la banlieue parisienne sévit un serial-killer d’un nouveau genre : un tueur de personnes âgées. Où l’on voit aussi des activistes pro-seniors, les Indignés gris, un journaliste suspect, une fonctionnaire en burn-out, une étrange station de radio et même un médecin tchadien en exil.

Avec Les vieilles peaux, l'auteur rend hommage aux personnages âgées bien trop souvent oubliées par la société et gagatisées par de nombreux proches ou autres personnes s'en occupant. Danièle Ohayon insiste sur le fait que ces personnes catégorisées dans le troisième âge, lorsqu'elles ont encore toute leur tête, ont été comme nous ; des enfants d'abord, puis des adultes responsables avec une plus ou moins bonne situation. Dans ce roman, le regard du lecteur envers nos aînés change en même temps que l'enquête sur le tueur en série des personnes âgées avance.

Car Les vieilles peaux est avant tout un polar, et un plutôt bon polar d'ailleurs. Le suspense est au rendez-vous ! Mais en plus d'être un polar où sévit un meurtrier et dans lequel les rebondissements ne manquent pas, le roman de Danièle Ohayon pose des questions sincères sur la vieillesse et l'acceptation de la mort.

Les vieilles peaux nous embarque dans une histoire peu habituelle aux personnages attachants et chaleureux. Le roman nous secoue et, par le biais d'une belle plume, nous transporte dans le département de l'Aisne pour tenter de découvrir qui peut bien se cacher sous le masque mystérieux du seniors'killer. Un roman qui ne manque pas d'humour et de piquant !

mercredi 22 juillet 2015

L'Aurochs Rouge

L'Aurochs Rouge est un roman médiéval-fantastique de Tibéon.

Présentation du roman :
Depuis des générations, la Maison Gardenor protège les Marches Nord de la Claneterre des razzias des barbares Gueules, des sauvages qui se couvrent le visage de masques d’animaux pour paraître plus effrayants. Aussi, lorsque Aegorn Gardenor prend en chasse un groupe d’éclaireurs Gueules dans les Terres Sauvages, il ne s’attend pas à aller au-devant du chaos, malgré les avertissements des templiers.
Car dans la Gueulande, l’immense forêt où vivent les Gueules, un homme rassemble la plus terrible des hordes, poussé par une quête qui dépasse les Maisons. Et tandis que les querelles agitent la Claneterre, il s’apprête à y déverser son armée de masques.
Les templiers trouveront-ils les réponses avant qu’il ne soit trop tard ?

L'Aurochs Rouge est le premier tome de la série Chimeterre et c'est une très bonne entrée en matière. En effet, dès le début du roman on est pris dans ce nouvel univers qui mêle à merveille l'époque médiévale avec ses preux chevaliers et autres seigneurs, avec le genre fantastique d'où surgissent des créatures terrifiantes.

Le début est excellent et permet au lecteur de rentrer pleinement dans l'histoire. Certaines séquences de combat sont fortement empreintes de réalisme et on se surprend, déjà dès le début du roman, à ne pas souhaiter la mort de certains des personnages.
Le territoire est plutôt vaste et j'avoue avoir eu un peu peur de me perdre en chemin entre les différentes Maisons des seigneurs mais non, ce n'est pas arrivé. La fin m'a laissé sur ma faim et j'ai hâte de lire le second tome pour en savoir un peu plus sur le destin des personnages. Le sang risque encore de couler à flots dans le prochain roman.

Je ne suis pas habitué à lire ce genre de roman, non pas que je n'aime pas, mais je n'en ai eu que très rarement l'occasion. On sent bien par ce qui en ressort du texte que l'auteur est un habitué, voire un grand connaisseur du genre. Tout l'univers a été méticuleusement travaillé ; des personnages à la carte des territoires. Cette dernière se retrouve d'ailleurs sur l'une des premières pages permettant ainsi au lecteur de s'orienter plus facilement dans l'histoire, un peu comme l'avait fait Julien Bonin avec son excellent La vie d'Oru, héros désabusé. Mais ce que j'ai le plus particulièrement apprécié dans L'Aurochs Rouge c'est l'alliance d'une plume légère et d'un riche vocabulaire qui m'ont permis de dévorer le roman en deux jours. Une très belle expérience donc !


Pour découvrir les premiers chapitres de L'Aurochs Rouge.

samedi 18 juillet 2015

La drôle de vie de Zelda Zonk

La drôle de vie de Zelda Zonk est un roman de Laurence Peyrin paru en mai 2015 aux éditions Kero.

Présentation de l'éditeur :
Foutu mardi, foutue pluie… Sur cette route d’Irlande qu’Hanna a prise tant de fois pour aller à son atelier, c’est l’accident. À l’hôpital, la jeune femme se lie avec Zelda, sa voisine de chambre de 85 ans, positive et joyeuse, experte en broderie. Mais Hanna sent un mystère chez la vieille dame, qui esquive toute question précise sur son passé. Que peut-elle avoir à cacher, à son âge ? Bientôt, Hanna découvre que Zelda Zonk était le nom d’emprunt de Marilyn Monroe quand elle voulait passer inaperçue. Hanna sait bien que c’est absurde, Marilyn est morte il y a presque cinquante ans, et pourtant…
Tout en menant l’enquête, Hanna commence à réfléchir au sens de sa propre vie. Est-elle vraiment épanouie dans ce hameau perdu, dans ce mariage routinier ? Si vraiment Zelda est Marylin, si elle a réussi à passer de la lumière à l’anonymat, pourquoi elle-même ne pourrait-elle pas changer de vie ?

La drôle de vie de Zelda Zonk est une fraîche comédie qui traite du sujet de la mort suspecte de Marylin Monroe. On y fait la connaissance de personnages sympathiques qu'on apprend à aimer ou à détester au fil des pages. Mais surtout, les personnages d'Hanna et de Zelda sont passionnants. Tandis que l'une reste très mystérieuse sur son passé, l'autre se métamorphose totalement bousculant ainsi sa vie et ses proches.

En effet, Hanna se passionne d'abord pour cette drôle de dame rencontrée dans une chambre d'hôpital. Bien que sa nouvelle voisine de chambre soit âgée, Hanna commence à apprécier de plus en plus les discutions qu'elles entretiennent toutes les deux. Il faut dire que Zelda a de la répartie et qu'elle semble plutôt douée pour décrypter les méandres de la vie de la jeune femme. Elle trouve toujours les mots justes, ceux qui vont droit au cœur, et elle est constamment de bons conseils ... ce qui intrigue Hanna qui aimerait en connaître beaucoup plus sur la vie passée de celle qui porte le même prénom que Madame Fitzegarld.

Hanna vit avec Jeff, un écrivain en manque d'inspiration. Mais elle vit également avec Patti, sa nièce qu'elle garde lorsque sa mère travaille. Gail, la mère, étant hôtesse de l'air, Hanna est donc très proche de Patti la considérant presque comme sa fille. Hanna a une vie paisible et fait un métier qu'elle aime mais sa vie manque de piment et sa rencontre avec Zelda Zonk va lui faire prendre conscience de ce vide.

Les éléments de l'enquête sur Marylin Monroe sont fascinants mais heureusement l'intrigue principale ne tourne pas autour de ce mystère. Le roman est vraiment centré sur la jeune femme, les choix importants dans sa vie et leurs impacts sur les autres personnages. Laurence Peyrin arrive à captiver son lecteur avec son humour et avec toutes les émotions qu'elle arrive à dégager par ses personnages. La drôle de vie de Zelda Zonk est un roman qui fait du bien, qui vous redonne le sourire à coup sûr !

mardi 30 juin 2015

Soleil en instance

Soleil en instance est le premier roman traduit en français du syrien Hanna Mina. La traduction a été réalisée par l'excellent Abdellatif Laâbi.

Présentation de l'auteur par Wikipédia
"Hanna Mineh, ou Hanna Mina (arabe حنا مينة), est un romancier syrien, né à Lattaquié en 16 avril 1924. Il a participé à la fondation de l'Association des écrivains syriens et l'Union des écrivains arabes. Il est considéré comme l'un des meilleurs romanciers arabes. Ses romans se caractérisent par le Réalisme."

Soleil en instance a été traduit et édité par Unesco / Silex Editions en 1986. Ce roman n'est pas facile à trouver de nos jours et j'ai eu la chance de rencontrer un ami qui l'avait et qui me l'a fait découvrir.

Soleil en instance, c'est l'histoire d'un jeune syrien dans les années 40 alors que la Syrie est sous mandat français. Le jeune homme est issu d'une famille aisée dont la fille doit épouser le "chef de cabinet". Autant vous dire que le père est aux anges. Mais lui, non. Il ne l'aime pas, il n'aime pas son arrogance et sa façon, comme tous les autres 'bourgeois', de martyriser les fellah.

Assez vite on comprend qu'il y a une fracture qui s'agrandit de plus en plus entre le père et le fils. Tout démarre avec des cours de musique que le jeune homme fuit pour retrouver le tailleur, un homme des bas quartiers, qui ne lui apprendra pas la musique, en insistant bien sur le fait qu'il est vraiment mauvais, mais qui lui apprendra la danse du poignard. Une danse peu appréciée de la haute société mais adorée par le peuple qui jubile devant l'une des prestations du jeune homme. Il faut dire que celui-ci vit pleinement cette danse, jusqu'à avoir une hallucination pendant celle-ci.

Le roman prend des allures de lutte des classes entre le père qui est attaché à la colonisation française et le fils qui souhaite croquer sa vie à pleine dent en fréquentant des personnes d'un autre rang social. Il rêve de liberté et d'amour, ce que son père ne conçoit pas.
La dualité entre le père et le fils sert principalement d'exemple pour montrer la pression incessante qui règne dans les rues syriennes. On sent que la Syrie n'est pas loin d'exploser et de réclamer son indépendance.

Le style utilisé est fabuleux, il donne l'impression de suivre une longue chanson empreinte de poésie. Hanna Mina nous transporte avec grâce dans sa Syrie des années 40 en mêlant douceur et dureté. Et en prime il nous offre un final extrêmement fort ...

samedi 27 juin 2015

Le voile des apparences

Le voile des apparences est un thriller fantastique de Natacha Calestrémé paru aux éditions Albin Michel ce mois-ci.

Présentation de l'éditeur :
Après une série d’événements tragiques, Yoann Clivel, flic brillant de la police judiciaire, se rend dans un hôpital psychiatrique. Il y fait la connaissance d’un jeune homme atteint d’autisme qui communique avec les morts. L’un de ses « fantômes » est une femme qui prétend avoir été assassinée. Supercherie ? Délire d’un malade mental ? Ou piste à prendre au sérieux ?
Happé par les méandres de cette affaire, Clivel se retrouve face à une autre énigme : l’assassinat de son propre père lorsqu’il était enfant…
À la frontière du paranormal et du thriller, Le voile des apparences confirme l’univers singulier et très documenté de l’auteur du Testament des abeilles.

Ce type de roman policier change un peu de ce que j'ai l'habitude de lire. Le voile des apparences fait un peu plus que flirter, à mon goût, avec le fantastique mais cela reste aux croyances de chacun sur la mort et ce qu'il s'y passe ensuite. Outre cet aspect fantastique présent, le roman vous entraîne bel et bien dans une nouvelle intrigue policière des plus excitantes.

Le personnage de Yoann Clivel est excellent. Il est vraiment attachant et on le suit avec plaisir dans cette enquête hors du commun. En effet, Yoann s'est trouvé un peu par hasard sur une nouvelle affaire qui a tout du crime parfait. Mais c'est sans compter sur les écrits de la défunte qui se sert d'un autiste pour mettre sur papier des bribes parfois incohérentes de sa vie passée et quelques indices dans le but de résoudre son assassinat.

Dans sa vie personnelle, tout ne va pas pour le mieux pour Yoann. Pour sauver son couple et se sauver lui-même, il doit affronter les démons de son passé et trouver le courage de découvrir la vérité quant au meurtre de son père alors qu'il n'avait qu'une dizaine d'années au moment des faits. Enquête qui s'avère difficile, notamment sur le plan des émotions puisqu'il lui faut fouiller le passé de son père. Un passé peu glorieux, vous l'aurez compris ...

Le voile des apparences se lit plutôt bien. Sa force se situe dans son intrigue solide et son personnage principal aux allures de justicier. Le côté paranormal peut en dérouter plus d'un mais l'auteur tente tant bien que mal de semer le doute dans l'esprit de son lecteur.
L'auteur en profite également pour dénoncer certaines prises en charge surmédicalisées des personnes atteintes d'autisme et à quel point ce trouble peut être sous-considéré. Une belle introduction qui permet, à qui le souhaite, de s'intéresser au sujet.

lundi 22 juin 2015

Présages

Présages est le dernier roman traduit en date de l'excellent auteur islandais Stefan Mani.

Présentation de l'éditeur :
Après avoir survécu à un naufrage où Pétur, le capitaine du bateau, a péri, le jeune Hrafn échappe, presque par miracle, à l'avalanche qui dévaste Súdavík, son village des fjords de l'Ouest, et décime l'ensemble de sa famille. Désormais seul au monde, il s'engage dans une relation complexe et tumultueuse avec María, la fille déjantée du défunt captaine. Immature et influençable, María le quitte bientôt pour Símon, un dealer notoire ultra-violent dont Hrafn est certain qu'il la terrifie afin de la maintenir sous son emprise. Quelques années plus tard, Hrafn vit avec une autre femme. Devenu policier, il cultive toujours sa vieille obsession de coincer Símon pour arracher María à ses griffes...

Après le très sombre Noir Océan et le violent Noir Karma, Série Noire nous offre la traduction d'un autre de ses romans ; Présages. Sans surprise, l'intrigue se déroule en Islande, pays réputé froid pour son climat mais également pour certains de ses habitants au caractère froid et l'auteur le confirme en citant à plusieurs reprises le terme Anaesthesia.
Pour certains, Hrafn est un jeune homme qui a été touché par la main de Dieu puisqu'il a échappé à plusieurs reprises à la mort. Lui se considère comme malchanceux puisqu'il a perdu au fur et à mesure tous ceux qu'il aimait. La première de ses pertes est le capitaine du navire sur lequel il travaillait avec son père. Ce décès accidentel aurait pu être évité par Hrafn. Depuis, ce nouvel anti-héros accumule les déceptions, les embrouilles et semble avoir été touché par la malchance, comme si la mort stagnait autour de lui sans jamais vouloir le toucher lui.

Hrafn est amoureux de Maria, la fille du capitaine décédé. Mais Maria ne se remettra jamais de la mort de son père et sombre dans une lente dépression qui la mènera dans les bras de Simon, un dealer qui ne cesse de monter en puissance. Puis Hrafn devient flic dans la capitale et s'éprend d'une autre femme. Mais jamais il n'oubliera Maria car il se sent responsable de son état. Alors lorsqu'une enquête le traîne sur les traces de Simon, Hrafn va se donner corps et âme pour l'arrêter ... et surtout pour sauver Maria.

L'amour que porte Hrafn à Maria est très ambiguë. Est-ce un véritable amour ou plutôt une sorte d'amour de protection comme peut avoir un grand frère pour sa petite sœur ? Dans tous les cas, Hrafn est comme obsédé par le fait de protéger Maria mais le destin paraît toujours plus fort.
Avec sa fin absolument sublime et logique, Présages résonne comme une tragédie shakespearienne, une sorte de mélange de Macbeth et de Roméo et Juliette. Stefan Mani continue de surprendre pour notre plus grand bonheur, vivement la traduction de ses autres romans !

dimanche 7 juin 2015

Le Designer

Le Designer est un thriller de Sylvie Bardet paru au format numérique au mois de Mai 2015.

Présentation :

Un tueur en série, surnommé Le Designer, emballe depuis 20 ans ses scènes de crime dans du papier kraft blanc. 
Il reste introuvable à ce jour. 
Henry, profileur discret marqué par un passé difficile, se débat entre cette affaire et son attirance irraisonnée et dangereuse pour la femme de son ami d’enfance. 
Jusqu’au jour où tout va basculer… 

Le Designer est un thriller psychologique haletant qui va plonger Henry, le personnage principal, dans un enfer sans issue. 
Il devra lutter contre sa nature et ses sentiments pour arriver à sortir vivant du piège terrible dans lequel il vient de tomber.


Second roman de Sylvie Bardet, Le Designer est un thriller d'un peu plus de 150 pages écrit à la première personne qui vous place dans la peau de l'enquêteur et victime à la fois du tueur en série méticuleux appelé Le Designer. L'auteur nous entraîne donc sur les pas de ce tueur en série qui s'amuse avec son narrateur et l'attire sur les traces de son passé. Henry va alors devoir se confronter aux vieilles histoires de Saint Dix, la ville de son enfance qui n'a pas connu que de beaux jours. Surtout pour Henry.

Bien que l'on en apprenne pas mal sur sa façon d'agir, il est dommage de ne pas suivre parfois le Designer lors de ses meurtres, de ressentir la peur que peut ressentir une de ses proies. Il a pourtant le potentiel pour être tout à fait effrayant mais ce potentiel n'est, à mon goût, pas assez exploité pour en faire un grand méchant.
Le Designer se lit très bien et le personnage d'Henry est bien travaillé. Aussi, la façon dont sont tournées les phrases m'a lancé dès le début sur une fausse piste prévoyant une toute autre fin. Je ne sais pas si c'est voulu mais j'ai trouvé ça plutôt efficace. Je n'en dirai pas plus et vous laisse plutôt le découvrir.

dimanche 31 mai 2015

Le mondologue

Le Mondologue est le nouveau roman d'Heinrich Steinfest paru aux éditions Carnets Nord le 21 Mai.

Présentation de l'éditeur :
Sixten Braun a l’allure d’un homme d’affaires à qui tout réussit : sillonnant l’Asie comme commercial, il est fiancé à une jeune femme de la bourgeoisie colonaise qui l’attend sagement au pays. Mais derrière ce complet veston se cache un homme qui rêve de devenir maître nageur plutôt que manager, et qui n’éprouve que de l’indifférence envers cette fiancée bien sous tous rapports. En l’espace de seulement quelques jours, sa vie est bouleversée par deux accidents incroyables dont il réchappe de peu : primo, l’explosion d’une baleine dans une rue de Tainan, qui le fait rencontrer le grand amour, secundo le crash de son avion en mer de Chine, qui le renvoie illico vers sa mère patrie et un mariage sans amour. Mais parfois, le destin n’a pas dit son dernier mot et voici qu’il apparaît de nouveau dans la vie de Sixten, quelques dix ans plus tard, sous la forme du jeune Simon, son fils présumé avec la femme de Taïwan. Un garçon de 8 ans hors du commun qui grimpe comme un chamois, dessine comme de Vinci, ne parle qu’une langue inconnue de tous…

L'auteur des très décalés, et néanmoins très bons, romans Le Onzième Pion, Requins d'eau douce ou encore Le poil de la bête nous revient avec une nouvelle pépite cultissime. Et comme dans ses précédents romans, il crée des personnages terriblement attachants avec toujours cette particularité de dialoguer avec des mots bien choisis qui allie humour et intelligence. On reconnait même dans tous les personnages de l'ensemble de ses œuvres une certaine façon d'interagir et de penser qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire auparavant.

Dans Le Mondologue, le personnage qui nous raconte son histoire peu ordinaire s'appelle Sixten Braun. Un nom étrange pour un personnage au destin abracadabrant. Après avoir été victime d'une explosion de baleine en pleine rue de Tainan, il réchappe de justesse au crash d'un avion ... Puis, après avoir recueilli un jeune garçon de 8 ans qui ne semble pas être son enfant, il se lance sur les traces de sa sœur décédée quelques années plus tôt alors qu'elle escaladait une montagne.

Entre Sixten et Simon, son fils, un lien fort s'installe. Alors qu'ils n'arrivent pas à communiquer à cause de la barrière de la langue, et il faut dire que la langue de Simon semble totalement inventée, c'est cette affection naissante et grandissante qui va leur permettre de se comprendre et d'avancer. Simon est un garçon assez étrange et très intriguant. Il semble parfois être animé par une force inconnue qui les guide, lui et son nouveau père, toujours vers le bon chemin. Et en plus de cela il dessine comme un maître et sait grimper comme personne. Ce qui rappelle forcément à Sixten sa sœur perdue.

Ce n'est pas l'un qui vient remplacer l'autre. Mais l'un qui s'ajoute à l'autre. Le monde s'accroît. Et il en devient forcément plus compliqué.

Comme l'explique l'auteur, le mot mondologue est un néologisme pour remplacer l'expression "savant universel". Le mondologue est une personne qui s'intéresse à tout. Comme l'annonce le vieux personnage au nom improbable de Mercedes, Simon en serait un. Ce qui pourrait expliquer son comportement, ses réactions, son goût pour le dessin qui offre une vision totalement différente de ce que l’œil perçoit. On est même en droit de croire que son langage est totalement inventé et se base sur une multitude d'autres langages aux multiples racines linguistiques. Ce qui m'a un peu fait penser au film L'homme sans âge de Francis Ford Coppola. D'ailleurs Heinrich Steinfest s'imprègne énormément du monde du cinéma pour mettre en mouvement son roman et il l'utilise d'une manière très originale.

La dernière partie du roman nous embarque vers quelque chose de moins terre à terre et de bien plus fantastique. Après lui avoir ouvert les yeux sur la peinture abstraite, Simon guide son père pour qu'il ouvre son cœur et sa pensée afin de lui laisser percevoir, dans ses rêves, un monde où l'on peut communiquer différemment. Il s'en suit une quête ésotérique mi-rêve mi-réelle pendant laquelle Sixten se repentit de ses péchés et trouve certaines réponses aux questions enfouies au plus profond de son être.

Le roman est magnifique et mérite d'être lu une seconde fois afin de saisir l'ensemble des symboles que l'auteur sème au fil des pages. Heinrich Steinfest signe là son roman le plus abouti à mon goût et confirme qu'il est un grand écrivain.

dimanche 17 mai 2015

L'homme gris

L'homme gris est un roman noir de Fabrice David publié le 31 Mars aux éditions Black-out.

Présentation de l'éditeur :
"Les serrariens représentaient 99% des habitants de cette ville morte. Un amas d’êtres médiocres "qui ne sert à rien".
Il avait du mal à se convaincre lui-même de ne plus mériter cette étiquette qui lui avait collé à la peau avec tant de justesse. Comme ceux dont la vie passait sans que personne ne les remarque. Une existence entière à coûter à la société, sans rien lui apporter. Bouffer, chier, consommer, jeter. Mais en brisant la carrière d’une femme qu’il haïssait, responsable de la mort de son jeune frère, et toujours impunie près de trente ans après, il venait de passer dans l’autre camp. Celui des hommes qui laissaient une trace. Celui des hommes dont la vie avait un but."

C'est entre deux coups de pinceaux ou encore deux coups de tondeuse que j'ai avancé dans le roman. En pleine période de déménagement et de travaux, j'ai dû me contenter de rares moments ces derniers jours me permettant de me poser et de lire ce délicieux roman noir. Heureusement pour moi le roman est très bon.

L'homme gris est un homme comme on en voit partout, ou plutôt il est ce genre d'homme insignifiant que tout le monde snobe. Il est l'un d'entre nous, il est même parfois un peu nous. Il se terre soit chez sa mère, soit à la mairie où il travaille comme fonctionnaire. Il est aigri et se fait discret.
Mais l'homme gris, qui se nomme Heck, ne veut plus être un raté. Il veut enfin faire la fierté de sa mère et venger son frère décédé lorsqu'il était jeune. D'ailleurs l'auteur n'insiste pas sur ce passage, il nous laisse la liberté de nous imaginer l'enfer qu'à dû vivre Heck dans sa famille et comprendre comment et pourquoi il est devenu cet homme si assombri.

Heck est un débutant dans l'art de tuer mais il est malin. Cette part de sa personnalité m'a rappelé avec beaucoup de joie le fabuleux roman de Donald Westlake : Le Couperet. Tout comme Burk Devore, Heck est déterminé mais stressé. Il en devient même touchant. Les autres personnages, eux, ont plus d'assurance et se révèlent être souvent de sacrés ordures.
L'homme gris est un roman sans pitié qui n'épargne aucun de ses personnages et se révèle être une belle critique de notre société. Une très bonne lecture, bien noire !

vendredi 1 mai 2015

Ceux de la plaine

Ceux de la plaine est le premier roman d'Olivier Maison paru le 12 Janvier 2015 aux éditions Kero.

Présentation de l'éditeur :
« Avez-vous remarqué comme les granges sont belles et imposantes par ici ? Ils y mettent ce qu’ils ont de plus beau : leur argent ! Par chez nous, les femmes y déposent leur virginité et les hommes y mettent leur âme, dans les granges. Je vais vous dire : lorsque ces hommes couchent une femme dans un champ, ne croyez pas qu’ils se retirent de peur de les engrosser. Non, c’est une façon d’ensemencer la terre. Leur jouissance, c’est la terre, leurs terres et leurs bêtes, et seulement ça ! Rendre leur femme heureuse… mais c’est le cadet de leurs soucis ! »

Dans la plaine du Vaunard se croisent des personnages hauts en couleur, mais aussi taiseux, semblables à la campagne alentours, dure, contrastée, jalouse de ses secrets et de ses mystères. D’une plume sobre et magnifique, Olivier Maison nous offre un tableau de ce bout de terre, à la fois violent, poétique et crépusculaire.

Ceux de la plaine vous permet de partager quelques tranches de vie de personnages pittoresques, des franchouillards de la plaine du Vaunard qui n'ont pas leur langue dans leur poche et se remplissent constamment le gosier. Olivier Maison crée un véritable univers autour de ses personnages et nous laisse y pénétrer avec beaucoup de facilité.

Nous entrons donc dans un village hors de tout, loin de tout mais tellement proche de nous finalement. On s'y sent bien, on reconnait dans les personnages certains traits de caractères que nous observions étant jeunes sur des personnes âgées ; lors de vacances à la campagne par exemple. D'ailleurs on ne connait pas l'âge des différents personnages, ni l'année à laquelle se déroule l'histoire, comme si l'ensemble de la plaine se situait dans un autre espace-temps. Mais l'auteur nous laisse quelques pistes tout de même qui nous permettent de nous projeter facilement dans le cadre et d'imaginer les traits physiques de ceux qui vivent dans cette plaine perdue.

On ne s'ennuie jamais. Il faut dire que certaines répliques sont hilarantes. Le texte en général est très vivant et le style, travaillé, est succulent à lire. Lu en une journée, je peux vous assurer que Ceux de la plaine est un roman captivant et touchant.

lundi 27 avril 2015

Une putain d'histoire

Une putain d'histoire est le nouveau roman de Bernard Minier paru le 23 Avril chez XO éditions.

Présentation de l'éditeur :
Une île boisée au large de Seattle…
« Au commencement est la peur.
La peur de se noyer.
La peur des autres,
ceux qui me détestent,
ceux qui veulent ma peau.
Autant vous le dire tout de suite :
Ce n’est pas une histoire banale. Ça non.
c’est une putain d’histoire.
Ouais, une putain d’histoire… »

Bonne nouvelle pour les amateurs de polar français, l'auteur de Glacé, Le Cercle ou encore le très réussi N'éteins pas la lumière revient pour nous surprendre à nouveau dans un tout autre style. Cette fois, c'est la première personne qu'il utilise pour nous narrer son histoire, sa putain d'histoire. C'est dans la peau d'un jeune homme de seize ans qu'il se faufile ; Henry, élevé par deux femmes, France et Liv.
Henry est un adolescent comme les autres. Il a une petite amie, Noémie, il va au lycée et a une super bande de copains. En plus, Henry et les autres vivent sur une des îles au large de Seattle, un endroit, d'après ce que l'auteur nous en fait ressentir, qui a l'air très agréable. Mais Henry a un passé qu'il connait mal ... un passé dont il vaut mieux ne rien savoir.

Au départ, le choix de la première personne surprend de la part de Bernard Minier, lui a qui une si belle plume. Mais on est vite conquis par son personnage et l'histoire improbable dans laquelle il nous immerge. Et il faut dire que pour un adolescent de seize ans, il s'exprime plutôt bien.
Le pauvre Henry va voir sa vie bouleversée le jour où un meurtre se produit sur son île et qu'il se retrouve être l'un des principaux suspects. Avec sa bande de potes, ils décident alors de mener l'enquête pour identifier le véritable assassin. Ils ne seront pas au bout de leurs surprises et vont devoir déterrer quelques secrets bien enfouis sur cette île pour pouvoir avancer.

Tout au long de l'histoire, des pièces du puzzle s'assemblent et on peut imaginer de multiples scénarios possibles. Mais à chaque nouveau chapitre nos espoirs s'effondrent et on se retrouve bien obligé de revoir toute notre réflexion. Évidemment ce n'est qu'à la fin que l'on découvre toute la vérité de cette putain d'histoire étonnante. 
Captivant et surprenant, Une putain d'histoire est un roman dont on a du mal à décrocher. Les personnages sont tous attachants mais on sent bien qu'il faut se méfier de chacun d'entre eux. Il règne tout au long de l'histoire une ambiance chaleureuse qui nous ensorcelle et fait de nous l'un des habitants de cette mystérieuse île. Et plus les pages défilent et moins l'on souhaite que la fin approche.
Bernard Minier devient un auteur incontournable du polar français. Il l'avait déjà confirmé avec ses précédents romans mais, avec Une putain d'histoire, il montre qu'il peut toujours nous surprendre !