lundi 16 juillet 2012

Le retour des morts

Le retour des morts est un roman fantastique de John Ajvide Lindqvist, l'auteur suédois de l'excellent Laisse moi entrer.

Présentation de l'éditeur :
Stockholm, le 13 août 2002... un orage électrique terrasse les vivants... et fait se lever les morts.
Tous ceux qui ont disparu depuis deux mois reviennent à la vie.
Dans quel état ? Dans quel but ?
Au cœur de toutes les familles, l'espoir et l'horreur se mêlent bientôt.
Inextricablement.
Avec un réalisme sidérant et la sensibilité unique qui est sa marque, John Ajvide Lindqvist réinvente le roman de morts-vivants comme il l'avait fait pour le thème du vampire avec "Laisse moi entrer", adapté deux fois au cinéma.

Après s'être attaqué avec beaucoup de délicatesse et de poésie au mythe des vampires, l'auteur se lance cette fois-ci dans la légende des morts-vivants. Comme pour son premier roman, il s'approprie totalement le style pour le rendre plus humain, plus réel. L'auteur se détache totalement du 'Romero Like' et offre avec finesse un excellent roman qui laisse plusieurs pistes de réflexion sur la mort et l'inconnu en général.
Avec Laisse moi entrer, l'auteur avait repris à sa façon l'histoire de Roméo et Juliette. Ici, Le retour des morts fait toujours référence à Shakespeare mais au féérique Le songe d'une nuit d'été. J'ai apprécié son approche sur la vie après la mort, préférant nommer ces créatures des revivants plutôt que des morts-vivants. Outre cette référence à Shakespeare, et dans un style plus contemporain, on peut se rapprocher de Fido ou même de Land of the Dead pour cet envie d'humaniser le mort, lui donner le titre de renouveau car il apprend à nouveau. A communiquer par exemple.

Il n'est pas mort. Il existe.

Mais la véritable originalité de ce roman est sa montée crescendo de la panique que provoque l'arrivée des revivants. L'auteur s'éloigne complètement du caractère gore du genre (quoi que ...) pour faire passer ces créatures comme des étrangers qu'on écarte, dont on a peur. On commence par désirer les voir, puis ne plus voir en eux ceux qui nous étaient proches. On les rejette alors ou on tente de les protéger.
John Ajvide Lindqvist continue de nous glacer le sang avec un nouveau conte stupéfiant et angoissant où sont décrites les réactions de plusieurs familles retrouvant l'un de leurs proches récemment décédé. Chacun réagira différemment, mais quelle est la bonne attitude face à ce type de miracle ?
Et nous, comment aurions-nous réagi ?

lundi 9 juillet 2012

¡ Viva la muerte !

¡ Viva la muerte ! est le premier roman de Frédéric Bertin-Denis aux éditions Kyklos.

Présentation de l'éditeur :
Cordoue, novembre 2008. De respectables vieillards se font massacrer selon des méthodes héritées de l’Inquisition. Pour élucider ces crimes, l’inspecteur-chef Manuel El Gordo va devoir se replonger dans les arcanes du franquisme ainsi que dans son passé familial.
À l’heure où les idées les plus réactionnaires resurgissent, ¡ Viva la muerte ! ravive utilement la mémoire sur le rôle pervers et coupable des grands piliers de la dictature du généralissime Francisco Franco. 

¡ Viva la muerte ! criaient les franquistes durant la guerre civile espagnole. Vive la mort. C'est avec ce titre très démonstratif qu'on se lance dans cette fabuleuse et vibrante histoire.
L'inspecteur Manuel El Gordo enquête sur une étrange série de meurtres prenant pour cible de respectables vieillards, au premier abord, et mettant en scène des méthodes de torture qui n'ont rien à envier aux "pires" films du cinéma sans jamais tomber dans le gore inutile. Le flic va devoir fouiner dans le passé peu glorieux de ces victimes pour comprendre ce qui les relie entre eux et au mystérieux tueur. On se délecte alors d'une passionnante fresque historique racontée avec beaucoup d'humour et d'anecdotes enrichissantes.

Je suis sûr qu'on a besoin de l'histoire, non pas pour punir [...] mais pour comprendre.

¡ Viva la muerte ! se lit très bien. Aucun temps mort sur ces plus de 500 pages. Le rythme est sans cesse ranimé par les changements d'époque et des révélations surprenantes. Le roman prend aux tripes, je ne l'ai pas lâché depuis que je l'ai tenu.
Tous les personnages ont leur charme, leur histoire et leurs secrets. Les découvertes sur le passé de certains d'entre eux ont l'originalité de se faire sous forme épistolaire. Certains de ces passages sont d'ailleurs véritablement envoutant tant on est happé par des confidences hors du commun.
Avec son humour et sa narration efficace, ¡ Viva la muerte ! est un gros coup de cœur ! Plus que cela, c'est un roman utile voire nécessaire pour remettre les idées en place en ces temps qui se compliquent ...