dimanche 26 octobre 2014

OP3 ROAD

OP3 Road est un témoignage d'Hubert Picard sorti ce mois-ci aux éditions Kyklos.

Présentation de l'éditeur :
OP3 ROAD relate l’histoire vraie des GI’s de la compagnie Baker du 3-509th Airborne, qui ont occupé le camp Observation Post 3 de Karmah, en Irak, de janvier à juin 2007, de ces braves qui en ont marre d’être pris pour des maniaco-dépressifs détruits par la guerre, des camés en décrochage, des alcoolos au cerveau lavé par la bière, des affranchis sadiques béatifiés par tonton Bush, des nègres et des chicanos en échec scolaire, illettrés et exclus, ne sachant que faire de leur peau et qu’on imagine sans autre perspective de vie que l’armée sinon une existence aussi terne qu’un parking souterrain.
Non, l’Irak n’est pas le Vietnam. Ici, ni fumette ni souk de fantasmes barbares et d’hallucinations. Ici, les « chiens de guerre » n’ont pas besoin de ça pour jouer les dieux ou les démons, voir le goût de la victoire dans la bouche et prendre en main leur destin.

En tant que reporter de guerre, Hubert Picard a eu le privilège d’être le seul civil à partager la vie de ces soldats. Aucun autre journaliste, aucun « officiel » ne s’est jamais rendu à Karmah en raison des dangers encourus.

OP3 Road, c'est l'histoire d'une guerre sans super-héros. L'histoire d'une guerre où les fanatiques ne connaissent pas la pitié et où les soldats peuvent avoir peur. Ce n'est pas une histoire qui se termine bien, ce n'est même pas une histoire qui se termine. OP3 Road transpire de vérité et se veut d'être fidèle à la réalité.
L'auteur, Hubert Picard, est un journaliste de guerre et témoigne aujourd'hui, à travers cet ouvrage, de ce qu'il a pu voir en Irak dans le camp OP3 de Karmah. Pour exprimer au mieux ce qu'il a pu voir et ressentir, il utilise un style brusque, direct, qui nous plonge dès le départ dans l'ambiance de la guerre en Irak.

Ce qui m'a marqué le plus c'est cette claustrophobie que peuvent ressentir les soldats américains. Ils ne peuvent se fier à personne. Ni à l'extérieur du camp où sévissent les insurgés, ni même à l'intérieur avec des interprètes qui puent la trahison à plein nez. Même la police irakienne parait douteuse et dangereuse. Et tout cela sans compter sur une administration américaine qui empêchent de travailler correctement. De quoi péter les plombs assez rapidement.
Certaines scènes sont très vivantes et angoissent vite le lecteur. Il est très facile de se projeter dans certaines d'entre elles et de vivre aux côtés des soldats et du journaliste les évènements effrayants et sombres de certains passages du récit. Il est également intéressant de savoir comment la population vit ou tente de vivre durant cette période de guerre.

La guerre vue de l'intérieur. OP3 Road est un témoignage poignant dans lequel l'auteur s'intéresse tout autant aux acteurs qu'à la scène. Hubert Picard s'est attaché à ces frères d'arme qui sont parfois bien jeunes et qui, comme tout être humain, éprouvent de la peur. L'auteur en profite pour dénoncer un journalisme de désinformation ou de banalisation et permet de se faire une toute autre opinion de la guerre avec son lot d'horreur et d'épisodes étranges.

dimanche 19 octobre 2014

Ainsi résonne l'écho infini des montagnes

Ainsi résonne l'écho infini des montagnes est le nouveau roman de Khaled Hosseini, l'auteur des sublimes Les cerfs-volants de Kaboul et Mille soleils splendides.

Présentation de l'éditeur :
Dans le village de Shadbagh, Abdullah, dix ans, veille sur sa petite soeur Pari, trois ans. Entre les deux enfants, le lien est indéfectible, un amour si fort qu'il leur permet de supporter la disparition de leur mère, les absences de leur père en quête désespérée d'un travail et ces jours où la faim les tenaille.
Mais un événement va venir distendre ce lien, un choix terrible qui modifiera à jamais le destin des deux jeunes vies, et de bien d'autres encore...

Des années cinquante à nos jours, d'une petite cahute dans la campagne afghane aux demeures cossues de Kaboul, en passant par le Paris bohème des seventies et le San Francisco clinquant des années quatre-vingt, Hosseini le conteur nous emmène dans un voyage bouleversant, une flamboyante épopée à travers les grands drames de l'Histoire.



Ainsi résonne l'écho infini des montagnes se lit comme un voyage à travers le temps où l'on parcoure des milliers de kilomètres au gré des vents qui nous chantent et nous murmurent de merveilleux contes qui s'emboitent pour former l'histoire d'une vie. Une vie vécue par plusieurs personnages auxquels l'auteur attache de l'importance par leur complexité et la place importante qu'ils prennent dans le destin des autres. Une vie durant laquelle de nombreuses étapes se franchissent, durant laquelle de nombreuses brèches s'ouvrent et durant laquelle de fabuleuses rencontres se produisent.

Après six ans d’absence, Khaled Hosseini revient avec un nouveau roman tout autant bouleversant que ses précédents mais construit différemment. L'histoire, bien que complexe, est parfaitement maîtrisée et nous entraine une nouvelle fois dans l'histoire de l'Afghanistan.
Mais cette fois-ci, la guerre n'est pas au centre de l'histoire. Ce sont bien les personnages, et le lien entre chacun d'entre eux, qui dominent. La guerre, quant à elle, ne sera que l'un des nombreux bâtons qui traceront le destin de ces personnages.

Le roman pose de multiples questions dont la principale est imagée par une fable au début de l'histoire ; où commence le bonheur ? Le malheur de l'un peut-il apporter le bonheur de l'autre ? Hosseini continue de signaler les injustices et ses abus, notamment en temps de guerre, et intègre des thèmes qui semblent lui être chers tels que la fracture sociale, l'héritage culturel et la place de la femme dans un pays qui s’extrémise.
A noter d'ailleurs à ce sujet que le délicieux personnage de Nila a tout du profil libertin que l'on pouvait se faire d'une parisienne embourgeoisée de l'époque. Il n'est donc pas surprenant de la voir fouler les pavés de la ville Lumière. Tout a un sens dans le roman. Khaled Hosseini signe encore une fabuleuse réussite. Une tragédie émouvante que le final achève superbement.

dimanche 12 octobre 2014

Chasse à l'Epaulard

Chasse à l'épaulard est le nouveau roman de Williams Exbrayat paru aux éditions Storylab le 16 Juillet au format numérique.

Présentation de l'éditeur :
Maddog, l'incorrigible détective privé au passé mouvementé, pensait se la couler douce quelque temps après sa dernière investigation. Mais c'était sans compter l'appel de son ex-femme, qui le somme de venir à Pau pour retrouver son nouveau mari Épaulard, un ancien militaire. Lorsque Maddog découvre qu’Épaulard n’est pas le seul membre de son ancien bataillon à avoir disparu, cette affaire en apparence banale se transforme en une enquête plus complexe que prévu… et bien plus meurtrière.

Maddog revient après son histoire de Chiennes Fidèles. Une nouvelle aventure aux nombreux rebondissements l'attend. On retrouve donc avec grand plaisir ce détective bien particulier aux poings qui volent et aux répliques cinglantes. Surtout avec sa délicieuse ex-femme ... qui devient son patron le temps d'une enquête bien dangereuse. Cette fois-ci, Maddog doit retrouver l'amant de son ex-femme, un détective privé lui-aussi et ancien militaire. D'ailleurs les disparitions de militaire sont au beau fixe dans l'entourage d'Epaulard.

Maddog est un excellent personnage qu'on apprend à aimer et avec qui on aimerait se marrer. Il ne manque pas d'humour et on s'attache facilement à lui. L'auteur l'entraine dans une histoire qui prend parfois des tournures un peu glauques et qui ne manquent pas de stupéfier son lecteur à de nombreux moments. L'action est au rendez-vous et tout est fait pour vous faire passer un excellent moment de lecture. Vivement la suite !

dimanche 5 octobre 2014

Rouge ou mort

Rouge ou mort est le nouveau roman de David Peace paru au mois d'août aux éditions Payot & Rivages.

Présentation de l'éditeur :
« Et les supporters du Spion Kop jettent leurs écharpes à Bill. Leurs écharpes rouges. Une pluie d’écharpes tombe sur Bill. En guise de remerciement. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill ramasse leurs écharpes. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill noue une écharpe autour de son cou. Une écharpe rouge. Et Bill brandit une autre écharpe. Une autre écharpe rouge. Entre ses poings. Une écharpe. Une écharpe rouge. Tenue bien haut. Entre ses bras levés,
En signe de remerciement. »
C’est dans un style incantatoire et hypnotique que David Peace raconte l’histoire du Liverpool Football Club lorsque Bill Shankly en prit la direction. Il prend, dans Rouge ou mort, une hauteur extraordinaire et signe le grand roman de l’année.

L'auteur du sublime 1974 revient pour notre plus grand plaisir avec son nouveau roman ; Rouge ou mort. Rouge comme la couleur du Liverpool Football Club. Mort comme l'ennemi qui ose affronter la plus grande de toutes les équipes de football, celle de Liverpool bien sûr. Le Liverpool de Bill Shankly plus précisément.
Après Brian Clough dans 44 jours, David Peace s'attaque à présent à Bill Shankly, un autre grand manager. Partisan d'un football dit 'socialiste', Bill Shankly ne cesse de répéter et motiver ses troupes en leur rappelant qu'ils jouent d'abord, non pas pour l'argent ou leur gloire, mais pour les supporters du Liverpool Football Club.

C'est un collectif. Chacun travaille pour tous les autres. C'est une forme de socialisme. De socialisme à l'état pur. Chacun faisant tout ce qu'il peut pour le reste

C'est au travers de nombreuses saisons footballistiques que l'on suit Bill et son équipe évoluer dans le championnat d'Angleterre. Sortie de la ligue 2 dès l'arrivée de Bill, l'équipe se voit gravir les échelons très rapidement. Les victoires s'enchainent et Liverpool redécouvre, grâce au sauveur Bill, le plus haut niveau du championnat, de la coupe d'Angleterre et de différentes coupes d'Europe.
David Peace use d'un style énergique qui donne l'impression de suivre les commentaires exaltés d'un spécialiste du football. L'auteur présente Bill comme un être extrêmement généreux et fort d'une intuition incomparable dans le domaine du football. Il sait quel joueur il veut à tel poste même s'il manque d'expérience, même s'il est au bord du gouffre. Il sait également utiliser une psychologie efficace pour motiver ses joueurs.

C'est avec grand plaisir donc qu'on retrouve David Peace au mieux de sa forme. Il nous fait suivre l'évolution de l'Angleterre à travers le monde du football et surtout à travers les yeux d'un des plus grands personnages anglo-saxons du football. En plus, l'auteur termine en beauté en nous offrant un final rappelant l'un des plus beaux poèmes de Paul Eluard.