mercredi 29 février 2012

Genesis

Genesis est le nouveau roman de Karin Slaughter, auteure américaine de nombreux thrillers à succès.

Présentation de l'éditeur :
Quelqu’un l’a torturée… torturée longuement…
L’ancien médecin légiste de Grand County, Sara Linton, s’est installée depuis trois ans à Atlanta pour essayer d’oublier les moments atroces et très pénibles qu’elle vient de vivre. Médecin dans un grand hôpital de la ville, elle reconstruit peu à peu sa vie. Quand arrive aux urgences une femme très grièvement blessée, elle se retrouve plongée dans le monde de la violence et de la terreur. La femme a été renversée par une voiture mais elle était nue et couvertes de marques de coups et de blessures. Elle avait visiblement été la victime d’un esprit dérangé.
L’inspecteur Will Trent du Georgia Bureau of Investigation est dépêché sur les lieux et ne va pas tarder à découvrir sous terre une chambre de torture et s’apercevoir que la patiente de Sara est la première victime d’un malade, d’un tueur sadique. Retirant l’affaire à la police locale, Will Trent et sa co-équipière Faith Mitchell vont traquer le tueur. Sara, Will et Faith – avec leurs propres blessures et leurs secrets – sont les seuls à pouvoir décortiquer le cerveau d’un tel détraqué et l’empêcher de perpétrer ses abominables meurtres.

Alors oui, on sent le thriller bateau à plein nez avec un bandeau qui semble sur-vendre l'ouvrage mais il s'agit bien d'un roman de qualité. La qualité de l'écriture d'abord qui se remarque dès le début, les tournures de phrase sont efficaces et le vocabulaire est bien utilisé, ni pauvre ni riche mais juste. Tout cet ensemble permet de maintenir un bon rythme à l'histoire. La qualité du scénario et de son atmosphère ensuite. Le tueur en série est fort sadique, pour le plus grand plaisir des amateurs du genre, et surtout, l'intrigue est excellente.

Un monde où les fillettes étaient battues ou violées par leur père, où les magazines leur disaient qu'elles ne seraient jamais assez parfaites, où en l'espace d'un instant des sadiques pouvaient vous arracher à votre vie, à votre enfant, et vous jeter dans un enfer vivant pour le reste de vos jours ?

On pourra reprocher une fin un peu facile, trop rapide peut-être, et un léger manque dans l'histoire de Faith, l'un des personnages principaux. Mais il faut avouer que l'ensemble de l'enquête est astucieux et surtout vraiment intriguant.
Genesis est un roman angoissant, très sombre et qui ne manque pas d'imagination. Je ne connaissais pas les romans de cette auteure et je dois avouer avoir été bluffé.

Un petit mot de Stéphane Bourgoin au sujet du livre et de l'action de son auteure :
Karin Slaughter a créé une fondation, "Save the Libraries", qui vient en aide aux bibliothèques municipales américaines menacées de fermeture parce qu'on leur a coupé les vivres, en raison de la crise financière.
En mars de l’année dernière, Karin Slaughter a fait don de 50 000 $ à la bibliothèque municipale du Comté de DeKalb en Géorgie et, depuis octobre 2011, elle organise le sauvetage d’une bibliothèque de Boston. Elle a également mobilisé dans sa croisade des auteurs tels que Lisa Gardner, Scott Turow, Harlan Coben et Dennis Lehane.

lundi 13 février 2012

ZIPPO

ZIPPO est un roman d'anticipation et engagé de Mathieu Blais et Joël Casséus.

Présentation de l'éditeur :
Dans une ville nord-américaine d'un avenir pas si lointain se prépare un grand sommet économique que le journaliste-militant Nuovo Kahid est chargé de couvrir. Quand l'économie va, tout va, dit-on. Mais les pornoputes disparaissent, les autorités se durcissent, les clochards claquent des dents et la ville tombe en ruine. Par-dessus le marché, une comète fonce sur la terre. Avait-on vraiment besoin de ce caillou sidéral pour annoncer sans crainte de se tromper que la première heure de la fin du monde avait déjà sonné ?
Polar noir d'une écriture sèche comme des rafales d'automatiques, ZIPPO est le roman de la nouvelle gauche québécoise, une gauche ouverte sur le monde, informée, informatisée et peu encline au romantique. Mais… La désillusion parcourt les pages de ce livre comme un indicateur de civilisation alarmant.
Car les protestataires prennent de l'âge et redoutent ce moment où, vaincus, ils devront rentrer dans le rang pour rejoindre leurs aînés, ces vautours qui se sont engraissés sur le cadavre du monde.

Nouvel ovni littéraire chez Kyklos ! On ne pensait plus pouvoir être autant étonné mais les éditions Kyklos ne cessent de nous surprendre à chaque nouveau titre. Pari osé encore une fois et pari réussi.
Roman pré apocalyptique, gauchiste et totalement pessimiste, ZIPPO place son décor dans une atmosphère de fin du monde où l'humanité attend l'arrivée d'une météorite. A croire que ce phénomène se présente au moment où l'humanité n'est justement plus très humaine. Les hôpitaux sont vides, les gens sont abandonnés comme des merdes à leur propre sort et les coups de matraque pleuvent comme la pluie de Normandie.

Une fleur sur un tas de merde.

C'est sous la forme d'un polar que l'on fait connaissance avec Villanueva et ses sombres habitants. Peuplée de pornoputes et de claquedents, cette ville a l'odeur de brûlé et irrespirable des crache-poumons. Écriture atypique et inventive, les deux auteurs ne manquent pas d'imagination pour faire passer leur message alarmiste ou défaitiste sur cette société individualiste.
L'avant dernier chapitre offre même une sorte d'allégorie de l'adversité, démontrant efficacement que pour s'en sortir, les hommes doivent se tenir la main plutôt que s'entrainer vers le bas. A mi chemin entre un polar d'anticipation et un roman noir philosophique, ZIPPO est une œuvre engagée ressemblant à un cri de désespoir. Un roman efficace, déjanté et hors du commun !

On ne nait qu'une fois et la plupart du temps, c'est horrible.

mercredi 8 février 2012

L'apparence de la chair

L'apparence de la chair est le nouveau thriller de Gilles Caillot.

Présentation de l'éditeur :
Pour le Capitaine de police Sylvie Branetti, la vie s’est soudainement arrêtée il y a 15 ans, lorsque le tueur qu’elle poursuivait l’a laissée pour morte et a enlevé sa fille.
Après un passage obligé en hôpital psychiatrique et des séances régulières de psychothérapie et d’hypnose, elle se raccroche à un seul objectif : savoir ce qui est arrivé à Lila, la chair de sa chair.
La découverte d’un cadavre mutilé, arborant la même signature que celle du monstre qu’elle a croisé par le passé, la propulse à nouveau dans l’horreur mais cette fois avec une espérance nouvelle : connaître enfin la destinée de sa fille.
Accompagnée de Paul Bénito, son ancien amant, elle suivra avec acharnement les traces laissées par celui qui détient la vérité.

C'est baigné dans une pluie de métaphores que l'on commence la nouvelle aventure de Gilles Caillot. Associée à un des premiers chapitres, chez la voyante, qui sonne le déjà-vu, c'est donc avec un peu d'appréhension que j'ai entamé ce roman ...
Mais les choses s'améliorent par la suite et on ne rentre pas dans un schéma classique d'enquête. Certains passages viennent troubler notre scénario et nous transporte vers différentes voies. Qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui ne l'est pas ? L'auteur maitrise parfaitement sa trame et se joue aisément de son lecteur.

L'histoire est très bonne. Elle offre une véritable réflexion et une intrigue complexe. Les apparences sont trompeuses et les personnages attachants. On retrouve la patte de l'auteur avec son attachement à la chair justement, sa capacité à écœurer sans donner dans la surenchère. Le style de l'écrivain a bien progressé depuis son premier roman, L'ange du mal, et promet de futurs romans intéressants.

Le récit m'a rappelé d'autres œuvres (notamment cinématographiques) aussi troublantes telles que Sleepwalker et La boite noire. Sorti en exclusivité au format poche, ce roman policier a tout pour plaire à un grand nombre de personnes. Originalité, frisson et rythme sont au rendez-vous de cet astucieux polar !

dimanche 5 février 2012

GATACA

GATACA est le second roman du diptyque sur l'origine de la violence de Franck Thilliez. Bien que le roman soit la suite de Le syndrome E, il peut tout de même se lire indépendamment du premier tome.

Présentation de l'éditeur :
Une jeune scientifique spécialiste de l'évolution des espèces retrouvée morte, attaquée par un primate.
Onze hommes derrière les barreaux. Leurs points communs : tous ont commis des crimes barbares et tous sont... gauchers.
Enfin, la découverte d'une famille de Néandertaliens assassinés par un Cro-Magnon.
Quel est le rapport entre ces affaires et des crimes éloignés de 30 000 ans ?
La clé est dans ces quelques lettres : GATACA...

Grand habitué au prix Polar Pourpres, l'auteur n'en réchappe pas cette année car il est encore sélectionné pour le prix de 2011. Preuve qu'il est aimé des lecteurs du genre.
On retrouve les deux héros chers à l'auteur, Lucie Hennebelle et Franck Sharko, pour leur deuxième aventure en commun. Aventure qui a la marque de son auteur, puisque le lecteur pourra encore s'immerger dans une intrigue mystérieuse sur la base d'un scénario scientifique. Cette fois, l'enquête nous mène sur le délicat chemin de l'évolution. L'histoire est une nouvelle fois très bien ficelée, les rebondissements sont cohérents et continuent de confirmer tout le talent de l'auteur à inventer des trames dynamiques et captivantes.
La science n'est pas la seule marque de fabrique d'un roman de Franck Thilliez. En effet, l'auteur utilise comme à son habitude de nombreuses références cinématographiques. Bien évidemment le titre nous fait penser au film de science fiction Bienvenue à Gattaca mais on peut également remarquer des références au thriller Les oubliées de Juarez.

Pourquoi, encore, les tripes, le pavé, le sang, marquant un retour aux origines ?

L'évolution est une fois de plus mise à rude épreuve dans ce récit. Plus spécifiquement, c'est la latéralité de l'individu qui entre en jeu ; la violence est-elle ancrée plus particulièrement dans les gènes des gauchers ? Intrigue intéressante et plus abordable qu'une thèse sur le sujet que j'avais déjà entrepris de lire.
Malgré tout cet enthousiasme, j'ai tout de même quelques reproches à formuler sur ce roman. Certains dialogues entre les deux principaux personnages sonnent mal. J'ai essayé d'imaginer deux personnes discuter avec ces phrases et j'ai eu du mal à visualiser réellement de telles conversations entre deux individus. J'ai également noté que l'auteur avait tendance à un peu trop souvent donner la main à son lecteur lorsqu'il partait dans ses explications.
GATACA est une bonne suite (bien qu'indépendante du Syndrome E) mais n'est pas, à mes yeux, le roman le plus abouti de l'auteur sur bien des plans.