lundi 28 avril 2014

Châtiments

Châtiments est le nouveau thriller de Val McDermid déjà auteur de plus d'une vingtaine de romans.

Présentation de l'éditeur :
Parmi tous les criminels que le profileur Tony Hill a mis derrière les barreaux, il en est un qui a particulièrement influencé sa vie et sa carrière. Un tueur en série plus diabolique que tous les autres. Un tueur en série qui a le don de lui glacer les sangs : Jacko Vance. Et aujourd'hui Jacko est de retour. Encore plus retors qu'avant, il veut prendre sa revanche sur Tony - et sur l'inspectrice Carol Jordan - pour les années qu'il lui a fait passer en prison.
Tony ne sait ni où ni quand le tueur va frapper. Tout ce qu'il sait, c'est que sa peur ne connaîtra plus de limites et que Jacko va user de tous les moyens pour détruire sa vie. Troublant et palpitant de bout en bout, Châtiments est le livre idéal pour découvrir ou redécouvrir l'univers de Tony Hill et de Carol Jordan. Un livre que vous n'êtes pas prêt d'oublier.

Châtiments est le septième roman de la série "Tony Hill & Carol Jordan", l'association entre un profileur de génie et une inspectrice de police dans les milieux glauques et violents. Val McDermid nous plonge à nouveau dans l'univers sombre du nord de l'Angleterre.
Alors qu'un tueur sévit chez les prostituées, Jacko Vance, tueur en série autant malicieux que prétentieux, s'échappe de prison après un tour de passe-passe à peine crédible et décide de se venger de ceux qui ont joué un rôle dans son arrestation. Autant dire que Carol Jordan et Tony Hill vont avoir du boulot. Surtout que le service de Carol est sur le point de se dissoudre ...

Ce qui frappe assez rapidement c'est le manque total d’originalité. Le dangereux psychopathe qui réussit à s'évader et qui décide de se venger plutôt que de se faire la malle, c'est du déjà vu et revu. Mais bon, pourquoi pas. L'important dans cette histoire reste ce duo de choc. Les personnages de Tony et Carol sont plutôt bien 'dessinés' et il est agréable de les suivre durant l'enquête. Leur relation est ambigu et l'auteur arrive parfaitement à les rendre sympathiques.

Châtiments ne laisse pas de répit aux enquêteurs et les assène même de multiples coups aussi bien physiques que moraux. On sent qu'un duel violent entre Jacko Vance et le couple héroïque devient petit à petit inévitable. Surtout que le tueur en série est plutôt doué pour affaiblir son adversaire et se cacher. Heureusement que l'esprit du profileur associé au courage et à la détermination de l'inspectrice vont finir par déjouer ses plans. Enfin, c'est ce que vous croyez ?
En plus d'une fin certes inattendue mais décevante, Val McDermid souhaite tellement maltraiter ses personnages qu'elle décide de les déchirer d'une manière un peu grotesque et inutile. Cette haine si soudaine semble aussi forte que ce lien indescriptible qui les unissait avant. Mais pour moi c'était le passage de trop.

vendredi 18 avril 2014

Concarn'noir

Concarn'noir est un roman noir de Marek Corbel publié aux éditions A Verba Futurorum.

Présentation :
Concarneau automne 2013. Dans un port de pêche, victime de la crise, les manœuvres politiciennes en vue des échéances municipales du mois de mars débutent. L’ancien maire Le Gall est déterminé à reprendre les clés de la ville bleue à son rival. Pour mener à bien cette reconquête, il entend s’appuyer sur sa splendide maîtresse, l’écologiste Nadia Amat, une ancienne figure de la vie culturelle branchée. C’est sans compter sur l’apparition d’un mystérieux corbeau qui inonde, de son quartier de La Boissière, presse locale, ennemis et amis politiques, d’informations compromettantes  sur le passé sulfureux de la nouvelle diva. Pourquoi cette dernière s’est-elle tue sur ses activités, durant les années 80, au sein du rock underground ? Le commissaire Verbeke et le lieutenant Flao vont sortir brutalement de leur torpeur cornouaillaise pour naviguer entre les ultimes règlements de comptes au sein d’un courant musical emblématique et l’enquête sur le meurtre d’un photographe concarnois, deux ans plus tôt.

Roman noir politique sur fond de rock underground, Concarn'noir nous entraine, en ces temps d'élections municipales, à Concarneau dans le Finistère pour participer à cette grande course à la mairie.
Mais qui dit campagne électorale dit coups bas assurés entre les partis rivaux. Alors que Nadia Amat atteint la deuxième place de la liste de Le Gall grâce à un ralliement entre gauchistes et écolos, des lettres d'un mystérieux corbeaux arrivent soudainement l'incriminant sur son passé.
Que cache donc son passé ? C'est ce que le commissaire Verbeke et le lieutenant Flao vont tenter de découvrir en remuant la merde d'une autre époque.

Marek Corbel choisit d'orienter certains de ses personnages dans l'univers des groupes de rock alternatifs qu'on a pu écouter de nombreuses fois dans les années 80. Une sorte d'hommage à un style qu'on ne retrouve guère plus et qui a pourtant marqué toute une époque. On n'est pas dans le rock tout propre et spectaculaire que l'on peut entendre aujourd'hui sur toutes les ondes mais dans un rock bonne franquette avec les potes dans la salle du bar tabac de la rue des Martyrs (Pigalle).
Ça me donne envie de ré-écouter quelques grands classiques !

Mis à part quelques rares fautes de frappes et de conjugaison sur l'impératif, le roman se lit très bien. L'auteur a un style bien travaillé et son roman ne manque pas de rythme. Issu de l'Institut d’Études Politiques, on comprend que l'auteur maitrise si bien son sujet. Toute la partie sur les élections est très réaliste et captivante.
Concarn'noir est un court roman noir de 112 pages vraiment intéressant et qui mérite qu'on y accorde un peu de temps pour le lire.

mardi 15 avril 2014

Last Minute

Last Minute est un roman de l'écrivain Jeff Abbott paru aux éditions J'ai lu le 12 Février 2014.

Présentation de l'éditeur :
Ex-agent de la CIA, Sam Capra voit sa vie basculer le jour où le cartel des Cinq Soleils kidnappe son fils. En monnaie d’échange, Sam doit éliminer un étudiant et un hacker qui possèdent des informations plus que compromettantes sur le cartel. Une vie contre deux…
Les heures lui sont comptées. Aidé d’une jeune ingénieur en informatique dont la fille a aussi disparu, Sam se lance dans un contre-la-montre impitoyable.
Lorsque Mila, bien connue de Sam, intervient dans cette traque, les menaces se multiplient. Qui sont les mystérieux individus qui ont mis à prix la tête de Mila ? En saurait-elle plus qu’il n’y paraît ? Sam n’a pas le choix, le temps presse, la vie de son fils est en jeu.

Last Minute fait partie d'une série de thrillers mettant en scène le personnage de Sam Capra. Ce n'est pas le premier de la série mais l'auteur résume assez bien la situation des personnages pour que le roman puisse être lu indépendamment des autres.

Sam Capra est un ex-agent de la CIA, de la brigade des Projets Spéciaux, qui a découvert un peu tard que sa femme travaillait pour le groupe très secret des Novem Soles. Se sentant manipulé depuis toujours, Sam continue de l'être car les membres de ce groupuscule terroriste détiennent son bébé et comptent bien le faire chanter avec. Un bébé qu'il n'a d'ailleurs jamais vu ni pris dans ses bras.
Le chantage se résume à cela : il pourra retrouver son bébé si seulement il tue quelqu'un pour eux. Un meurtre très particulier qui semble presque impossible à réaliser. Heureusement, aidé de l'énigmatique Mila et de Léonie, Sam Capra devrait pouvoir mener à bien sa mission. Mais à quel prix ?

Les personnages sont appréciables et parfois même touchants. Certaines scènes sont fracassantes et les retournements de situation ne manquent pas. Le lecteur est sans cesse secoué et ne lâche pas son roman. Pari réussi donc pour Jeff Abbott qui nous offre un nouveau roman d'espionnage rempli d'action et de suspense qui fait inévitablement penser à l'excellent Robert Ludlum. Rien que ça !

vendredi 11 avril 2014

Le Monde - Polar, le triomphe du mauvais genre

"La plupart des romans américains ne parlaient pas du monde dans lequel je grandissais, celui de la classe ouvrière. J'ai découvert que le roman noir se situait exactement dans ces endroits. Je me suis dit : voilà, il y a une littérature pour moi."
George Pelecanos interviewé par Le Monde.



Chaque année, lorsque le beau temps revient, nombreux hors-séries sur le roman policier sortent dans toutes les bonnes presses et il est toujours difficile de faire un choix entre tous. Entre articles réchauffés et présentation des meilleurs polars qui se basent sur le nombre de ventes, on est parfois bien déçu du contenu. Mais il arrive également de tomber sur des magazines dont les articles et interviews surprennent et offrent un véritable plus, que ce soit pour le lecteur occasionnel ou que ce soit pour le lecteur fort avisé. Ces derniers jours est sorti le hors-série spécial polar par Le Monde et je vous le conseille vivement, son contenu est excellent.

Des origines du hard-boiled aux thrillers contemporains, tout y passe mais surtout le meilleur. Moyen efficace de préparer sa liste de romans à sensation pour cet été ! Le hors-série propose des analyses chirurgicales et des dossiers qui décortiquent tous les genres du polar tout en agrémentant leurs rapports par des faits parfois méconnus du grand public.

En plus d'un certain nombre d'analyses, vous trouverez, entre autres, l'interview pénétrant dans l'intimité d'un très très grand auteur à la langue bien pendue : James Ellroy. Mais également un entretien avec le non moins célèbre et excellent George Pelecanos, un listing de vingt auteurs venus d'ailleurs avec les talentueux Zygmunt Miloszewski, Heinrich Steinfest, Tim Willocks et autres Craig Johnson, Piersanti, Frank Bill, Deon Meyer et cie. Dans le même genre, on découvre vingt auteurs dits "new wave" dont les excellents Marin Ledun, Antoine Chainas, Jérémie Guez et Caryl Férey, et également la présentation de vingt contributeurs importants, et quelque soit leur fonction, de la littérature policière : libraires, traducteurs, salons, éditeurs ...

"Témoin de l'état du monde, le roman noir décrit une société dans laquelle il est difficile de se sentir innocent. Explorant les zones les plus troubles et les plus glauques de la nature humaine, c'est sur ce terrain qu'il a construit son succès."
Yann Plougastel

Polar, le triomphe du mauvais genre est un hors-série spécial polar de près de 100 pages au prix de 7,90€. C'est également un tour du monde et un voyage dans le temps du polar, quoi de mieux pour un amateur du genre ? Le tout est accompagné de superbes photos et se termine sur un appétissant top 20 des meilleurs polars parus depuis septembre dernier.

dimanche 6 avril 2014

N'éteins pas la lumière

N'éteins pas la lumière est le nouveau roman de Bernard Minier paru le 27 Février 2014 aux éditions XO.

Présentation de l'éditeur :
Christine Steinmeyer croyait que la mis­sive trou­vée le soir de Noël dans sa boîte aux let­tres ne lui était pas des­ti­née. Mais l’homme qui l’inter­pelle en direct à la radio, dans son émission, semble per­suadé du contraire... Bientôt, les inci­dents se mul­ti­plient, comme si quelqu’un avait pris le contrôle de son exis­tence. Tout ce qui fai­sait tenir Christine debout s’effon­dre. Avant que l’hor­reur fasse irrup­tion.
Martin Servaz, de son côté, a reçu par la poste la clé d’une cham­bre d’hôtel. Une cham­bre où une artiste plas­ti­cienne s’est donné la mort un an plus tôt. Quelqu’un veut le voir repren­dre du ser­vice... ce qu’il va faire, à l’insu de sa hié­rar­chie et de ses col­lè­gues.
Et si nos pro­ches n’étaient pas ce que nous croyons  ? Et si dans l’obs­cu­rité cer­tains secrets refu­saient de mou­rir  ? Non, n’éteignez pas la lumière, ou alors pré­pa­rez-vous au pire...
Après les grands succès de Glacé et du Cercle, Bernard Minier revient avec un thril­ler sur la mani­pu­la­tion et l’emprise, en explo­rant nos cau­che­mars les plus inti­mes, nos pho­bies et nos obses­sions...

Après Glacé et Le Cercle, Martin Servaz reprend du service malgré son interdiction à exercer. Actuellement en maison de repos pour flic en surménage, il reçoit par courrier la clé d'une chambre d'hôtel. Sa curiosité d'enquêteur le force à se rendre dans cette chambre d'hôtel pour découvrir l'éventuel message qu'on lui aurait laissé. Il apprend qu'un suicide a eu lieu dans cette chambre un an auparavant. Un suicide sur fond d'opéra. Simple coïncidence pour cet amateur d'opéra ? Non, il décide évidemment de fourrer son nez dans cette enquête pourtant classée.

Christine Steinmeyer est une présentatrice radio réputée et une femme amoureuse. Lorsqu'elle reçoit, par erreur se doute t-elle, une lettre de suicide d'une femme inconnue à ses yeux, tout commence à basculer dans sa vie. Que ce soit sur son lieu de travail, dans sa vie affective ou chez elle, les mésaventures s'enchainent, les disputes suivent et tout l'accuse d'être soit totalement folle, soit une grande manipulatrice.
Ce que son détracteur ne savait pas, c'est que Christine va montrer qu'elle est une femme pleine de ressources. Et pourtant elle ne semble plus rien contrôler. Elle subit une véritable traque psychologique qui la pousse extrêmement loin dans ses limites pour trouver la force nécessaire pour s'en relever.

La rencontre entre Servaz et Christine est inévitable. Les deux enquêtes se rejoignent et ils ne seront pas assez de deux pour découvrir ce qui se cache derrière toutes ces horreurs. L'auteur nous plonge dans une histoire passionnante qui mènera l'enquêteur dans le milieu, que l'on apprend très machiste, de l'aérospatial. Bernard Minier nous guide tout au long de cette longue mésaventure sur un air d'opéra qui annonce un grand final façon tragédie lyrique.

Bernard Minier manipule à la perfection les ficelles du genre. Rarement une victime ne fait autant l'acharnement d'un psychopathe. La manipulation va loin et on y croit. On est amené à penser qu'un rien peut nous faire basculer vers l'horreur. N'éteins pas la lumière est un thriller totalement réussi où l'on se place dans la peau de la victime. Le roman est également une ode à la femme, à sa force, son mental et à la fin d'une ère machiste.
Nul besoin d'avoir lu les deux précédents romans pour lire celui-ci. Je vous conseille vivement de découvrir ses premiers romans une fois avoir lu N'éteins pas la lumière. Ce sont tous de très très bons polars.