samedi 31 janvier 2009

Défi littéraire : 5 continents


Un petit billet pour vous présenter un défi littéraire créé par Catherine du blog "La culture se partage". Le principe de cet évènement est de choisir cinq romans policiers et de publier son compte-rendu. Une petite subtilité ... chaque auteur doit appartenir à un continent différent des autres. Un blog a été créé pour ce défi : http://defi5continents.over-blog.com/. N'hésitez pas à vous inscrire en lisant les modalités.

Catherine a publié sa liste et demande à chacun des participants de faire de même. Voici donc ci-dessous ma liste avec la présentation de l'éditeur pour chaque roman.

  • ASIE
Seishi Yokomizo (Japon) - Le village aux huit tombes

Le village aux Huit Tombes est une bourgade au cœur des montagnes, abritant les corps de samouraïs assassinés, dans des temps très anciens, par les habitants à la recherche d'un trésor. L'arrivée du narrateur coïncide avec une cascade d'assassinats qui plonge rapidement les villageois dans le désarroi et la terreur. Il découvre avec horreur que les crimes se succèdent selon une mécanique diabolique, dont il tente de comprendre les lois avant que la boucle ne soit fermée.

  • EUROPE
Velibor Colic (Bosnie) - Mother Funker

Une traversée funeste de l'Europe des dictatures, de Paris à Budapest, puis de Vienne à Belgrade, sur les traces de l'anti-héros, l'américain Hubert Selbi, tueur à gages qui élimine les criminels de guerre.



  • AFRIQUE
Driss Chraïbi (Maroc) - L'homme qui venait du passé

L'inspecteur Ali n'est jamais pressé, même quand la sécurité du monde est en jeu. A fortiori quand une huile du gouvernement marocain le convoque pour lui annoncer une macabre découverte : un cadavre au fond d'un puits dans le patio d'un riyad, un palais de Marrakech. Entre deux bouffées de kif et quelques tajines épicés, Ali mène l'enquête grâce à son traditionnel réseau d'indics, composé de femmes de ménage, de chauffeurs de taxi et de caïds de la drogue. Mais il déploie cette fois ses antennes beaucoup plus loin que d'habitude, du côté de la France, des Étas-Unis et de l'Afghanistan. Qui est donc le mort du riyad, de quel réseau islamiste était-il le chef ? De la mafia marocaine aux coffres-forts des banques suisses, en passant par les hautes sphères du renseignement occidental, un gigantesque jeu de pistes se met en place, où Ali progresse nonchalamment vers les secrets les mieux gardés de la planète.
  • OCEANIE
Colin Cotterill (Australie) - Le déjeuner du coroner

Laos, 1976. Les communistes du Pathet s'emparent du pouvoir et l'intelligentsia fuit le pays. Siri Paiboun, un médecin qui a fait ses études à Paris, décide de rester. À 72 ans, et bien que n'ayant jamais pratiqué d'autopsie, il est nommé coroner. Malgré l'âge, il a gardé intactes sa curiosité et son intégrité, et ce n'est pas une poignée de bureaucrates ignorants qui va lui dicter sa loi ! Quand la femme d'un ponte du Parti meurt en plein banquet et que les cadavres de trois soldats vietnamiens sont retrouvés sur les eaux d'un lac laotien, tous les regards se tournent vers lui. Décidé à résoudre ces crimes en dépit des tentatives d'intimidation, Siri mène l'enquête, recrutant au passage quelques vieux amis, mais aussi les shamans hmongs, les esprits des forêts, et même ceux des morts qui le visitent en songe...

  • AMERIQUE
Bernardo Fernandez (Mexique) - Une saison de scorpions

Même les tueurs à gages ont des états d'âme… Au moment d'abattre celui qui doit être son dernier « client » avant la retraite, El Güero décide d'épargner ce bon père de famille et se retrouve… à la place du mort. En cavale au volant de sa précieuse Impala, pourchassé par ses anciens collègues, il croisera le chemin d'un braqueur de banques yougoslave et de sa fine équipe de « narcojuniors ». La rencontre entre l'ex-tueur à gages et les apprentis gangsters sur fond de quiproquos en plein désert mexicain fera des étincelles…
Délirant et violent comme un Tarentino, ce court roman est un « western urbain » drôle et vivant, peuplé de personnages hauts en couleur.

Et vous, quelle est votre liste ?

jeudi 22 janvier 2009

Les hommes qui n'aimaient pas les femmes

Les hommes qui n'aimaient pas les femmes est le premier tome de la très célèbre trilogie Millénium du regretté Stieg Larsson.

Présentation de l'éditeur :
Ancien rédacteur de Millénium, revue d'investigations sociales et économiques, Mikael Blomkvist est contacté par un gros industriel pour relancer une enquête abandonnée depuis quarante ans. Dans le huis clos d'une île, la petite nièce de Henrik Vanger a disparu, probablement assassinée, et quelqu'un se fait un malin plaisir de le lui rappeler à chacun de ses anniversaires. Secondé par Lisbeth Salander, jeune femme rebelle et perturbée, placée sous contrôle social mais fouineuse hors pair, Mikael Blomkvist, cassé par un procès en diffamation qu'il vient de perdre, se plonge sans espoir dans les documents cent fois examinés, jusqu'au jour où une intuition lui fait reprendre un dossier. Régulièrement bousculés par de nouvelles informations, suivant les méandres des haines familiales et des scandales financiers. lancés bientôt dans le monde des tueurs psychopathes, le journaliste tenace et l'écorchée vive vont résoudre l'affaire des fleurs séchées et découvrir ce qu'il faudrait peut-être taire.

Qui n'a pas entendu parlé de Millénium ? Tous les libraires et autres points de vente ont exposé pendant longtemps cette trilogie dont tout le monde parle. Malheureusement, ces romans ne formeront qu'une trilogie puisque l'auteur est décédé après avoir rendu le troisième et donc dernier volume. Et avec le succès rencontré, le mythe du quatrième tome est apparu ... apparemment démenti par les héritiers (il aurait quand même commencé ce fameux tome).

Le premier constat que je me suis fait en lisant est que le roman paraît long ... très long. Les trois cent premières pages ne semblent rien amener à l'histoire. Et pourtant je me suis trompé ! L'auteur prend son temps pour travailler soigneusement ses personnages. Et ça fonctionne, j'ai réussi à apprécier et détester les différents protagonistes, je suis entièrement rentré dans l'histoire. Le lecteur fait connaissance avec Mikael Blomkvist, journaliste et co-propriétaire du journal Millénium. Mikael est au centre de l'histoire puisqu'après s'être fait "griller" en tant que journaliste professionnel, il va être embauché par un vieillard, Henrik Vanger, anciennement directeur des entreprises Vanger. Et c'est à partir de ce moment que l'intrigue s'installe.

Mikael va devoir rédiger la bibliographie de cet homme étrange et de sa grande famille, dont la plupart vivent avec lui sur une île en Suède. La famille Vanger a connu de terribles évènements dans son passé ; des membres du parti d'extrême droite, des confrontations d'ordre personnelle et professionnelle, un noyé ... mais surtout la disparition de Harriet Vanger. Mystérieuse disparition puisque c'est arrivé suite à un accident qui a bloqué l'accès à l'île. Toutes les personnes présentes ce jour là dans le huis clos de l'îlot sont donc suspects. Comment a t-elle disparu ? Meurtre ? Enlèvement ? Et pour quelle raison ? L'investigation s'annonce difficile et parsemée d'embûches.

Heureusement, le journaliste va être épaulé par la surprenante Lisbeth Salander. Alors qu'elle est sous tutelle pour des problèmes mentaux, Lisbeth se trouve être une hackeuse et une détective perspicace. Ses démons ne cessent de la ronger mais sa rencontre avec Mikael va bousculer sa façon de voir les choses. Tantôt irritant par ses leçons de morale, tantôt doté d'un courage hors du commun, Mikael va vivre lui aussi une aventure où des tas de question sur lui, sa vie personnelle et sa vie professionnelle vont survenir. Une lente course vers la vérité et l'exploration du for intérieur de chacun.

Au final, Les hommes qui n'aimaient pas les femmes se révèle être un très bon roman à suspense même si parfois les évènements à venir sont assez évidents à deviner. Le style de l'auteur est excellent puisque sans nous en rendre compte nous sommes conquis par les personnages et les pages défilent sous nos yeux ... du moins lors de la seconde moitié du roman. L'ouvrage ne démérite pas l'engouement qu'il suscite. Préparez vous à des nuits blanches car il est difficile de reposer le livre sur sa table de nuit.

Note : 16/20

mercredi 14 janvier 2009

Le couperet

Le Couperet est un roman de Donald Westlake, écrivain américain décédé le 31 décembre 2008. A savoir que le roman a été adapté au cinéma par le réalisateur espagnol Costa-Gavras.

Présentation de l'éditeur :
Après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, Burke Devore, cadre supérieur dans une usine de papier, est licencié simplement parce que son entreprise a décidé de procéder à des restructurations. Après deux ans de galère à chercher vainement du boulot par la voie légale, révolté par l’injustice dont il s’estime victime, Devore passe aux grands moyens en reprenant à son compte l’axiome du libéralisme sauvage au nom duquel il a été licencié : “La fin justifie les moyens”. Calmement, avec application, et sans haine, il va éliminer tous ses rivaux potentiels dans la course à l’embauche.

Sur le forum du site Polars Pourpres, certains membres ont débattu sur le choix d'écrire un roman à la première ou à la troisième personne du singulier. De mon côté je n'ai pas de préférence mais tout dépend du roman. Le couperet n'aurait pas été aussi bon, à mon avis, si l'auteur avait finalement décidé de ne pas nous mettre dans la peau - et les pensées - du personnage principal ; Burke Devore. Sur un sujet terriblement d'actualité, Westlake a choisi de nous mêler à son histoire ; une personne menant une vie tout à fait banale - boulot, famille ... - se retrouve au chômage pour des raisons peu claires mais courantes. Compression du personnel suite à une fusion et exportation de l'usine dans un autre pays.

Ne partez pas fâché ; partez, c'est tout.

Après vingt cinq années de bons et loyaux services à l'usine de papier qui l'employait, Burke est devenu un homme très qualifié dans son domaine. Peut-être trop qualifié pour pouvoir trouver le même poste dans un domaine légèrement différent. Les mois de chômage deviennent des années de galère et la famille tout entière le ressent. Restrictions sur les plaisirs quotidiens, deux mi temps pour sa femme, problèmes de couple, un fils qui tourne mal ... La goutte d'eau a fait déborder le vase et Burke se renferme sur lui-même et élabore un plan ingénieux ... quoiqu'un peu machiavélique ... pour s'en sortir. Quel est le problème ? Trouver un emploi. Comment faire ? Comme le font les grosses entreprises dépourvues de pitié, il faut éliminer la concurrence.

Il ne le sait pas, mais il va avoir moins de cinquante ans pour toujours.

Au fur et à mesure qu'il avance dans ses projets, Burke se prend au jeu. Il commence à y prendre goût, il a le pouvoir sur ses proies, il est son seul patron. Saura t-il s'arrêter ? A travers les judicieuses critiques et remarques de l'auteur sur le système économique et politique actuel, le lecteur s'identifie facilement dans les peurs et les craintes du personnage principal.

Marrant, je ne pense pas aux hôpitaux comme étant des institutions commerciales, qu'on achète et qu'on vend [...] mais ce ne sont que des magasins, en fin de compte.

Bercé d'humour noir, ce roman dresse le portrait d'un monde du travail gouverné par l'argent et qui ne laisse aucune chance aux employés. Le profit surpasse le plaisir. Le plaisir de se sentir utile pour les autres, le plaisir d'exercer avec passion un métier que l'on aime, le plaisir de se sentir en sécurité ... et de protéger sa famille. D'ailleurs cette partie est très bien retranscrite à l'écran. Le film de Costa-Gavras est une fidèle et efficace adaptation du roman. Bien entendu certains évènements ne se déroulent pas de la même manière - je pense surtout au niveau de la chronologie du récit - mais l'idée principale et les sentiments ressentis par le personnage sont conformes au roman.

Il fut une époque où c'était considéré comme malhonnête, l'idée que la fin justifie les moyens.

J'ai pris un grand plaisir à lire ce roman. L'auteur a un talent peu commun pour nous conter l'horrible histoire d'un homme ordinaire qui tente par tous les moyens de se sortir du trou où le monde actuel l'a enfoncé. Il nous fait réagir et nous oblige à nous poser certaines questions vitales. Comment aurait-on réagit à la place du personnage ? Comment réagissent ceux qui sont à sa place ? Comment le monde en est arrivé là ? A qui la faute ? ... Donald Westlake a laissé derrière lui une flopée de bouquins qui vont sans aucun doute compléter ma bibliothèque. Plus qu'un simple roman noir, c'est un véritable chef d'œuvre.

Note : 18/20

dimanche 4 janvier 2009

Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte est un roman de Thierry Jonquet.

Présentation de l'éditeur :
Septembre 2005, Anna Doblinsky rejoint son premier poste en collège à Certigny, dans le 9-3. Zone industrielle, HLM, trafics et bagarres entre bandes rivales, influence grandissante des salafistes, voilà pour le décor. Seul Lakdar Abdane, jeune beur très doué, sort du lot. Pourtant, une erreur médicale va bouleverser sa destinée…

Le roman est un peu comme un cocktail molotov dont les ingrédients sont de douloureux thèmes tels que la vie en banlieue, l'école en banlieue, la religion, l'antisémitisme, le terrorisme, le racisme ... sans oublier le trafic de drogue et la prostitution. L'auteur ne se contente pas de donner son avis ou de constater les différents problèmes existants, il formule des critiques constructives, aussi bien positives que négatives, sur chacun de ces sujets. Il tente de comprendre comment la France (voire le Monde) en est arrivée là et, à travers ses principaux personnages, nous donne différentes visions de la situation.

Le spectacle de la mise à mort traverse toutes les cultures et sa représentation n'a jamais manqué d'amateurs enthousiastes

Anna vient d'avoir son diplôme de l'IUFM et va enseigner, à la rentrée, dans un collège de la banlieue parisienne. Le combat de l'enseignement s'annonce rude car les élèves ne sont pas réputés pour être attentifs. A part peut-être l'un d'entre eux, Lakdar, jeune musulman handicapé de son bras droit suite à une erreur médicale. Anna va se battre pour offrir toutes les chances possibles à ce jeune homme intelligent mais tellement perturbé. Cette nouvelle bataille ne semble pas être gagnée d'avance ... beaucoup de personnes ne l'entendent pas de la même oreille.

leur cité c'est une sorte de Palestine à domicile

Le titre du livre exprime bien sa situation; une sorte de conflit avec l'autre, celui qui semble être différent de moi ou de ma communauté. Ce conflit engendre à travers les pages une tension qui ne va cesser de croître. Entre musulmans et juifs (en parallèle à ce qu'il se passe en Palestine), entre "bons" et "mauvais" musulmans, entre élèves, même entre professeurs, entre élèves et professeurs (dû aux conditions difficiles d'enseignement), entre divers trafiquants, entre flic et trafiquant ... Chacun a son avis sur une question et n'en démord pas. Il s'agit bien souvent d'avis imposés par une communauté (religieuse ou non), les jeunes sont bombardés d'images violentes et de discours haineux par des chefs religieux et autres extrémistes.

On se les fait à la Apocalyspe Now, ça aura de la gueule !

Les diverses situations dans la cité ne sont pas sans rappeler l'extraordinaire film La cité de Dieu qui dénonce la vie difficile dans les favelas du Brésil. Cet ouvrage est un roman très noir mélangeant fiction et réalité puisqu'il s'appuie sur quelques faits politiques réels. L'auteur ne laisse place à aucun avenir heureux. A vous de lire comment va se terminer l'histoire pour chacun des personnages. Quel sort leur est réservé ? Un livre poignant et malheureusement tellement réaliste.

Note : 17/20