vendredi 28 juin 2013

La conjuration primitive

La conjuration primitive est le nouveau roman de Maxime Chattam aux éditions Albin Michel, auteur qu'on ne présente plus.

Présentation de l'éditeur :
Une véritable épidémie de meurtres ravage la France.
D’un endroit à l’autre, les scènes de crime semblent se répondre. Comme un langage ou un jeu.
Plusieurs tueurs sont-ils à l’œuvre ? Se connaissent-ils ?
Très vite, l’hexagone ne leur suffit plus : l’Europe entière devient l’enjeu de leur monstrueuse compétition.
Pour mettre fin à cette escalade de l’horreur, pour tenter de comprendre, une brigade pas tout à fait comme les autres, épaulée par un célèbre profiler.

De Paris à Québec en passant par la Pologne et l’Ecosse, Maxime Chattam nous plonge dans cette terrifiante Conjuration primitive au cœur des pires déviances de la nature humaine.

Maxime Chattam revient en force avec son nouveau thriller dans lequel il dépeint un monde terrifiant et tellement proche du réel. Un roman intelligent puisqu'il se sert de sa vision de l'évolution de l'être humain pour donner du crédit à son histoire.
J'ai eu peur que cette histoire de regroupement de tueurs en série soit le prétexte d'assembler plusieurs petites histoires, comme des nouvelles qui s'imbriqueraient. L'idée n'aurait pas été mauvaise mais j'avais tellement envie de suivre une seule et même enquête parsemée d'embûches. Et ça a été le cas pour mon plus grand bonheur.

Semblables à des ombres lointaines, presque timides, ils approchaient lentement pour affleurer la conscience.

Les enquêteurs, aidés d'un éminent criminologue au regard qui en dit long sur sa connaissance du mal, vont loin dans leurs réflexions et nous offrent une investigation complexe et captivante. Maxime Chattam présente des personnages intéressants et les façonne méticuleusement. Mais il n'hésite à aucun moment à leur montrer et leur faire subir ce dont le Mal est capable de faire.

J'ai vécu l'histoire, j'étais comme transporté dans le roman. J'ai ressenti de la peur. Peur pour ces personnages qui me semblaient familiers, peur de rencontrer des psychopathes de cette envergure.
La conjuration primitive a tous les arguments pour plaire. C'est futé, intelligent, terrifiant, intriguant et en plus, le final est carrément dantesque !

dimanche 23 juin 2013

Le premier appelé

Le premier appelé est un roman de Christian Ego aux éditions du Toucan Noir.

Présentation de l'éditeur :
Septembre 1941 : l’Ukraine est un immense champ de bataille sur lequel s’engouffrent à marche forcée les troupes du Reich. Pourtant, une section ne donne tout à coup plus de nouvelles. Qu’ont fait ces douze hommes pendant une journée entière avant de regagner les lignes ?
Juin 2003 : un double meurtre dans la forêt de Rambouillet, un mystérieux tueur d’origine russe; subitement le temps semble s’effacer en semant le feu et la mort.
Pour comprendre ce qui arrive et pour empêcher un déchainement de sang, la commissaire Delmas devra vite remonter le fil de l’Histoire.

Polar sur fond d'histoire à toute époque et, dans un premier temps, plus particulièrement lors de la seconde guerre mondiale, Le premier appelé est un roman qui surprend. J'ai beau cherché, je ne trouve rien à lui reprocher. Je me suis fait balader avec plaisir à travers les lieux et les époques et j'ai surtout appris beaucoup d'anecdotes historiques. Que demander de plus ?
L'auteur donne du rythme sans confondre vitesse et précipitation. Tout se met en place petit à petit et les pages se tournent sans jamais s'arrêter. Le style est bon, très plaisant et le travail sur la documentation est impressionnante.

Elle aurait pu le tuer dix fois, là, sur son siège, pour en finir avec lui, mais le meurtre n'était pas au programme.

Lorsque l'on parle de polar historique, on s'attend souvent à suivre une enquête à une époque passée. Ici il s'agit bien d'un roman policier à notre époque. Les traces du passé ont laissé quelques secrets bien enfouis et c'est à notre époque donc que certains se battent pour découvrir ce qui se cache sous ces vieux secrets. Une traque infernale commence alors et une enquête policière s'ensuit avec une commissaire acharnée. Et comme elle, nous avons soif de connaissance, de vérité. L'auteur réussit parfaitement à entrainer son lecteur dans son traquenard efficace et intelligent.
Le premier appelé est donc un excellent polar mélangeant rythme, action et anecdotes historiques avec brio. Je n'ai pas grand chose à rajouter mis à part que j'ai pris beaucoup de plaisir.

jeudi 13 juin 2013

Speed Fiction

Speed Fiction est un roman de Jerry Stahl aux éditions 13E Note et disponible depuis une petite semaine.

Présentation de l'éditeur :
L’histoire raconte que ce « cauchemar hyperréaliste » fut écrit en deux semaines dans une chambre d’hôtel parisienne. Ce court roman dépouillé des modes narratifs traditionnels, respire le vécu, la spontanéité et porte l’empreinte des maîtres de la beat generation : Kerouac pour la poésie et Burroughs pour l’ironie grinçante. Sur un rythme haletant, l’auteur égrène des histoires dévastatrices, folles et parfois terrifiantes. Creusant profondément dans la psyché des plus atteints d’entre nous, explorant ses méandres les plus glauques, l’auteur en rapporte une vision implacable de la nature humaine. 

« De jeunes auteurs qui lisent mes livres me demandent souvent comment on devient un écrivain comme moi. Je réponds : eh bien, détruis ta vie, trahis tes amis, perd tout ce que tu as, ruine ta santé, ne respecte pas la loi, vis dans la rue, et tu deviendras un écrivain, toi aussi. C’est un super-conseil pour des jeunes. »
Interview de Jerry Stahl, Paris, mai 2010, film 13e Note

Pas besoin de prendre quelque drogue que ce soit pour le lire, Speed Fiction en devient une très rapidement. Totalement enivrant, planant et déjanté, il vous révèlera d'une manière très brutale la vie de toxicomane. Il n'y va pas par quatre chemins puisque son style est direct.
Tous ses chemins mènent à la déchéance du corps et de l'esprit. Jerry Stahl sait de quoi il parle. Et peut-être que vous avez déjà entendu parler de lui au cinéma puisqu'un film, Permanent Midnight, est sorti en 1998 avec Ben Stiller. Il est tiré de son premier ouvrage autobiographique ; Mémoires des ténèbres. Sa descente aux enfers de la drogue.

Plus tu en as, plus tu en veux et même quand tu n'en peux plus, tu en veux encore et toujours plus.

Le speed à travers l'histoire. Le délire à travers le speed. L'apologie du speed sans le vendre correctement. Speed Fiction ne manque pas d'exemple de décadence et le tout porté par une poésie sous amphets ... qui en fait un texte d'une poésie forte. Le récit est sombre et n'offre pas vraiment de vision optimiste ni même de porte de sortie: blaireau un jour, blaireau toujours, mais il respire la franchise et surtout le vécu.
Difficile de chroniquer ce roman. Il sort complétement des sentiers battus. J'ai beaucoup aimé et me suis senti emporté par sa narration.
Bref, c'est de la bonne !

L'enfer, ce n'est pas que les autres. C'est aussi les autres qui sont toi !

lundi 10 juin 2013

L'inconnue de Bangalore

L'inconnue de Bangalore est le nouveau roman policier d'Anita Nair, auteur indienne, aux éditions Albin Michel.

Présentation de l'éditeur :
Bangalore, la cosmopolite Silicon Valley indienne, s’apprête à célébrer la première nuit du Ramadan. Le quartier musulman de Shivaji Nagar brille de mille feux lorsqu’un jeune prostitué est attaqué et brulé vif dans une ruelle sordide… Confiée à l’inspecteur Borei Gowda, quinquagénaire désabusé, l’affaire ne fait que commencer. Un nouveau meurtre similaire est bientôt perpétré, et les témoins évoquent la présence sur les lieux d’une créature d’une grande beauté. Une première piste ?
Après Compartiment pour dames et Quand viennent les cyclones, la romancière Anita Nair dévoile avec ce suspense une nouvelle facette de son talent. Sur fond de corruption et de magouilles politiques, L’inconnue de Bangalore nous immerge dans les réalités controversées de l’Inde contemporaine, ses castes, ses fêtes religieuses, ses cinémas porno, ses policiers apathiques et ses créatures ambigües. Une fresque magistrale sur un pays en pleine mutation, écartelé entre tradition et modernité.


Petit voyage dans les quartiers de Bangalore, à la rencontre de toute sorte de phénomènes, L'inconnue de Bangalore vous permet de voyager dans le sud de l'Inde et de découvrir également, si comme moi vous ne connaissiez pas, le roman policier indien.
Les différences avec les polar anglo-saxons et français se retrouvent principalement dans les cultures et les croyances. Question intrigue et ambiance noire, L'inconnue de Bangalore n'a rien à envier aux polars des autres contrées. Et les personnages sont très intéressants, notamment l'inspecteur Gowda à la vie bien compliquée et son jeune acolyte bien trop pressé de grandir dans les sphères de la police.

La relation entre le vieux loup et le jeune louveteau de la police est touchante. Le plus expérimenté se revoit plus jeune, retrouve la même envie de justice et le même comportement face aux évènements. Mais l'expérience du terrain finit toujours par montrer que la théorie reste loin de la réalité ... Une grande complicité commence à naître entre eux alors que leur relation démarre plutôt mal.

Les deux flics associés enquêtent sur une série de meurtres que tout rapproche du monde de l'ambivalence et de la sexualité. Eunuques, prostitué(e)s, transsexuelles ou encore travestis. Un monde sombre et méprisé par beaucoup.
Mais la police va devoir affronter un ennemi extrêmement puissant ... la politique et sa corruption bien trop présente à Bangalore.

Roman au suspense soutenu, L'inconnue de Bangalore surprend par sa complexité et son exotisme. Anita Nair sait écrire du thriller et le fait vraiment très bien ! Jolie découverte !

lundi 3 juin 2013

Rafa

C'est le bon moment je pense pour sortir ma chronique sur l'autobiographie de Rafael Nadal. Nous sommes en plein Roland Garros et Rafa est toujours en lice. En plus, aujourd'hui, c'est son anniversaire, alors Feliz cumpleanos Rafa !

Je suis passionné de tennis et j'étais vraiment curieux de voir si une autobiographie allait me passionner également. Et bien oui, celle de Nadal est particulièrement intéressante pour les amateurs de ce sport. Je précise le type de lecteurs car je ne suis pas persuadé que tout le monde puisse y trouver son compte.

Présentation de l'éditeur :
Comment devient-on un grand champion ? Quels sacrifices doit-on accepter pour arriver à ce niveau ?
Rafael Nadal a vingt-six ans et laissera sa trace dans l'histoire du tennis par sa précocité, son obstination, le nombre impressionnant de ses victoires, et la singularité de l'entraînement qui lui a permis de devenir un des meilleurs joueurs de tennis de tous les temps.
Ses mémoires nous ouvrent ce que l'on connaît mal de la vie du champion ; son enfance, avec tout l'engagement psychologique et physique de sa famille, jusqu'à ses excès, ses moments de remise en question qui le fragilisent profondément, comment il s'en échappe et comment, tout au contraire, il vit ses états de grâce lors des grands matches, la vie quotidienne à la fois sage et intense sur la route, ses réflexions sur l'entraînement surintensif des athlètes et leurs rapports avec le dopage ? particulièrement à l'ordre du jour en ce moment, avec la polémique du Grand Journal ! ? tout cela est raconté à travers de multiples anecdotes, avec sincérité, cœur et intelligence.


Co-écrit avec John Carlin (le scénariste entre autres d'Invictus !), Rafa reprend l'ensemble de la carrière du joueur. De son plus jeune âge à aujourd'hui. De ses premières victoires à Majorque à ses plus grands trophées.
On apprend beaucoup sur la façon de penser du joueur, sur sa vie hors du terrain de tennis. Petit taureau furieux a peut-être la démarche assurée de Robocop sur les courts, il reste néanmoins très sensible et toujours inquiet au sujet de sa famille. Il en parle avec beaucoup de sensibilité et ne manque pas de rappeler tout au long du roman le soutien important qu'ils lui apportent. Oncles, tantes, sœur, petite amie, grand-parents, parents et amis. Chacun a le droit à sa petite remarque touchante. Et notamment Toni, son coach et oncle qui a beaucoup fait pour sa carrière mais qui a un caractère très particulier ...

Toni et Rafa sont mutuellement dépendants l'un de l'autre

Mais le plus intéressant à mes yeux restent ses commentaires sur ses matchs. Notamment ses affrontements avec le suisse Roger Federer pour qui il voue une grande admiration. On vibre dans les vestiaires ou sur le terrain avec lui, lorsque, en finale de Wimbledon en 2008, il affronta le Dieu en personne du tennis et qu'il le battit tel David face au géant Goliath.
Il décrit parfaitement la pression qu'il ressent à ce moment là et partage ses doutes, ses douleurs, ses peurs et sa rage. Chaque instant du match passe au crible. On le vit, on est bien plus que spectateur et c'est véritablement prenant quand on aime ce sport.

Quand Federer a ces éblouissantes fulgurances, il ne reste plus qu'à s'efforcer de rester calme et à attendre que passe l'orage.

Par contre, j'ai été un peu fatigué de lire bien trop souvent dans l'ouvrage que lui, sa famille et ses amis étaient des gens très bien sous toutes les coutures. Il en fait peut-être un peu trop dans ce sens même si c'est probablement vrai.
A part ce petit inconvénient, Rafa est une autobiographie qui se lit bien et qui vous permettra de revivre de grands moments de tennis. Une partie de plaisir !