Présentation de l'éditeur :
Laos, 1976. Les communistes du Pathet s’emparent du pouvoir et l’intelligentsia fuit le pays. Siri Paiboun, un médecin qui a fait ses études à Paris, décide de rester. À 72 ans, et bien qu’il n’ait jamais pratiqué d’autopsie, il est nommé coroner.
Quand la femme d’un ponte du Parti meurt en plein banquet et que les cadavres de trois soldats vietnamiens sont retrouvés flottant sur les eaux d’un lac laotien, tous les regards se tournent vers lui.
Déterminé à résoudre ces crimes en dépit des tentatives d’intimidation, Siri mène l’enquête, recrutant au passage quelques vieux amis, mais aussi les shamans hmongs, les esprits des forêts, et même ceux des morts qui le visitent en songe...
Première des aventures du Dr Siri, vieux sage excentrique revenu de tout – un peu Maigret sauce saté, un peu juge Ti –, Le Déjeuner du coroner comblera les fans d’Alexandre McCall Smith et tous les amateurs de polars originaux, brillants et pleins d’humour.
L'auteur a beaucoup voyagé et a enseigné dans plusieurs pays tels que l'Australie, les Etats-Unis, le Japon, la Thaïlande et le Laos. Et c'est dans ce dernier pays que se déroule l'histoire du déjeuner du coroner. Siri est un médecin devenu malgré lui coroner ; le seul coroner du pays d'ailleurs. Alors qu'il n'est pas formé pour ce métier et qu'il rame pour réaliser ses autopsies, le juge Haeng s'ajoute à toutes ses difficultés en tant qu'obstacle. En effet, il ne le laisse pas conclure ses examens et préfère éviter tout résultat néfaste au nouveau parti dirigeant. Mais le vieux médecin n'a pas dit son dernier mot et lorsque de nouveaux cadavres apparaissent, il sent que quelque chose de terrible se trame sur le territoire laotien.
Quand vous commencerez à oublier où est votre bouche et à baver, qu'il vous faudra des couches, alors l'État vous témoignera sa gratitude...
Outre les innombrables critiques sur le gouvernement communiste de l'époque, l'auteur parfume son roman d'humour et de fantastique. Ce mélange de plaisanterie, notamment avec le personnage principal assez loufoque et aux répliques tonitruantes, et de surnaturel traduit parfaitement la culture laotienne et l'état d'esprit au lendemain d'une révolution qui a provoqué un changement radical dans la vie des habitants.
Le toubib du camp était un gamin de vingt ans, formé comme infirmier de terrain sur de simples mannequins.
La présence légère de fantastique (esprits des forêts, fantômes ...) sert malheureusement à résoudre l'énigme du roman. J'écris "malheureusement" car il s'agît, pour moi, d'un outil qui permet parfois de démêler trop facilement une intrigue. L'utilisation de surnaturel peut toutefois être excusée ici puisque cela fait intégralement partie des coutumes asiatiques. Au final, il ressort surtout du roman des personnages sympathiques à la fois heureux et tristes suite au nouveau régime politique. Le héros n'en a pas tout à fait l'allure (il s'écrasait souvent devant sa femme par exemple) et ne souhaite qu'une chose : finir sa vie tranquillement dans un établissement pour retraités. Ses assistants et amis, Dtui l'infirmière et Mr Geung un trisomique à la mémoire étonnante, tiennent lieu de stéréotypes puisqu'ils permettent à l'auteur de dénoncer la place de la femme dans la société et la façon dont sont vus les handicapés au Laos à cette période ; des critiques qui pourraient parfois être poussées au monde entier.
Le socialisme est un grand cosmos, mais la confiance est l'atmosphère qui rend les étoiles solidaires.
Avec ce roman, Colin Cotterill nous propose un récit mélangeant politique, histoire, énigme policière et croyances locales. Plus qu'un simple roman policier, cette œuvre est un condensé de culture laotienne et des états d'âmes d'un peuple qui ne cesse de souffrir. Heureusement que l'humour omniprésente apaise l'ambiance tendue entre chaque type de personnage.
Fiche d'identité du roman :
- Auteur : Colin Cotterill
- Titre : Le déjeuner du coroner
- Éditeur : Le livre de poche
- Nombre de pages : 314
- ISBN : 978-2-253-12338-5