samedi 17 décembre 2016

Reflex

Reflex est un roman de Maud Mayeras paru en octobre 2013 aux éditions Anne Carrière.

Présentation de l'éditeur :
« Chaque fois, le même phrasé trivial au bout du fil, les mêmes gorges calcinées, gavées de fumée jusqu’aux lèvres. Et, chaque fois, cette même question : Tu es disponible, Iris ? Je suis toujours disponible. »
Iris, photographe de l’Identité judiciaire, shoote comme d’autres boivent, pour adoucir la douleur. Pour oublier la mort de son fils, Swan, sauvagement assassiné onze ans auparavant.
Henry Witkin, fruit d’une lignée chaotique de filles mères, tue pour le besoin de se vautrer dans la chaleur des chairs. Il écorche ses victimes avec soin et collectionne leurs odeurs comme des trophées.
Lorsque la canicule assèche la ville, lorsqu’elle détrempe les corps et échauffe les esprits, alors les monstres se révèlent. Ce n’est que lorsqu’il est pris au piège que le Mal dévoile ses canines. Une histoire de cœurs étranglés, de mères aux crocs luisants, de prédateurs affamés.

Maud Mayeras est l'auteur d'Hématome, un premier roman très réussie qui avait été un coup de cœur pour moi lorsque je l'avais lu il y a déjà huit ans. J'ai profité de la sortie de Lux (paru aux mêmes éditions en octobre 2016) pour me procurer Reflex que je m'étais pourtant juré de lire à sa sortie ... Mieux vaut tard que jamais et grand bien m'en a pris puisque que son deuxième roman est totalement réussi.

Reflex nous plonge dans la détresse d'une mère qui a perdu son petit garçon. Celui-ci, avant d'être sauvagement assassiné, a été kidnappé dans son propre jardin alors que sa mère était dans la maison. Iris n'arrive pas à faire le deuil et son métier de photographe à l'identité judiciaire n'aide pas.

En parallèle, nous apprenons l'histoire d'Henry Witkin. L'auteur insiste bien sur le passé de sa mère et de sa grand-mère. On assiste d'ailleurs à de belles et tristes histoires qui nous expliquent le dur passé d'Henry. Pour mieux le comprendre, tenter de comprendre ses horribles actes car la nature humaine est bien complexe et ce genre de comportement n'est pas arrivé par hasard.

Le lien entre les deux histoires paraît bien simple, et pourtant ce n'est pas le cas. L'auteur réalise un tour de force en assouvissant petit à petit la soif du lecteur. Les théories se multiplient au fil de l'histoire mais la dernière partie va tout simplement les anéantir jusqu'au final époustouflant ... et terrifiant.
J'ai pris mon pied en dévorant ce roman. Maud Mayeras sait donnait vie à ses personnages, elle sait nous tromper en beauté, elle nous captive et nous tient à la gorge sans jamais nous lâcher. Elle sait décrire le Mal et la détresse. Reflex est l'une de mes meilleures lectures de l'année. Une histoire incroyable que l'on n'est pas prêt d'oublier ... Merci Maud !

samedi 3 décembre 2016

Goat Mountain

Goat Mountain est un roman de David Vann paru en Septembre 2014 aux éditions Gallmeister.

Présentation de l'éditeur :
Automne 1978, nord de la Californie. C’est l’ouverture de la chasse sur les deux cent cinquante hectares du ranch de Goat Mountain où un garçon de onze ans, son père, son grand-père et un ami de la famille se retrouvent comme chaque année pour chasser. À leur arrivée, les quatre hommes aperçoivent au loin un braconnier qu’ils observent à travers la lunette de leur fusil. Le père invite son fils à tenir l’arme et à venir regarder. Et l’irréparable se produit. De cet instant figé découle l’éternité : les instincts primitifs se mesurent aux conséquences à vie, les croyances universelles se heurtent aux résonances des tragédies. Et le parcours initiatique du jeune garçon, abandonné à ses instincts sauvages, se poursuivra pendant plusieurs jours, entre chasse au gibier et chasse à l’homme.
Soutenu par une prose poétique, précise et obsédante, Goat Mountain est le nouveau roman provocant et visionnaire d’un auteur au sommet de son art. Ce livre ambitieux contient en son essence l’humanité tout entière.

Encore un nouveau roman de l'auteur de Sukkkwan Island dans ma bibliothèque alors même que son nouveau livre, Aquarium, vient de paraître en France. Et comme dans ses autres romans, David Vann continue de sonder au plus profond de l'âme des êtres humains et d'en ressortir des problèmes toujours liés à la famille. Goat Mountain s'inscrit dans un ensemble psychanalytique de l'écrivain qui continue de marquer ses romans par l'empreinte de son passé, de son vécu.

Son rapport avec son père d'abord qui aimait la chasse et qui apparaît dans le roman tantôt comme un homme rustre, tantôt comme un père aimant mais qui n'arrive jamais à offrir de la tendresse à son fils. Puis son rapport avec les armes à feu qu'il combat tant bien que mal aux USA. C'est avec une arme à feu d'ailleurs que son père s'est suicidé lorsque David Vann était adolescent.

La narration du roman se fait à la première personne par un enfant de onze ans qui part chasser avec son grand-père, son père et Tom, un ami de son père. On peut déjà y voir, avec l’absence d'une fratrie et de la mère, comme un nouveau face à face entre lui et son père. Deux témoins sont tout de même là et seront également témoins du meurtre accidentel que le jeune garçon va commettre.

Qui est le véritable assassin dans l'histoire ? L'inexpérimenté, immature, qui a appuyé sur la gâchette ou celui qui lui a mis un fusil dans les mains y voyant un rituel imbécile de passage à l'âge adulte ? C'est bien là qu'est la véritable question ; qui est en faute ?
Le roman suit son cours avec un cadavre à transporter et une décision à prendre pour chacun des personnages : doit-on se taire ? Doit-on prévenir la police ? Dois-je protéger mon fils ? Doit-on laisser l'enfant se débrouiller ? Doit-on le punir à la hauteur de ses actes ?

Goat Mountain se transforme en véritable enfer pour cet enfant qui voyait en ces adultes des exemples pour lui-même. Bien que le roman ait ses longueurs et soit étrangement calme, on ressent le stress subi par l'enfant qui devient de plus en plus intense au fil des pages. Le final explose enfin, comme d'habitude chez l'auteur, et nous laisse une petite marque qui restera gravée encore longtemps après la lecture.