mercredi 27 juillet 2011

Le tueur

Le tueur est un roman de l'écrivain Martina Cole. C'est également le premier tome d'une trilogie mettant en scène l'inspectrice Kate Burrows.

Présentation de l'éditeur :
Un dangereux maniaque sexuel, l’Eventreur, sévit à Grantley, dans la banlieue Est de Londres. Kate Burrows, l’inspectrice chargée de l’enquête, piétine. Le tueur est malin et les victimes s’enchaînent. Le lecteur, lui, connaît bien l'Eventreur: c’est George, un homme plutôt terne, qui calme ses frustrations d’enfance et conjugales en tailladant des magazines pornos. Depuis qu’il a découvert les snuff movies, il tue, dépèce, viole en toute impunité, avant de retourner à sa petite vie tranquille...
Kate est une femme forte au boulot, fragile au privé, qui a tout sacrifié pour sa carrière. Elle vit avec sa fille, Lizzy, une adolescente paumée, et sa mère, une petite veuve irlandaise qui ne quitte jamais sa bouteille de Bushmill’s. Le jour où elle rencontre Patrick Kelly, le père de la première victime, elle franchit une ligne jaune : Patrick est beau, sombre, intelligent… mais c’est un truand notoire ! Ensemble, ils vont traverser une crise terrible: leur passion bouleverse leurs valeurs, Lizzy fait une tentative de suicide, et leur tueur reste introuvable…

Belle surprise qui devrait donner un grand coup de pied aux idées machistes, Le tueur est un thriller sans pitié aux descriptions pointilleuses et aux passages étonnants. Écrit par des mains féminines, on aurait pu penser bêtement que les massacres auraient tendances à être édulcorés ... mais pas du tout. Le personnage du tueur est fascinant, choquant, décrit avec beaucoup de justesse et, surtout, l'auteure nous fait découvrir peu à peu sa montée aux enfers, comment il est devenu tueur en série.
Le plus troublant est que Martina Cole arrive à nous faire prendre part à la vie de ce type, comprendre comment et pourquoi on en arrive là. Les meurtres en deviennent plus pertinents et malséants. La peur est suggérée mais elle est bien là, les scènes de meurtres sont réalistes au possible.

Pour une raison ou pour une autre, ce matin-là, George avait un appétit féroce.

Martina Cole instaure également un climat de confiance en créant tout un univers, une vie, autour de chacun des personnages principaux. On pourra regretter tout de même le côté niais de certains dialogues entre mère et fille par exemple, ou encore, certains clichés sur le vilain gangster qui cache un cœur en or.
Outre ces aspects légèrement négatifs, l'auteure ne tombe pas dans le piège de la fin 'toute programmée'. Non, la fin est originale et assez surprenante. Très réaliste en fait ...
Belle surprise donc comme je l'indiquais au début, Le tueur est un thriller vraiment efficace au suspense alléchant.
A se procurer très vite chez Fayard Noir !

mercredi 20 juillet 2011

Huis clos en Toscane

Huis clos en Toscane est un roman policier italien de Diana Lama.

Présentation de l'éditeur :
Vingt ans après, sept anciennes camarades de classe se retrouvent dans une villa de Toscane où elles avaient séjourné ensemble l'année de leur bac. Seule l'organisatrice de ce week-end "entre filles" manque à l'appel. Ses anciennes condisciples imaginent alors toutes sortes de motifs à son absence. Très vite, 3 d'entre elles disparaissent. Leurs amies pensent qu'elles ont filé à l'anglaise. Bientôt les dissensions apparaissent, petites querelles, jalousies larvées... La tension commence à monter, d'autant que le week-end prend fin et que le bus censé venir les chercher se fait attendre. Aussi sombre que la campagne toscane est lumineuse, ce thriller très angoissant tient en haleine jusqu'au bout.

Sélectionné pour le prix des lecteurs du livre de poche 2011, Huis clos en Toscane semble bien mal parti pour le remporter. Malgré une quatrième de couverture savoureuse et qui excite notre appétit de lecteur de polar, ses 200 et quelques pages paraissent bien maigres pour se mesurer, par exemple, au superbe Le livre sans nom. Qu'importe le nombre de pages de toute façon, seul le contenu est capital pour orienter notre choix.
Un début prometteur, très prometteur même avec ce premier personnage dont on sent l'aura d'une catastrophe à venir. La construction, chaque passage est un point de vue d'une des femmes,  n'est pas forcément originale mais elle est très utile pour le contexte, à savoir un huis clos. Qui dit huis clos dit atmosphère étouffante et paranoïa qui s'intensifie.

Malheureusement la gestion de la peur ne prend pas. On ne se sent pas mené en bateau, on suit bêtement le déroulement de l'histoire sans, d'ailleurs, forcément s'attacher et se retrouver dans l'un des personnages. L'auteure fixe trop son récit sur le passé de chacune des femmes en multipliant le nombre de clichés.
Bien maigre suspense donc pour ce polar tellement aguicheur. On peut également douter de la justesse des réactions décrites. Les personnages ne paraissent pas surpris par les disparitions préférant se rattacher à de simples explications.

Malgré tout le roman se lit assez bien et certains passages sont réellement plaisants. Mais j'ai eu l'impression que Diana Lama est passée à côté de son roman, elle n'arrive jamais à happer son lecteur comme elle aimerait le faire. Un peu décevant donc pour gagner le prix des lecteurs du livre de poche 2011 mais pas mauvais tout de même pour être lu sur une plage cet été !

mercredi 13 juillet 2011

Maelström

Maelström est un thriller de Stéphane Marchand.

Présentation de l'éditeur :
"Je suis venu vous dire que vous allez mourir. Signé : le Maestro." Cette inscription tracée en lettres de sang sur le mur de son salon bouleverse Harold Irving, un écrivain dont la vie part en lambeaux. S´engage alors un terrifiant jeu de massacre orchestré par le Maestro. Pris au piège de ce tueur machiavélique et sans limites, Harold va s´unir à Dexter Borden, un flic du FBI, et Franny Chopman, un médecin légiste, pour tenter d´enrayer la mécanique d´une implacable vengeance. Mais comment échapper à un monstre qui a tout prévu, tout planifié, anticipé la moindre de vos réactions ? Entre Dexter et Californication, Maelström vous entraîne de San Francisco à Philadelphie dans ses courants irrésistibles. 

La mode littéraire est clairement au thriller à l'américaine, façon blockbuster, préférant miser sur l'amas de clichés cinématographiques que sur la qualité. Qualité de la narration mais également de l'écriture, le vocabulaire riche et ingénieux laisse de plus en plus sa place à des onomatopées en tout genre et à des raccourcis de phrases bien maigres.
Maelström n'échappe malheureusement pas à cette mode et plonge en plein centre d'un bassin de stéréotypes propres au thriller. Cliché après cliché, l'histoire n'en finit pas de détromper son lecteur. L'absence de surprise est étonnante car l'idée de base était pourtant digne d'un bon sujet de thriller. Stéphane Marchand veut en faire trop, il amplifie la vengeance du fameux Maestro et tombe bien trop souvent dans le ridicule.

Malgré une narration assez pauvre et des idées surfaites, on trouve quelques passages intéressants qui sortent du lot. Néanmoins ils restent gâchés par une envie explosive d'intensifier le suspense et l'action qui rendent pourtant le récit bien peu crédible et presque risible.
Dommage donc, ce nouveau thriller n'échappe pas à la règle du thriller formaté et ne fait que s'ajouter à une trop nombreuse liste d'histoires extravagantes et peu convaincantes.

jeudi 7 juillet 2011

La lampe de providence

La lampe de Providence est le cinquième volet de la série Arcamonde d'Hervé Picart.

Présentation de l'éditeur :
Est-il possible d’élucider un crime vieux de plus de cent cinquante ans ? Et avec pour seuls témoignages des souvenirs épars inscrits de façon inexplicable dans le corps d’une antique lampe à pétrole ? Tel est le défi qui va entraîner Frans Bogaert dans l’Amérique du XIXe siècle sur les traces d’un magnétiseur suspect et d’un prophète aux allures d’assassin... Mais c’est lorsque cette lanterne magique tisse des liens insoupçonnés entre Lauren, sa mystérieuse assistante, et Laura, sa femme disparue, que le cœur de l’antiquaire s’emballe. Le gentleman de Bruges doit dès lors enquêter parmi les spectres, dans un étrange réseau d’indices hypnotiques où la réalité s’égare, avec en ghost star l’ombre décharnée d’Edgar Poe au crépuscule de sa vie. Entre histoire littéraire et meurtres fantastiques, un invraisemblable voyage dans la vieille ville de Providence avec un Bogaert s’improvisant pour l’occasion génie de la lampe.

Nouvel opus mettant en scène notre cher antiquaire détective, Frans Bogaert, La lampe de providence continue à surprendre sans jamais nous lasser. Cette fois-ci, une lampe bien mystérieuse est offerte à Frans par son assistante Lauren.
Sans jamais tomber dans le ridicule et l'illogisme, le récit nous renvoie dans le passé par le biais d'images entraperçues dans l'énigmatique objet. Des séquences apparaissent de manière épisodique à celui ou celle qui décide d'utiliser la lampe. Mais en contrepartie, après avoir offert ses souvenirs, la lampe de providence récupère ceux de son détenteur ...

Comme si elle brûlait à l'essence de remords.

Les mystères n'en restent pas là. En plus d'un meurtre commis plus d'un siècle plus tôt, l'ombre de Madame Bogaert ressurgit. Les questions concernant sa disparition continuent à fuser et le mystère semble prendre une direction plus catastrophique qu'il n'y paraissait précédemment. L'atmosphère de cet opus est bien sombre, à l'image de l'un de ses personnages, le non-moins excellent auteur : Edgar Allan Poe.
Épisode après épisode, Hervé Picart confirme que son œuvre forme bel et bien un tout qui se savoure sans modération. A noter que la couverture a changé et offre au roman un look magnifique.

mercredi 6 juillet 2011

Les lieux sombres

Les lieux sombres est un roman de la charmante auteure américaine Gillian Flynn. Ce polar est sélectionné et vient de gagner la session du mois de Juin du prix des Lecteurs du Livre de poche 2011.

Présentation de l'éditeur :
Début des années 1980. Libby Day a sept ans lorsque sa mère et ses deux sœurs sont assassinées dans leur ferme familiale. Rescapée par miracle, la petite fille désigne le meurtrier à la police, son frère Ben, âgé de 15 ans. Ce fait divers émeut tout le pays, et la jeune Libby devient un symbole de l'innocence bafouée. Vingt-cinq ans plus tard, alors que son frère est toujours derrière les barreaux, Libby, qui ne s'est jamais remise du drame, souffre de dépression chronique. Encouragée par une association d'un type très particulier, elle accepte pour la première fois de revisiter les lieux sombres de son passé. C'est là, dans un Middle West désolé, dévasté par la crise économique et sociale, qu'une vérité inimaginable commence à émerger. Et Libby n'aura pas d'autre choix pour se reconstruire, et peut-être enfin recommencer à vivre, que de faire toute la lumière sur l'affaire, quelles qu'en soient les conséquences.

Une nouvelle bombe de Sonatine vient d'exploser sous mes yeux ébahis par ces éclats qui se sont dispersés tout au long de ma mémoire. Terrifiant, entraînant et affreusement humain, ce polar est une véritable expérience à vivre.
Gillian Flynn a une force d'écriture surprenante et presque unique. Elle façonne ses personnages avec beaucoup de délicatesse et de justesse. Elle sort des clichés et peint de véritables forces de caractères, bien vivants, à l'image de Monsieur et Madame tout le monde. On se retrouve facilement ou on retrouve des personnes que l'on connait dans chacun des personnages, ce qui nous permet de vivre aisément cette histoire et de rester concentrer sur celle-ci à chaque instant.

Prenant aux tripes, Les lieux sombres n'est pas sans rappeler quelques références cinématographiques et notamment Halloween, La Nuit des Masques pour sa scène d'ouverture. L'histoire est découpée en plusieurs morceaux, chacune des personnes de la famille se voit offrir quelques passages intrigants jusqu'au moment où ... tout bascule.
Entre passé et présent, les liens ne sont pas si évidents. On peut regretter une conclusion légèrement décevante, il reste néanmoins toute la structure et la narration du roman qui frôle de très près la perfection.