Présentation de l'éditeur :
Le décor inquiétant de cette fable anti-utopique, nous le connaissons bien : c'est celui de la banlieue concentrationnaire qui va recouvrir peu à peu la surface habitable de la planète. Une immense zone urbaine d'ennui, de désolation et de peur.
Sur ce monde déshumanisé et ses habitants asservis, Alex, le voyou au charme pervers féru de musique classique et de langues anciennes, entend régner par la violence et la terreur. À la tête de sa horde adolescente, il matraque, viole, brûle, torture, et s'acharne à détruire une société programmée pour le bonheur et le progrès.
Archange du Mal à l'état pur, il hante à jamais les pages cruelles de cet inoubliable thriller métaphysique.
L'orange mécanique présente un monde déshumanisé et légèrement futuriste où la banlieue ne cesse de s'accroître et où les langues s'entremêlent dans le but de créer un jargon riche et violent. Sorte de mélange de manouche et de russe, cet argot permet au récit d'être totalement décalé et rend la compréhension assez difficile. Notre "humble narrateur" se nomme Alex, il est le chef d'une bande de quatre jeunes, aussi appelés drougs. Alex est à la fois raffiné (voir son goût immodéré pour le classique) et tellement cruel, son titre d'"archange du mal" lui va à ravir. Il est tout et son contraire. Son côté maléfique le rend pervers et violent alors que son côté angélique fait de lui un homme de goût et de bonne compagnie. Il joue avec ce second côté pour faire ressortir adroitement le premier afin de pouvoir assouvir sa soif de cruauté. Alex est un véritable et dangereux prédateur. Il n'est pas effarant d'ailleurs de s'apercevoir qu'il est le maître des drougs car il est intellectuellement supérieur et très malin. Il a l'esprit d'un meneur. Le rythme nerveux de Beethoven berce le narrateur dans un monde merveilleux d'ultra-violence qu'il ne souhaite pas quitter.
Les différents indices concernant le temps s'entrechoquent pour finalement créer une époque intemporelle ; un langage proche des vieilles langues à une période proche de la nôtre (enfin celle de l'auteur à l'époque) mais légèrement différente, décalée dans le futur. Impossible donc d'identifier la période où se situe l'histoire. Le roman semble être découpé en trois parties distinctes : le lynchage (l'apogée du plaisir et de la violence), le traitement(tournant de l'histoire où Alex semble se perdre et ne contrôle plus l'univers alentour : "je n'ai plus eu de rêve") et la vengeance (les nerfs des victimes se lâchent et se retournent contre l'agresseur devenu totalement inoffensif). L'auteur semble vouloir dire que chaque coup se rend. Son roman paraît être une sorte d'exutoire puisqu'une part de lui-même s'y retrouve ("l'auteur de L'orange mécanique"). Il ne fait finalement pas l'apologie de la violence mais dénonce, non sans un certain talent, la colère et la bêtise humaine. L'histoire est réfléchie et l'auteur ne tombe jamais dans le piège de la violence gratuite. Toute dérive subit un jugement. Au final, Anthony Burgess pose la question suivante avec son roman : peut-on changer la nature humaine ? Et si oui, quelles sont les limites de ce changement ? Un excellent roman donc avec beaucoup d'originalité et créativité.
On avait les poches pleines de mouizka, si bien qu'on n'avait pas vraiment les moyens, histoire de craster encore un peu de joli lollypop, de toltchocker un vieux veck au fond d'une impasse et de le relucher baigner dans son sang tout en comptant la recette et la divisant par quatre, ni de faire des ultra-violents à une viokcha ptitsa, toute grisaille et tremblante dans sa boutique, pour vider le tiroir-caisse jusqu'aux tripes et filer en se bidonskant. Mais, comme on dit, l'argent n'est pas tout.
Note : 17/20