jeudi 30 août 2012

Monsignor Quichotte

Monsignor Quichotte est un roman du grand écrivain Graham Greene, considéré parfois comme étant le plus grand écrivain du 20ème siècle.

Présentation de l'éditeur :
Espagne, fin des années 1970 : le père Quichotte est le curé de Toboso, le petit village où il est né. Sa bonhomie, sa tolérance et une certaine liberté de pensée le font détester par son évêque. Mais il s'attire la faveur d'un cardinal, et le voilà promu «Monsignor» ! Profitant d'un congé, il part sur les routes avec son ami Zancas, le maire communiste, qui vient de perdre les élections - et qu'il appelle Sancho. Les compères, munis de caisses de vin et d'une réserve de fromages, vont arpenter les grands chemins en dialoguant sur leurs croyances respectives. Les deux vocations de l'auteur, son engagement chrétien et sa sympathie pour l'idéal socialiste, sont défendues chacune par leur champion. Ainsi, le roman atteint une dimension que les apparences de comédie ne parviennent pas à dissimuler.

Franco est mort mais son âme pèse encore sur l'Espagne. Et la milice est omniprésente pour veiller sur la tranquillité du peuple... Alors quoi de mieux qu'un peu d'humour pour nous faire traverser un pays encore sombre et divisé.
Le clergé et le communisme ne font pas bon ménage et pourtant c'est avec un serviteur de chacun d'entre eux que nous partons en balade nous battre contre des moulins à vent imaginaires. Comme le faisait l’ancêtre de Monsignor Quichotte d'après les histoires de Cervantès, le "biographe" de Don Quichotte.

Tant de ses prières étaient demeurées sans réponse qu'il nourrissait quelque espoir que celle-ci fût demeurée logée tout ce temps, tel un bouchon de cérumen, dans l'Oreille Éternelle.

Monsignor Quichotte donc, et son servant suiveur Sancho, partent sur leur Rossinante (une vieille Fiat) aussi rapide et têtue qu'un âne. Les guerres de chevalerie font place aux conflits Église - Communisme et malgré un ton qui augmente parfois, une amitié forte se lie entre les deux hommes.
Justiciers à leur manière, ils vont parcourir des centaines de kilomètres et vider des dizaines de bouteilles de manchengo. Mais leur soif de liberté va vite se retrouver compromise par une série d'évènements malchanceux entrainant une sorte de traque où l'humour de ces enfants terribles fait passer le stress pour une franche partie de rigolade.

Mon Dieu, rendez-moi humain, soumettez-moi à la tentation. Sauvez-moi de mon indifférence.


Il est intéressant de lire ce que fait Greene avec certains textes considérés comme sacrés. Il nous offre une autre vision des écrits religieux et une autre vision des écrits marxiste-léninistes. L'auteur défend à merveille ses deux chevaux de bataille. Chrétien convaincu et sans doute proche des idées communistes, il arrive à allier ces deux serments de foi qui semblent si différents.
Autant il arrive à trouver de nombreux exemples qui ne valorisent aucun des deux, autant il sait les rapprocher plus que l'on ne pourrait le penser.

Monsignor Quichotte est un roman brillant, d'une grande finesse et profondément émouvant. Greene nous offre des personnages magnifiques au cœur énorme et à la soif interminable. Le final est d'une telle beauté qu'il est la conclusion parfaite de ce 'road book' hors du commun.

vendredi 24 août 2012

Canyon Creek

Canyon Creek est un roman noir d'Alexis Aubenque.

Présentation de l'éditeur :
Canyon Creek, petite ville tranquille de l'Ouest américain qui tient son nom du canyon qui la borde, est en proie à une succession de crimes de jeunes filles latino-américaines. La sergente Suzie McNeill est persuadée qu il s'agit d un tueur en série, contrairement au chef de la police locale qui n'y voit qu'une simple coïncidence statistique.
À l'aide du lieutenant Jack Spencer, elle est prête à dépasser les limites du règlement pour prouver ses théories et arrêter le détraqué qui sévit dans sa ville. Mais c est un but qui sera difficile à atteindre alors que revient dans sa vie Dale Turner, un homme au passé mystérieux, tout juste sorti du coma, amnésique après un accident étrange survenu un mois plus tôt...

Un thriller qui risque de me marquer pour un bon moment ! En plus d'être de haute qualité, il m'a accompagné pendant la toute fin de grossesse de ma femme. J'ai donc vibrer de nombreuses fois avec lui.

Suzie McNeill est la fille du shérif et n'hésite pas à l'ouvrir dès qu'elle est contrariée. Avec sa force de caractère, son goût pour la justice et ses allures de garçon manqué, elle m'a beaucoup fait pensé à Debra Morgan dans la série Dexter. Alors lorsqu'une série de meurtres sur des filles latinos ne trouve pas de réponse, elle n'hésite pas une seconde à se lancer sur la piste d'un éventuel tueur en série. Mais est-ce si simple ? Bien évidemment que non.
Suite à de nombreux différents avec son père de shérif, elle va souvent changer d'équipe et découvrir ce qui peut se cacher dans les coulisses de la police. Suspicion, trahison, mensonge et corruption sont les maîtres mots de quelques flics véreux.

Dale Turner, quant à lui, va vivre l'incroyable et frustrante aventure de l'amnésie partielle. Il va devoir retourner sur ses pas pour découvrir qui il est vraiment et s'il peut bien sûr avoir confiance en les gens qui l'entourent. Son passé refait donc surface petit à petit et de nombreux secrets qu'il aurait aimés ne jamais découvrir vont le hanter de plus belle.

Tout ce petit monde se retrouve comme enfermé à Canyon Creek, se tournant autour comme des fauves, leurs regards se croisant et attendant le premier faux pas pour sauter sur son voisin.
Alexis Aubenque mène la danse avec brio. Il m'a littéralement scotché et ne m'a pas laissé le moindre temps mort pour reprendre mon souffle. J'ai particulièrement aimé les deux personnages que j'ai présentés ci-dessus mais également la fin dure, brutale et réaliste.
Tentez le pas et accrochez-vous !

mercredi 15 août 2012

Randy Welcome

Randy Welcome est le troisième roman d'Alexandra Julhiet.

Présentation de l'éditeur :
À trente quatre ans, Randy Welcome a, selon ses propres dire un nom de clébard et un job pourri de chauffeur de limousine dans le New Jersey. Résigné à sa vie, il n'aspire désormais qu'à deux choses : reconquérir son ex femme et boire ses bières en paix.
Jusqu'à ce que, un jour de canicule, sa route croise celle d'un ancien amour de lycée. Jusqu'à ce que, le temps d'une soirée avec elle, il se sente revivre. Et que le lendemain matin, il se réveille avec une terrible gueule de bois... et deux cadavres étrangement familiers dans le coffre de sa voiture. Pourquoi les fantômes du passé sont-ils revenus chercher Randy ? 

Roman noir comme on les aime, Randy Welcome m'a beaucoup étonné par ses personnages et son univers crasseux et déjanté. Le personnage de Randy est le type parfait du roman noir ; plus tout jeune, paumé, divorcé et toujours fourré dans les coups les plus foireux. Sans oublié son passage en maison de correction lorsqu'il était adolescent.
L'aventure que va vivre Randy Welcome, qui n'a pas vraiment une tête à souhaiter la bienvenue (...), débute par quelques bières qui vont se terminer par un traquenard complètement dingue. Les démons du passé refont surface et Randy va devoir retrouver ses anciens amis pour élucider le mystère qui l'entoure. Mais le chemin est parsemé d'embuches, de meurtres, de flammes et de coups dans tous les sens.

comme nous tous il était revenu mourir dans le New Jersey, comme si cette antichambre de l'enfer poussait irrémédiablement ses enfants à revenir s'échouer sur ses rivages, face à l'échec de leur misérable existence

Les références à Chandler et Bukowski démontrent bien une connaissance de ce type de roman et un goût certain pour le noir. Mais le personnage et ses déboires m'ont surtout fait penser au grinçant L'encombrant Mister Kitchen de Charles Higson. L'auteur n'a rien à envier aux meilleurs auteurs de romans noirs, elle sait torturer ses personnages comme il faut, les rendre à la limite de la folie et les rouler dans la merde jusqu'au cou. Elle arrive également avec beaucoup d'aisance à passer de l'humour à la panique en peu de temps.
Toutes les qualités sont réunies pour vous faire vibrer. Malgré un final un peu 'facile' à mon goût, je retiens de ce roman une histoire complètement cinglée avec des personnages bien travaillés. Un roman explosif !

dimanche 5 août 2012

La mort s'invite à Pemberley

La mort s'invite à Pemberley est le nouveau roman de P.D. James.

Présentation de l'éditeur :
 Rien ne semble devoir troubler l'existence ordonnée et protégée de Pemberley, le domaine ancestral de la famille Darcy, dans le Derbyshire, ni perturber le bonheur conjugal de la maîtresse des lieux, Elizabeth Darcy. Elle est la mère de deux charmants bambins, sa sœur préférée, Jane, et son mari, Bingley, habitent à moins de trente kilomètres de là, et son père adulé, Mr Bennet, vient régulièrement en visite, attiré par l'imposante bibliothèque du château. Mais le climat s'alourdit soudain lorsque, à la veille du bal d'automne, un drame contraint les Darcy à recevoir sous leur toit la jeune sœur d'Elizabeth, Lydia, et son mari, Wickham, que leurs frasques passées ont rendu indésirables à Pemberley. Avec eux s'invitent la mort, la suspicion mais aussi le romanesque.
Dans
La mort s'invite à Pemberley, P.D. James associe sa longue passion pour l’œuvre de Jane Austen à son talent d'auteur de romans policiers pour imaginer une suite à Orgueil et Préjugés, six ans après la fin du roman, et y camper une intrigue à suspense. Elle le fait avec une grande fidélité aux personnages d'Austen, et en même temps dans le plus pur style de ses romans policiers, dans lesquels elle fait affleurer, et souvent approfondit, des problèmes de société - ici ceux de l'Angleterre du début du XIXe siècle : domestiques et maîtres, dureté de la justice, abîme entre le mode de vie des privilégiés et celui des petites gens.

C'est sur l'idée de relancer le décor d'Orgueils et Préjugés de Jane Austen qu'est né le nouveau roman de P.D. James. L'auteur redonne vie aux célèbres personnages d'Angleterre de la fin du 18ème siècle, début du 19ème siècle. Il s'agit donc d'un roman hommage dans lequel on ressent toute l'admiration de cette grande auteure envers sa consœur.
Pour mon premier PD James, c'est une découverte particulière car elle reprend un grand classique pour l'associer à son propre univers. Un univers fait de passion, de suspicion et de meurtre. En plus de reprendre les personnages et le décor de Jane Austen, P.D. James sensibilise son style pour nous donner la sensation de vivre à cette époque, dans ce milieu bourgeois et parfois sournois.

Il va falloir à présent nous armer de courage pour accueillir la majesté de la loi

Les sœurs Bennet sont de retour et l'une d'entre elles va voir son époux sur les bancs des accusés. Un meurtre a été commis et tous les éléments indiquent qu'un seul homme semble être le coupable. Nous allons ainsi vivre une passionnante séance au tribunal pour comprendre exactement ce qui s'est produit dans les bois de Pemberley ...
J'ai trouvé qu'il était un peu compliqué de rentrer dans l'histoire tant les personnages décrits sont nombreux. PD James tente de recréer une atmosphère qu'elle connait et de redonner vie à des personnages avec lesquels elle a vibrés mais, et malgré toute son implication, je n'ai pas réussi à pénétrer dans l'histoire aussi facilement que l'auteur devait l'espérer.
Même si j'étais parfois perdu dans les riches relations entre les différents protagonistes, j'ai été agréablement surpris par l'écriture totalement appliquée de l'anglaise. Et c'est avec beaucoup de plaisir que je lirai sûrement l'un de ses nombreux autres romans.