jeudi 29 avril 2010

Pulp

Pulp est le dernier roman de Charles Bukowski. A l'occasion de mon nouveau partenariat avec Alapage, je me suis décidé à tenter l'expérience Bukowski ... à force d'en entendre parler, mes envies ont vite pris le dessus sur ma raison (comprendre ma Pile A Lire débordante près du lit) et c'est ainsi que je me suis vu offert les Romans de Charles Bukoswki rassemblés dans un seul et unique ouvrage édité chez Grasset. Parmi l'immense œuvre de l'auteur sont présents les romans suivants : Women, Factotum, Le Postier, Hollywood et Pulp. Et aujourd'hui, j'ai décidé de vous chroniquer Pulp.

Présentation des Romans par l'éditeur :
«Tout à la fois greffier et visionnaire, Bukowski possède sur Baudelaire et Kafka, auxquels le rattache sa haine du père, un avantage déterminant lié à sa condition de gagne-petit. Il est du peuple, celui-là même que Baudelaire idéalisa quelques jours en 1848 et dont Kafka aurait aimé être compris. Pour avoir été mis dans l'obligation de se vendre à qui était en mesure de l'acheter, et pour ne l'avoir pas supporté, Bukowski échappe à son sort en se débarrassant de ses inhibitions.
Mais, une fois à pied d'oeuvre, ni il ne glose sur le génie salvateur du conditionnel ni il n'enrobe son inspiration du vernis de la vertu.
Quitte à se rallier à un drapeau, Bukowski ne se laisse pas intimider par la honte, et c'est, publiquement, qu'il choisit de se déclarer obsédé par la peur. S'avouer tel qu'on est, refuser de porter un masque, suscite le respect dans le monde des vrais durs - et, autant que le prolétaire en rupture de contrat, l'écrivain en guerre contre sa personne en fait partie.
Accessoirement, une telle réputation, pour peu qu'elle ne se relâche pas, sauve de l'aphasie baudelairienne et du sanatorium kafkaïen.»
Gérard Guégan.

Présentation de Pulp :
Louis-Ferdinand Céline n'est pas mort en 1961. On l'a aperçu à Los Angeles. Et une pulpeuse créature qui n'est autre que la Mort charge un «privé» minable, Nick Belane, de le retrouver : «Je veux m'offrir, dit-elle, le plus grand écrivain français.» Ainsi commence l'ultime roman du génial et intenable auteur des Contes de la folie ordinaire et d' Au sud de nulle part. Une enquête échevelée, jalonnée de saouleries et de cadavres, d'autant plus compliquée que le malheureux Belane doit aussi retrouver le Moineau écarlate et pister une nommée Cindy qui roule en Mercedes rouge...

C'est avec un rythme soutenu que l'auteur nous plonge dans une histoire rocambolesque avec comme compagnon le meilleur privé de Los Angeles : Nick Belane. Meilleur détective mais aussi l'un des meilleurs piliers de comptoir jamais rencontré dans un roman.
C'est sous forme d'un hard-boiled que naît l'étrange histoire de Pulp, mais c'est en grand n'importe quoi qu'elle se terminera. Bukowski a une imagination débordante et Pulp en est un bel exemple. Attention  donc à ceux qui ne connaissent pas le style de l'auteur car ce roman est un pur OVNI littéraire.

Prenez les stars de cinéma par exemple, on leur retape le visage avec la peau des fesses. Car c'est bien là la dernière chose à se flétrir. Du coup, ces stars finissent leur existence avec une tête de cul.

L'auteur ne mâche pas ses mots. Le vocabulaire est cru mais le style n'en reste pas moins soigné. Pulp dévoile un personnage à la fois dégoûtant et attachant. Malgré son addiction pour l'alcool, son obsession pour les femmes et ses répliques tonitruantes, Nick Belane cache une sensibilité et un mal-être assez profond. Totalement dépressif et parfois même, semblerait-il, à la limite du suicide, il ne se laisse jamais soudoyer et continue jusqu'au bout ce pourquoi il est embauché. Un privé digne de ce nom !
Le ton du récit passe du drame à la franche rigolade à chaque page. Le lecteur est entrainé tantôt dans un polar tantôt dans une situation fantastique à la limite du délire. Certains passages m'ont d'ailleurs rappelé le très bon Berceuse de Chuck Palahniuk.
Le rapprochement entre les deux hommes n'est pas un hasard puisqu'ils sont  sans aucun doute deux  des plus grands maîtres du mouvement nihiliste de la littérature contemporaine.


- Qu'y a-t-il donc de si affreux sur cette... Terre ?
- Chacune de ses composantes. Le smog, par exemple, mais aussi son taux de criminalité, l'air empoisonné, les eaux polluées, la nourriture cancérigène... Mais encore la haine, le désespoir...

Alors oui le monde est moche, vide et dénué de sens mais l'être humain révèle une panoplie d'émotions et de caractéristiques assez importante. Chacun des personnages a son côté mystérieux, sa force et un degré d'intelligence ... parfois bien bas.
L'auteur mélange humour et drame aussi bien qu'il intensifie la démence de son texte en ajoutant à sa trame policière quelques touches surnaturelles. Il laisse ses propres fantasmes régir l'intrigue de Pulp (comme rencontrer l'auteur Céline dans les rues de Los Angeles).
Pulp est donc un court récit surprenant, sorte de pot-pourri mélangeant violence, humour, alcool, dépression et un condensé de vos rêves les plus excentriques. Une démesure monumentale et finalement fataliste !

vendredi 23 avril 2010

La guerre des vanités

La guerre des vanités est le premier roman de Marin Ledun à être édité à la Série noire. Une association plus qu'enthousiasmante entre l'auteur du déjà très sombre Modus Operandi et de la mythique collection de Gallimard.

Présentation de l'éditeur :
Tournon, dix mille habitants, petite ville de la vallée du Rhône recroquevillée sur elle-même et balayée par le souffle glacial du mistral. Immobile, presque éteinte. Jusqu’à ce qu’une série de suicides d’adolescents vienne perturber le fragile équilibre de la cité et libérer les vieux démons qui y sommeillent.
Le lieutenant Alexandre Korvine est dépêché sur place pour enquêter. Plus habitué à traquer les dealers et à pratiquer des autopsies qu’à fouiller les placards et feuilleter les albums de famille, il entame rapidement une descente aux enfers. Trois jours de chasse à l’homme qui voient la ville mourir à petit feu et entraîner ses enfants dans un processus autodestructeur. Trois jours de chaos au cours desquels Korvine, usé, hanté par son propre passé et au bord de l’explosion, se transforme en missionnaire pour tenter de percer le secret qui ronge les parents des suicidés.
Un secret en forme de nature morte, composé de portraits en trompe-l’œil. Mensonges par omission, suspects commis d’office, vidéos compromettantes et étranges résultats d’analyses médicales. Une guerre que Korvine doit mener seul sans jamais céder un pouce de terrain, quitte à se transformer en bombe humaine au service de la vérité. Là où précisément tout se complique…

Dans ce nouveau roman de Marin Ledun, on retrouve une écriture de plus en plus nerveuse, plus rythmée et un style parfois haché, coupé, qui peut en gêner certains et en faire saliver d'autres. L'auteur maîtrise sans problème les différents tempos qui rythment son œuvre. Il arrive aussi bien à accélérer qu'à adoucir certains de ses passages.
Cette fois Marin Ledun a décidé de nous entraîner dans ce qui paraît être un complot à grande échelle mais tout en gardant un côté huis clos qui rend de plus en plus parano au fil des pages. Le lecteur se retrouve face à un monde qui semble péter les plombs, rien ne tourne comme cela devrait tourner. D'ailleurs l'auteur insiste bien sur le clivage Adulte-Jeune, ce problème de communication qui s'élargit d'époque en époque. Les deux clans ne se comprennent plus et Marin Ledun semble mettre en garde l'adulte face à cette nouvelle adolescence assistée par ordinateur, une sorte de web-adolescence ouverte sur tous les mystères du monde, à la merci de tous.

A quoi servent cinq suicides ?

Le rapprochement entre La guerre des vanités et Modus Operandi que j'ai fait en début de chronique n'est pas par hasard. Alors que les deux romans se rejoignent du côté noir du polar, une autre ressemblance m'a presque sauté aux yeux. Korvine m'a beaucoup rappelé l'inspecteur Darrieux de Modus Operandi. Tous les deux ont eu un passé difficile et semblent chacun soumis à une forme de dépendance. L'un est accroc au tabac alors que l'autre lui préfère la bouteille. Korvine est un peu le Jack Taylor de la fumée.
Ce personnage a également une profondeur très intéressante puisqu'il est doté d'un humanisme fort même si au premier regard ce n'est pas l'impression qu'il donne. Son duo avec le jeune Revel est passionnant car malgré leurs différences, ils vont se rapprocher dans un but commun : trouver les responsables et surtout sauver ces gosses. Deux flics qui vont apprendre à se connaître, un plus âgé qui a de l'expérience mais outrepasse l'autorité et un jeune qui préfère marcher dans les clous de la hiérarchie.

Personne ne sait rien ou tout le monde se tait.

Au final, La guerre des vanités est une expérience éprouvante, dure à supporter, qui laisse des traces. Plus on s'approche de la fin de l'histoire et plus on se sent perdu. Les diverses solutions qui se sont offertes à nous ne paraissent plus convenir, on se sent manipulé, on suit l'auteur comme hypnotisé par le talent de sa narration. On pense au très inquiétant Suicide Club, mais j'ai également pensé au plus célèbre Village des damnés.
La guerre des vanités est sûrement le meilleur roman de l'auteur à ce jour et peut-être l'un des meilleurs romans noirs de l'année. Sa lecture m'a fait l'effet d'une bombe, impossible de lâcher le roman tellement j'ai été pris dedans. Marin Ledun a réussi à me rendre plus qu'en simple spectateur de son récit mais plutôt en tant qu'acteur car, finalement, la société actuelle n'est rien de plus qu'une simple guerre de vanités ...

Tu vas en chier pendant des semaines, tu vas pleurer, tu vas croire que le monde est foutu et que c'est le brouillard permanent, l'hiver nucléaire personnalisé.


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dimanche 18 avril 2010

Le Monstre de Florence

Le Monstre de Florence est un témoignage de Douglas Preston et Mario Spezi sur l'affaire du tueur en série le plus célèbre et mystérieux d'Italie. Un grand merci à l'équipe de BOB (blog-o-book) et aux éditions l'Archipel de m'avoir permis de participer à ce partenariat.

Présentation de l'éditeur :
De 1974 à 1985, sept couples furent assassinés dans les collines entourant Florence. Quatorze crimes, un nombre incalculable de suspects, des dénonciations, des folles rumeurs, des fausses accusations, plusieurs procès... et un coupable non encore démasqué !
En août 2000, Douglas Preston s'installe en Toscane pour y écrire un thriller. Afin de s'imprégner des méthodes de la police locale, il rencontre Mario Spezi, journaliste florentin spécialiste en affaires criminelles. Au détour d'une conversation, ce dernier lui parle du Monstre de Florence. Bien vite, Douglas Preston en oublie son projet initial.
Avec Mario Spezi, il décide de tenter d'identifier le tueur. Mais leur enquête dérange. Et, alors qu'ils approchent de la vérité, de traqueurs ils deviennent traqués. Preston est accusé de faux témoignage, de détournement de preuves et de complicité de meurtre ! Spezi, lui, est même soupçonné d'être le Monstre...
Ce récit, qui se lit comme un roman policier, revient sur une affaire criminelle fascinante, qui a inspiré à Pierre-Jean Rémy Une ville immortelle (Grand Prix de l'Académie française 1986). Les droits cinématographiques en ont été acquis par Tom Cruise.

Alors que je m'attendais à lire ce témoignage comme un roman policier, je ne fus finalement guère surpris de découvrir que le style utilisé était bel et bien celui d'un témoignage et non d'une fiction. Normal me direz-vous puisqu'il s'agit d'une partie autobiographique des deux auteurs. Mais la quatrième de couverture m'avait conquis en annonçant une lecture proche d'un roman policier. Exit donc le suspense qui vous tient en haleine, les scènes et descriptions fascinantes, ainsi que les personnages fouillés tout droit sortis de l'imaginaire schizophrène d'auteurs toujours en quête de surprendre leurs lecteurs.
Mais l'ouvrage n'en est pas pour autant mauvais. Non, il recèle de nombreux chapitres intéressants, voir même parfois époustouflants. Et étrangement les parties les plus prenantes ne sont pas toujours celles dans lesquelles les auteurs décrivent des meurtres mais plutôt celles qui offrent une vision peu ordinaire de la justice et la police italienne. Finalement, la réalité rejoint parfois très vite la fiction ...

Harris a assisté en personne à l'un des procès du Monstre [...] On dit qu'il se serait inspiré du Monstre de Florence pour le personnage d'Hannibal Lecter.

La première partie du roman décrit ce qu'a vécu le journaliste florentin de La Nazione, Mario Spezi, les années précédant sa rencontre avec l'auteur américain à succès Douglas Preston. Cette première partie est forte intéressante puisqu'elle présente le monstre et les différentes enquêtes qui ont lieu à son sujet. Spezi est LE 'monstrologue' spécialisé sur cette affaire. Son entêtement a vouloir découvrir la vérité (le visage du ou des monstres de Florence) ne va finalement pas lui apporter que des amis.
Cette partie a également la particularité de nous décrire cette belle ville de Florence et de nous en conter son histoire si riche. Mais les longueurs s'enchaînent laissant parfois s'évader le Monstre hors des pages et de l'histoire. Le portrait réalisé du berceau de la Renaissance est coloré et ensoleillé, à croire que le monstre est l'antonyme parfait de cette ville. Le nom de 'Monstre de Florence' deviendrait ainsi un oxymore démontrant que n'importe quel lieu peut accueillir un tel personnage, même Florence.

l'année 1985 n'est que le début d'une longue enquête qui va devenir à son tour une sorte de monstre dévastant tout sur son passage, au prix de nombreuses vies innocentes

La seconde partie de l'ouvrage nous relate l'heureuse rencontre entre les deux auteurs et l'enquête qu'ils vont mener afin de trouver (enfin!) l'identité du tueur. Les faux coupables et les procès s'enchaînent alors que nos protagonistes mènent une enquête parallèle à celle de la police. Mais à force de marcher sur les pieds des enquêteurs et d'apporter des preuves contraires à celles des policiers, nos deux auteurs transformés en personnage vont se retrouver pris dans un engrenage dont ils peinent à sortir. Douglas Preston est accusé de faux témoignage et Mario Spezi est même accusé d'être LE Monstre de Florence.
Dans cette partie, le fait que Preston écrive sur Preston m'a étonné dans ce sens où son 'personnage' paraît complètement niais, gentillet et victime d'un monde qu'il devrait pourtant bien connaître puisqu'il est journaliste à ses heures. Malgré de nouvelles longueurs, cette seconde partie va se révéler passionnante pour les questions qu'elle soulève. Notamment sur la liberté de la presse et le pouvoir des magistrats.

Cette affaire a fait la carrière des uns et brisé celles des autres.

Loin d'être un page-turner, ce récit fonctionne tout de même assez bien par son côté 'réel donc terrifiant'. Une fiction aurait sans doute était plus passionnante à lire mais la véracité des faits nous offre au final une belle frayeur et de vives inquiétudes quant à l'intérêt premier du corps judiciaire.
Tantôt témoignage poignant de deux auteurs innocents se retrouvant au cœur de leur propre enquête, tantôt longue rhétorique sur une police injuste et un système ne visant qu'à améliorer les carrières, cet ouvrage souffre au final par son inégalité. Alors que l'on peut penser lire un roman alliant fiction et réalité, les auteurs ont préféré témoigner de leur point de vue sans jamais nous prouver quoique ce soit sur ce tueur. Le thème principal n'est donc pas le monstre mais comment deux auteurs avides de vérité se sont faits trainer dans la boue par des magistrats peu scrupuleux. Une lecture parfois riche parfois ennuyeuse, bref un sentiment mitigé au final.


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lundi 12 avril 2010

Le poisson mouillé

Le poisson mouillé est le premier roman de l'écrivain allemand Volker Kutscher, mais également le premier tome d'une nouvelle série policière dont l'intrigue se déroule à la fin des années 20.
Merci à Suzanne, le site Chez-les-filles.com et les éditions du Seuil de m'avoir proposé cette lecture.

Présentation de l'éditeur :
Berlin, mai 1929. La ville est en pleine ébullition et la police a du mal à être sur tous les fronts à la fois - combats de rue entre forces de l’ordre et communistes, criminalité grandissante et night-clubs clandestins. Et puis il y a ce cadavre repêché au fond du canal et dont personne ne semble connaître l’identité. Sauf Gereon Rath, qui l’a croisé quelques jours avant sa mort. Ce jeune commissaire originaire de Cologne qui travaille pour la brigade des mœurs brûle de résoudre seul cette affaire dans l’espoir d’être intégré à la Criminelle. Car cette enquête risque de rejoindre les dossiers des affaires classées non élucidées appelées « les poissons mouillés».

Gereon Rath est un jeune commissaire travaillant aux mœurs mais rêve de retourner dans la criminelle qu'il juge bien plus excitant et intéressant. Il fait la connaissance et se lie d'amitié avec le commissaire principal Bruno Wolter, alias Tonton. Mais un jour, ce jeune espoir de la police berlinoise est réveillé en pleine nuit par un russe. Puis, quelques temps plus tard, un mort est repêché dans le canal et seul Gereon semble le reconnaître. Qui est-il ? Pourquoi le jeune policier garde t-il le secret sur son identité ?
Les mésaventures s'enchaînent dans les rues d'un Berlin d'avant et d'après guerre, entre deux temps. La peur du communisme fait rage et les luttes entre policiers et manifestants ne cessent d'augmenter. Le contexte de l'époque est très intéressant puisque l'Allemagne se relève d'une défaite et nous sommes à la veille du terrible krach boursier ainsi que de la montée du nazisme.
La police craint un putsch des communistes, la population est sous pression et les bandes terroristes se multiplient. Tout est fait pour tenir en haleine le lecteur.

On construit beaucoup à Berlin, vous savez. Et tous les cadavres n'ont pas droit à une tombe digne de ce nom.

L'auteur fait une belle entrée en matière avec un premier chapitre véritablement terrifiant, proche d'une des meilleures scènes de la série 24 heures chrono. Mais malgré cela, il faut attendre près de 300 pages avant de commencer à vibrer avec Rath. La première partie manque peut-être un peu d'originalité et voit un peu grand (notamment avec une chasse au trésor un peu ridicule à mon goût) mais annonce quand même un bon polar dans les règles de l'art. La seconde partie, quant à elle, est passionnante. Alors qu'un complot à grande échelle semble voir le jour, les meurtres et faux semblants se multiplient sans qu'on ne comprenne vraiment quel est le rapport entre chacun de ces évènements.
Le roman est riche de plus de 550 pages mais possède un rythme très mouvementé. Pas trop de longueurs, des situations riches et surtout, une reconstitution psychologique des allemands de l'époque juste et bien travaillée. Les références au Docteur Mabuse démontre bien que Volker Kutscher veut se jouer de nous en donnant de multiples facettes à ses personnages.
Un très bon premier roman d'une série qui peut être bien intéressante à suivre !


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mardi 6 avril 2010

Laisse-moi entrer

Laisse-moi entrer est le premier roman de John Ajvide Lindqvist. Comme le signale la quatrième de couverture, ce roman est considéré comme l'un des plus gros best-sellers en Suède tous genres confondus. L'auteur a également signé le scénario de l'adaptation cinématographique ; l'excellent film Morse.

Présentation de l'éditeur :
« - Oskar...
Cela provenait de la fenêtre. Il ouvrit les yeux et regarda dans cette direction. Il vit les contours d'un petit visage de l'autre côté de la vitre. Il écarta ses couvertures mais avant qu'il ait eu le temps de sortir de son lit, Eli murmura :
- Attends. Reste dans ton lit. Est-ce que je peux entrer ?
Oskar chuchota :
- Oui.
- Dis que je peux entrer.
- Tu peux entrer. »
Oskar a 12 ans, il vit seul avec sa mère au cœur d'une banlieue glacée de Stockholm. Il est martyrisé par trois adolescents de son collège.
Eli a emménagé un soir dans l'appartement voisin. Un homme l'accompagnait. Elle sort le soir, semble ne craindre ni le froid ni la neige et exhale une odeur douceâtre et indéfinissable.
Une magnifique et sanglante histoire d'amour et d'amitié entre deux êtres désespérément seuls et différents.

Oskar est un jeune garçon âgé de douze ans perturbé. Martyrisé par certains de ses camarades de classe et sans réelle figure paternelle, il va sombrer et s'enfermer de plus en plus dans un monde noir et violent qu'il s'invente. Devenu fanatique des tueurs en série, il découpe et collectionne les faits divers sanguinaires qu'il trouve dans les journaux. Après s'en être bien imprégnés, le soir, il descend dans la cour soulager sa rage en plantant un couteau contre un arbre. Mais un soir, il rencontre Eli. Et tout va changer dans sa vie ... et dans celle des autres.

Si seulement vous saviez. S'il vous plait, pardonnez-moi, mais si seulement vous saviez.

Des meurtres s'enchaînent dans un quartier pourtant assez paisible. Page après page des litres de sang dégoulinent mais à aucun moment la violence ne devient gratuite, elle en devient même vitale. L'auteur use d'un parfait sens de la narration et arrive avec brio à nous faire pénétrer dans un univers angoissant où chacun des personnages a un côté dur et un côté sensible, fragile. Lindqvist dérange d'ailleurs en nous plongeant dans les remords d'un homme mauvais, pédophile et devenu tueur en série malgré lui. Le roman dérange et nous perturbe par sa puissante force d'écriture. De cette terrifiante histoire, il en ressort de la poésie, de l'amour et de la tragédie. Un mélange de sentiments qui envahit votre corps et qui ne vous quittera que longtemps après avoir terminé la lecture.

- Je ne suis rien. Pas un enfant. Pas un vieux. Pas un garçon. Pas une fille. Rien.

Lindqvist donne une nouvelle dimension, plus humaine, au mythe du vampire. On a affaire à un monstre en pleine crise d'identité, malheureux et touchant à l'image de ce qu'il paraît être. Les nombreuses références à 'Roméo et Juliette' (comme la fabuleuse et pourtant très simple scène où les deux jeunes protagonistes se retrouvent chacun d'un côté de la fenêtre) font de ce roman l'une des plus belles tragédies du temps moderne. Lindqvist est un grand conteur d'histoire. Il m'a fait vivre l'un de mes plus beaux voyages littéraires. Encore un énorme coup de cœur ... l'année s'annonce littérairement magnifique !

Un loup déguisé en mouton ?




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