La guerre des vanités est le premier roman de Marin Ledun à être édité à la Série noire. Une association plus qu'enthousiasmante entre l'auteur du déjà très sombre Modus Operandi et de la mythique collection de Gallimard.
Présentation de l'éditeur :
Tournon, dix mille habitants, petite ville de la vallée du Rhône recroquevillée sur elle-même et balayée par le souffle glacial du mistral. Immobile, presque éteinte. Jusqu’à ce qu’une série de suicides d’adolescents vienne perturber le fragile équilibre de la cité et libérer les vieux démons qui y sommeillent.
Le lieutenant Alexandre Korvine est dépêché sur place pour enquêter. Plus habitué à traquer les dealers et à pratiquer des autopsies qu’à fouiller les placards et feuilleter les albums de famille, il entame rapidement une descente aux enfers. Trois jours de chasse à l’homme qui voient la ville mourir à petit feu et entraîner ses enfants dans un processus autodestructeur. Trois jours de chaos au cours desquels Korvine, usé, hanté par son propre passé et au bord de l’explosion, se transforme en missionnaire pour tenter de percer le secret qui ronge les parents des suicidés.
Un secret en forme de nature morte, composé de portraits en trompe-l’œil. Mensonges par omission, suspects commis d’office, vidéos compromettantes et étranges résultats d’analyses médicales. Une guerre que Korvine doit mener seul sans jamais céder un pouce de terrain, quitte à se transformer en bombe humaine au service de la vérité. Là où précisément tout se complique…
Dans ce nouveau roman de Marin Ledun, on retrouve une écriture de plus en plus nerveuse, plus rythmée et un style parfois haché, coupé, qui peut en gêner certains et en faire saliver d'autres. L'auteur maîtrise sans problème les différents tempos qui rythment son œuvre. Il arrive aussi bien à accélérer qu'à adoucir certains de ses passages.
Cette fois Marin Ledun a décidé de nous entraîner dans ce qui paraît être un complot à grande échelle mais tout en gardant un côté huis clos qui rend de plus en plus parano au fil des pages. Le lecteur se retrouve face à un monde qui semble péter les plombs, rien ne tourne comme cela devrait tourner. D'ailleurs l'auteur insiste bien sur le clivage Adulte-Jeune, ce problème de communication qui s'élargit d'époque en époque. Les deux clans ne se comprennent plus et Marin Ledun semble mettre en garde l'adulte face à cette nouvelle adolescence assistée par ordinateur, une sorte de web-adolescence ouverte sur tous les mystères du monde, à la merci de tous.
A quoi servent cinq suicides ?
Le rapprochement entre La guerre des vanités et Modus Operandi que j'ai fait en début de chronique n'est pas par hasard. Alors que les deux romans se rejoignent du côté noir du polar, une autre ressemblance m'a presque sauté aux yeux. Korvine m'a beaucoup rappelé l'inspecteur Darrieux de Modus Operandi. Tous les deux ont eu un passé difficile et semblent chacun soumis à une forme de dépendance. L'un est accroc au tabac alors que l'autre lui préfère la bouteille. Korvine est un peu le Jack Taylor de la fumée.
Ce personnage a également une profondeur très intéressante puisqu'il est doté d'un humanisme fort même si au premier regard ce n'est pas l'impression qu'il donne. Son duo avec le jeune Revel est passionnant car malgré leurs différences, ils vont se rapprocher dans un but commun : trouver les responsables et surtout sauver ces gosses. Deux flics qui vont apprendre à se connaître, un plus âgé qui a de l'expérience mais outrepasse l'autorité et un jeune qui préfère marcher dans les clous de la hiérarchie.
Personne ne sait rien ou tout le monde se tait.
Au final, La guerre des vanités est une expérience éprouvante, dure à supporter, qui laisse des traces. Plus on s'approche de la fin de l'histoire et plus on se sent perdu. Les diverses solutions qui se sont offertes à nous ne paraissent plus convenir, on se sent manipulé, on suit l'auteur comme hypnotisé par le talent de sa narration. On pense au très inquiétant Suicide Club, mais j'ai également pensé au plus célèbre Village des damnés.
La guerre des vanités est sûrement le meilleur roman de l'auteur à ce jour et peut-être l'un des meilleurs romans noirs de l'année. Sa lecture m'a fait l'effet d'une bombe, impossible de lâcher le roman tellement j'ai été pris dedans. Marin Ledun a réussi à me rendre plus qu'en simple spectateur de son récit mais plutôt en tant qu'acteur car, finalement, la société actuelle n'est rien de plus qu'une simple guerre de vanités ...
Tu vas en chier pendant des semaines, tu vas pleurer, tu vas croire que le monde est foutu et que c'est le brouillard permanent, l'hiver nucléaire personnalisé.
Achetez le sur Fnac.com
3 commentaires:
Aaaaaaah je le veux !!
j'avais adoré "modus operandi", c'est le premier avis (et quel avis !) que je lis sur ce nouvel opus, merci MIKA.
Merci à toi Sophie ! :-)
Il vaut vraiment le coup, surtout si tu avais aimé Modus Operandi.
D'ailleurs, j'ai rencontré Marin au salon de Mauves en noir ce week-end et j'ai pu en discuter avec lui. C'était très intéressant d'apprendre comment est né le roman de l'imagination de l'auteur et quel chemin il a suivi pour finir tel qu'il est actuellement. Ça donne au roman encore plus de valeur.
A bientôt
Je viens de le terminer...lecture très agréable, un style nerveux, un rythme haletant, le récit vous agrippe et c'est dur de le lacher...on veut savoir !!!
Un excellent roman très noir, une idée de départ originale et passionnante...mais on a, dans les 30 dernières pages, la désagréable impression que l'auteur ne maîtrise plus son récit et qu'il ne sait plus trop comment le conclure...la fin est approximative et pour tout dire décevante et tirée par les cheveux...ça m'embête de dire du mal d'un bouquin que j'ai par ailleurs adoré...est ce que je suis le seul à avoir cet avis ?
Enregistrer un commentaire