jeudi 24 avril 2008

Les Eveillés

Les Eveillés est le troisième roman né des quatre mains de Jérôme Camut et Nathalie Hug. En effet, vous pouvez retrouver la critique de leur premier roman sur ce blog : Predation. Et à venir, au mois de Juin, mon avis sur leur second roman : Stigmate.

Présentation de l'éditeur :
Élise est l’une d’entre eux.
Infirmière dans un centre pour polytraumatisés, elle souffre depuis des mois d’insomnie rebelle. Dans le service, les gens racontent qu’elle a le don de réveiller les comateux. C’est impossible…
Et pourtant. Élise a ranimé celui qu’il ne fallait pas. Lorsqu’elle est enlevée par ce redoutable assassin, c’est un inconnu guidé par de terribles visions qui va retrouver leurs traces.
Qui est-il ? Arrivera-t-il à temps ?
Un terrible compte à rebours commence alors, suscitant des questions aussi redoutées que fascinantes.
Qui sont les Éveillés, ces femmes et ces hommes dont les origines semblent remonter à la nuit des temps ? Et qu’est-ce qui les relie à cette nécropole découverte par hasard et abritant des dizaines de cadavres inhumés là depuis des siècles ?
Thriller haletant et conte initiatique, Les Éveillés lève le voile sur une réalité dérangeante où l’histoire, les énigmes de la génétique et le monde des rêves entrent en résonance.

Jérôme et Nathalie ont encore créé un tueur effrayant. Son nom : Stanislas Opalikha. Son surnom : L'Embaumeur. Ce personnage a été réveillé mystérieusement de son coma par Elise, une infirmière possédant un don très spécial. Bien que celle-ci lui ait permis de franchir la porte séparant le monde des conscients de celui des inconscients, Stanislas a décidé qu'elle serait sa prochaine victime ... Il le souhaite d'autant plus qu'il veut découvrir comment elle l'a sorti de son état comateux.

Pierre Delcroix vit seul depuis que sa mère, Marie-Jeanne, est à l'hôpital. D'étranges hallucinations lui apparaissent à n'importe quel moment de la journée ou de la soirée ... depuis, il ne dort plus. Souffre t-il d'IFF (insomnie fatale familière) ? Ou est-ce le résultat d'un don caché qu'il se découvre ? Pierre va avoir des visions du tueur et va pénétrer dans ses rêves. Stanislas se sent traquer par cet homme qu'il ne connaît pas et va le rechercher.

Salah est elle aussi sortie du coma grâce à Elise. Même si le Docteur Mariani a du mal à la croire, elle est certaine que c'est Elise qui l'a sorti du coma alors qu'elle ne l'a jamais vu. Elle n'arrive pas à expliquer comment ni pourquoi elle en est si sûre. Apprenant qu'Elise est en danger, elle va tout faire pour l'aider et découvrir ce qui se cache derrière le fameux pendentif que porte Elise. Salah, alors ancienne journaliste, va commencer à enquêter sur l'histoire de ce mystérieux bijou et va découvrir avec l'aide d'autres personnages un terrible secret enterré depuis plusieurs siècles.

Entre meurtres sanglants, voire écœurants, courses contre la montre et découvertes proche du fantastique, ce roman est très rythmé. De plus, la multitude des personnages et leur histoire rend cet ouvrage très vivant. L'écriture de Jérôme et Nathalie est très douce et très riche en vocabulaire. Le seul bémol que j'ai pu trouver est cette flopée de personnages qui nous empêche de nous attendrir assez longtemps sur l'un d'entre eux.

A voir, une interview de Nathalie et Jérôme sur le roman :


Note : 17/20

dimanche 20 avril 2008

Le sang de Venise


Le sang de Venise est un roman à suspense de Maud Tabachnik, l'auteur de Le festin de l'araignée.

Présentation de l'éditeur :
Avril 1575. La communauté juive de Venise est en danger. Le cadavre d'un petit garçon est découvert près du ghetto. Attisée par un moine franciscain fanatique, naît une odieuse rumeur: cet assassinat serait un crime rituel. Les Juifs utiliseraient du sang d'enfants chrétiens pour confectionner leurs galettes de Pâques. Si la rumeur se révélait fondée ou si, simplement, il était avéré qu'un Juif était le meurtrier, cela contraindrait les autorités de la ville à se débarrasser de la communauté tout entière. Or ses activités financières enrichissent considérablement la cité, même si la tolérance de Venise envers les Juifs empoisonne ses relations avec la papauté. Rachel da Modena vit dans le ghetto. C'est une jeune fille rebelle, courageuse, éprise de liberté, qui n'hésite pas à se mettre en péril, même vis-à-vis des siens, pour débusquer le véritable tueur et innocenter son peuple...

L'ouvrage ressemble plus à un roman historique qu'à un polar. Le côté suspense de l'histoire est juste là pour nous divertir pendant quelques pages. Pas de grand retournement de situation, très peu d'intrigue, Maud Tabachnik s'est surtout concentrée sur l'aspect historique. Et de ce côté là le lecteur est servi. L'écrivain s'est énormément documenté et décrit avec précision quelques fragments importants de l'histoire de Venise : le début de la peste, le rôle des Doges, et surtout, la vie des juifs, enfermés dans un grand ghetto.

Rachel da Modena, une juive, vit à Venise et côtoie les riches artistes (dont Titien); ce qui lui vaudra d'être mal vu par les siens. L'héroïne, courageuse et ambitieuse, va enquêter sur une série de meurtres d'enfants. En effet, le peuple juif est menacé car certains chrétiens pensent que ces enfants ont été tués dans le but de récupérer leur sang ... ce qui, soi-disant, serait un rite juif à l'approche de Pâque. Bien entendu tout ceci est faux et on sent le complot dans le but de se débarrasser de cette communauté.

La seule véritable bonne idée dans la partie policière du roman est la scène qui se déroule en prison. En effet, le chef de la Police enferme trois personnes qu'il croit complices et coupables des meurtres. Ceux-ci finiront vite par avoir peur et, lors de disputes, viendront par avouer leurs méfaits.

Un roman plutôt moyen mais incontestablement précis sur l'histoire de Venise. L'auteur connait chaque rue, chaque pont et chaque quartier de la Cité des Doges. Le lecteur se laisse volontiers diriger sur les pavés de la ville magique mais reste tout de même sur sa faim.

Note : 14/20

mardi 15 avril 2008

Bienvenue en enfer

Bienvenue en enfer est un roman noir de Clarence L. Cooper. Cet auteur américain est né en 1934 et a été retrouvé mort en 1978, seul et sans le sou, dans une chambre minable d'un hôtel. Ami d'enfance de Malcom X, Clarence Levi Cooper Jr a connu une vie très mouvementée : un mariage, une dépendance incurable à l'héroïne, un séjour de deux ans au pénitencier d'Iona, un emploi de journaliste au quotidien noir The Chicago Messenger, et la publication de deux romans. (source Editions Points)

Présentation de l'éditeur :
"La Ferme" est une réplique moderne de l'enfer. Cette prison fédérale réservée aux junkies est peuplée de détenus cinglés, de gardiens vicieux, de psychiatres plus malades que leurs patients. John, tombé pour trafic de drogue, maîtrise parfaitement les rouages de cette institution. Jusqu'au jour où il est attiré par Sonya, ancienne prostituée enfermée dans le quartier des femmes...

Le personnage principal arrive dans une prison un peu particulière; une sorte de clinique dont le but est de soigner les accrocs aux drogues. On s'attend tout au long du roman à une critique dure et sévère du milieu pénitencier mais rien ne vient. Quelques propos racistes se font entendre de la part de certains matons mais le pénitencier n'a rien d'affreux et propose même quelques privilèges.

En effet, notre narrateur obtient une place de choix en tant que secrétaire de Joe Antman, le surveillant chef, avec qui il va tisser tout doucement une relation amicale. Ce poste est d'autant plus intéressant qu'il lui permet de circuler un peu partout dans l'établissement ... et de rencontrer les femmes qui logent dans un autre quartier du bâtiment. Il va d'ailleurs s'amouracher de Sonja, une ex prostituée et ex droguée. Ils font connaissance grâce au trafic de lettres anonymes qui est leur seul moyen de communiquer.

Bien que le personnage soit assez comique dans les réponses qu'il donne, le roman n'apporte rien. Aucune véritable critique du milieu carcéral, une histoire d'amour peu touchante et presque pas d'action ... L'écrivain semble avoir écrit ce roman sous l'emprise de la drogue et souhaite sans doute trouver un moyen d'échapper à sa dépendance.

Note : 12/20

dimanche 13 avril 2008

Le petit bleu de la côte ouest

Le petit bleu de la côte ouest est un roman noir de Jean-Patrick Manchette. L'auteur, considéré comme le "pape du néo-polar", était un militant d'extrême gauche et un passionné des polars américains.

Présentation de l'éditeur :
"Le malaise des cadres, c'est pas rien ! Vous avez femme, enfants, bagnole, télé, et voilà que vous vous sauvez. Tout ça parce que deux rigolos essaient de vous flinguer. Et vous savez même pas pourquoi. Un jour, camarade, il faudra quand même comprendre."

Un jour, alors qu'il conduisait sur le périphérique, Georges Gerfaut croise un accidenté de la route. Il l'emmène d'urgence à l'hôpital d'où il part sans y laisser son nom. Quelques jours après, parti avec sa femme et ses filles au bord de la mer, Georges est victime d'un attentat. Deux hommes essaient de le noyer mais il s'en sort. Aucun témoin. Qui sont ces hommes ? Que lui veulent-ils ? Y a t-il un rapport avec l'accident du début ?

Le personnage principal décide alors de repartir sur Paris mais les bandits ont vite fait de le retrouver et tentent à nouveau de l'assassiner. Gerfaut préfère alors fuir au lieu de s'expliquer à la police. L'aventure commence. Le héros va devoir se battre, se cacher ... et trouver qui est derrière tout ça.

Manchette signe là un grand chef d'œuvre du polar et parfume son roman de quelques critiques sociales. Son écriture est à la fois agressive, par son manque de ponctuation, et très douce, car les mots semblent couler logiquement les uns après les autres dans une rivière de phrases.

Pour information, ce roman a été adapté sous forme de BD et également au cinéma sous le titre : Trois hommes à abattre de Jacques Deray avec Alain Delon.

Note : 17/20

jeudi 3 avril 2008

L'Evangile selon Satan

L'Evangile selon Satan est un thriller ésotérique de Patrick Graham.

Présentation de l'éditeur :
Dans sa carrière de profileuse au FBI, Marie Parks a vu beaucoup de tueurs en série, mais rarement d'aussi cruels et méthodiques que Caleb le Voyageur. Comme si, venu du fond des âges, il avait été envoyé en mission par Satan lui-même... Ou du moins par ses adorateurs, rassemblés dans une organisation qui semble prête à tout pour retrouver un livre perdu depuis des siècles. Un livre maudit dont le contenu pourrait renverser l'Église catholique et inaugurer un âge de ténèbres. Aidée d'un exorciste du Vatican et armée de ses propres dons de médium, Marie Parks est alors la seule à pouvoir contrecarrer les noirs desseins des serviteurs du Très-Bas. D'elle dépend désormais l'issue de cette bataille décisive entre le Bien et le Mal.

L'écrivain est un passionné par l'histoire des religions et nous partage durant les 660 pages du roman quelques morceaux de son fabuleux savoir. Attention si vous souhaitez lire ce roman, dans la suite de ma critique j'en révèle quelques passages !!!

L'histoire commence très bien, j'étais entièrement plongé dans le récit du narrateur. Le lecteur se retrouve au 14ème siècle lorsque la peste noire commence à se propager vers le nord de l'Italie. Une étrange femme arrive à entrer dans un couvent-forteresse où, normalement, rien ni personne ne peut y pénétrer. Ces couvents permettent à l'Église de cacher et de conserver divers documents que certaines recluses recopient à longueur de journée. Leur seul moyen de communiquer est d'envoyer des pigeons voyageurs au Vatican.

La mystérieuse femme n'est pas venue seule. Elle a apporté avec elle un manuscrit très étrange et très sombre : l'Evangile Selon Satan. Ce livre prouverait que Dieu a abandonné les hommes et qu'il est en enfer. La connaissance de ce maudit grimoire aux yeux du monde provoquerait la fin de toute religion, c'est pourquoi la mère responsable des recluses doit le cacher coûte que coûte ... quitte à s'emmurer vivante avec, alors que ses sœurs se font tuer l'une après l'autre par le mystérieux Caleb, bras droit de Satan et voleur d'âmes. Ces dernières deviennent mortes vivantes afin d'aider Caleb à récupérer l'évangile. Le récit est dur et violent, les courts chapitres se succèdent et décrient les pires atrocités possibles : des viols, des crucifixions et d'horribles tortures. Aussi, l'auteur place une très belle citation d'Anatole France : "Dieu vaincu deviendra Satan. Satan vainqueur deviendra Dieu." au début de son ouvrage qui restera dans la mémoire du lecteur durant toute l'histoire.

Ensuite, nous rencontrons l'agent du FBI Marie Parks. Depuis un terrible accident, celle-ci arrive à communiquer avec les morts ou à revivre certaines scènes du passé dans la peau d'une autre personne. Ce don va lui permettre d'enquêter sur différents crimes commis sur des agents du Vatican. Marie va vivre des expériences terrifiantes dont surtout une dans un couvent très fermé en pleine montagne où les recluses ont décidé d'adorer Satan ... Mais sa rencontre avec le père exorciste Carzo va lui permettre de contrôler son pouvoir et ainsi de retrouver le fameux évangile tant recherché. Patrick Graham se sert, entre autre, de ce nouveau personnage pour nous décrire différemment certains évènements de la Bible, comme la Passion.

Malheureusement, la deuxième moitié de l'ouvrage est plus creux; de nombreux personnages apparaissent, des tonnes de complot s'installent ... il est difficile de ne pas perdre le cap de l'histoire. De plus, je n'ai pas beaucoup aimé le côté fantastique. Il apparaît trop souvent dans le récit et l'auteur l'utilise beaucoup trop pour résoudre certains suspenses. Néanmoins, L'Evangile Selon Satan reste un très bon thriller, très agréable à lire, et, accompagné de multiples et enrichissantes leçons d'histoire de la religion.

Note : 16/20