samedi 19 mai 2012

Prions pour la mort

Prions pour la mort est un thriller d'Olivier Gérard, l'auteur de l'excellent Te retourne pas, Handala !

Présentation de l'éditeur :
Voulant sauver des millions de vies, va-t-il le payer de sa propre mort ?
Martonne, quarante ans, directeur d’un laboratoire indépendant, s’apprête à révolutionner le traitement du cancer du poumon avec une nouvelle molécule. Très vite, dans la sphère très fermée des géants de la pharmacie, les manœuvres s’aiguisent pour engloutir le petit - mais génial – inventeur.
Tâche facile : ayant investi tout son capital dans le développement de son médicament, Martonne est à fond de cale. Calixte Ellsner, deuxième mastodonte mondial des laboratoires, jette son dévolu sur lui : il lui propose le rachat. Martonne refuse.
Erreur fatale.


Te retourne pas, Handala ! avait été une monstrueuse claque pour moi, il est donc normal que je lise à nouveau un des romans d'Olivier Gérard. Dans un tout autre genre, pas très éloigné tout de même, j'ai retrouvé l'écriture souple et travaillée de l'écrivain. Pari réussi, Prions pour la mort n'est pas le genre de thriller à se noyer dans la masse des trop nombreuses sorties. Tentons d'expliquer pourquoi.

Premier constat, à chaud, après avoir reposé l'ouvrage. Je l'ai lu vite, très vite. Impossible de le lâcher tant on est pris dans l'histoire. La trame peut paraître classique ou déjà vue mais elle a l'incroyable sensation de paraître réaliste. Son personnage principal est affectueux et on se retrouve facilement dans son caractère légèrement effacé mais courageux, et surtout très humain.

Prions pour la mort est un drame réaliste mettant en scène des firmes pharmaceutiques qui s'enrichissent sur le dos des victimes. Ce qui n'est pas sans rappeler les chèques distribués à certains personnages importants politiques aux États-Unis ...ou encore, pour rester dans le monde de la culture, le roman m'a également fait penser au très bon film Le nouveau protocole avec Clovis Cornillac.

Olivier Gérard n'épargne pas son personnage principal, Martonne, le rendant fugitif, poursuivi par la police mais également par l'un des plus importants PDG du milieu pharmaceutique. Mais il doit faire face à des démons personnels et des pulsions rares pour un personnage de roman.
Coup de maître, Prions pour la mort confirme toutes les qualités que j'avais trouvées dans Te retourne pas, Handala !
Je le conseille vivement. De quoi se poser de nombreuses questions sur la façon dont tourne la Terre ...

Les voix du crépuscule

Les voix du crépuscule est un thriller de l'américaine Lisa Unger.

Présentation de l'éditeur :
Un jeune homme revient aux Hollows, sa petite ville de jeunesse, là où sa mère a brutalement disparu quand il avait 15 ans. Cette disparition n’a jamais été élucidée et il veut à tout prix comprendre. En interrogeant à nouveau ses anciens voisins et amis, il découvre que chacun a caché bien des choses aux policiers…


Un flic à la retraite en proie à ses vieux démons, une jeune fille mythomane et mal à l'aise dans cette nouvelle vie suite au divorce de ses parents, une voyante, un couple qui se déchire petit à petit et Michael, un homme revenu sur les traces de son passé et qui va déterrer tous les secrets qui sont enfouis aux tréfonds des Hollows. Les Hollows, une petite ville bien tranquille, trop tranquille pour être honnête.

Les voix du crépuscule est pourvu d'une atmosphère oppressante due à une multitude de suspicions que se jettent les uns aux autres. Les gens ne parlent pas et semblent vouloir taire ce qui s'apparente à un tabou. La disparue.
Mais la ville regorge de ressources, qu'elles se trouvent sous terre dans les galeries minières, ou dans chacune des rues des Hollows. Chacun des personnages a son histoire parfaitement décrite. Lisa Unger ne ménage aucun d'entre eux, leur façonnant un caractère propre à chacun et leur donnant un intérêt, une raison d'exister dans son roman.

Malheureusement j'ai trouvé le temps long. L'auteur prend peut-être un peu trop son temps pour poser son histoire et multiplier ses personnages. Ce qui n'empêche les nombreuses qualités, comme tout simplement l'écriture simple et fluide. Les voix du crépuscule se vivent plus comme un drame réaliste qu'un thriller.

mardi 8 mai 2012

Livres à la rue (Léognan - 33)


Samedi 12 Mai j'y serai ! En tant que vendeur ... et acheteur bien évidemment !
Venez nombreux les girondins, on vous attend. De nombreuses animations au programme.

Citation du site de l'association MarquePage :

« Livres à la rue » est un vide-grenier spécial livres organisé en partenariat "Mairie de Léognan / Association MarquePage".
L'inscription actuellement close est réservée aux particuliers.
La manifestation aura lieu le samedi 12 mai 2012 à Léognan (entre la cour de l'école Marcel Pagnol et L'Espace Culturel G. Brassens).
Désherbage de la bibliothèque de Léognan : vente des livres au profit de l'Association MarquePage.
Tout au long de la journée auront lieu diverses animations.
Programme de la journée (animations gratuites) :

10h à 12h : Démonstration de calligraphie latine par Laurence Bucourt, calligraphe
10h30 : Contes pour les enfants - 3-6 ans
10h30 à 11h30 : Atelier bricolage papier - à partir de 6 ans
11 h : Lecture spectacle itinérantepar la Cie Les Délivreurs de Mots - Histoires fantasques et ludiques pour toute la famille
14h à 16h : Atelier de calligraphie par Laurence Bucourt - Sur inscription
14h30 à 15h30 : Atelier bricolage papier - à partir de 6 ans
15h30 : Karaoké Théatre par la Cie Au Coeur du Monde - Les spectateurs sont invités à devenir acteurs...
16h30 : Contes pour enfants - 3-6 ans

Serenitas

Serenitas est un roman d'anticipation de Philippe Nicholson aux éditions des Carnets Nord.

Présentation de l'éditeur :
Paris, dans quelques décennies. La ville est tentaculaire, en proie à l’insécurité et à l’insalubrité. Alors qu’émergent, à sa périphérie, des îlots de luxe pour privilégiés, les quartiers pauvres sont sous la coupe des réseaux mafieux; les services publics ont disparu, laminés par les intérêts privés.
Un soir d’hiver, alors que Fjord Keeling, journaliste au National, a rendez-vous à Pigalle avec un contact qui n’arrive pas, une bombe explose dans la pizzeria d’en face. Douze morts. Fjord était là. Un détail l’a frappé: aucun policier ne circulait dans cette zone habituellement sous haute surveillance. Très vite, le gouvernement, relayé par la presse, accuse les narco-gangs qui gangrènent la capitale et y déversent une nouvelle drogue, la D23. Fjord n’y croit pas. Solitaire par la force des choses, il explore plusieurs pistes de son côté et tombe sur des groupuscules anarchistes et sur un conglomérat ultra puissant: la Ijing Ltd. Une compagnie chinoise qui vend des résidences sécurisées. Témoin clef devenu gênant, le journaliste en cavale croit encore qu’il peut faire quelque chose. Il est le seul.

Sur les traces de l'excellent film d'anticipation Les fils de l'homme, Serenitas est un roman d'anticipation qui dévoile une possibilité d'un futur proche qui empire. Ce type de roman peut servir de défouloir, de véritable coup de gueule contre notre société actuelle ou encore d'avertissement pour éviter ce genre d'avenir à la limite de l'inhumanité.
Serenitas offre un scénario apocalyptique pour un homme seul face au géant monstre capitaliste. Le reflet de l'avenir de notre société de plus en plus individualiste. Une société tournée exclusivement sur l'argent abandonnant toute action sociale. Les pauvres sont de plus en plus pauvres, tandis que le riches s'enrichissent toujours plus. Les gens errent dans la rue se tournant sur de maigres consolations, comme la drogue. Tandis que les rois règnent comme des lions, les laissés-pour-compte redeviennent des animaux sauvages perdant petit à petit leurs miettes d'intelligence pour laisser place à leurs instincts primaires.

Serenitas. [...] Un saphir planté dans un champ de boue.

Philippe Nicholson propose une vision très politique du futur. On voit par exemple à quel point l'image véhiculée en masse par les médias peut être dangereuse quand elle est mal exploitée ou mal comprise. Ce n'est également pas un hasard si l'auteur a choisi une entreprise chinoise pour racheter des morceaux de pays ou privatiser des villes entières. Ce n'est pas sans rappeler l'actualité.
Serenitas est pourvu d'un très bon personnage principal, tout à fait habillé pour le rôle. Et malgré de trop nombreux personnages, parfois peut-être pas assez traités pour certains, on est happé par l'histoire et il est difficile de savoir comment tout ce mic-mac va se terminer. Entre trahisons et faux-semblants, la voix d'un seul homme va devoir s'élever haut pour se faire entendre.

Derrière la haine

Derrière la haine est le nouveau roman de Barbara Abel.

Présentation de l'éditeur :
Ce qui sépare l'amitié de la haine ? Parfois, une simple haie de jardin...

D'un côté, il y a Tiphaine et Sylvain ; de l'autre, il y a Laetitia et David.

Deux couples voisins et amis, ayant chacun un enfant du même âge.
Deux couples fusionnels et solidaires qui vivent côte à côte dans une harmonie parfaite.
Jusqu'au jour du drame.
Un tragique accident fait voler en éclats leur entente idyllique, et la cloison qui sépare leurs maisons tout comme la haie qui sépare leurs jardins ne seront pas de trop pour les protéger les uns des autres. Désormais, les seuls convives invités à la table des anciens amis s'appellent Culpabilité, Suspicion, Paranoïa et Haine...

On en connait des histoires de voisinage qui se passent mal, et notamment dans le cinéma avec le sympathique Mon voisin le tueur, le succulent Mes chers voisins ou encore, ce qui s'en approche le plus ici, Harcelés. On peut donc prendre peur au départ, se disant que les auteurs francophones veulent faire dans le thriller américain, mais non, le concept de Derrière la haine est bien trouvé et son scénario bien ficelé.
De chaque côté on retrouve un couple assez jeune avec un enfant du même âge. Tout est fait pour que les deux familles s'entendent à merveille, et c'est d'ailleurs ce qui se passe ... au départ. Plus leur relation avance et plus les deux familles se rapprochent jusqu'à former une nouvelle et grande famille. Mais de petits conflits apparaissent, et de ces conflits naissent des soupçons. Et c'est sans compter sur LA grande catastrophe qui va définitivement détruire leur relation.

L'amitié est une force dont nul ne peut prétendre pouvoir se passer.

Commencent à apparaître alors la parano, la suspicion et les petits coups en douce. Ils auraient pu en rester là. Se réconcilier, déménager, nombreuses sont les solutions. Et c'est là que le roman devient véritablement original et intéressant.
Derrière la haine, et non derrière la haie, est au final une histoire très sombre, un thriller aux limites du roman noir. L'auteur instaure avec brio un climat de confiance qui va peu à peu se dégrader, on s'imagine parfaitement dans la peau des personnages et le roman en devient impossible à lâcher.
Une très bonne lecture à découvrir !

samedi 5 mai 2012

Paris la nuit

Paris la nuit est le premier roman de Jérémie Guez et le premier opus de ce qui devrait devenir sa trilogie parisienne.

Présentation de l'éditeur :
Abraham est un petit dealer du quartier de la Goutte d’Or. Son quotidien : embrouilles, défonce et nuits blanches. Un jour, il décide de tenter un gros coup avec sa bande de potes en braquant une salle de jeux illégale.

Immersion totale dans un Paris sombre, un Paris dangereux aux rues sales et aux habitants pas très nets. Pas le Paris des touristes, cette ville lumière qui fait tant rêver mais un Paris réel, celui qui est vu et vécu chaque jour par ses habitants.
Et Abraham, l'un de ces citadins, est l'exemple même de ce pion qui se déplace calmement sur l'échiquier parisien. Avide d'argent, mais loin d'être une petite frappe ou encore une gueule de truand, il va user de sa malice pour monter un gros coup. Mais on s'en sort rarement indemne d'un coup comme celui-ci. Stress, parano, isolement, début d'une violence dont on ne soupçonnait pas l'existence ...
Paris la nuit sent l'odeur du sang versé sur les pavés d'une ruelle mal éclairée. Paris la nuit se propage doucement dans nos veines de lecteur nous rendant dépendant à un genre littéraire froid, dur mais magnifique ; le roman noir urbain.

il ne doit pas voir le monstre que nous avons créé en face.

Roman extrêmement noir vous l'aurez compris, Paris la nuit se lit d'une traite tant on est happé par cette histoire, mais également par le peu de pages du roman. Entre parenthèses, il m'a beaucoup fait penser à l'excellent Braquages de Christian Roux.
L'odeur poisseuse de la vieille Paris se propage de rue en rue, les trottoirs où seuls les prostituées et leurs macros règnent en maître sont ensanglantés et la drogue, cette fourbe amie, se répand de leurs narines jusqu'au sang. Paris la nuit, ce n'est pas la ville des lumières mais la ville de tous les vices.