Le roi des fourmis est un roman noir et urbain de Charles Higson. J'ai découvert ce roman en vadrouillant dans la salle noire de la nouvelle librairie spécialisée à Rouen : Polis.
Présentation de l'éditeur :
Banlieue de Londres, années 1990. Sean Crawley est un raté ordinaire: chômeur par choix, buveur invétéré, il vit de petits boulots. Quand on lui propose un job bien payé, il saute sur l'occasion : prendre un homme en filature, quoi de plus facile? Mais un loser qui joue au détective privé, ça peut déraper en beauté... et finir en cauchemar.
Sean mène une vie tout à fait banale depuis que sa copine l'a quitté. Il passe ses soirées dans les pubs des banlieues londoniennes à boire des lager avec son ami George, et, passe d'un petit boulot à un autre sans arrêt. C'est d'ailleurs lorsqu'il est embauché pour peindre l'intérieur d'une maison qu'il rencontre Duke, un électricien. Malheureusement pour Sean, cette rencontre ne lui apportera que des ennuis.
Duke lui présente un certain Derek Mathews, entrepreneur immobilier, qui lui propose un job hors du commun. Sean accepte sa proposition. Il doit jouer au détective privé afin de suivre Eric Gatley, un comptable à la municipalité de Hackney. Ce dernier est en possession de preuves concernant de douteuses affaires gérées par Mathews. Le but est donc que Sean découvre quelque chose de compromettant afin de coincer ce fameux Gatley.
Sean commence à le suivre, mais il n'a pas de voiture ... les scènes et les situations comiques se succèdent et confirment l'inexpérience du pseudo espion. Malgré tout, Sean surprend une conversation entre Gatley et un journaliste au sujet d'une histoire qu'ils souhaitent révéler dans les journaux. Sean prévient son nouveau patron et s'ensuit un diner très arrosé où Matthews laisse entendre à Sean qu'il lui propose beaucoup d'argent pour le meurtre de Gatley.
Sean décide alors de pénétrer dans la maison de Gatley un mercredi après-midi, demi journée de repos pour ce dernier. Sean le tue de sang froid et récupère des preuves de l'implication de Mathews dans de malhonnêtes activités. Celui-ci refuse de payer Sean qui cherche à tout prix à récupérer son argent. Sean va alors se faire kidnapper et tabasser pendant plusieurs jours dans le but de le faire devenir un "légume vivant".
Là, l'écrivain s'en donne à cœur joie. Il décrit très précisément les moyens de torture mis en place par les apprentis gangsters et les coups portés sur le héros. L'écriture devient brutale et enragée. Un homme est mordu dans le cou jusqu'à sa mort, Sean se fait frapper sur le crâne sans arrêt, un homme est brulé vif ...
Je ne vous en dirais pas plus pour ne pas révéler comment le personnage principal se sort de ces effrayantes situations. Sean est une sorte d'antihéros car il est pauvre, n'a pas l'allure de James Bond, évolue dans des décors sombres et tristes, progresse dans une vie faite de visions pessimistes et ne choisit pas les "bonnes" décisions (tuer sans connaitre le motif par exemple) comme le ferait n'importe quel "vrai" héros. Au fil de l'histoire son caractère s'endurcit et il n'a plus peur d'affronter ses adversaires, ce qu'il fera lors d'un ultime combat dans le dernier chapitre. La fin du roman est exceptionnelle. Sa métamorphose en justicier assoiffé de vengeance est lente et efficace. Le ton monte peu à peu, un peu à la manière d'un film de Danny Boyle.
Durant tout son roman, Higson nous livre une judicieuse critique de la société actuelle. Il la compare à celle des fourmis : "Des fourmis mortes, il y en avait partout. Et les autres vaquaient à leurs occupations sans même les regarder. Et je te parie que si j'y retournais demain, ce serait exactement la même chose, même si un million de fourmis sont mortes depuis, remplacées par d'autres. [...] nous vivons dans un monde de merde, mais c'est aussi le meilleur des mondes possibles.".
Note : 19/20
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