lundi 3 mai 2010

Aime-moi, Casanova

Aime-moi, Casanova est le premier roman publié d'Antoine Chainas. A l'occasion de sa sortie au format poche, j'ai eu la chance de participer au partenariat proposant ce livre par le biais du site BOB.

Présentation de l'éditeur :
Que faire lorsque vous êtes flic, drogué au sexe, que vous n'avez jamais mis les pieds plus d'un quart d'heure dans votre bureau et que vous hantez les coins les plus interlopes de la ville en étant harcelé par les femmes ? Que faire lorsque vous devez retrouver votre coéquipier disparu et que cette enquête vous plonge au coeur d'une spirale infernale où tournent comme des démons une dresseuse zoophile, des tueurs à gages philosophes ou un boxeur depuis trop longtemps K.-O.? Que faire quand le plus dangereux d'entre tous, le plus contradictoire, le plus imprévisible et le plus détesté, n'est autre que vous-même ?...

Dans ce premier roman de l'auteur on reconnaît sa touche personnelle ; l'ambiance glauque avec ses personnages à l'univers bien noir. On aperçoit déjà dans le style de l'auteur cette envie (ce besoin ?) de dénaturer l'Homme et, voire même, de le mutiler. Il est également intéressant de retrouver, comme dans chacun de ses livres jusqu'à présent, un lieu sombre où semblent être réunis tous les fantasmes les plus pervers et les plus inavouables. Passer le seuil de ce temple ressemble à franchir la limite de l'acceptable de notre civilisation. L'évolution des œuvres de l'auteur paraît être une douloureuse descente aux abîmes. De ce roman à Anaisthêsia, l'Homme est de moins en moins conscient de la réalité qui l'entoure, on retrouve toujours cet accouplement entre sexe et étrange qui dérange, voire même écœure par moment. Mais Antoine Chainas ne donne pas dans la surenchère de violence ou de perversité, il donne un sens à tout ceci.

C'était sa jouissance, c'était son calvaire.

Le personnage principal semble éprouver du plaisir lorsqu'il se fait massacrer. Ce sentiment se rapproche clairement du sado-masochisme et m'a fait penser à certaines références dont Fight Club de Chuck Palahniuk, mais également Ichi The Killer de Takashi Miike. Dans ce dernier, on assiste à une véritable histoire d'amour hors du commun dans le monde le plus sadique qui soit. Alors, Aime-moi, Casanova ne serait-il pas avant tout une histoire d'amour ? La recherche du bonheur pour un homme pensant être un monstre à l'intérieur ?
Les diverses utilisations d'oxymores ("douleurs exquises") renforcent cette théorie qui bouleverse les limites du plaisir et donne malgré tout une dimension poétique au roman.

Et être étranger à soi-même est douloureux, mais c'est encore plus douloureux pour ceux qui vous entourent...

Mais le roman a un défaut important, son intrigue. Bien trop légère et frustrante à mon goût, l'intrigue n'est pas la principale raison qui doit vous donner envie de lire ce livre. Le principal intérêt réside dans ces drôles de personnages et son univers bien noir, à l'image de ce temple underground dont je parlais plus haut ; sorte de musée du bizarre.
On reconnaît parfaitement la touche Chainas et, pour tout amateur de son style, on est totalement conquis par son histoire malgré que l'on reste légèrement sur sa faim ...


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4 commentaires:

cynic63 a dit…

Assez d'accord avec le fait qu'il ne faut pas lire ce roman pour l'intrigue. C'est surtout sa verve, son verbe et aussi les symboles qu'il véhicule qui sont intéressants. Après, effectivement, il faut aimer s'enfoncer dans une sorte de sado-masochisme...

MiKa ... a dit…

Tout à fait, toute l'œuvre d'Antoine Chainas finalement est basée sur ces symboles. Ce n'est pas forcément facile d'adhérer à son style mais dans tous les cas on ne peut pas nier le fait qu'il soit original. Il ne manque pas de talent cet auteur !

Dicky le Canard a dit…

C'est étrange parce qu'en lisant cette critique, j'ai l'impression que ce roman fait plus Palahniuk que vous ne le dites car le coté intrigue secondaire pour un focus grinçant sur des personnages décalés et alternatifs, le coté sex-addict de Choke, la ressemblance au nihilisme post-moderne de Fight Club et l'histoire d'amour qui est toujours en toile de fond, sonne très ou peut être top Palahniuk pour moi. En même temps, on ne peut reprocher à cet auteur d'avoir comme référence un auteur de qualité comme modèle et de s'en inspirer pour son univers diégétique.
Je suis un peu entre deux eaux pour ce livre, je sais pas encore si je le rajouter à ma liste amazon de livres à bouquiner dans l'année. A vous de me dire si ça vaut vraiment le coup ?

MiKa ... a dit…

Bonjour,
Je ne connais pas assez vos goûts pour vous dire de lire ou non ce roman. C'est vrai qu'il se rapproche de très près à du Palahniuk. Je n'avais pas fait le rapprochement avec Choke mais ici le sex est plus brutal (enfin de mémoire) que dans le roman de Palahniuk.
Si vous avez déjà lu et aimé Chainas, alors n'hésitez pas. Par contre, si vous voulez découvrir Chainas, tentez peut-être Versus pour une première expérience.
A bientôt