Présentation de l'éditeur :
Septembre 2005, Anna Doblinsky rejoint son premier poste en collège à Certigny, dans le 9-3. Zone industrielle, HLM, trafics et bagarres entre bandes rivales, influence grandissante des salafistes, voilà pour le décor. Seul Lakdar Abdane, jeune beur très doué, sort du lot. Pourtant, une erreur médicale va bouleverser sa destinée…
Le roman est un peu comme un cocktail molotov dont les ingrédients sont de douloureux thèmes tels que la vie en banlieue, l'école en banlieue, la religion, l'antisémitisme, le terrorisme, le racisme ... sans oublier le trafic de drogue et la prostitution. L'auteur ne se contente pas de donner son avis ou de constater les différents problèmes existants, il formule des critiques constructives, aussi bien positives que négatives, sur chacun de ces sujets. Il tente de comprendre comment la France (voire le Monde) en est arrivée là et, à travers ses principaux personnages, nous donne différentes visions de la situation.
Le spectacle de la mise à mort traverse toutes les cultures et sa représentation n'a jamais manqué d'amateurs enthousiastes
Anna vient d'avoir son diplôme de l'IUFM et va enseigner, à la rentrée, dans un collège de la banlieue parisienne. Le combat de l'enseignement s'annonce rude car les élèves ne sont pas réputés pour être attentifs. A part peut-être l'un d'entre eux, Lakdar, jeune musulman handicapé de son bras droit suite à une erreur médicale. Anna va se battre pour offrir toutes les chances possibles à ce jeune homme intelligent mais tellement perturbé. Cette nouvelle bataille ne semble pas être gagnée d'avance ... beaucoup de personnes ne l'entendent pas de la même oreille.
leur cité c'est une sorte de Palestine à domicile
Le titre du livre exprime bien sa situation; une sorte de conflit avec l'autre, celui qui semble être différent de moi ou de ma communauté. Ce conflit engendre à travers les pages une tension qui ne va cesser de croître. Entre musulmans et juifs (en parallèle à ce qu'il se passe en Palestine), entre "bons" et "mauvais" musulmans, entre élèves, même entre professeurs, entre élèves et professeurs (dû aux conditions difficiles d'enseignement), entre divers trafiquants, entre flic et trafiquant ... Chacun a son avis sur une question et n'en démord pas. Il s'agit bien souvent d'avis imposés par une communauté (religieuse ou non), les jeunes sont bombardés d'images violentes et de discours haineux par des chefs religieux et autres extrémistes.
On se les fait à la Apocalyspe Now, ça aura de la gueule !
Les diverses situations dans la cité ne sont pas sans rappeler l'extraordinaire film La cité de Dieu qui dénonce la vie difficile dans les favelas du Brésil. Cet ouvrage est un roman très noir mélangeant fiction et réalité puisqu'il s'appuie sur quelques faits politiques réels. L'auteur ne laisse place à aucun avenir heureux. A vous de lire comment va se terminer l'histoire pour chacun des personnages. Quel sort leur est réservé ? Un livre poignant et malheureusement tellement réaliste.
Note : 17/20
6 commentaires:
Je ne connais pas l'auteur mais le titre retient vraiment l'attention. Bonne lecture et surtout excellente année 2009 !
Oui, original comme titre en effet. Bonne année 2009 à toi aussi !
Comme je l'ai dit précedemment, il est question d'une fiction s'appuyant sur l'état de la société et de certaines zones de non-droit existant en france.
On suit différents protagoanistes: une prof tout droit sorti de l'IUFM (Anna), un jeune beur qui habite dans une zone rouge (Lakdar), un des caïds de ce quartier (Boubakar) et le procureur chargé de cette circonscription.
On y voit l'antisémitisme rampant, celui plus déclaré des islamistes. Leurs manoeuvres pour embrigader des paumés qui sont persuadés que la France n'a rien à leur offrir. Le règne des caïds à la petite semaine élevés à cup de projection de Scarface, et de la peur des policiers d'entrer dans ces zones. Et puis, alors que tout se déroule avec heurts et haine, les émeutes de novembre 2005 déboulent au milieu du roman. Et avec elles, les anges déchus et le règnes des damnés sur ces terres oubliées de la République.
Je l'ai lu à sa sortie celui-ci et j'avais beaucoup aimé.
Un discours militant et surtout explicatif.
Une question reste à poser: comment en est-on arrivé là?
La réponse n'est pas dans ce livre, mais la réalité fictive est représentée de la même façon que La Haine de Kassovitz l'a fait à son époque.
Un brûlot social d'envie de vivre.
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Salut Fabien et merci pour ton avis. Je sors de la lecture et j'ai relu ton commentaire. C'est tout à fait ce que j'ai ressenti.
"Un brûlot social d'envie de vivre." ... je n'aurais pas pu trouver mieux.
;-) A+
En bon gauchiste, Jonquet a intensément fréquenté les quartiers populaires. Ils les a vu se transformer petit à petit et devenir - pour certains - des ghettos .
Il a vu la culture d'intégration des enfants d'immigrés autour d'un "espoir de société meilleure" être remplacée par le multi-culturalisme.
Dans ce multi-culturalisme, chaque culture est autiste par rapport aux autres et se crispe autour de son identité, tétanisée par la peur que ses enfants ne la quitte.
Voici quelques raisons pour lesquelles on assiste à cette évolution sur ces trente dernières années :
a) La distance culturelle des immigrés par rapport aux cultures populaires française est bien plus grande qu'auparavant : Beaucoup de cultures immigrées récentes ont une très faible imprégnation de pensée scientifique. La pensée "magique" y domine très fortement.
De plus, la notion de communauté de citoyens ne fait pas partie des modes de pensée de beaucoup des nouveaux immigrés. Le cercle d'intérêts communs et de devoirs réciproques se limite à la famille étendue ou au clan.
b) Les plus importantes - en nombre d'individus - de ces cultures immigrées connaissent une évolution fascisante : Les pays musulmans sont traversés par une crise de repli identitaire autours de l'Islam. Ce repli identitaire influence fortement les immigrés en provenance de cette sphère culturelle.
C) En réaction à ces difficultés de "vivre ensemble", des stratégies d'évitement, généralisées à toutes les strates sociales, sont apparues dans les populations non musulmanes (populations réellement indigènes de France - je veux parler des fameux souchiens -, ou populations allogènes non musulmanes).
Le résultat de cette évolution sociologique est l'apparition de ghetto plus ou moins étendu - depuis le grand ghetto du nord de Paris jusqu'aux minuscules ghettos de certaines villes de provinces...
Concernant le grand ghetto du nord de Paris, il est intéressant de constater que dans les secteurs "au bati agréable" - anciennement petit bourgeois -, il se forme de petits ghettos de populations allogènes non musulmanes : Un exemple frappant est la formation du quartier tamoul dans la zone pavillonaire à la limite des communes "Courneuve - Drancy - Aubervilliers"....
Merci Cassandre pour cet exposé très intéressant !
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