lundi 2 février 2009

Extension du domaine de la lutte

Extension du domaine de la lutte est un roman de Michel Houellebecq.

Présentation de l'éditeur :
Voici l'odyssée désenchantée d'un informaticien entre deux âges, jouant son rôle en observant les mouvements humains et les banalités qui s'échangent autour des machines à café. L'installation d'un progiciel en province lui permettra d'étendre le champ de ses observations, d'anéantir les dernières illusions d'un collègue - obsédé malchanceux - et d'élaborer une théorie complète du libéralisme, qu'il soit économique ou sexuel.

Le moins que l'on puisse dire après avoir refermé ce roman, c'est qu'il ne laisse pas indifférent. Avec un pessimisme très marqué, Houellebecq dénonce la cruauté de la société d'aujourd'hui. Son narrateur est un sombre défaitiste vivant à Paris et travaillant comme ingénieur en informatique dans une société de service. Célibataire depuis quelques temps, il vît seul et n'entretient que très peu de contacts avec ses amis. Amis qui ne sont finalement que des connaissances.

Je n'aime pas ce monde. Décidément, je ne l'aime pas. La société dans laquelle je vis me dégoûte

Alors qu'il se spécialise sur un progiciel destiné au ministère de l'Agriculture, notre anti-héros se voit offrir un parcours dans l'Ouest de la France pour former certaines sociétés au produit. Commence alors un douloureux périple où, accompagné d'un collaborateur extrêmement laid et obsédé, il entraîne le lecteur dans ses observations sur la nature humaine. Deux systèmes cohabitent d'après lui ; l'homme représente la domination, l'argent et le pouvoir ; la femme, quant à elle, représente la séduction et le sexe. C'est à partir de ces bases qu'il en vient à définir la signification du libéralisme sexuel et du libéralisme économique. Selon l'auteur, l'argent et le sexe constituent la liberté individuelle de l'être humain. Une vie sexuelle est nettement comparable à l'économie ; c'est la "loi du marché" qui y règne. L'Homme se bat pour obtenir sa liberté, mais notre conteur a baissé les bras depuis longtemps devant ce monde si injuste.

Le libéralisme [sexuel et économique], c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société.

C'est dans les rues de Rouen et d'autres villes de province que le narrateur guette, épie, surveille et examine le comportement de l'Homme face à différentes situations. Comment réagit celui qui n'a jamais eu de relation sexuelle face au nouvel échec d'une tentative de drague ? Quels réflexes avons nous devant la mort si soudaine d'un homme devant nos yeux ? Les réactions décrites sont à la fois surprenantes et affreusement réelles. Au final le personnage semble sortir du lot et on se demande même parfois si cet être si dépressif n'est pas le seul à jouir de la vie.

Les ultimes résidus, consternants, de la chute du féminisme.

Quand libéralisme rime avec capitalisme, Houellebecq décrit avec beaucoup d'humour noir la vie quotidienne de millions de personnes. Il compare bien souvent notre société à un monde animal imaginaire ; un monde tout de même proche du réel où les animaux sont enfermés dans des cages et deviennent complètement fous. Malgré ses quelques 156 pages, nous pourrions discuter sur ce roman pendant des heures. Les théories de Houellebecq sont très intéressantes et le style employé est excellent. Je ne le cacherai pas, j'ai adoré.

Note : 18/20

2 commentaires:

Jémlyre a dit…

Je garde un vague souvenir de cette lecture...mais je sais que pour une raison qui m'échappe maintenant, je n'avais pas apprécié ce livre.

MiKa ... a dit…

Faut dire que Houellebecq, c'est assez spécial ! Je comprends tout à fait les personnes qui n'aiment pas.