mercredi 7 octobre 2009

Le Procès


Le Procès est un des célèbres romans inachevés de Franz Kafka.

Présentation de l'éditeur :
Comme un long cauchemar... Un personnage sans nom : K. Une arrestation sans motif. Des juges inaccessibles. Un avocat introuvable. Des portes qui s'ouvrent sur des scènes interdites. Un lent glissement des choses vers le néant, l'absurde. Pour finir, une exécution inéluctable.
Roman existentialiste avant la lettre, roman de l'angoisse, de la culpabilité pour les uns, roman-manifeste, roman symbole de la montée du totalitarisme pour les autres : "Le procès" résiste à toutes les interprétations ! Signe évident d'une œuvre majeure qui traite de la condition humaine dans ce qu'elle a de plus essentiel.


Dès le premier chapitre du Procès, voire même dès les premiers mots, le personnage principal, Joseph K., sent que quelque chose ne tourne pas rond. Bien que la domestique soit en retard pour lui apporter son petit-déjeuner quotidien, ceci n'explique pas pourquoi deux hommes se sont postés près de sa chambre pour l'attendre. Joseph K. va tour à tour devoir se confronter aux divers intervenants de l'arrestation et affirmer son innocence. K. se sait innocent et pense être à l'origine d'une mauvaise blague ou d'une erreur judiciaire. Rien de tout cela n'est vrai puisqu'il s'agit bien de Joseph K. qui est accusé par la Loi. Accusation injuste ou non, K. est pris dans une sorte de spirale où tout tourne autour d'un même centre : son procès. Chaque personnage rencontré est lié de près ou de loin au procès de K. mais personne ne semble en connaître la raison. De plus, son arrestation surprend car il reste libre de ses actes, va et vient comme il veut là où il lui semble bon d'aller. Mais partout où K. se dirige, il retrouve toujours une attache au tribunal avec laquelle il va discuter et tenter de comprendre de quoi on l'accuse ou tenter d'en apprendre au sujet de cette loi dirigée par des gens peu scrupuleux (allusion aux revues pornographiques trouvées dans un des bureaux du tribunal). Joseph K. décide donc de se battre et de chercher toute l'aide possible pour s'innocenter (on retrouve d'ailleurs le symbole de l'innocence avec les deux enfants qui le retiennent par les jambes) aux yeux de la Haute-Cour. Mais comment prouver son innocence lorsque l'on ne sait même pas de quoi l'on est accusé ?

Vous êtes arrêté, certes, mais cela ne doit pas vous empêcher d'exercer votre profession. Vous ne devez pas non plus être gêné dans votre façon de vivre habituelle.

Le lien entre l'auteur et le personnage ne fait aucun doute. Déjà qu'ils sont âgés tous les deux d'une trentaine d'années à l'époque, le fameux "K" les désigne par leur nom de famille. On peut aussi penser qu'un autre lien les unie par leur prénom (Franz Kafka et Joseph K.). En effet, Franz Kafka doit son prénom au célèbre empereur autrichien qu'admirait son père : Franz-Josef. On peut donc supposer que le Joseph du roman fait allusion au second morceau du prénom composé de l'empereur puisque l'auteur porte déjà le premier des deux morceaux comme prénom. D'où la supposition que l'histoire du Procès soit lié à son père, comme une sorte de référence pour l'impliquer dans le débat. Les rapports entre Franz et son père sont très conflictuels et il n'est pas impossible d'imaginer que les juges, totalement inaccessibles et supérieurs en tout point à K., représentent indirectement ce dernier. Autre remarque, Joseph K. est arrêté par deux gardiens dont l'un se prénomme Franz. Doit-on en conclure qu'il s'impose lui-même son propre procès ?

Comment un être humain peut-il d'ailleurs être coupable ? Nous sommes tous ici des êtres humains, les uns comme les autres.

Le procès n'est ici qu'un prétexte pour permettre à Kafka de critiquer et dénoncer le fonctionnement bureaucratique, qui peut amener un innocent à être condamner. Le but de la condamnation n'est pas importante et n'est vraiment que secondaire dans le roman car Kafka n'y attache aucune importance et le montre bien en ne précisant à aucun moment pourquoi Joseph K. est arrêté. Cette arrestation et condamnation un peu facile d'un innocent n'est pas sans rappeler l'antisémitisme régnant de l'époque (début 20ème). Le procès peut donc être interprété comme le procès de tous les juifs oppressés et devenir un regard sur la condition juive.

Le tribunal ne veut rien de toi. Il te prend quand tu arrives et te laisse quand tu t'en vas.

Pour conclure, il faut aussi noter la présence de la célèbre parabole de la Loi décrite par Kafka. D'ailleurs, est-elle liée à Joseph K. ? Est-il "l'homme de la campagne" dans Le Procès ? Bien qu'il souhaite découvrir lui aussi la Loi, celle-ci, contrairement à l'homme de la campagne, va le chercher pour le tuer et non le laisser mourir à ses pieds. L'auteur baigne son personnage dans une atmosphère glaciale mélangeant absurde et humour noir. Bien qu'elle soit incomplète, l'auteur signe une œuvre majeure pour la littérature contemporaine.


Note : 17/20

3 commentaires:

Renaud JULES Deschênes a dit…

Frantz Kafka écrivait l'histoire de Roman Polanski mais un nouveau récit se tisse à partir d'un piège à souris Suisse avec mille trous dans le fromage de la haine et des combines américaines...

Honte à cette Suisse pays de recelle qui cache de grands criminels financiers et qui s'attaque à un artiste qui avait fait amende honotable et financière avec une famille d'escrocs californiens. À 76 ans, le locataire chimérique et paranoÏaque ne se suicidera pas, il va se battre contre la suissification piégée qui lui est assénée. Il faut sortir immédiatement Roman Polanski de ce piège suisse tendu sauvagement à un homme qui se croyait libéré de ses erreurs de jeunesse...

Loizo a dit…

Excellent avis Mika! Le Procès et le Château sont les deux oeuvres majeures et inachevées de cet écrivain de langue allemande.

J'ai rédigé récemment un billet sur Kafka et son Château où notre personnage K est confronté à la tyrannie bureaucratique.

MiKa ... a dit…

Merci Loizo !
Le Château reste mon roman préféré de Kafka, je pense le relire dans quelques mois.
En attendant, je vais de ce pas lire ton billet sur ton blog.