mercredi 16 juin 2010

Te retourne pas, Handala !

Te retourne pas, Handala ! est un roman d'Olivier Gérard sorti chez Kyklos Editions et préfacé par Jean-Claude Carrière.

Présentation de l'éditeur :
Marié à Sandra, une femme qui a embrassé le judaïsme et tenait à faire l’alyah – le retour en Terre Sainte – Asso se retrouve à gérer une boutique d’articles de sport au cœur de la plus riche colonie juive d’Israël, à deux pas de Jérusalem. Son existence monotone aurait coulé sans histoire… c’était compter sans l’irruption de celui qui fut jadis son mentor : Mossan, l’homme qui, en s’appropriant son adolescence au point de vouloir faire de lui son double, a suscité sa haine.
Devenu pdg planétaire, Frank Mossan joue les philanthropes et s’avise de vouloir rendre l’eau à un village palestinien de la Vallée du Jourdain au bord de la sécheresse en le dotant des panneaux solaires qu’il fabrique. Soulevant un tollé dans la communauté juive d’Israël et chez ses colons, l’intrusion de Mossan déchaîne tout autant la fureur des terroristes islamistes.
Pris entre deux fanatismes, jeté dans la tourmente qu’ils attisent, montré du doigt comme ancien protégé du milliardaire Mossan, Asso devient, à son corps défendant, le jouet d’un complot infernal.

Et pour les curieux, une petite présentation du célèbre Handala par l'éditeur :
Handala, créé par le célèbre dessinateur Naji al Ali, souvent tagué sur le Mur qui sépare Israël de la Palestine, est un petit garçon va-nu-pieds et déterminé qui tourne le dos au monde. Enfant palestinien, il était au début le symbole de la lutte palestinienne, mais sa conscience s'est développée pour devenir celle d'une nation, puis de l'humanité toute entière. La légende raconte qu'il ne se retournera que lorsque le Mur sera détruit.
Handala veut dire amertume, du nom d'un arbrisseau très amer poussant dans le désert.
Photo :  © Olivier Blaise


C'est en plein dans l'actualité que l'auteur décide d'orienter son troisième roman. Le conflit israélo-palestinien n'est pas tout neuf mais continue pour le plus grand malheur de tous. Olivier Gérard ne prend position pour aucun des deux parties et place son personnage au centre de la lutte. Asso est français et s'est retrouvé un peu par hasard en Israël. Orphelin assez jeune, il a été élevé par un homme riche mais cette vie ne lui convenait pas. Il est donc parti et a parcouru de nombreux kilomètres pour se chercher. C'est en Inde qu'il rencontre celle qui sera sa femme, Sandra. Celle-ci nourrit peu à peu une passion pour le judaïsme qui va les mener près de Jérusalem.

- Les kamikazes, on les appelle des héros ! Ce sont des assassins, doublés de suicidaires !

L'auteur enterre une fois pour toute cette idée totalement fausse qu'un pourcentage important de palestiniens sont des terroristes. Bien qu'il y en ait, il signale également l'existence de groupuscules extrémistes du côté des israéliens. Asso est pris entre deux peuples et deux religions dont il ne se sent pas proche. Il devient ainsi la proie idéale à manipuler par les fanatiques des deux camps. Et comme si cela ne suffisait pas, la déchirure qu'il vit intérieurement se répercute sur son couple et donc sur sa vie de famille qui, pas à pas, se brise sous les yeux de son fils impuissant.

Un nuage de sang s'étend autour de sa robe immaculée, comme pour l'enlever au Paradis.

Fort d'une vie richement remplie, Olivier Gérard se place comme un témoin impuissant dans les yeux de son personnage. Asso se sent perdu et ce sentiment ne pouvait pas trouver meilleur point de chute que dans ce conflit sans fin. C'est donc avec force et courage que l'auteur s'attaque à un sujet hautement sensible et s'en sort avec brio. Les phrases sont courtes et le style impeccable. Toutes sortes de personnages défilent et laissent apparaître chacun à leur façon un caractère bien personnel.
Au final, il découle de ce fabuleux récit une histoire très sombre, très noire et sans avenir. Un très bon moment de lecture.

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