dimanche 12 septembre 2010

Une année chez les français

Une année chez les Français est le nouveau roman de Fouad Laroui, écrivain, poète, critique littéraire et économiste marocain vivant actuellement à Amsterdam.

Présentation de l'éditeur :
1969 : les Américains débarquent sur la Lune et Mehdi atterrit au lycée Lyautey de Casablanca. L’instituteur, impressionné par l’intelligence et la boulimie de lecture de son jeune élève, lui a obtenu une bourse dans le prestigieux établissement français.
Avec cet humour corrosif qu’on lui connaît, Fouad Laroui raconte le choc culturel que représente pour le petit Marocain la découverte du mode de vie des Français : ces gens qui vivent dans le luxe, mangent des choses incomestibles, parlent sans pudeur et lui manifestent un intérêt qu’il ne comprend absolument pas.
Entre Le Petit Chose et Le Petit Nicolas, l’histoire émouvante et cocasse d’un enfant propulsé dans un univers aux antipodes de celui de sa famille.

Bien que le début du roman nous prévient qu'il s'agit d'"un ouvrage de fiction", on peut tout de même se poser la question si Une année chez les Français n'est pas truffé d'anecdotes autobiographiques. En effet, dans sa jeunesse, l'auteur a été lui même choisi pour intégrer le lycée Lyautey à Casablanca. D'autant plus que la disparition du père du jeune personnage, Mehdi, est identique à celle du père de Fouad Laroui (d'après un entretien qu'il a eu avec une journaliste de Le Monde).
Mais outre l'histoire du petit personnage, ce roman chante avec beaucoup de douceur et d'appétit les louanges de la langue française. Chaque mot résonne comme un coup de cuillère plantée avec  appétence dans un succulent gâteau au chocolat. Les prononcer donne l'impression de goûter du bout de la langue à cette pâtisserie qui affole vos papilles gustatives.

Lui, fou ? C'était plutôt le monde qui avait perdu la raison : tous ces fantômes, éperdus...

Depuis qu'il a appris à lire, Mehdi ne passe jamais plus de quelques minutes sans livre à portée de main. Impressionné par la soif de connaissance de son élève, l'instituteur du petit village de Beni Mellal fait des pieds et des mains pour que Mehdi bénéficie d'une bourse lui permettant d'intégrer le célèbre lycée français Lyautey à Casablanca.
Dès son arrivée dans le territoire francophone, Mehdi ne manque pas de surprendre les habitués des lieux par son mutisme d'abord, puis par sa capacité à apprendre et à retenir des citations et des poèmes. Sorte de bête curieuse aux yeux de tous, Mehdi se réfugie souvent dans ses pensées. Le lecteur peut ainsi suivre l'imagination fantasque de cet enfant terrorisé par un mode de vie tellement éloigné du sien.

Phrase énigmatique, merveilleuse, avec tous ces mots inconnus, ces noms, ce "pliée" insolite...

Mais Mehdi se fait petit à petit une place parmi les élèves et trouve même en Denis et ses parents une nouvelle famille avec qui partager les fêtes chrétiennes. Là encore son inculture religieuse fait sourire et de nombreux jeux de mots fusent et amusent le lecteur.
Fouad Laroui joue aussi bien avec son personnage qu'avec les mots. En portant à dérision certaines expressions, il montre à quel point la langue française est riche. L'auteur cuisine les mots et laisse s'évaporer les odeurs au parfum de fraicheur. Il nous apprend tout simplement à apprécier le goût des mots et à nous imprégner d'eux afin de savourer les diverses références littéraires citées tout au long du roman.

Ce monde où l'ange, c'était lui.

Sélectionné auprès de nombreux et prestigieux écrivains pour le prix Goncourt de 2010, Fouad Laroui redonne du goût à la langue française et nous offre un florilège de ses mots les plus appétissants. Il traite son récit avec beaucoup d'humour et de légèreté.
Une année chez les Français est une expérience très particulière dans le monde de la littérature et m'a offert l'une de mes plus belles lectures de l'année.

4 commentaires:

Erato a dit…

Ca m'intéresse bien. Je vais le noter ^^

MiKa ... a dit…

J'espère qu'il te plaira ! ;-)
Bonne lecture et à bientôt.

St-Ralph a dit…

Nous sommes d'accord pour dire que ce récit est magnifiquement mené. Un bel hommage à la culture littéraire. La candeur de Mehdi révèle les qualités des autres personnages qui à leur tour constituent pour lui un laboratoire de vérification de ses connaissances. J'ai beaucoup aimé et beaucoup ri.

MiKa ... a dit…

Un roman qui reste encore comme un coup de cœur. J'y pense parfois et à chaque fois je suis impressionné par ce magnifique texte.