jeudi 3 octobre 2013

Les impliqués

Les impliqués est le deuxième roman de Zygmunt Miloszewski sorti aujourd'hui, le 3 Octobre, aux éditions Mirobole.

Présentation de l'éditeur :
Un dimanche matin, au milieu d’une session de thérapie collective organisée dans un ancien monastère de Varsovie, l’un des participants est retrouvé mort, une broche à rôtir plantée dans l’œil. L’affaire est prise en main par le procureur Teodore Szacki. Las de la routine bureaucratique et de son mariage sans relief, Szacki ne sait même plus si son quotidien l’épuise ou l’ennuie.  Il veut du changement, et cette affaire dépassera ses espérances.
Cette méthode de la constellation familiale, par exemple, une psychothérapie peu conventionnelle basée sur les mises en scène… Son pouvoir semble effrayant. L’un des participants à cette session se serait-il laissé absorber par son rôle au point de commettre un meurtre ? Ou faut-il chercher plus loin, avant même la chute du communisme ?

Roman polonais, Les impliqués est une très belle surprise puisqu'il nous plonge efficacement dans les coulisses de l'administration judiciaire de la Pologne. Ne connaissant que très peu de choses sur ce pays, j'ai été enchanté d'en apprendre autant sur son histoire et son quotidien.
L'auteur au nom compliqué à dire pour moi maitrise parfaitement les codes du roman policier. Le roman ne manque pas de panache et de suspense. Ce serait réducteur de limiter les points positifs à cela car l'auteur a également réalisé un excellent travail de recherche sur les thérapies comportementales.

L'auteur façonne ses personnages avec beaucoup de tendresse, il s'applique à les rendre humains, bon et méchant à la fois. Par contre, il est un peu compliqué au début de s'y retrouver dans les noms mais on s'y fait. Le personnage du procureur, Teodore Szacki, est un homme courageux et impliqué dans son métier. Il vit d'ailleurs un peu trop pour son gagne-pain ... à défaut de délaisser parfois sa petite famille. L'affaire sur laquelle il vient de tomber va l'embarquer dans une histoire où chaque détail a son importance et révèle peu à peu des secrets enfouis depuis longtemps ...

On peut regretter que l'auteur ne soit pas aller plus loin au niveau historique, j'ai ressenti une petite frustration mais je suis certain qu'une suite, ou du moins, une autre aventure avec le procureur est à venir et continuera à nous en apprendre davantage sur le passé de la Pologne.
Néanmoins, Les impliqués offre une intrigue astucieuse menée avec beaucoup d'intelligence et de réalisme. Le roman ne manque pas non plus d'humour et de surprise. Plus enivrant encore que la vodka !
 
Je me suis dit que parfois, la mort devenait une solution.

mercredi 2 octobre 2013

Comment tirer sa révérence

Comment tirer sa révérence est le second roman de Malcom Mackay après Il faut tuer Lewis Winter. Il vient de remporter le prix du meilleur polar écossais de l'année devant des auteurs comme Ian Rankin et Val McDermid ... Il paraît le 3 Octobre, demain, aux éditions Liana Levi.

Présentation de l'éditeur :
Le vieux Frank, la crème des tueurs à gages, quarante ans de métier, reprend du service après trois mois d’absence. Jamieson, son patron, lui a payé une nouvelle hanche pour qu’il revienne sur scène. La mission qu’il lui confie est des plus simples: éliminer Scott, un petit dealer ambitieux. Jamieson n’aime pas que l’on marche sur ses plates-bandes et entend bien le montrer. Hélas, Frank MacLeod oublie les précautions les plus élémentaires et se fait piéger comme un débutant. Qui peut le tirer de ce mauvais pas? Calum MacLean, bien sûr. Calum dont le dernier contrat a été de tuer Lewis Winter. L’heure de la retraite a sonné pour Frank. Mais dans ce milieu redoutable, comment tirer sa révérence?

Après plusieurs mois d'absence, le meilleur des tueurs à gages de Glasgow revient à la boutique pour enfin reprendre son activité. Activité qu'il exerce depuis une quarantaine d'années ou plutôt à laquelle il a survécu depuis tout ce temps. Ce n'est pas un hasard s'il est encore en vie, il est le meilleur, il le sait mais sait rester humble.
Pour se remettre en forme, son boss lui propose un petit coup qui pourrait tout de même faire parler dans le milieu. Franck MacLeod entre à nouveau en scène et se prépare à exécuter le contrat. Mais ce qui aurait dû être une simple formalité pour un homme tel que lui finit en massacre.

Commence alors une longue descente aux enfers pour le vieux Franck. Son propre regard envers lui change. Il voit qu'il vieillit et comprend que tout le monde à le même jugement à son égard. Il réalise le constat de sa vie passée et détermine logiquement que son futur sera forcément court. Un homme comme lui, avec ce qu'il a connu, vu et entendu, ne peut rester en vie très longtemps seul. Car à part son patron et quelques rares collègues du milieu, il n'a aucune attache, ni famille, ni amis.

Avant de tomber dans une sorte de retraite anticipée, il mise tout sur son remplaçant, le jeune Calum qui, par son professionnalisme et son caractère, paraît être le candidat idéal pour le remplacer. Lui-même connait quelques complications dans sa vie personnelle composée uniquement d'une petite amie. Il apprendra à ses dépens, que dans ce milieu, l'amour ne fait pas bon ménage avec le boulot.
Calum va peu à peu connaître les mêmes angoisses, se poser les mêmes questions que, j'imagine, son mentor lorsqu'il avait son âge.

Au delà d'une histoire de territoires et de gangs, Comment tirer sa révérence raconte le destin tragique de deux hommes hors du commun. Il puise toute sa force dans ces deux personnages charismatiques. Pendant que l'un, puissant et expérimenté, commence à décrépir, l'autre commence à prendre de la valeur. Le choc entre les deux est inévitable, et pourtant il subsiste comme un très grand respect entre eux.

Le roman traite avant tout des rapports humains, des doutes que chacun, selon sa position, peut avoir face au plus terrible des évènements ; le temps qui passe. L'auteur conclut avec une fin forte, émouvante et tout à fait logique. Une fin qui m'a scotché, encore aujourd'hui, plusieurs jours après l'avoir terminé.

lundi 30 septembre 2013

Lire En Poche 2013


Amis bordelais, amis girondins et amis de tout horizon, ne manquez pas la 9e édition de Lire en Poche cette semaine à Gradignan !!

Un programme chargé avec une multitude de rencontres, des animations, de la détente dans un très joli parc, des débats, des ateliers ... Le programme en entier ici !

David Vann, R.J. Ellory, Dominique Manotti, Bernard Werber, Olivier Adam, Franck Thilliez, Marin Ledun, Laurent Scalèse, Eric Giacometti, Jacques Ravenne, Fanny Chiarello, Ingrid Astier ... et bien d'autres auteurs à rencontrer et/ou à écouter. La liste complète est ici !

Le lien Facebook pour suivre les nouveautés !

dimanche 22 septembre 2013

Dark, une ombre

Dark, une ombre est un roman de Sandrine Daudeville aux éditions Clément, publié uniquement au format numérique.

Présentation de l'éditeur :
Il aime les femmes. La sienne, les autres, les confidentes, les voisines, les images des magazines, la symbolique, tout. Il a un travail. Des amis. Des passions. Le jour, il est un homme comme les autres. La nuit, il se transforme. Puis les jours deviennent nuits et on ne sait plus où tout a commencé : le moment où il bascule, le moment où elle le ronge. Il n'aura alors plus d'autre choix que d'être lui-même, face à ses peurs, ses doutes, sa folie. Et l'envie étrange de faire des choses qui ne se font pas. L'impression de vivre des moments qui ne lui appartiennent pas. Des souvenirs qui ne lui ressemblent pas.
Rouge. Noir.
Elle est là, dans l'ombre.
Mais qui est-elle ?

Dark, une ombre est un thriller érotique où le sexe et le sang s’entremêlent pour provoquer excitation et fureur. Nos sensations s'embrouillent dans cette histoire de faux-semblants où l'on suit Matt, un jeune homme sujet à des troubles psychiatriques.

Les diverses références à la célèbre série Dexter, que ce soit dans le roman ou même dans le titre, n'empêchent pas le roman d'avoir sa propre identité ; on est loin d'un 'Dexter like'. Dark, une ombre fait jouer tous ses personnages. Ils ont chacun un rôle bien déterminant pour faire évoluer notre personnage principal.

Tout au long de l'histoire on assiste aux cruels meurtres d'un tueur pervers qui paraît connaitre des conflits avec les femmes, lui qui n'a jamais reçu d'amour de la première d'entre elles ; sa mère. L'auteur ne néglige pas le comportement et le passé de son personnage afin de mieux le décrire, et elle le fait bien.

Quand la porte se referme il me semble apercevoir une ombre restée dehors.

Dark, une ombre est ce que l'on peut appeler un 'pur thriller' où l'identité du meurtrier n'est pas forcément ce que l'on recherche principalement. Les personnages sont bons, les dialogues inégaux et j'ai trouvé le style bien meilleur à partir de la seconde moitié du roman. On rentre bien dans l'histoire et on ressent un travail de documentation certain, parfois même un peu trop présent mais qui ne gâche en rien le rythme de l'histoire.

Dark, une ombre fait rimer amour avec manipulation et crime avec coït. C'est une sympathique découverte que je conseille aux amateurs de ce genre.

dimanche 15 septembre 2013

Des chiffres et des litres

Des chiffres et des litres est un roman de Richard Santaki, l'auteur de  Les anges s'habillent en caillera qui m'avait déjà bien plu.

Présentation de l'éditeur :
Hachim, jeune ado de dix sept ans, brillant, passionné de culture hip hop, il se destine à une carrière de journaliste spécialisé. Pourtant les logiques de quartier, sa situation familiale et son admiration pour Houssine, caïd de Saint Denis et figure paternelle, lui feront embrasser une autre voie. Dans les pas de son mentor, il se rendra compte, trop tard, qu’il n’est pas taillé pour ça. Des Chiffres Et Des Litres est un roman poignant d’une destinée déraillée qui nous plonge dans le Saint Denis en ébullition de 1998. Tandis que Zidane et les bleus font rêver les français, l’argent fait tourner la tête des jeunes ambitieux : caids, soldats, flics ripoux, trahisons, règlements de compte, bizz, prison, combats de chiens. Il faut être le plus malin pour rester en vie !

Pendant que la coupe du monde s'installe en France en 1998, que les jeunes rêvent de victoires tout en continuant leurs deals, le destin tragique des jeunes des cités, lui, n'évolue pas. Richard Santaki s'installe encore un peu plus, avec ce roman, comme l'auteur de référence des polars de cités.
Des chiffres et des litres décrit la fatalité que réserve la vie à Hachim et ses amis. On les regarde grandir, s'amuser et rentrer peu à peu dans un univers violent duquel il est presque impossible d'en sortir.

A Saint Denis, on assiste à une véritable guerre des gangs qui s'installe petit à petit avec des jeunes  façon 'Tony Montana' qui veulent grandir parfois trop vite ou qui ont la gâchette un peu trop facile. Mais vaut mieux pour eux de ne pas louper leur cible car celle-ci sait toujours se venger avec la même animosité.
Des liens naissent tandis que d'autres se déchirent. Bien souvent les liens familiaux se cassent face à la sensation de puissance qu'apporte le trafic. Certains espoirs s'évaporent à chaque mauvaise porte ouverte. Ainsi va la vie dans ce Saint Denis dépeint par l'auteur.

Le 'bizz' devient une véritable administration, un important réseau dont la gestion ne peut se faire par des excités et autres sanguins. C'est tellement réfléchi que ça en devient impressionnant et seules les bonnes têtes pensantes arrivent à s'organiser et à tenir toute la chaîne en évitant les encombres.

Regarder les flics tomber également dans les différents trafics rappelle que les quartiers difficiles avec leurs gangsters amateurs ou professionnels sont bel et bien en France, près de nous, autour de nous, et qu'il est impossible de le nier.
Mais l'auteur peint également des personnages sensibles, respectueux et honnêtes. Des gens parfois trop influençables et d'autres qui se battent contre toute cette douleur qu'apporte le trafic.

Richard Santaki signe là un roman très prenant et touchant où le hip-hop prend une part importante dans la vie des personnages et où le rap donne le ton à chaque page.
A ne pas louper, son nouveau roman Flic ou caillera (sorti en Mars 2013) !

mardi 10 septembre 2013

Los Angeles Nostalgie

Los Angeles Nostalgie est un recueil de nouvelles de Ry Cooder publié chez 13E Note Éditions.

Présentation de l'éditeur :
Los Angeles nostalgie évoque l’une des villes les plus célèbres des États-Unis. Los Angeles est le dénominateur commun de toutes ces histoires qui retracent la vie de laissés-pour-compte débrouillards. Musiciens, tailleurs, dentistes, femmes au foyer et pornographes, habitants de Venice Beach ou de Santa Monica dans les années 1950, tous revivent sous la plume de Ry Cooder. L’auteur raconte la vie des classes laborieuses, les événements simples et parfois étranges qui rythment leur quotidien. Réflexion sur Los Angeles ou apologie d’un temps révolu ? Situations réalistes ou magiques ? C’est au lecteur de lire et de trancher.

Toujours vêtu d'une magnifique couverture, les romans publiés chez 13E Note continuent de me charmer. Cette fois c'est au tour de Ry Cooder de m'enchanter dans ses huit nouvelles sur Los Angeles.
Ry Cooder est un célèbre guitariste américain qui a enchainé les enregistrements avec de nombreux musiciens durant des dizaines d'années. Il est également célèbre pour avoir produit l'album Buena Vista Social Club.

Le personnage de LA n'a jamais été aussi beau. Un Los Angeles disparu à jamais mais qui restera à graver dans sa mémoire comme cette cité des anges qu'il retranscrit avec beaucoup de passion.
La musique se diffuse tout au long de la lecture, chacune des nouvelles contient son lot de références et ses riffs qui nous entrainent dans le sombre univers de la classe populaire des années 40 et 50, et plus particulièrement des mexicains vivant en Californie.

L'humour et le noir sont au rendez-vous. Les personnages sont bien souvent des paumés, des ratés, mais ayant toujours un bon fond. Des bonnes poires qui s'engagent dans des situations infernales parsemées de coups de feu et de coups fourrés.
Los Angeles Nostalgie est une douce et machiavélique mélodie aux dialogues vifs et aux personnages touchants et amusants. L'écriture est fluide et directe. Un vrai régal !!

Je vis à Los Angeles. Vous ne me connaissez pas, mais j'aimerais vous raconter une histoire. Qu'est-ce que vous dites ? Il n'arrive jamais rien à Los Angeles ? Asseyez-vous, détendez-vous, prenez un peu de riz sauté au porc. Voilà comment ça s'est passé. (extrait p267)

lundi 2 septembre 2013

Le chêne et le citronnier

Le chêne est le citronnier est le premier roman d'Antoine-Pierre Mariano, journaliste et ancien rédacteur en chef du Figaro, et publié aux éditions Jacob-Duvernet.

Présentation de l'éditeur :
Le Chêne et le citronnier, deux cultures, deux hommes, deux vies au travers d une saga qui balaie le XXème siècle et ses plus grands séismes, de la boucherie de 14-18 à l'effondrement de l'URSS !
Eugène, grand bourgeois, est né dans les brumes du Nord. José, lui, a vu le jour sous le soleil de la Méditerranée et connu très tôt l'exil pour fuir la misère. Les deux hommes traverseront les violences et les horreurs des deux guerres mondiales, les déchirements de la décolonisation et la confrontation tragique entre les deux blocs tout au long de la guerre froide. Ils seront les témoins des turbulences en Europe centrale et au Moyen Orient ainsi que de la lâcheté des hommes de pouvoir. Eugène y verra d'abord la main des communistes. José le fruit amer de la fatalité.

Les deux hommes se rencontreront à trois reprises tout au long de leur vie. Trois rencontres dues aux facéties du hasard, « le plus grand des artistes » a écrit Balzac. Mais trois rencontres qui changeront leurs vies.

Leur point commun ? L'un et l'autre garderont au fond d eux-mêmes une rancune éternelle envers ceux qui les ont fait naître, rancune qui ne s'éteindra qu avec leur mort.


Antoine-Pierre Mariano nous fait parcourir le XXème siècle à travers les yeux de deux personnages bien différents mais dont le sort de la vie, le hasard, va les mener à trois reprises seulement sur le même chemin.

L'auteur nous séduit dès le début du roman en présentant ses deux personnages principaux José et Eugène. On entre très aisément dans l'histoire. Cette première partie de l'histoire, l'enfance des deux hommes, est touchante autant pour l'un que pour l'autre. Mais plus on avance dans le temps et plus le personnage de José gagne notre faveur. Alors que le personnage d'Eugène devient parfois un peu trop arrogant, énervant, en vieillissant.

José, méditerranéen à l'image du citronnier, et Eugène, fort comme un chêne dans son esprit, ont démarré tout deux leur vie sur un mensonge mais s'en sont sortis avec force et courage.
Les années passent, les pages défilent et les anecdotes historiques s'enchainent. Ils vivent ces anecdotes parfois de l'intérieur et parfois n'en sont que spectateurs. Mais à chaque fois, ils sont impuissants face à ce qui se produit. Ils subissent comme tant d'autres la bêtise des évènements bien trop souvent meurtriers.

Ce qui a de vraiment intéressant dans ce roman, c'est cette vision de l'histoire vécue par ces deux hommes, l'un habitant en Algérie et l'autre en France. L'un est peu savant, l'autre au contraire a de grandes connaissances dans de nombreux domaines, et notamment la politique. L'un est immigré, l'autre non.
Deux personnages si différents mais qui ont traversé le même siècle, les mêmes horreurs. Deux témoins de ce grand siècle qui ont pu observer notre monde évoluer à deux points de vue éloignés.

Les passages sur la vie en Algérie m'ont particulièrement passionné et m'ont donné envie d'en lire plus à ce sujet. On pourra regretter le côté un peu niais du personnage de José mais il faut avouer qu'il est vraiment touchant.
Le chêne et le citronnier est un excellent roman historique au sujet assez vaste puisqu'il balaie les trois premiers quart du XXème siècle. Il apporte une vision originale de l'histoire en rentrant parfois dans les détails et n'apportant qu'une discrète référence d'autres fois. La narration est plaisante et les personnages sont plutôt bien travaillés, une bonne lecture en résumé !

il y a des traumatismes qui meurtrissent le corps ou l'esprit et dont la trace ne s'efface jamais 
(Le chêne et le citronnier - page 232)