Présentation de l'éditeur :
Hubert Selbie, tueur à gages d'origine américaine, est sous contrat pour éliminer des criminels de guerre : un mafieux russe ancien d'Afghanistan à Budapest, un général " poète " à Sarajevo, un ancien collabo à Paris et un ex-colonel SS à Vienne. Mother Funker est L'histoire de ces missions, mais aussi de l'amour qui lie Selbie à Jeanne Duval, la prostituée montmartroise. L'auteur remarqué des Bosniaques signe un roman noir hors de toute référence, qui se déploie comme une ballade de jazz sombre et mélancolique, accompagnée " d'un solo particulièrement sauvage de Charlie Bird Parker, qui se fiche tel un couteau dans Le dos de la nuit ".
Mother Funker est un cocktail détonnant d'alcool, de jazz et de peinture ... sans oublier d'y placer un zeste de délire sanglant. Mais ce roman noir ne peut se résumer uniquement qu'à ces thèmes. L'auteur va bien plus loin puisqu'on y ressent une sorte de nostalgie et même de peur du passé (notamment avec la première guerre d'Afghanistan, la guerre en ex-Yougoslavie et la seconde guerre mondiale). En cherchant un peu du côté de la biographie de l'auteur, on s'aperçoit qu'il a été très affecté par la guerre de Bosnie-Herzégovine puisque son village a été détruit et ses manuscrits réduits en cendres.
La nuit baignait les toits de la ville de sa camomille chaude.
Ce "polar-jazz" présenté sous forme de quatre saisons met en place le personnage d'Hubert Selbie. Alcoolique et grand amateur de musique, cet anti-héros navigue entre son amour, la prostituée Jeanne Duval (homonyme complet de la muse du poète Baudelaire), et son travail, tueur à gage. Ce dernier l'amène à voyager, et nous avec du coup, de Paris à Budapest en passant par Vienne et Sarajevo dans le but d'assassiner d'anciens criminels de guerre. Étrangement, les scènes les plus sombres et les plus dures, ne sont pas les meurtres qu'il commet mais les passages tristes de sa vie quotidienne.
L'Europe est une vieille pute toujours en feu à son pourtour
Dans une ambiance soûlée, la peinture grisâtre de la vie de Selbie se dessine à l'aide de coups de pinceaux donnés sur un rythme swinguant. Alliant jazz et littérature, Velibor Colic me fait un peu penser à Boris Vian qu'il honore en le référençant dans son ouvrage. Et des références il y en a. Autant du côté musique avec : Duke Ellington, Leonard Cohen, Nick Cave, Gainsbourg, Coleman Hawkins, Memphis Slim, Dixieland, Chuck Berry, Creedence Clearwater Revival, Charlie Bird Parker, Coltrane, Dylan ... que du côté peinture avec des artistes tels que : Modigliani, Klimt, Rembrandt, Picasso ... Mais le plus impressionnant, outre la quantité de noms d'alcool cités, est la place de la littérature dans son roman. Hubert Selbie fait la rencontre d'un caissier qui est écrivain dans ses heures perdues. Il parcoure des librairies, lit un tas de romans dans le train ou chez lui. L'auteur en rajoute une couche en citant une quantité de romanciers aux styles divers : Hemingway, Kafka, Boulgakov (référence à la dictature russe), Buzzati, Salinger, Calvino, Céline ... et se permet même une énigme avec cette jolie description : "cet ivrogne de français".
La nuit tombée la retrouva errant sur le velours glacé d'un des premiers jours de l'hiver, enveloppée des sombres voiles d'une tristesse incommensurable.
Au delà du simple polar, Mother Funker paraît panser les nombreuses blessures passées de Velibor Colic. Avec des rations démesurées d'alcool pour tenter de voir la vie différemment et de nombreuses doses de mélodies jazzy afin de donner du rythme au récit ainsi que pour créer la douce et lugubre atmosphère régnante, l'auteur fait le procès de l'histoire de l'Europe. Le tout donne un climat mélancolique dans un décor sombre et parfois même à la limite du répugnant.
Note : 14/20
2 commentaires:
MiKa, bonjour, cette note de lecture se mettra en ligne le 24 avril sur le blog consacré au défi Littérature policière sur les 5 continents. Bonne continuation et bonnes lectures !
Merci Catherine !
Enregistrer un commentaire