vendredi 6 mai 2011

Le crépuscule des hyènes

Le crépuscule des hyènes est le nouveau roman de John C. Patrick. Ce roman est particulier à mes yeux car il me permet d'en savoir sur les orientations et les choix littéraires de Kyklos Editions après avoir lu le superbe Te retourne pas, Handala !.
Alors coup de chance de la maison d'éditions ou véritable travail dans le choix de leur publication ?

Présentation de l'éditeur :
Raúl da Silva, taupe du contre-espionnage infiltré dans le gouvernement d'Allende, n'aura pas su protéger sa compagne chilienne lors du coup d’État de Pinochet. En 1992, lorsqu'il se retrouve au cœur de la guerre en Bosnie-Herzégovine, le destin frappe à nouveau, manquant lui arracher pour la seconde fois la femme qu'il aime.
De retour en France, Raúl est amené à enquêter sur les séquelles des réseaux d'exfiltration des criminels de guerre mis en place par le Vatican après la Seconde Guerre mondiale. Manipulé par Mathieu Sombart, un homme de l'ombre qui fut en 1944 aux prises avec les scories de l'Occupation, traqué par des tueurs liés à une organisation intégriste catholique et les services secrets serbes et croates, Raúl voit se profiler le fantôme de Szkolnikoff, maître du marché noir, à l'origine d'un gigantesque pillage savamment organisé par les nazis.

Je ne vais pas jouer les maîtres du suspense et féliciter de ce pas Kyklos Editions pour ce nouveau roman alliant, comme le précédent de ma liste de lecture, le drame, l'histoire, la politique et le polar avec beaucoup de justesse et d'intelligence. Comme Olivier Gérard, John C. Patrick s'aventure sur un terrain délicat où les blessures ne cessent de se panser chaque jour. Mais le plus délicat, je trouve, est que la seconde guerre mondiale a fait couler, mis à part le sang, beaucoup d'encre et il devient donc difficile de happer les lecteurs avec de nouvelles révélations à son sujet.
Pourtant l'auteur s'en sort à merveille sur tous les plans. Alors certes je ne suis pas un fin connaisseur de la seconde guerre mondiale mais j'ai tout de même beaucoup appris et surtout, j'ai pris beaucoup de plaisir à le faire. Le style est soigné, propre, vraiment agréable et donne au récit un goût de netteté. La plume est raffinée et le vocabulaire riche. L'auteur sait manier le français et offre avec ces quelques 200 pages un exemple de texte contemporain digne des plus grands auteurs. Sans approcher tout de même du style de Hugo, il démontre que notre belle langue peut encore se travailler et passionner les nouveaux lecteurs comme les plus anciens.

Je sens le métal froid et le bois poli de ma kalachnikov.

Proche d'un épisode de James Bond privé de gadget, Le crépuscule des hyènes met en scène un agent des services secrets qui se retrouve embarqué un peu malgré lui dans une dangereuse aventure où les balles sifflent près des oreilles et les révélations ne cessent d'apparaître. La seconde guerre mondiale, l'après guerre, le coup d'état de Pinochet au Chili, la guerre en ex-Yougoslavie ... et l'implication des USA sur la montée du capitalisme mondial. L'auteur passe tous ces sujets au crible, rien n'est épargné.
Plus qu'une fiction, Le crépuscule des hyènes interroge sur bien des points et surprend notamment par ses confidences sur l'exfiltration des anciens criminels nazis. Surprendre est un mot faible, terroriser serait plus juste ...

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